LA RELATION COMMERCIALE GABON–ÉTATS-UNIS

Le continent africain ne représente qu’un peu plus de 1 % du commerce extérieur américain, dominé par les importations de pétrole du Nigéria et de l’Angola. Depuis la première administration Trump, la politique américaine en Afrique est axée sur la concurrence avec la Chine et la Russie, avec une baisse de l’engagement direct en matière de développement et de sécurité. Pour autant, l’administration Biden a cherché à renouer avec le multilatéralisme et à renforcer les partenariats économiques et diplomatiques, notamment à travers l’organisation des sommets États-Unis–Afrique. La politique africaine de la nouvelle administration Trump n’a pas encore été annoncée à ce jour.

Au Gabon, les axes de coopération américaine s’articulent autour des questions environnementales, de la transparence et de la santé. Les Américains sont également présents sur les questions de sécurité régionale et de formation militaire. On notera toutefois que depuis janvier 2024, le Gabon n’est plus éligible aux avantages commerciaux préférentiels américains dans le cadre de l’African Growth and Opportunity Act (Agoa).

Sur le plan de la relation commerciale bilatérale, la majorité des investissements étrangers américains sont concentrés dans le secteur pétrolier et en progression : le stock d’investissement direct américain au Gabon était de 183 millions de dollars en 2023, en augmentation de 22 % par rapport à l’année précédente (US Department of Commerce).

Les échanges commerciaux entre les États-Unis et le Gabon restent modestes, mais stratégiques, avec 162 millions de dollars d’exportations de biens américains vers le Gabon sur les 11 premiers mois de 2024 (180 millions de dollars pour l’année 2023, US Census Bureau). Les importations américaines depuis le Gabon représentaient 169 millions de dollars pour la même période (80 millions en 2023). La balance commerciale est ainsi variablement déficitaire ou excédentaire selon les années.

Avec les états-Unis les exportations vers le Gabon sont en grande partie composées de machines-outils et équipements électriques, de viande de volaille, de véhicules et équipements ferroviaires. Les importations en provenance du Gabon comprennent quant à elles du pétrole brut, du minerai de manganèse, du bois et du caoutchouc.

Si les entreprises américaines sont peu nombreuses au Gabon, elles jouent un rôle clé dans l’exploitation pétrolière, à l’instar de Vaalco Energy, présente depuis plus de 25 ans. Dans le secteur bancaire, Citigroup assure depuis 1976 ses services aux multinationales, aux grandes entreprises locales, aux institutions publiques et aux organisations internationales par sa présence avec Citibank à Libreville et Port-Gentil. 

En 2022 (dernières données disponibles), les filiales d’entreprises américaines ont réalisé un chiffre d’affaires de 168 millions de dollars, en hausse de 63,1 % par rapport à 2021.

Fin 2024, à l’occasion de la tenue d’une table ronde des chefs d’entreprise États-Unis–Gabon, organisée à Washington DC par la US Chamber of Commerce et l’ANPI, six mémorandums d’entente ont été signés afin de concrétiser plusieurs projets dans les secteurs de l’énergie, des hydrocarbures, de l’agriculture, de la santé et du numérique. Par ailleurs, cette dynamisation récente s’est traduite par le lancement du guide d’investissement du Gabon aux États-Unis, afin d’encourager l’investissement américain sur le territoire gabonais.

C’est également dans cet élan qu’a été signé fin janvier 2025 un accord stratégique entre le ministère de l’Économie numérique, la société américaine Cybastion et le constructeur ivoirien Porteo, pour la construction du premier data center de Libreville, la mise en place d’une identité numérique sécurisée et la formation de 1 000 jeunes Gabonais dans le secteur, grâce à un financement de Citibank. L’accord inclut de plus la mise en place d’une plateforme de paiement électronique qui devrait faciliter à terme la collecte des recettes fiscales.

Aline Quenet

2AD Consulting