« IL EST TEMPS D’EXPLOITER LES RICHESSES EN HYDROCARBURES DE L’AFRIQUE CENTRALE EN AUGMENTANT LA PRODUCTION DE PETROLE ET DE GAZ »
La Chambre africaine de l’énergie (AEC), en tant que porte-parole du secteur énergétique africain, apporte son soutien sans faille au Central Africa Business Energy Forum (Cabef) 2024, tenu fin octobre à Libreville. Cet événement, auquel participaient les délégations ministérielles des 11 pays membres de la Ceeac ainsi que des acteurs majeurs du secteur, a rassemblé plus de 50 organisations issues des industries pétrolière, minière et gazière, des experts de renom, des investisseurs et des institutions financières. Ce rassemblement a tenu toutes ses promesses en échanges et en déclarations marquantes. Nous vous tiendrons informés des résultats des études et avancées de ce qui n’est, aujourd’hui, qu’un projet.
Cet événement met en lumière l’importance d’un environnement propice et de politiques orientées vers le marché pour le développement des projets énergétiques dans la région.
NJ Ayuk, président exécutif de l’AEC, insiste sur la nécessité d’aborder la question des réglementations de change et de favoriser un climat favorable aux entreprises. Bien que l’Afrique centrale possède un potentiel important pour le développement des hydrocarbures, des subventions, des taxes et des politiques fiscales peu attractives continuent de freiner l’investissement étranger. Les réglementations de change, imposées par la Banque des États de l’Afrique centrale (BEAC), sont un obstacle majeur, impactant les délais et les coûts de transfert pour des transactions supérieures à 1 700 dollars. Ces restrictions entravent les projets énergétiques au moment même où la région a le plus besoin de capitaux étrangers.
Le manque d’investissement risque de priver l’Afrique centrale de jusqu’à 46 mds de dollars, alors même que le continent abrite 600 millions de personnes sans électricité et 900 millions sans accès à des solutions de cuisson propres. Pour attirer davantage de capitaux, les pays africains doivent simplifier les règles d’investissement. L’Afrique centrale, dotée de marchés pétroliers et gaziers prometteurs, notamment au Gabon, en Guinée équatoriale, en République du Congo et au Cameroun, est bien positionnée pour répondre aux besoins énergétiques du continent. Cependant, le déclin de la production nécessite des investissements massifs dans l’exploration.
La Guinée équatoriale illustre ce potentiel avec son Gas Mega Hub (GMH) de Punta Europa, traitant le gaz du champ d’Alba. Des accords pour étendre ce hub, y compris des partenariats avec le Nigeria et le Cameroun, offrent une opportunité unique de monétiser les ressources inexploitées. Toutefois, d’autres pays de la région, comme le Cameroun, le Gabon et le Tchad, subissent également un déclin de production lié à un manque d’investissement, conséquence de politiques contraignantes de la Cemac, de défis fiscaux et de problématiques de gouvernance.
Malgré des obstacles réglementaires, des efforts sont entrepris pour améliorer l’accès à l’énergie et renforcer le commerce intra-africain. Le Central African Pipeline System (Cpas), un réseau de 6 500 km, prévoit de relier 11 pays d’Afrique centrale, en s’inspirant du modèle énergétique européen. En connectant les dépôts, installations GNL, centrales et stations de pompage, le Caps vise à favoriser l’industrialisation et l’électrification dans la région. L’AEC appuie pleinement ce projet qu’elle considère comme une avancée majeure pour l’avenir énergétique de l’Afrique centrale.
Dans le cadre de la transition énergétique mondiale, il est crucial que l’Afrique centrale exploite pleinement ses ressources en hydrocarbures pour non seulement s’intégrer dans cette transition, mais aussi en être un acteur majeur. Pour répondre aux besoins énergétiques et développer la région, la production de pétrole et de gaz doit être maximisée. L’édition 2024 du Cabef milite pour une autonomie énergétique régionale en réunissant les nations pour relever les défis du secteur énergétique.
NJ Ayuk, président de l’AEC, affirme : « Le Cabef est devenu une plateforme clé pour mettre en relation gouvernements et opérateurs énergétiques. En facilitant les échanges directs sur les défis et opportunités, l’événement attire les investisseurs étrangers et contribue au développement des projets. L’AEC continuera de promouvoir un environnement favorable en Afrique. »
Le gaz naturel : un moteur de l’industrialisation
L’Afrique centrale, riche en gaz naturel, principalement au Gabon, en Guinée équatoriale et au Cameroun, est en mesure de produire près de 35 mds de mètres cubes de gaz en 2022. Toutefois, le potentiel industriel de cette ressource nécessite des infrastructures de transport et de distribution que le projet Caps pourrait développer. Inspiré du Western African Pipeline System (WAPS), le Caps pourrait, grâce à une distribution d’énergie efficiente, accélérer l’industrialisation et réduire la dépendance aux importations énergétiques.
En parallèle, le gaz naturel représente une ressource clé pour la production d’engrais, ce qui renforcerait la sécurité alimentaire régionale. En 2022, l’Afrique centrale importait plus de 70 % de ses engrais, une dépendance coûteuse qui pourrait être réduite par une production locale de gaz naturel. Ce développement contribuerait aussi aux objectifs de transition énergétique du continent.
Pour stabiliser les marchés et renforcer la sécurité énergétique régionale, une harmonisation des prix des produits pétroliers entre les pays de la Cemac est recommandée. Actuellement, des écarts de prix pouvant atteindre 30 % existent entre le Cameroun, la Guinée équatoriale et le Gabon, affectant les économies locales et les budgets publics. Une coordination des politiques à l’échelle régionale améliorerait la compétitivité de l’Afrique centrale sur le plan international.
4e édition du Cabef en 2024 à Libreville
Le thème de cette édition qui a regroupé experts et représentants des sociétés pétrolières était « Le gaz naturel comme clé de l’industrialisation et de l’accélération économique de l’Afrique centrale, via une intégration institutionnelle sous-régionale efficace ».
Le projet de gazoduc devant relier tous les pays membres de la Communauté économique des États de l’Afrique centrale (Ceeac) est baptisé Caps, c’est-à-dire Central Africa pipeline system. Il vise à mettre en valeur les réserves gazières d’Afrique centrale, à les transformer en énergie nécessaire pour le développement et l’amélioration des conditions de vie des populations grâce à un accès sécurisé à l’électricité. L’objectif est de transporter ce gaz, via un gazoduc régional, vers les pays qui n’en disposent pas. Le défi à relever consiste à trouver des partenaires pour financer les infrastructures utiles pour extraire ce gaz des zones de production et l’acheminer vers les consommateurs.
La Cemac a validé la pré-étude relative à la mise en œuvre du Caps.
Au Gabon, l’industrie gazière a été lancée il y a 30 ans. La priorité a toujours été l’exploitation du pétrole qui représente 71 % des exportations du pays. Le Gabon compte à ce jour deux usines qui fonctionnent à gaz dans le cadre de la production énergétique, l’une à Libreville et l’autre à Port-Gentil
LND