MANGANÈSE, FER, POTASSE, INFRASTRUCTURES, DEEPWATER (EAUX PROFONDES), CES PROJETS QUI POURRAIENT PORTER LES IDE À 5 MILLIARDS DE DOLLARS DÈS 2026

Le Gabon entre dans une nouvelle phase de son développement économique, avec des ambitions chiffrées et concrètes. Pour 2026, le pays prévoit un budget d’investissements publics sans précédent de 3321 milliards de F CFA, soit environ 5,9 milliards de dollars, adossé à un budget total de 7233 milliards de F CFA. Cette enveloppe record témoigne d’une volonté d’accompagner la diversification de l’économie et de renforcer les infrastructures tout en créant un environnement favorable aux investissements étrangers. Les projets structurants déjà annoncés, qu’il s’agisse du ferroviaire, de l’énergie, des mines ou de l’offshore, laissent entrevoir un potentiel d’IDE pouvant atteindre 5 milliards de dollars pour l’année à venir, plaçant le Gabon parmi les destinations les plus attractives d’Afrique centrale pour les capitaux internationaux.

Les investissements publics gabonais ont connu des évolutions notables depuis 2016. Les crédits ont débuté à 562 mds de F  CFA avant de se stabiliser autour de 381 mds entre 2018 et 2021, et de descendre à 297 mds en 2023. Cette période reflète la contrainte budgétaire et la dépendance historique au pétrole. À partir de 2024, la tendance s’inverse, avec 497 mds de F  CFA suivis de 592 mds en 2025. Le saut prévu en 2026 dépasse toutes les précédentes allocations. L’État mise désormais sur les investissements publics comme levier pour soutenir la croissance et attirer des capitaux étrangers.

Manganèse, fer et potasse : un secteur minier réinventé

Le Gabon possède des réserves stratégiques de minerais. Il est désormais le principal producteur mondial de manganèse. Comilog, filiale d’Eramet, prévoit de porter la production à plus de 8 millions de tonnes en 2026, en attendant de faire face à l’interdiction d’exportation brute, le pays misant dorénavant sur une transformation locale accrue pour créer de la valeur ajoutée et générer des emplois. Des investisseurs chinois ont déjà manifesté leur intérêt pour participer à la construction d’unités de production et de transformation, tandis que le Japon investit dans l’optimisation des procédés industriels. Ces initiatives pourraient mobiliser près de 400 millions de dollars d’IDE (près de 224 mds de F CFA) uniquement dans le manganèse pour 2026.

Le fer est un autre pilier de la diversification de l’économie gabonaise. Le projet Belinga, porté par Fortescue, prévoit une capacité de production annuelle initiale de 2  millions de tonnes de minerai de fer d’ici 2026, soutenue par un investissement estimé à plusieurs milliards de F  CFA, dont une partie déjà sécurisée pour le démarrage des travaux d’infrastructures et de transport. Le projet Baniaka, soutenu par Genmin, complète cette dynamique, assurant l’exploitation de réserves supplémentaires. Celui-ci prévoit une route de 60 km et 30 km de lignes électriques aériennes pour un montant se chiffrant en dizaines de milliards de F  CFA. Ensemble, ces projets pourraient donc attirer près de 1,5 md de dollars d’IDE dans le secteur du fer, tout en renforçant les capacités logistiques et industrielles du pays.

La potasse constitue un autre élément stratégique. Le projet Banio, mené par la société canadienne Millennial Potash, bénéficie d’un soutien d’environ 500  millions de dollars et prévoit une production de 800000 tonnes par an, avec un accès direct aux marchés américains. La proximité des ports et l’amélioration des infrastructures portuaires, notamment le port de Mayumba, renforcent l’attractivité de ce projet et offrent une visibilité immédiate sur le retour sur investissement.

Deepwater (eaux profondes) et infrastructures : l’énergie et la logistique au centre de l’attractivité

Dans le secteur pétrolier, le Gabon possède plus de 2 milliards de barils de réserves prouvées, dont une partie en eaux profondes. Le projet Cap Lopez, développé par Perenco, consiste en une unité flottante de production de gaz liquéfié de 700000 tonnes par an, avec des débuts de production en 2026. BW Energy développe parallèlement les blocs Niosi Marin et Guduma Marin, comprenant des forages et levés sismiques 3D. Ces investissements représentent eux aussi plusieurs centaines de millions de dollars et devraient attirer des IDE américains et européens, notamment pour le financement et la fourniture d’équipements de pointe.

Les infrastructures constituent l’ossature nécessaire à l’exploitation des ressources et à la diversification économique. Le chemin de fer Boué–Belinga-Mayumba, dont le coût total est estimé à 10 mds de dollars avec 1,8 md déjà sécurisé, permettra de relier les gisements miniers à un port en eau profonde. Cette ligne ferroviaire soutiendra non seulement le fer et le manganèse, mais également le bois et d’autres produits transformés. Des investissements complémentaires, pour plus de 200 millions de dollars US, sont prévus pour moderniser les routes, l’urbanisme et les systèmes énergétiques, notamment les centrales hydroélectriques Kinguélé Aval et Ngoulmendjim ainsi que le parc solaire d’Ayémé. Impliquées dans la réalisation et le financement de ces projets, la France et la Turquie apportent expertise technique et capitaux.

L’ensemble de ces projets est pensé pour créer un environnement capable de générer des IDE supplémentaires. La Banque africaine de développement estime que le Gabon doit mobiliser 1,18 md de dollars par an pour combler le déficit en infrastructures et atteindre le niveau des pays en développement les plus performants. Avec les initiatives publiques et privées en cours, le pays pourrait ainsi attirer 5 mds de dollars d’investissements étrangers dès 2026, un chiffre cohérent avec le potentiel de ses projets stratégiques.

Une dynamique internationale soutenue par les partenariats

Le Gabon bénéficie d’un intérêt accru des investisseurs étrangers grâce à ses ressources naturelles et à sa stabilité politique relative. Les États-Unis investissent dans le deepwater et la potasse, la France dans l’énergie et les infrastructures, la Turquie dans les projets ferroviaires et portuaires, la Chine dans la transformation du manganèse et d’autres minerais, l’Inde et le Japon dans le secteur minier, et l’Australie à travers Fortescue et Genmin pour le fer. Cette diversité de partenaires permet de combiner financement, expertise technique et marchés internationaux, augmentant l’impact des IDE sur l’économie nationale.

Ces investissements sont concentrés sur des projets à forte valeur ajoutée, générant non seulement des revenus, mais aussi des emplois, une montée en compétence locale et un effet multiplicateur sur les filières connexes. L’agroalimentaire, la métallurgie, le transport et l’énergie bénéficient directement de cette dynamique, ce qui renforce la compétitivité du pays et sa capacité à diversifier ses sources de revenus.

Le budget public record pour 2026 agit comme catalyseur de cette dynamique. Les investissements publics servent de signal aux investisseurs internationaux, rassurant sur la volonté du gouvernement de sécuriser les projets, de mettre en place une gouvernance rigoureuse et de favoriser la transformation locale des ressources. Cette combinaison d’investissement public et d’IDE pourrait transformer la structure économique gabonaise en moins de dix ans, réduisant la dépendance au pétrole et augmentant la part de valeur ajoutée locale.

L’ensemble des initiatives vise également à renforcer la souveraineté économique du Gabon. La transformation du manganèse et du fer, l’exploitation de la potasse, le développement du deepwater et la modernisation des infrastructures offrent au pays une maîtrise accrue de ses chaînes de valeur, limitant les exportations brutes et maximisant les recettes locales. La diversification des partenaires étrangers et la structuration des projets en partenariats public-privé garantissent une répartition des risques et une optimisation des financements tout en maintenant la mainmise du Gabon sur ses ressources stratégiques.

En parallèle, l’attention portée à la logistique et à l’énergie permet de créer un environnement favorable aux IDE. Les ports, routes et chemins de fer améliorés, ainsi que la sécurité énergétique assurée par les centrales hydroélectriques et solaires, constituent des infrastructures critiques pour attirer des investisseurs internationaux et stimuler la production locale.

La combinaison de ces facteurs devrait permettre au Gabon de mobiliser un volume d’IDE en ligne avec les ambitions gouvernementales et de renforcer l’intégration du pays dans les chaînes de valeur régionales et internationales. Les projets miniers, énergétiques et d’infrastructure représentent une opportunité unique pour le pays de capitaliser sur ses ressources naturelles et de créer un tissu économique plus résilient et diversifié.

2026 marquera sans nul doute pour le Gabon une étape décisive dans sa trajectoire de développement économique. Avec un budget d’investissements publics record de plus de 3300 mds de F CFA et un potentiel d’IDE estimé à 5 mds de dollars, le pays combine projets stratégiques et partenariats internationaux pour diversifier ses revenus, transformer ses matières premières et renforcer ses infrastructures. Les secteurs du manganèse, du fer, de la potasse, du pétrole offshore et des infrastructures illustrent cette nouvelle ambition, avec comme principe sous-jacent la souveraineté économique et énergétique.

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