RWANDAIR DÉPLOIE SES AILES

La compagnie RwandAir est inaugurée le 1er décembre 2002 sous le nom de RwandAir Express en tant que nouveau transporteur national du Rwanda, avec le transport aérien de passagers pour activité principale et une concession pour effectuer la manutention au sol (activité auxiliaire) à l’aéroport international de Kigali. En mars 2009, la compagnie est rebaptisée RwandAir. Elle est 100 % étatique. Depuis 2018, Yvonne Makolo est aux commandes de RwandAir en qualité de présidente-directrice générale. Au fil des années, RwandAir a reçu de nombreuses récompenses, notamment le prix du « Meilleur personnel de compagnie aérienne en Afrique » décerné par Skytrax pour deux années consécutives (2021 et 2022). RwandAir est membre de l’Association internationale du transport aérien (IATA), un opérateur certifié de l’Agence de l’Union européenne pour la sécurité aérienne (AESA), de IATA Operational and Safety Audit (IOSA) et de l’IATA Safety Audit for Ground Operations (ISAGO).

Son hub est implanté à Kigali, au cœur de l’Afrique. RwandAir est l’une des compagnies aériennes à la croissance la plus rapide et exploite l’une des flottes les plus jeunes et à la pointe de la technologie sur le continent africain. Sa flotte est constituée de quatre Boeing 738-800NG, un Boeing 737-700NG, deux CRJ900NG, deux Bombardier Q-400NG et trois Airbus A330, tous avec une configuration classe affaires et classe économique. S’y ajoute un Boeing 737-800BCF opérant en tant que cargo, avec une capacité de 23 tonnes. La compagnie aérienne des sert vingt-cinq destinations en Afrique occidentale, centrale, orientale et australe, au Moyen-Orient, en Asie et en Europe. Au départ de Kigali, les destinations sont multiples. Au cours des deux décennies passées, de nombreux accords de partenariats ont été signés. À présent RwandAir élargit son réseau au départ de Libreville et propose dès fin juin une liaison avec Paris en passant par le hub de Kigali. Cette information mérite que l’on pose quelques questions à Madame Ginette Kadigiri, directrice générale de la compagnie à Libreville, arrivée depuis peu en terre gabonaise.

EE : Avant toute chose, bonne arrivée Madame Kadigiri ! Fin juin 2023, en reliant Kigali à Charles de Gaulle, RwandAir ajoute une 25e destination à ses programmes. Vous accélérez significativement votre stratégie de croissance. Les résultats du développement du tourisme y sont-ils pour quelque chose ?

C’est effectivement dû au tourisme et à la volonté de notre gouvernement de développer cet axe économique prometteur. À cet effet, notre compagnie travaille son image à l’extérieur, notamment en Europe, et s’implique dans plusieurs partenariats en qualité de sponsor au sein des équipes de football de l’Arsenal depuis 2018, et du Paris St-Germain. Sur les maillots un seul message : « Visite le Rwanda ». La visibilité de ces clubs à l’international est très importante. Les résultats issus de la curiosité sont positifs et nous permettent d’estomper les traces de l’histoire de 1994. Par ailleurs, les accords passés avec le PSG englobent la création d’écoles de football dans les principales villes du pays. C’est une réelle pépinière composée de jeunes enfants recrutés dès l’âge de 6 ans.

EE : Revenons au tourisme. Êtes-vous en mesure d’esti mer l’intérêt des Rwandais pour le Gabon ?

Les Rwandais ne sont pas sensibilisés par une visite touristique au Gabon. Mais grâce à l’attention portée au tourisme en lien avec la préservation de la forêt et aux multiples richesses du pays, je ne doute pas que bien tôt les échanges seront plus fréquents. L’organisation du One Forest Summit et la médiatisation autour de cette importante manifestation d’intérêts communs sont un signe de la volonté des Gabonais de recevoir des touristes du monde entier. La réunion des RATD (Rencontres africaines du tourisme durable) qui s’est déroulée sur trois jours à Libreville et qui a réuni les acteurs panafricains principaux du secteur prouve également que le tourisme est un levier que l’on peut actionner et que le continent peut et souhaite désormais développer davantage.

EE :  Quel sera le type de l’avion utilisé au départ de Libreville pour Kigali et de Kigali à Paris-Charles de Gaulle ? Quelle sera la fréquence des vols au départ de Libreville ? Les horaires seront-ils favorables ?

Au départ de Libreville, nous utilisons un Boeing 738 de 154 places, dont 16 en classe affaires. Au départ de Kigali, le choix s’est porté sur un Airbus 330 de 274 sièges, dont 30 en classe affaires. La fréquence des vols est fixée à 3 vols par semaine, les lundis, mercredis et vendredis. Les horaires sont les suivants : départ de Libre ville à 17h, arrivée Kigali 21h50, correspondance pour Paris Charles de Gaulle à 0h50, arrivée à Paris à 9h30 les mardis, jeudis et samedis.

EE : Vous affichez des prix aller-retour Paris-Charles de Gaule qui suscitent beaucoup d’interrogations. S’agit-il de prix d’appel ? Vous adressez- vous à une catégorie particulière de voyageurs ?

Cette destination n’est pas un hasard. Nous savons que la France est l’un des pays, voire le pays le plus fréquenté par les Gabonaises et les Gabo nais. L’attractivité tarifaire de 415 000 F CFA aller-retour est effectivement promotionnelle et le choix de la période de lancement n’est pas fortuit. La classe affaires était proposée à moins d’un million. Nos vols sont pleins jusqu’à fin août 2023. Comme dans toutes les compagnies, les prix fluctuent en fonction de l’offre et de la demande, et nous sommes évidemment très attentifs à leur évolution. Le succès est aussi au rendez-vous parce que la liaison entre Kigali et Bruxelles est également une opportunité intéressante pour nos passagers. Notre clientèle est variée, elle se compose d’étudiants et de parents qui se retrouvent, de simples visiteurs et d’hommes d’affaires.

EE : Le Gabon est un pays dont la démographie est estimée à environ 2 300 000 habitants. RwandAir affronte une concurrence importante. Avez-vous réalisé une étude de marché sur cette destination ?

Bien entendu. Je rappelle que nous sommes opérationnels au Gabon depuis douze ans. Le potentiel est important et nous sommes convaincus que la destination de Paris via Kigali nous ouvrira davantage de perspectives. À ce jour, les destinations les plus prisées des Gabonais empruntant notre compagnie sont le Bénin, l’Afrique du Sud, l’Inde et les Émirats arabes unis, notamment Dubaï.

EE : Avec cette perspective de croissance, quelles sont les prévisions d’investissement ?

Nous prévoyons de doubler notre flotte à moyen terme. Nous attendons pour fin juillet la livraison d’un Boeing 738. D’ici la fin de cette année, nous pensons desservir d’autres destinations comme Mombassa, Zanzibar et Maputo au Mozambique.

EE : Le nouveau Kigali Cargo Hub fait partie d’un plan stratégique à long terme pour la division cargo de RwandAir qui a vu le fret transporté augmenter de près de 26 % au cours des cinq dernières années. Ce service est-il opé rationnel depuis Libreville ?

En effet, notre avion-cargo, un Boeing 738 d’une capacité de 23 tonnes, est affecté au fret. L’objectif de ce service est de prévoir ce vol de façon hebdomadaire sur Libreville.

EE : Vous collaborez avec Cargo Qatar Airways pour améliorer vos performances de manutention de fret. En termes de recrutement, est-ce votre compagnie qui investit dans la formation du personnel ?

L’objectif de RwandAir est ambitieux. Nous souhaitons devenir une compagnie quatre étoiles, ce qui se traduit par d’importants investissements, notamment en termes de formation. Tout d’abord au niveau du personnel : à cet effet, un centre de formation reçoit nos collaborateurs à Dubaï. Par ailleurs, le Qatar a cette réputation et possède ce savoir-faire. En conséquence, nos personnels, qu’ils soient à l’accueil du comptoir d’enregistrement ou en cabine, sont formés, j’ose dire formatés, aux meilleurs exemples. Il s’agit d’un ensemble de formations qui concerne tous les acteurs de la chaîne : pilotes, ingénieurs, mécaniciens, le personnel navi gant. Je souhaite souligner que le Rwanda a signé un PPP et crée une école de pilotage avec notre compagnie sœur, Akagera Aviation.

EE : Guillaume Halleux, chief officer cargo de Qatar Airways, a déclaré : « L’Afrique est l’une des économies à la croissance rapide, mais pour qu’elle se développe à son plein potentiel, il faut investir dans la logistique et les infrastructures ». Est-ce pour devancer les interactions de la Zlecaf que vous redoublez vos activités et vos potentialités ?

C’est une évidence et la politique commerciale menée par notre gouvernement nous contraint à accélérer les process, à tout mettre en place pour répondre aux besoins. L’Afrique doit être désenclavée et pour cela il faut fluidifier les mouvements des hommes et des marchandises. Nous avons progressé, notamment en termes d’obtention des visas. Les citoyens des pays membres de l’Union africaine, du Commonwealth et de la Francophonie peuvent obtenir des visas gratuits à leur arrivée au Rwanda pour une visite de 30 jours. C’est un bon début.

EE : En termes de RSE, quelles sont les actions que vous menez sachant que votre activité ne favorise pas les économies de CO2 ?

Bon nombre d’initiatives sont mises en œuvre en ce domaine. Concernant les émissions de gaz à effet de serre, notre flotte est jeune, moins de dix ans, ce qui minore la quantité des rejets de CO2. En termes d’égalité des genres, nous entrons dans la catégorie des leaders. À tous les niveaux, au Rwanda, l’équité est remarquée et remarquable. J’ai le même salaire qu’un confrère qui opère ailleurs, et cela se vérifie.

C’est ainsi, quel que soit le secteur d’activité. L’Assemblée nationale se compose à 62 % de femmes, d’autres officient dans le secteur bancaire ou dirigent des institutions… La gent féminine est valorisée, respectée et reconnue. Les écoles au Rwanda sont d’un excellent niveau et aucune discrimination n’y serait tolérée. Il en va de même dans le monde du travail.

EE : Quel est l’effectif tout confondu de la compagnie ?

1 852 personnes travaillent pour le compte de RwandAir.

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *