UKEF, MARCHÉ RÉGIONAL, DEUTSCHE BANK, LE GABON ACTIVE TOUS SES LEVIERS FINANCIERS POUR ACCÉLÉRER SON DÉVELOPPEMENT
Avec 978,3 mds de F CFA de nouveaux financements extérieurs inscrits au budget 2025 et un programme d’investissements de 4 388 mds de F CFA sur trois ans, le Gabon met en place une stratégie ambitieuse pour moderniser ses infrastructures. Réseau routier, énergie, digitalisation, urbanisation : le pays veut renforcer son attractivité économique et améliorer le quotidien de ses concitoyens. Pour financer ces projets, Libreville mobilise une variété de ressources : financements publics, emprunts concessionnels, partenariats public-privé (PPP) et levées de fonds sur les marchés financiers. Une dynamique qui s’est traduite par des engagements forts lors de rencontres économiques internationales qui se sont soldées par des promesses d’investissements globales d’au moins 3 500 mds de F CFA, avec la Chine, la France et les États-Unis.
Vaste plan de transformation visant à̀ créer une économie plus robuste et moins dépendante des revenus pétroliers, le Programme national de développement de la Transition (PNDT) est aujourd’hui le moteur des grands chantiers. Présenté en janvier 2024, le PNDT constitue le cadre stratégique qui pilote la transformation économique du Gabon. Il englobe 242 projets prioritaires, avec un accent particulier sur les infrastructures de transport. Mais son succès dépendra de la capacité du pays à concrétiser ces engagements et à assurer une exécution rigoureuse des projets engagés.
La modernisation du réseau routier bénéficie d’une enveloppe de 1 333 mds de F CFA pour la période 2024-2026. La rénovation du tronçon Bifoun-Lambaréné, pour 45,6 mds de F CFA, l’aménagement de la route Ntoum-Cocobeach, estimé à 68,8 mds de F CFA, la construction et la réhabilitation de 166 km de route entre Kougouleu et Medouneu, financée par UK Export Finance (Ukef) et Santander à hauteur de 70,2 mds de F CFA sont autant de projets prioritaires. Mais au-delà des routes, les investissements ciblent également les infrastructures urbaines, les énergies renou-velables et la transformation numérique, dans l’optique d’améliorer l’accès aux services de base et de stimuler la croissance des secteurs non pétroliers.
Pour mettre en œuvre ces projets, le Gabon prévoit plusieurs mécanismes de financement dont 117,4 mds de F CFA issus notamment de l’Agence française de développement (AFD) pour le secteur éducatif, de la Banque africaine de développement (BAD) pour l’emploi des jeunes, de la Banque mondiale pour la numérisation des services publics (programme e-Gabon) et de la Banque islamique de développement (BID) pour l’aménagement du bassin versant Terre-Nouvelle.
La loi de finances 2025 prévoit de nouvelles conventions de prêts : 72,9 mds de F CFA de la Deutsche Bank pour la construction de deux fly-overs et de plusieurs passerelles piétonnes à Libreville ; 14,8 mds de F CFA fournis par la Banque arabe pour le développement économique en Afrique (Badea) pour renforcer les infrastructures de santé ; l’émission d’un eurobond de 120 mds de F CFA, avec une maturité de 30 ans et surtout 653 mds de F CFA via des obligations du Trésor sur le marché régional. Le Gabon active donc tous ses leviers financiers pour accélérer son développement.
En complément, les forums internationaux ont permis d’attirer des capitaux privés et des investissements en PPP, comme nous l’a d’ailleurs précisé le directeur général de l’ANPI. Avec la Chine, des engagements à hauteur de 4,3 mds de dollars ont été obtenus, tandis que le forum Gabon-France a sécurisé 739 mds de F CFA et que la table ronde de Washington a permis de capter plusieurs centaines de millions de dollars.
Ce programme d’investissement, un pari sur l’avenir, repose sur une vision à long terme : doter le pays d’infrastructures modernes pour stimuler le développement des secteurs clés comme l’industrie, l’agriculture, le tourisme et les services. L’amélioration des infrastructures de transport, la construction de logements sociaux et la montée en puissance du numérique doivent permettre de rendre l’économie plus compétitive et d’attirer davantage d’investissements privés.
En diversifiant ses sources de financement et en misant sur des partenariats stratégiques, le pays adopte une approche pragmatique pour accélérer sa modernisation sans reposer uniquement sur ses propres ressources financières. Menée avec discipline et efficacité, cette stratégie transformera profondément l’économie gabonaise tout en lui permettant d’amorcer une nouvelle phase de développement, plus équilibrée et moins tributaire des fluctuations des marchés pétroliers.