Vivo energy gabon nouveau DG, nouvelles orientations
Vivo Energy Gabon salue la nomination et la prise de poste de son nouveau directeur général en la personne de Monsieur Jeoffroy Abouiboro Kara. Ce dernier a pour mission de gérer Vivo Energy Gabon, filiale du groupe Vivo Energy présent dans 23 pays sur le continent africain sous les marques Engen et Shell. Jeoffroy Abouiboro Kara a la charge de la commercialisation du carburant, des lubrifiants de la marque Shell et Engen, de gaz liquéfié, de la gestion de 25 stations-service implantées dans 7 provinces du territoire et du management d’une équipe de 42 personnes. Nous sommes allés à sa rencontre pour lui poser quelques questions.
Parcours de Monsieur Jeoffroy Abouiboro Kara
Âgé de 50 ans, marié et père de 5 enfants, Jeoffroy est gabonais.
Après des études secondaires au collège Bessieux de Libreville suivies d’un cursus d’ingénieur en génie électromécanique à l’école polytechnique de Masuku (Franceville, 1994–1999) appuyé par un stage de validation du diplôme à l’école de technologie supérieure de Montréal en (Uquam, Canada), Jeoffroy Abouiboro Kara a obtenu des certifications postuniversitaires à l’école de hautes études commerciales de Paris (HEC) dans les domaines de la stratégie d’entreprise (2019), de l’analyse financière, de l’évaluation des sociétés et des choix des investissements (2023).
Jeoffroy Abouiboro Kara a débuté sa carrière en 2000 au Gabon, chez GBM (partenaire commercial IBM France), avant de joindre le groupe CFAO au sein de l’unité CFAO Technologies où il a occupé les fonctions de directeur commercial (2006–2009) puis de directeur des opérations commerciales (2009–2014). C’est en 2014 qu’il intègre le groupe Vivo Energy (Engen) dans lequel il gravit les échelons, tout d’abord en tant que directeur commercial. En 2021, il est promu directeur des ventes pays jusqu’au 30 août 2023, date à laquelle il accède au poste de directeur général.
Monsieur Jeoffroy Abouiboro Kara, vous venez de prendre vos fonctions de directeur général de Vivo Energy Gabon. Vous coopérez dans cette même entreprise depuis 2014 en qualité de directeur commercial. Quelle est votre analyse de la situation de cette société de distribution de produits pétroliers ?
Dans cet univers de la vente et de la distribution des produits pétroliers, l’ensemble des marketeurs fait face à un certain nombre de défis liés essentiellement à l’environnement macroéconomique dans lequel nous opérons. C’est un secteur très structuré et régulé par l’État. Nous ne fixons pas nos marges, elles nous sont imposées. Ce manque de flexibilité nous contraint à limiter certains de nos investissements stratégiques. Au niveau de Vivo Energy Gabon, nous avons été confrontés à certaines difficultés liées aux différents changements d’actionnaires et surtout légaux qui ont provoqué une érosion significative notre trésorerie. Du point de vue de l’actionnariat nous sommes passés de Pizo shell à Engen International Limited, puis à Vivo Energy depuis 2019. Traverser autant de migrations ne facilite pas l’intégration rapide des changements et les synergies opérationnelles recherchées. Cependant, nous tenons la barre et nous sommes à présent en phase de consolidation et stabilisation de nos opérations.
Bénéficiez-vous d’un système de péréquation de la part de l’État ?
Oui, en effet. Nous bénéficions également de la stabilisation. Depuis 2017, nous avons décidé de nous retirer des marchés exonérés de TVA qui nous contraignaient à payer la TVA à l’achat que nous ne pouvions pas répercuter à nos clients à la vente. Il s’agissait donc d’importantes immobilisations de trésorerie sous forme de crédit de TVA. La hausse des prix sur le marché international a également conduit l’État à maintenir les subventions à un niveau très élevé. La stabilisation est restée essentiellement négative, constituant de facto un second crédit pour les marketeurs, dont Vivo Energy Gabon. L’effet conjugué des crédits de TVA et de la stabilisation a créé pour nous un déficit de trésorerie inacceptable au regard de nos normes de gestion. Nous avons décidé de nous retirer essentiellement des marchés exonérés de TVA afin de limiter dans le temps nos besoins en fonds de roulement et nous concentrer sur les marchés non exonérés, les clients à faible risque d’impayés et sur les activités génératrices de cash dont la vente du gaz butane et les ventes en stations-service. Cette décision de gestion financière nous a conduits à une perte de part de marché importante de plus de plus de 10 % entre 2019 et 2022.
Vous avez la charge de mettre en place la stratégie de croissance et de développement de Vivo Energy Gabon. À la lecture de ces résultats, quelles sont les perspectives envisageables et quels sont vos objectifs, à court, moyen et long terme ? Sur quelles méthodes pouvez-vous vous appuyer ? Comptez-vous ouvrir de nouvelles stations ?
Depuis la fin mars 2023, comme tous nos confrères de la distribution et vente des produits pétroliers, nous avons bénéficié d’un plan de compensations de nos dettes respectives avec l’État. Il ne s’agissait pas d’une entrée de trésorerie sous forme de cash, mais plutôt d’un « jeu d’écritures comptables ». Cette compensation nous donne l’opportunité de revenir de façon sélective sur les secteurs exonérés à faible risque d’impayés et d’accélérer l’expansion de notre réseau de stations-service sur l’ensemble du territoire. De façon continue, nous allons faire une gestion efficace de notre trésorerie en nous appuyant sur les leviers de croissance rentables et à risque modéré et maîtrisé afin de créer plus de valeurs pour nos actionnaires et nos employés.
Notre objectif est d’ouvrir 2 stations par an dans les 4 prochaines années et de continuer à optimiser notre réseau existant en le rendant plus attractif et toujours aux normes de la réglementation gabonaise en la matière.
Vous êtes un spécialiste du management, vos études en témoignent. Quelles sont les premières mesures que vous souhaitez adopter dans ce domaine ?
Comme on le dit chez les Anglo-Saxons, les ressources humaines d’une entreprise constituent son actif intangible le plus important. Nous sommes très attachés à la formation, au développement et à l’épanouissement de nos collaborateurs. La gestion de nos talents est primordiale. De plus, le dialogue est ouvert, le partage est notre quotidien et l’esprit d’équipe et d’équité est notre leitmotiv. L’égalité du genre est une priorité du Groupe qui doit être visible au sein de Vivo Energy Gabon. En résumé, parmi nos priorités, il s’agit pour nous de créer un cadre de travail très attractif pour nos employés et ceux qui veulent nous rejoindre.
Les événements du 30 août influent-ils d’une manière ou d’une autre sur votre positionnement ?
Tout changement apporte ses opportunités, il s’agit de les identifier et de les saisir de façon efficiente. Ayant pris mes fonctions au même moment que les nouvelles hautes autorités, je considère ces événements comme une grande opportunité et pour Vivo Energy Gabon, comme une chance de voir résoudre les défis du secteur : marge unitaire restée inchangée depuis les années, réduction des exonérations sur le secteur industriel, visibilité sur le paiement de la stabilisation, baisse de la pression fiscale, etc.
Vivo Energy est très impliqué dans la formation et les besoins sont importants. Travaillez-vous sur un plan d’action en ce domaine ?
Comme évoqué précédemment, nous sommes très attachés à la formation de notre personnel. Depuis 2019, nous travaillons avec les partenaires locaux sur un programme baptisé « jeunes talents ». Ce programme est piloté par notre directrice des ressources humaines et notre directeur marketing et communication. La mission essentielle consiste à recruter de jeunes diplômés de niveau bac +2 à bac +5 via un processus d’appel à candidatures transparent. Le processus est activé par l’intermédiaire d’appels d’offres d’emploi et tout est publié officiellement. Une dizaine de jeunes sortis des écoles de commerce et d’ingénieurs sont recrutés. Ces jeunes travaillent en binôme avec les titulaires de postes et ne sont pas des commissionnaires. Ils sont formés régulièrement comme les titulaires. Ils ont un traitement salarial comme tout contrat CDD et peuvent, au même titre que nos CDI, postuler aux offres d’emploi en interne. À ce jour, 5 des postes stratégiques sont occupés par des jeunes issus de ces promotions.
Les autres ne tardent jamais à trouver un emploi après avoir suivi ce cursus parce qu’ils ont reçu les bases d’une formation très complète. En marge de cette initiative, nous travaillons en étroite collaboration avec des agences d’intérim locales (Altemploi) sommes partenaires de certaines écoles comme BBS, l’Institut de gestion avec les conventions de stage et l’école polytechnique de Masuku de l’université des sciences et techniques (USTM) de Masuku.
Vous êtes très actifs également en termes de RSE (voir reportage dans le n° 26 – mai 2023). Quelles sont les actions prévues pour cette rentrée ?
En matière de RSE, notre stratégie est corporate et thématique. En 2024, nous continuerons à développer tous les aspects environnementaux et de santé. Nous pourrons très bientôt en reparler puisque nous nous impliquerons pour Octobre rose. Par ailleurs, nos stations sont équipées pour répondre aux normes respectueuses de l’environnement. Là aussi, nos gérants sont concernés. Ils sont mis au défi pour obtenir le prix de la station la mieux tenue en matière de propreté et de récupération de produits nocifs pour la nature.
Conclusion : Nous souhaitons rassurer nos partenaires et les nouvelles autorités. Vivo Energy Gabon n’a pas pour ambition de quitter le Gabon. Ces dernières années, nous avons décidé de façon stratégique de nous retirer de certains marchés pour limiter nos risques, notamment financiers et opérationnels. Nous nous sommes recentralisés et nous nous repositionnons sur certains secteurs de marché avec, évidemment, un accent particulier sur la construction de nouvelles stations-service, mais aussi avec nos partenaires industriels stratégiques que nous continuons d’accompagner dans leur développement au Gabon.
Nous lançons la commercialisation des bouteilles de gaz de 6 kg sur le marché de Libreville dès ce mois d’octobre afin de permettre aux Gabonais économiquement faibles d’accéder à ce produit fortement subventionné par l’État. Ces bouteilles seront disponibles dans toutes nos stations-service de Libreville.