LA TECH : ACCÉLÉRATEUR DE CROISSANCE ÉCONOMIQUE

Avec des success stories comme celle de Pozi, des infrastructures modernes, la construction d’un data center à Nkok opérationnel d’ici la fin 2025, la montée de la 4G et l’arrivée prochaine de la 5G, des programmes stratégiques comme Gabon Digital 2025 ou encore des incubateurs comme la Sing, le pays démontre qu’il est capable de transformer son potentiel numérique en levier économique. Ce dossier explore dix ans de maturation de l’écosystème tech gabonais, les institutions et incubateurs qui le soutiennent, les financements qui le dynamisent, et compare sa trajectoire à celle des géants africains. Il présente également les startups émergentes prêtes à suivre la voie désormais tracée par Pozi et les perspectives qui pourraient faire du Gabon un hub tech incontournable d’ici 2030.

Le Gabon sur la carte de la tech africaine 

Pozi ne le sait peut-être pas encore, mais elle vient de tout changer. Une startup gabonaise, partie de zéro à Libreville, a réussi à lever 435 millions de F  CFA (650000 euros) auprès d’investisseurs internationaux. Jamais une jeune pousse locale n’avait suciter un tel écho. Pour la première fois, le Gabon attire les projecteurs de la tech africaine, et bien plus encore, celle du capital-risque mondial. Cette levée de fonds dépasse largement le simple exploit entrepreneurial. Elle souligne un fait : le Gabon est prêt à jouer dans la cour des grands ou au moins à s’en donner les moyens.

Derrière Pozi, deux jeunes entrepreneurs, Loïc Kapitho et Thomas Leluc, ont misé sur l’intelligence artificielle et la télématique pour transformer la gestion de flotte. Aujourd’hui, plus de 2500 véhicules sont connectés par l’intermédiaire de leur plateforme. Entreprises, institutions et assureurs peuvent désormais suivre leurs opérations en temps réel, réduire leurs coûts et améliorer la sécurité routière. Ce succès n’est pas isolé, il symbolise un écosystème qui cherche à sortir de l’ombre.

Le Gabon, pays de 2,5 millions d’habitants, commence à être reconnu comme un terrain fertile pour l’innovation. La combinaison de stabilité politique, d’infrastructures solides et d’un taux de pénétration mobile élevé rend le marché attractif pour les investisseurs et les talents. Cette dynamique s’inscrit dans une décennie de maturation. De la fibre optique aux initiatives Gabon Digital 2025, (financé par la Banque mondiale pour 68,5 millions de dollars), de l’émergence des incubateurs à la structuration institutionnelle avec l’Aninf et la Sing, le pays a jeté les bases d’un écosystème capable de rivaliser, à terme, avec les hubs africains de Nairobi, Lagos ou Kigali. Pozi n’est pas un coup de chance, mais un exemple. C’est le point de départ d’une nouvelle ère. L’innovation gabonaise peut séduire l’Afrique et même le monde. Et si d’autres suivent ce chemin, le Gabon pourrait se transformer d’ici 2030 en un acteur incontournable de la tech sur le continent grâce à une nouvelle génération de startups qui changera l’Afrique.

L’histoire secrète de la tech gabonaise 

Mais revenons en arrière. L’histoire de la tech au Gabon est celle d’une maturation lente, souvent ignorée par les observateurs extérieurs. Depuis 2010, le pays a cherché à transformer son potentiel numérique en un levier de développement économique. Le Plan stratégique Gabon émergent (PSGE) fut la première étape qui a posé les bases d’une économie digitalisée. 

Entre 2010 et 2015, les investissements dans la fibre optique et le backbone national ont permis de connecter Libreville et les grandes villes, ouvrant la voie à une infrastructure stable. L’Aninf a été créée pour piloter ces projets, tandis que les premières initiatives d’e-gouvernement ont digitalisé progressivement les services publics. La Sing (Société d’incubation numérique du Gabon) a également commencé à émerger, offrant aux entrepreneurs des outils et du mentorat.

De 2016 à 2020, le focus s’est déplacé vers la consolidation. JA Gabon et Ogooué Labs ont ouvert des espaces pour tester des idées innovantes. Les financements internationaux, notamment issus de la Banque mondiale, de l’Union européenne et de la Banque africaine de développement, ont permis d’accompagner des projets de digitalisation, mais le manque de fonds locaux de capital-risque restait un frein. Malgré cela, des startups pionnières ont commencé à émerger, souvent discrètement, mais avec un impact réel sur la structuration de l’écosystème.

Depuis 2021, le paysage a changé. L’e-commerce et les fintechs locales connaissent un essor accéléré. La 4G est devenue omniprésente dans les villes et la 5G se profile à l’horizon. Des succès comme celui de Pozi ont démontré que le Gabon pouvait attirer des financements internationaux et se positionner sur la scène africaine. Le « made in Gabon » n’est plus un simple concept théorique, c’est une réalité.

Aujourd’hui, le pays peut se targuer de structures solides : l’Aninf (Agence nationale des infrastructures numériques et des fréquences) pour les infrastructures, l’Arcep (Autorité de régulation des communications électroniques et des postes) pour la régulation, la Sing (Société d’incubation numérique du Gabon) pour l’incubation et Gabon Digital 2025 pour la stratégie globale. Ces dix années de maturation ont permis de créer un écosystème où les startups peuvent non seulement naître, mais aussi rêver d’internationalisation. Le « génie caché » de la tech gabonaise réside dans cette patience stratégique. Chaque initiative, chaque programme, chaque investissement a posé une pierre pour construire un environnement capable de rivaliser avec les hubs africains majeurs. Et si Pozi est aujourd’hui le porte-drapeau, de nombreuses autres startups suivent, prêtes à écrire le prochain chapitre de l’histoire numérique du Gabon.

Fibre, 4G, 5G, comment le Gabon construit sa Liberty Valley 

Le Gabon se rêve en Liberty Valley. La comparaison avec la Silicon Valley peut sembler ambitieuse pour un pays d’à peine 2,5 millions d’habitants, mais les faits sont là. Et ils parlent d’eux-mêmes. Infrastructures solides, connectivité de pointe et projets ambitieux font désormais partie du quotidien des startups gabonaises. Dès 2010, le pays a lancé le déploiement massif de la fibre optique, reliant Libreville, Port-Gentil et les principales villes à un réseau national à haut débit visant à garantir une connectivité stable pour les entreprises et poser les bases d’une économie numérique performante. 

L’Aninf, bras opérationnel de l’État, a joué un rôle central dans la construction de ce backbone national tout en supervisant la régulation des fréquences et l’optimisation des infrastructures. La 4G, aujourd’hui omniprésente dans les zones urbaines, a permis aux startups de déployer des services numériques efficaces et réactifs. En 2025, près de 90 % des habitants des grandes villes disposent d’un accès mobile à internet, un chiffre exceptionnel pour la région. Et la 5G n’est plus une promesse étant donné que plusieurs projets pilotes sont en cours, notamment à Libreville et Port-Gentil, ouvrant la voie à des applications innovantes dans la télémédecine, la logistique intelligente ou la mobilité connectée.

Mais la connectivité ne suffit pas. Le Gabon investit aussi dans la création d’écosystèmes urbains intelligents. Les projets Smart Cityexpérimentent la gestion intelligente des transports, l’éclairage public connecté et la collecte de données pour améliorer la vie urbaine. Le projet e-Gabon, qui digitalise l’administration et simplifie l’accès aux services publics, complète ce dispositif. Ces initiatives transforment le pays, ville après ville, en un terrain d’innovation attractif pour les entrepreneurs.

La Sing joue un rôle déterminant dans cette dynamique. En offrant des incubateurs modernes, du mentorat et un accompagnement vers le financement, elle permet aux startups de transformer les infrastructures en véritables opportunités de croissance. Plusieurs entreprises ont pu exploiter ces réseaux de données et cette connectivité pour développer des solutions qui rivalisent avec des acteurs régionaux et même continentaux. Le Gabon n’est plus seulement un petit marché africain. Il devient une scène où les startups peuvent tester, innover et séduire des investisseurs mondiaux. La combinaison fibre, 4G, 5G et Smart City donne naissance à ce que nous appelons dans notre rédaction la « Liberty Valley » : un écosystème où le numérique et l’innovation sont en train de créer une nouvelle génération d’entrepreneurs capables de rivaliser avec les géants africains.

Pozi est la preuve vivante que la technologie gabonaise peut non seulement fonctionner localement, mais s’exporter. Et derrière elle, d’autres startups se préparent à écrire l’histoire, transformant la connectivité en moteur de croissance et d’influence pour le Gabon.

Gabon Digital 2025, Sing, e-Gabon : le pays joue enfin dans la cour des grands 

Le Gabon a décidé de ne plus subir la révolution numérique, mais de la piloter. Avec Gabon Digital 2025, l’État a lancé un programme ambitieux pour transformer le pays en hub technologique africain. Infrastructures, contenus, services et compétences sont les quatre axes qui structurent cette stratégie. Le but est simple, mais audacieux : faire du Gabon un exemple de digitalisation réussie sur le continent.

Au cœur de ce dispositif se trouve la Société d’incubation numérique du Gabon (Sing). Véritable tremplin pour les entrepreneurs, elle propose des formations, du mentorat et un accompagnement vers le financement. Les startups locales bénéficient d’un écosystème complet, allant de bureaux équipés à l’accès à des investisseurs nationaux et internationaux. 

Le programme e-Gabon complète cette stratégie. En numérisant les services publics, de l’état civil aux impôts en passant par les démarches administratives, il réduit les frictions pour les citoyens et les entreprises. Cette transformation digitale rend le pays plus attractif pour les investisseurs et facilite la naissance de nouvelles startups capables de proposer des services innovants sur des marchés locaux et régionaux. Le rôle majeur de Digitax, qui a permis d’atteindre un montant record de collecte d’impôts en 2024, en est la preuve.

La combinaison de ces initiatives crée, à n’en pas douter, un cercle vertueux. Les infrastructures solides attirent les entrepreneurs, les incubateurs les accompagnent et les services digitalisés augmentent la productivité et la visibilité. Le Gabon sort progressivement de l’ombre des hubs africains traditionnels. Aujourd’hui, les investisseurs commencent à le comprendre. Les levées de fonds ne sont plus l’exception, elles deviennent le symbole d’un écosystème qui commence à trouver sa maturité. Les jeunes talents peuvent désormais espérer construire une entreprise locale capable de rivaliser avec les acteurs régionaux et internationaux.

Le Gabon face aux géants de la tech africaine

À première vue, le Gabon semble un nain face à des géants comme le Kenya, le Nigéria ou le Rwanda. Nairobi, Lagos et Kigali sont devenus des références africaines en matière de tech, avec des hubs ultradynamiques, des levées de fonds massives et des milliers de startups en activité. 

Le Kenya, avec sa Silicon Savannah, impressionne par l’innovation fintech, l’e-commerce et la santé numérique. Le Nigéria brille grâce à son marché intérieur gigantesque et ses fintechs internationales. Le Rwanda, lui, mise sur des zones économiques spéciales et une politique volontariste qui attire investisseurs et talents. Pourtant, le Gabon, avec moins de 2,5 millions d’habitants, dispose de plusieurs atouts sous-estimés : un marché stable, des infrastructures haut débit et des initiatives publiques solides, comme Gabon Digital 2025 soutenu par la Banque mondiale.

En 2025, le Gabon compte près de 150 startups actives dans la fintech, le transport, la santé et l’e-commerce. Des succès comme celui de Pozi prouvent qu’il est possible de lever des fonds significatifs et de viser l’expansion régionale. L’écosystème commence à démontrer qu’il peut rivaliser sur la qualité, si ce n’est encore sur la quantité, avec les hubs africains majeurs.

Le pays joue donc la carte de la stratégie intelligente ou, plutôt que de chercher à concurrencer les géants sur la taille, mise sur la qualité, la connectivité et le soutien institutionnel. Les startups gabonaises peuvent ainsi se positionner sur des niches innovantes, séduire des investisseurs internationaux et créer des modèles reproductibles dans d’autres pays africains. Le Gabon n’est plus un outsider. Petit par la population, mais grand par le potentiel, il pourrait bientôt se faire un nom dans la tech africaine, prouvant que la taille ne fait pas tout et que l’innovation peut surgir là où on l’attend le moins.

Pozi n’est qu’un début. Derrière cette success story, une nouvelle génération de startups gabonaises se prépare à prendre le relais et à transformer l’écosystème numérique national. Ces « héros invisibles » sont les entreprises de demain, capables de rivaliser avec des géants mondiaux et de s’exporter au-delà des frontières du Gabon.

Gabon 2030 : vers un hub tech africain?

Le Gabon se projette déjà vers 2030 avec pour ambition de devenir un hub technologique africain. La combinaison infrastructures modernes, politique publique volontariste et jeunes talents prometteurs crée un terreau fertile pour l’innovation et l’entrepreneuriat et envoie un signal encourageant. 

En 2030, le Gabon pourrait être reconnu non seulement pour ses ressources naturelles, mais aussi pour sa tech africaine. La route est encore longue, mais les jalons sont posés. Avec cette dynamique, le pays se donne les moyens de devenir un acteur incontournable de la tech africaine, capable de rivaliser avec les hubs régionaux et d’inspirer toute une génération d’entrepreneurs. Qu’on se le dise, le Gabon n’est plus en retard, il se prépare à dominer la prochaine vague technologique africaine.

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