Qui possède les câbles sous-marins reliés au continent ?
L’accès a la toile est un enjeu économique, politique et démocratique. Le continent est-il suffisamment connecté au reste du monde ? Quels sont les acteurs qui se partagent ce marché crucial ?
Paradoxalement, rien n’est plus palpable que le cloud. Contrairement a l’image immatérielle qu’elle renvoie, la toile est tissée de centaines de câbles sous-marins par lesquels circulent toutes nos données. Mis bout a bout, ils font plus de trente-trois fois le tour de la planète. Ces infrastructures sont devenues capitales et leur contrôle est éminemment stratégique sur le plan économique et géopolitique. Bâti sur les mêmes routes que les câbles téléphoniques – dont le premier a été pose en 1858 pour relier l’Europe aux États-Unis –, ce réseau révèle aussi une cartographie des grands équilibres géopolitiques.
Le marche des fournisseurs du maillage est extrêmement concentre. Trois acteurs le contrôlent aujourd’hui a 87 % : ASN (France), NEC (Japon) et Subcom (États-Unis). Mais dans ce secteur stratégique, les opérateurs historiques sont confrontés a de nouveaux rivaux, en particulier depuis la percée du chinois HMN TECH qui détient désormais 12 % des précieuses autoroutes sous-
Marines de l’information.
Le secteur a connu une véritable révolution avec l’arrivée des géants prives du numérique qui, en moins de dix ans, sont parvenus a grappiller de larges parts de marche aux consortiums d’operateurs traditionnels en finançant des projets colossaux de a a z. Désormais reliée à une soixantaine de câbles, l’Afrique, pour qui ces connexions sont un enjeu majeur de développement, pourrait bien profiter de cette course au contrôle des données.
Malgré 1,2 million de kilomètres de fibre terrestre et 25 câbles sous-marins, la couverture du haut débit fixe demeure faible en Afrique. Bien que dote d’infrastructures télécoms robustes, le continent enregistre toujours un faible taux de couverture par le haut débit fixe qui se situe a moins de 10 %. C’est le plus bas a l’échelle mondiale.
Malgré un investissement massif, seuls 7 % des foyers étaient couverts par le haut débit fixe en 2021, contre 82 % pour le mobile. Les couts élevés de déploiement et d’entretien des réseaux a large bande fixe ainsi que les tarifs d’accès parmi les plus élevés au monde rendent le haut débit fixe moins attrayant pour de nombreux consommateurs africains.
Cependant, l’Afrique a connu la croissance annuelle la plus rapide en matière de capacité de transmission internet depuis 2020. Les pme en Afrique sont largement sous-équipées en matière d’accès internet et de matériel informatique.
Une augmentation de 10 % de la pénétration du haut débit fixe pourrait augmenter le PIB par habitant de 2 a 2,3 %, selon l’UIT.
Il est crucial de prendre en compte ces disparités en matière d’accès au haut débit tout en reconnaissant l’énorme potentiel qu’offre l’Afrique en tant que marche pour les groupes technologiques internationaux. Les opportunités de croissance pour les entreprises dans le domaine des télécommunications en Afrique sont considérables, mais nécessitent une stratégie bien pensée et adaptée au contexte unique du continent.