INCLUSION FINANCIÈRE DIGITALE EN AFRIQUE : 52 LEADERS APPELLENT À L’ACTION

Nouveaux produits, prestations inédites… Le secteur financier africain est en pleine mutation. Des représentants de la fintech, mais aussi des institutions sous-régionales et des partenaires au développement, invitent à agir afin que nul ne soit laissé de côté.

« Face à l’explosion des inégalités, à l’urgence climatique, aux bouleversements sociopolitiques, à l’envol des prix des biens et services de première nécessité, nous, actrices et acteurs de l’inclusion financière digitale sur le continent, entendons faire écho aux aspirations d’une Afrique nouvelle, terreau d’une prospérité plus inclusive et redéfinie selon nos règles. »

Les femmes et les jeunes entrepreneurs

Trois tendances clés permettent d’être optimistes dès aujourd’hui. L’Afrique a réussi à unifier son marché intérieur grâce à la création de la zone de libre-échange continentale africaine (Zlecaf) qui regroupe 55 pays et 1,4 md habitants. Dans la droite ligne de l’agenda 2063 de l’Union africaine et de l’Afrique que nous voulons, nous partageons une vision commune en affirmant que l’inclusion financière numérique jouera un rôle déterminant dans le succès du marché unique.

Le continent abrite un nouveau leadership entrepreneurial porté par les femmes et par les jeunes qui dominent la majorité des activités marchandes. Ainsi, 70 % du commerce qui se fait dans les frontières intra-africaines est réalisé par des femmes.

L’Afrique est le barycentre mon dial de l’innovation en matière de finance digitale. La multiplication des nouveaux acteurs, comme celle des émetteurs de monnaies électroniques et bien d’autres, est en passe de vaincre la fatalité de l’exclusion financière qui dominait le continent depuis plusieurs décennies. L’inclusion financière digitale a démontré, à travers le monde, son potentiel à être un catalyseur pour 13 des 17 objectifs de développement durable (ODD). Compte tenu du leadership détenu par le continent à l’échelle mondiale en matière d’innovation dans la finance digitale, 10 actions majeures s’offrent à ses acteurs pour renforcer les fondements d’une prospérité renouvelée au niveau national et sous-régional, et repousser ainsi un pessimisme qui n’a plus lieu d’être.

Aux acteurs du secteur privé, y compris les fournisseurs de services financiers de :

i) hâter l’émergence de champions nationaux à envergure régionale en les soutenant dans leur digitalisation par le développement de services financiers et logistiques qui répondent aux besoins spécifiques et évolutifs des femmes, des jeunes et des petites entreprises qui dominent les activités marchandes sur le plan national, régional et continental ; ii) renforcer le financement privé de l’expansion des marchés par la transformation du secteur des services financiers décentralisés (microfinance) par le biais d’in novations responsables qui favorisent la mutualisation du mobile banking au niveau sectoriel, et leurs interconnections aux fournisseurs de services de paiement ;

iii) accroître la collaboration entre banques, grands opérateurs, fin techs et startups pour élargir le portefeuille des services digitaux financiers et non financiers accessibles aux marchands selon leur niveau de formalisation ; iv) étendre les réseaux d’acceptation des paiements digitaux sur l’ensemble du territoire, en particulier dans les zones frontalières.

Aux acteurs publics nationaux, régulateurs et institutions sous-régionales communautaires garantes de l’intégration économique et/ou monétaire de : i) réussir le passage à l’interopérabilité des moyens et systèmes de paiement en associant les agrégateurs et leurs savoir faire acquis au cours de la dernière décennie, dans la facilitation des paiements aussi bien au niveau national qu’au niveau régional et continental ;

ii) promouvoir la transparence de tous les coûts associés aux transactions financières pour une meilleure prise en compte dans les business models des marchands et pour favoriser la clarté de décision chez les clients finaux ;

iii) garantir l’accessibilité et l’effectivité des mécanismes de recours, aussi bien au niveau national que pour les opérations transfrontalières afin de renforcer la confiance des acheteurs ;

iv) introduire de la flexibilité dans les initiatives d’identité digitale et des exigences en matière de KYC (« Know-Your-Customer ») qui prennent en compte les niveaux de formalisation des économies nationales, réduisant ainsi l’exclusion financière de certains segments et acteurs ;

v) assurer l’efficacité des mécanismes de vérification et d’application des dispositions d’intégration sous-régionale et continentale relatives à la libre circulation des biens, des personnes et des capitaux aux frontières ;

vi) accélérer la promotion de la coopération bilatérale intra-africaine pour la mise à l’échelle, l’harmonisation ou le développement de normes et de bonnes pratiques qui favorisent une digitalisation responsable des services financiers sur le continent (notamment en matière de lutte contre le blanchiment d’argent, de mécanismes de recours et de normes de solidité et de fiabilité des infrastructures digitales).

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