LES RELATIONS ENTRE LE GABON ET L’ALGÉRIE SONT FORMALISÉES PAR DIVERS ACCORDS-CADRES 

EE : Quelle est la situation économique de l’Algérie ? 

S’agissant de l’aspect économique, il est à souligner que, depuis son indépendance, dans sa quête de relever le défi de sa sécurité et de sa souveraineté, l’Algérie n’a cessé d’œuvrer pour asseoir une diversification économique et consolider ses capacités d’exportations hors hydrocarbures.  

Des décisions historiques de nationalisation engagées au lendemain de l’indépendance afin de récupérer ses richesses aux efforts soutenus d’industrialisation et de développement de divers autres secteurs, en passant par les grandes performances de la filière agricole, des progrès considérables ont été concrétisés en 60 ans.  

C’est ainsi que le secteur agricole, qui est parvenu à réaliser une production de près 14 % du PIB national en 2021, assure plus de 73 % des besoins du marché local en 2022 et devrait couvrir 80 % des besoins nationaux en 2023.  

Dans le même ordre d’idées, pour la première fois de l'histoire du pays, la croissance économique du pays a atteint un taux de plus de 6% au 3e trimestre 2021, les exportations hors hydrocarbures ont franchi le seuil historique de 5 mds de dollars la même année pour atteindre environ 7 mds de dollars fin 2022. Ces exportations représentent plus de 11 % du taux global des exportations. De même, les exportations d’hydrocarbures ont nettement pro- gressé, de 60 % en valeur et de 12 % en volume.  

Dans le secteur de l’industrie, des efforts soutenus sont déployés avec l’ambition de contribuer au PIB à hauteur de 15 % . Dans cette optique, il a été procédé au lancement, en juillet 2022, des travaux d’exploitation de la mine de fer de Gar Djebilet, considérée comme la troisième plus grande mine de fer dans le monde. Elle renferme 3 mds de tonnes de fer.  

La balance commerciale de l’Algérie a également enregistré un excédent de l’ordre de 18,1 mds de dollars au cours des onze premiers mois de 2022, dépassant les prévisions officielles qui estimaient un excédent de 17,1 mds dedollars.  

La diversification économique et la consolidation des exportations ont nécessité l’introduction d’une série de mesures et d’un arsenal juridique visant la concrétisation du renouveau économique escompté.  

Dans ce but, une restructuration a été opérée au niveau des banques publiques dans l’objectif de hisser leur niveau de gouvernance aux standards internationaux et d’améliorer leur contribution au financement de l’économie nationale. Il convient également de signaler que dans la même veine, une nouvelle loi relative à l’investissement a été adoptée avec pour objectif d’instaurer le principe de la liberté d’investissement et de l’initiative. Dans le domaine des hydrocarbures, une nouvelle loi est venue promouvoir le développement et l’exploitation sûre, durable et optimale des ressources naturelles.  

EE : Le 1er décembre 2018, à la suite d’une exposition commerciale de produits algériens assurée par 70 entreprises algériennes, des signatures de contrats ont été enregistrées. Quels sont les secteurs d’activités dans lesquels ces entreprises se sont impliquées ? Quelles relations économiques entretenez-vous avec le marché extérieur ?  

Concernant les relations économiques et commerciales de l’Algérie avec le monde extérieur, il convient de souligner qu’elle accorde une importance particulière à son appartenance africaine et arabe.  

S’agissant de la dimension africaine, le président de la République a affirmé dernièrement que l’Algérie ambitionne de se frayer une place de choix dans son espace africain à travers la révision de certaines lacunes et le lancement de plusieurs projets. C’est dans ce cadre que le projet du gazoduc transsaharien devant acheminer le gaz nigérian vers l’Europe en passant par le Niger puis l’Algérie sur un tracé de 4 000 km peut être qualifié d’œuvre africaine majeure.  

L’Algérie aspire également à approvisionner l’Afrique en électricité et à lancer des projets de voies ferrées reliant les pays africains au bassin méditerranéen. Elle s’emploie aussi à rattraper le retard accusé dans les lignes de transport vers les pays africains. D’où l’ambition d’accueillir au Gabon la compagnie Air Algérie.  

La route transsaharienne qui relie six pays du Maghreb et du Sahel, bien que réalisée à 90 %, devrait contribuer davantage à l’intégration régionale de la région, actuellement faible. Le Comité de liaison de la route transsaharienne (CLRT), doté actuellement d’un Conseil des ministres chargés des travaux publics, intégrera des représentants d’autres secteurs, notamment des finances, du commerce et des transports de chaque pays (Algérie, Tunisie, Mali, Tchad, Niger et Nigeria).  

Cette restructuration du CLRT devrait permettre de remédier aux facteurs entravant les échanges économiques et commerciaux sur le tracé de cette route qui couvre 62 millions d’habitants.  

Conçue dans les années 1960 à l’initiative de l’Algérie et de la Commission des Nations unies pour l’Afrique, la Transsaharienne a pour objectif l’intégration régionale et le désenclavement des zones déshéritées.  

Mise en chantier au début des années 1970, elle relie aujourd’hui les six capitales des pays concernés sur un linéaire proche de 10 000 km dont 8 000 km sont bitumés et livrés.  

L’Algérie a aussi installé 2 548 km de fibre optique qui permettent de relier la capitale Alger à la ville de Aïn Guezzame située à l’extrême sud du pays, à la frontière avec le Niger. Une autre extension de la fibre optique vers la ville algérienne de Tindouf permet de relier Alger avec la frontière de la Mauritanie.  

Au cours du 17e sommet extraordinaire de l’Union africaine, notre pays a aussi réaffirmé son engagement et son entière disposition à adhérer aux démarches communes ainsi que son soutien au renforcement de l’industrie et de l’industrialisation sur le continent africain, mettant l’accent sur la nécessité d’élaborer une stratégie industrielle globale tenant compte des capacités de chaque pays à atteindre une industrie efficiente et une économie forte.  

L’Algérie a pleinement adhéré à la Zlecaf (Zone de libre-échange continentale africaine) et apporte son soutien total à cette zone qui constituera le cadre règlementaire idoine pour garantir le flux des échanges entre les pays africains. Consciente de l’importance de ce projet, l’Algérie a œuvré à la concrétisation de la Zlecaf dès l’amorce des négociations. Elle a toujours rappelé qu’il s’agit de l’une des plus grandes zones de libre-échange au monde, avec un marché de plus de 1,3 md de personnes et un PIB combiné d’environ 2 500 mds de dollars.  

Dans le même contexte, il convient de souligner l’annonce faite par l’Algérie au dernier sommet de l’Union africaine, tenu le 25 février 2023 à Addis Abeba, de doter l’Agence algérienne de coopération internationale pour la solidarité et le développement d’un milliard de dollars afin de financer des projets dans les pays africains. Cette agence a été créée en 2020.  

Quant à la balance commerciale avec le monde arabe, depuis l’adhésion de l’Algérie à la grande zone arabe de libre- échange (Gzale) en 2009, la moyenne des échanges avec les pays qui la composent a atteint 4,7 mds de dollars en 2021.  

Au cours de cette période, la valeur moyenne des exportations vers cette zone a dépassé 3,3 mds de dollars, soit 6 % de la valeur globale des exportations commerciales algériennes vers le monde, alors que la moyenne des importations au cours de la même période est située à 2,4 mds de dollars.  

Les exportations de l’Algérie vers ces pays consistent principalement en dérivés des hydrocarbures, produits métallurgiques, matériels et équipements électriques et en denrées alimentaires comme le sucre et les fruits et légumes. Quant aux importations de l’Algérie provenant de ces pays, elles sont composées d’engrais, de matériels et engins mécaniques, de produits plastiques, de produits chimiques organiques, d’acier, des livres etc.  

L’Algérie aspire également à concrétiser son appartenance au BRICS (Brésil, Russie, Inde, Chine et Afrique du Sud). Le 7 novembre 2022, elle a annoncé avoir officiellement déposé une demande.  

EE : Nous pouvons constater que la compagnie Air Algérie ne dessert pas le Gabon. Cette desserte est-elle encore à l’état de projet ? 

Nous travaillons ardemment au positionnement de la compagnie Air Algérie au Gabon. Avant la pandémie de covid- 19, la visite d’une délégation importante de 70 entreprises algériennes a donné lieu à des signatures de contrats. Certaines ont été suivies de réalisations concrètes, mais d’autres sont effectivement conditionnées à la liaison aérienne entre Libreville et Alger. 

EE : Comment qualifie- riez-vous vos relations diplomatiques avec le Gabon ?

Nos relations sont excellentes. Il suffit de récapituler les visites de part et d’autre. 2001, 2009, 2016, 2017, avec les ministres de la Marine marchande, du Commerce, des PME, de l’Artisanat, du Tourisme… Les derniers entretiens concernaient les trop faibles échanges commerciaux entre nos deux pays, d’où l’intérêt et l’urgence de positionner la compagnie Air Algérie.  

EE : Quel est le nombre de ressortissants algériens au Gabon enregistrés dans vos livres ?  

Une centaine.  

EE : Combien d’étudiants boursiers l’Algérie accueille- t-elle ?  

L’Algérie offre chaque année au gouvernement gabonais un quota de bourses. Ce programme a été suspendu pendant les années covid. Il a repris cette année. 

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