INSUCO : LE SOCIAL AU CŒUR DES TRANSITIONS TERRITORIALES

Depuis près de quinze ans, Insuco façonne un modèle d’intervention unique à l’interface entre développement économique, cohésion sociale et durabilité territoriale. Présent dans plus de 90 pays, ce bureau d’études international s’est imposé comme un acteur incontournable des grands projets d’aménagement, d’infrastructures et d’investissement responsables. Fort de sa démarche fondée sur l’ancrage local et la rigueur scientifique, Insuco œuvre pour intégrer les voix des communautés dans la prise de décision et sécuriser socialement les projets de transformation. Au Gabon, où il dispose d’un bureau permanent depuis 2019, le groupe accompagne des acteurs publics et privés dans leur prise en compte des normes sociales nationales et internationales. Dans cet entretien, sa responsable revient sur l’ADN de la méthode Insuco, les enjeux spécifiques du Gabon et les défis que pose la durabilité sociale dans un monde en mutation.

Insuco fête près de 15 ans d’existence et affiche une présence dans plus de 90 pays. Quel est le fil conducteur qui a permis à l’entreprise de construire une telle trajectoire ?

Insuco est né d’une intuition simple, mais puissante : la prise de décision en matière de développement ne peut ignorer les dynamiques sociales. Fondé en 2011 en Guinée par un docteur géographe du développement, notre bureau d’études s’est construit sur le constat que les outils méthodologiques pour comprendre les sociétés locales, notamment dans les zones affectées par les grands projets, étaient largement insuffisants. Dès lors, nous avons choisi de privilégier la coopération Sud-Sud en nous installant directement dans les territoires où nous intervenons. Cette proximité est la colonne vertébrale de notre modèle. Elle nous permet de coconstruire nos approches avec des experts locaux, d’assurer une meilleure compréhension des enjeux et surtout, d’installer une confiance durable entre toutes les parties prenantes. C’est ce lien au territoire et cette éthique de l’ancrage qui expliquent, je pense, notre expansion et la reconnaissance internationale dont nous bénéficions.

Vous intervenez dans des contextes sociaux, politiques et économiques différents. Comment garantissez-vous que vos approches restent pertinentes et sensibles aux réalités locales ?

Notre démarche repose sur une conviction forte : on ne peut réussir un projet que si on comprend en profondeur son contexte social. Pour cela, nous mobilisons systématiquement des experts nationaux et régionaux. Ce sont eux qui connaissent les subtilités, les équilibres, parfois invisibles, qui structurent un territoire. Nous les écoutons, nous les impliquons, nous les formons aussi, pour garantir la qualité et la pertinence de nos interventions. À cette expertise humaine, s’ajoute notre maîtrise des cadres normatifs internationaux, Banque mondiale, SFI, normes de performance, que nous adaptons aux contextes. Cette méthode nous permet d’offrir des recommandations réalistes, légitimes et opérables. 

Insuco se positionne comme un acteur clé de la «durabilité sociale». Comment définissez-vous ce concept et en quoi se distingue-t-il du développement durable classique ?

Le développement durable repose classiquement sur trois piliers : l’économie, l’environnement et le social. Or, trop souvent, le pilier social est le parent pauvre de cette équation. Chez Insuco, nous avons décidé d’en faire notre cœur de métier. 

La durabilité sociale, pour nous, c’est la capacité d’un projet à créer ou préserver les conditions de vie dignes pour les communautés concernées. Cela passe par la reconnaissance des droits, l’inclusion, la participation, la mémoire, les usages culturels, mais aussi par la capacité à éviter ou compenser les préjudices. 

Une personne déplacée par un projet doit pouvoir retrouver un niveau de vie équivalent, voire supérieur. Cette exigence n’est pas toujours écrite dans les lois, mais elle est au cœur des standards internationaux et surtout de notre éthique professionnelle. C’est cette vigilance, cette expertise sociale de terrain qui nous distingue.

Vous avez développé plusieurs outils technologiques comme Sycosur et mis en place des observatoires territoriaux. Quelle place la recherche et le développement occupent-ils dans votre stratégie ?

Vous l’avez noté : l’innovation sociale chez Insuco est un pilier stratégique. Nous avons investi dans la recherche avec l’IFSRA (Institute For Social Research in Africa) et le think tank ICSI pour nourrir en permanence nos pratiques. Ces dispositifs nous permettent de rester en lien avec les dynamiques académiques, les retours de terrain et les tendances globales. L’un de nos outils phares est Sycosur, un système de gestion des données sociales que nous avons conçu pour cartographier les populations affectées, qualifier leurs moyens de subsistance, anticiper les risques. Sycosur permet aussi un suivi longitudinal des impacts. Il est libre de droits, mis à jour régulièrement, et nous l’adaptons à chaque projet. 

Le Gabon fait partie des pays où vous disposez d’un bureau permanent. Quels sont, selon vous, les enjeux sociaux les plus structurants actuellement dans le pays?

Au Gabon, deux grands enjeux se dégagent aujourd’hui : le besoin urgent en infrastructures, notamment routières, et la gestion équitable des ressources naturelles. Trop souvent, les projets miniers, forestiers ou même de conservation sont pensés sans réelle intégration des communautés locales. On crée des corridors écologiques, des réserves, mais on oublie que des gens y vivent, y travaillent, y ont des attaches culturelles. Les conflits d’usage se multiplient. Notre rôle est justement de documenter ces réalités, d’accompagner les décisions, de proposer des solutions équilibrées. La durabilité ne peut être uniquement environnementale, elle doit aussi être humaine et territoriale.

Quels types de projets avez-vous menés ou accompagnez-vous actuellement au Gabon. Comment vos équipes locales y contribuent-elles concrètement ?

Nous accompagnons actuellement des projets d’infrastructures majeurs, comme ceux de la Setrag (Société d’exploitation du Transgabonais) et de la SAG (Société autoroutière du Gabon), dans le cadre de plans d’action pour les réinstallations ou les compensations. Nous travaillons également avec WWF (Fonds mondial pour la nature) sur des protocoles contre la déforestation illégale. Nos équipes locales sont essentielles : elles identifient les personnes affectées, mènent les enquêtes socio-économiques, organisent les concertations, assurent le suivi des engagements. C’est grâce à elles que nos recommandations sont réalistes et bien acceptées. Nous avons aussi une approche différenciée selon les types d’affectation : physiques, économiques, culturelles. Chaque situation mérite une réponse spécifique, ce que notre expertise permet de construire avec rigueur.

À l’heure où le Gabon affirme sa volonté de refonder son modèle de développement, comment Insuco peut-il jouer un rôle de catalyseur, notamment en matière de durabilité sociale et d’appropriation territoriale ?

Le moment est crucial. Le pays affiche une volonté forte de refonder ses politiques publiques. Insuco peut jouer un rôle d’accompagnateur stratégique en mettant à disposition son expertise pour l’assistance technique, la formation des agents publics, la coconstruction de cadres sociaux autour des projets structurants. Nous avons l’expérience, les outils et la méthodologie pour cela. Ce que nous proposons, c’est d’intervenir très tôt dans les projets, dès la phase de conception, afin de minimiser les tensions, sécuriser les décisions et assurer une meilleure appropriation des projets par les populations. Il s’agit là d’un investissement de long terme sur la paix sociale et la viabilité des politiques publiques.

Vos services couvrent aussi bien les études d’impacts que le conseil stratégique ou la mise en œuvre opérationnelle. Qu’est-ce qui rend votre modèle d’intervention unique sur le marché ?

Notre modèle est intégré, évolutif et rigoureux. Nous ne faisons pas que des diagnostics, nous accompagnons nos clients de bout en bout :études de base, plans d’action, mise en œuvre, formation, évaluation. À cela s’ajoute un rôle de conseil souvent méconnu : nous disons la vérité à nos clients. Cette honnêteté, couplée à notre exigence méthodologique, peut parfois nous rendre plus coûteux, mais elle garantit une qualité d’intervention et une réduction des risques sociaux à moyen et long terme.

Enfin, quels sont vos grands chantiers pour les prochaines années, notamment face aux enjeux liés à la transition énergétique, aux conflits fonciers ou à l’urbanisation rapide ?

Nos priorités pour les prochaines années sont claires : renforcer notre rôle dans les transitions globales. Cela concerne la transition énergétique, en accompagnant les grands projets d’énergies renouvelables de manière socialement inclusive; les conflits fonciers, en aidant à sécuriser les droits et les usages, mais aussi l’urbanisation rapide. Nous continuons aussi à investir dans la recherche pour documenter ces transitions, produire des connaissances utiles à l’action publique et former une nouvelle génération de praticiens du social. Insuco n’est pas seulement un prestataire, c’est un acteur engagé dans la construction d’un développement plus juste, plus équilibré, plus durable.

CHIFFRES CLÉS

Année de création : 2011 en Guinée et depuis 2019 au Gabon 

Nombre de salariés : plus de 175 et environ 350 contractuels (consultants, enquêteurs, traducteurs, etc.)

Projets menés : plus de 850

Pays d’intervention : 94

Clients et partenaires : près de 350

Parité femmes/hommes dans le groupe : 55 % de femmes dans le groupe – 62,5% de femmes à la direction générale – 58,5% de femmes à la tête des directions pays

Chiffre d’affaires 2024 :  près de 23 Millions €

Secteurs d’intervention et services proposés : Énergie – Mines – Gaz & pétrole – Infrastructures – Services de base – Aménagement du territoire – Agriculture & agro-industrie – Ressources naturelles & foresterie – Tourisme & développement hôtelier – Coopération & aide au développement – Études sociales – Suivi-évaluation – Gestion des données – Gestion sociale – Stratégie, conseil & formation – Appui au développement.

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