BONNE GOUVERNANCE, CONFORMITE EXEMPLARITE ET SERVICE A LA CLIENTELE SONT LES MAITRES MOTS DE M. ALAIN BOUZAID !
Implantée depuis 1963 à Port-Gentil puis à Libreville, Ascoma Gabon apporte son expertise et ses conseils en solutions d’assurance et de réassurance sur l’ensemble du territoire gabonais. Ascoma Gabon est un hub régional qui supervise les filiales de l’Afrique centrale et de l’Est. Ce courtier international répond à une gamme de clientèle très variée : multinationales, PME-PMI, professions libérales, commerçants, particuliers — tout en s’adaptant à leurs besoins locaux et internationaux. Ces atouts en font un acteur local majeur du marché de l’assurance, une référence en termes de services d’analyse, de conseil, de placement de polices d’assurance et de gestion des sinistres. Forte d’une équipe de 160 collaborateurs, Ascoma Gabon accompagne ses clients dans tous les secteurs de la vie économique : agriculture, services, communication, télécommunications, grande distribution, industries, banques, construction-BTP, transports, industrie pétrolière, etc. Depuis février 2021, le groupe Ascoma appartient à 80 % au groupe Chedid Capital, déployé au Moyen-Orient, en Europe, en Asie et sur le continent africain, qui emploie quelque 1 700 personnes et gère 1,2 milliard d’euros de primes par an.
Monsieur Bouzaid, vous occupez le poste de la direction générale du hub d’Ascoma à Libreville depuis le 28 décembre 2023. Quelle est votre analyse et quelles sont vos perspectives ?
Mon rôle consiste notamment à accélérer le mouvement de mise en conformité qui est une exigence réglementaire et de bonne gouvernance. C’est un élément clé de la gestion d’une entreprise. Si nous revenons aux fondamentaux, on note que les secteurs de la banque et de l’assurance sont soumis à des autorités de tutelle. Cette autorité, la nôtre étant la Direction nationale des assurances, s’assure que les pratiques des courtiers et des assureurs sont conformes aux dispositions du code Cima. Elle concède un agrément à la personne morale (l’entreprise) et au dirigeant. Nous concernant, par exemple, nous devons nous conformer à l’article 13, en vigueur depuis 2011, qui indique très clairement le principe du « cash before cover » : pas de prime, pas d’assurance. Ce principe qui paraît évident n’était pas systématiquement respecté par le marché. Ce n’est pas une exception propre à Ascoma. En revanche, c’est une des préoccupations de notre groupe que d’appliquer des règles de bonne gouvernance, quelles que soient les pratiques de marché. Nous sommes leaders et nous nous devons de montrer l’exemple pour accompagner l’assainissement des pratiques de marché. Il s’agit d’un virage à 180° que nous maîtrisons parfaitement. La preuve : notre taux d’encaissement des primes au 1er janvier 2024 est proche de 100 %.
Notre stratégie et notre politique générale sont conçues sur le long terme. Faut-il rappeler que le groupe Ascoma est présent depuis 62 ans au Gabon ? Nous sommes là pour faire prospérer l’expansion du Groupe et respecter les règles, notamment celle de la conformité qui joue un rôle essentiel. Pour conclure, au sein du Groupe Chedid Capital, qui compte à présent dans son portefeuille l’entité Ascoma, nous avons été confrontés à ces problématiques dans d’autres pays, ce qui nous a amenés à appliquer cette même politique avec rigueur. Aujourd’hui, nous nous en félicitons et la croissance du Groupe témoigne des bons résultats obtenus. Ces derniers se traduisent par la confiance des assureurs et par une saine trésorerie, due à une meilleure collecte des primes. Finalement, il s’agit de rétablir le cercle vertueux composé du courtier gestionnaire, de l’assureur et de l’assuré. Le courtier joue son rôle en s’assurant que le client paye sa prime à l’assureur en temps voulu. Cela permet à l’assureur de couvrir les sinistres éventuels et de rémunérer le courtier. Cela permet aussi au gestionnaire santé de payer les prestataires santé dans les délais. C’est aussi simple que cela.
Dans la présentation de votre parcours, nous avons évoqué le fait que vous restructurez et développez les activités et que vous avez suivi des formations en statistiques et modélisations stochastiques. Pouvez-vous nous éclairer afin de nous familiariser avec ces éléments de langage ?
Ce sont des éléments de langage propres aux métiers de la souscription des risques : assurance et réassurance. Concernant les activités dites de réassurance, il existe deux types de contrats : les facultatifs et les traités. Afin de pouvoir porter le risque, l’assureur dispose d’un capital, de fonds propres, mais aussi d’une réassurance automatique (traités) par branche d’activité : automobile, dommage, construction, responsabilité civile, transport… Toutes les polices qu’il émet dans chacune de ces branches sont automatiquement cédées à un traité de réassurance (souscrit par un panel de réassureurs) qui permet à la compagnie d’assurance de disposer d’une capacité de souscription des risques supérieure à celle que son capital seul lui permettrait. Au-delà de cette capacité « traité », automatique, l’assureur, pour souscrire les grands risques ou risques de pointe, a besoin d’acheter de la réassurance dite facultative, c’est-à-dire un contrat de réassurance spécifique à un risque donné (une usine, une raffinerie, un grand chantier, etc.).
Une compagnie d’assurance construit la diversification de son portefeuille en souscrivant une multitude de branches d’activités et de risques, dits indépendants ou non corrélés, sur un espace géographique donné. La probabilité que tous les risques du portefeuille subissent un dommage au même moment étant très faible, cela permet à la compagnie d’assurance de faire payer à chaque assuré une prime qui correspond à une petite fraction des capitaux assurés. Ainsi, la diversification d’un portefeuille d’assurance se fait dans le temps.
Néanmoins, il peut survenir des événements majeurs, dits catastrophiques, qui viennent corréler des risques qui, en temps normal, sont indépendants. C’est le cas des catastrophes naturelles : tempête, cyclone, tremblement de terre… et des catastrophes industrielles ou non naturelles : explosion, pollution, naufrage, attentat… Dans ce cas de figure, la réassurance se justifie et permet à une compagnie d’assurance de faire face à des événements majeurs.
La tarification des risques en assurance, par exemple en automobile ou en santé, repose sur un grand nombre de sinistres annuels. Cela permet d’estimer le coût moyen statistique, donc la prime d’assurance, de manière précise et robuste. Plus la population d’événements historiques est grande, moins il y a de hasard et de volatilité.
Cependant, lorsqu’il s’agit de mettre un prix sur des événements plus rares ou exceptionnels, l’approche statistique classique montre ses limites. En effet, les quelques événements historiques observés ne sont pas suffisamment représentatifs de la réalité du risque : il se peut que les événements catastrophiques n’aient pas été observés dans la période d’analyse. Donc une approche tarifaire par le coût moyen historique est inadaptée.
En l’espèce, en ajustant des lois de fréquence et de sévérité à l’échantillon d’événements historiques observés, les mathématiques et la puissance de calcul permettent d’extrapoler, de simuler des dizaines de milliers de scénarios ou d’années, de manière à générer des événements non encore observés. Cette tarification, dite stochastique, permet d’estimer une probabilité de survenance par niveau de sévérité et donc de mettre un prix sur des événements rares qui n’ont pas nécessairement été observés, au moins dans un passé proche. Les modèles les plus complexes sont développés par des sociétés spécialisées, notamment pour les tremblements de terre, les tempêtes ou les cyclones.
En résumé, l’assureur tarifie les risques normaux ou de fréquence sur des modèles statistiques historiques, et construit un portefeuille diversifié par branche et dans le temps. Le réassureur tarifie les risques exceptionnels en se fondant sur des modèles mathématiques probabilistes et construit un portefeuille diversifié géographiquement, dans plusieurs régions du monde, et en souscrivant des risques non corrélés (tremblements de terre, cyclones, catastrophes industrielles, etc.).
En sa qualité de courtier d’assurance, Ascoma identifie les risques exogènes auxquels une entreprise est exposée et propose des garanties adaptées et conformes aux contraintes financières et à l’aversion au risque du client. En sa qualité de gestionnaire santé, Ascoma met en place et anime un réseau de soins en tiers payant et gère les frais de soins pour le compte du porteur de risque (assureur ou client autoassuré), en appliquant des contrôles médicaux et de garanties de manière à se conformer aux limites et aux exclusions du contrat santé.
Qu’est-ce qui différencie Ascoma des autres courtiers de la place ?
Deux choses : premièrement, la dimension d’Ascoma. Je vous rappelle notre âge : 70 ans en Afrique, dont plus de 60 ans au Gabon. Nous sommes des pionniers dans le développement du courtage en Afrique et dans le domaine de la gestion des frais de santé, avec la mise en place du tiers payant et des technologies de contrôle. Ces années nous ont permis de développer notre expertise. Nous avons des équipes expérimentées et stables dans chaque branche d’assurance. Nous connaissons et surtout nous aimons l’Afrique : elle est au coeur de nos activités.
Deuxièmement, le volume de nos activités qui nous confère une relation privilégiée et un poids auprès des assureurs afin d’obtenir les garanties les mieux adaptées aux besoins de nos clients. Notre qualité de service reconnue et notre niveau élevé d’expertise technique combinés à notre expérience historique de l’assurance en Afrique nous distinguent. Cela nous permet de structurer voire de prétarifer certains produits en fonction des besoins spécifiques de nos clients. Notre expérience et notre force nous permettent d’être très proches de nos clients et d’être un pont de confiance entre l’assuré et l’assureur.
Le hub de Libreville et son système de fonctionnement se distinguent-ils de ceux implantés dans d’autres pays en Afrique ou êtes-vous linéaires ? Pour être clair, le groupe Ascoma adopte-t-il des langages, des messages, des tarifs adaptés à ses clients en fonction de chaque pays et de ses attentes ?
Le portefeuille client d’Ascoma Gabon est composé essentiellement d’une clientèle d’entreprises privées, mais aussi d’entreprises publiques et d’administrations. Notre métier d’intermédiaire d’assurance et de conseil consiste à comprendre les risques exogènes auxquels l’entreprise est exposée et qui sont donc assurables. Par notre expertise, nous analysons ces risques, les quantifions en collectant des données statistiques et définissions les garanties adaptées aux besoins de l’assuré. Nous travaillons avec les assureurs pour obtenir les termes et conditions de la police d’assurance. Chaque client fait l’objet d’une attention particulière et nous adaptons les garanties en fonction de ses contingences : aversion au risque et budget. Par ailleurs, les risques endogènes, relevant du risque de l’entrepreneur, ne sont pas assurables.