AFREXIMBANK : 3,2 MILLIARDS DE DOLLARS US POUR REINDUSTRIALISER LE GABON

Avec une enveloppe record de 3,2 milliards de dollars signée en marge des assemblées annuelles d’Afreximbank à Abuja, le Gabon entend se donner les moyens de ses ambitions économiques : transformation industrielle, souveraineté énergétique et modernisation logistique. Tous ces aspects sont au cœur de cet accord financier et marquent un tournant stratégique majeur pour un pays en quête de dynamisme, de diversification économique et de valeur ajoutée.

Le Gabon vient de franchir un cap décisif dans sa politique de transformation économique. En paraphant deux importants accords de financement avec la Banque africaine d’import-export (Afreximbank) pour un montant cumulé de 3,2 mds de dollars, Libreville affiche ses priorités. Entre valorisation locale de ses ressources minières suivant sa volonté d’interdire les exportations brutes de manganèse dès 2029, réduction de son déficit énergétique et renforcement de ses infrastructures clés, le Gabon se donne les moyens d’atteindre ses objectifs. Une initiative qui s’inscrit dans une dynamique régionale plus large de renforcement de la souveraineté économique, où les partenariats stratégiques, à l’instar de celui scellé à Abuja, occupent une place centrale.

Dans les faits, le premier accord, qui est également le plus important, prévoit un financement de 3 mds de dollars dédié au développement du secteur minier et des infrastructures associées. Il englobe notamment la transformation locale du manganèse, un minerai stratégique dont le Gabon est l’un des principaux producteurs mondiaux, mais qu’il exporte encore en grande partie à l’état brut. En favorisant la création de chaînes de valeur locales, le gouvernement entend non seulement créer des emplois industriels durables, mais aussi capter une part plus significative de la valeur ajoutée générée par ses ressources. 

Dans le prolongement de cette ambition, le financement servira également à augmenter les capacités nationales de production d’énergie ainsi qu’à moderniser les infrastructures logistiques. Une nouvelle ligne ferroviaire est ainsi prévue, capable de relier plus efficacement les zones minières aux ports et aux centres industriels. Cette modernisation logistique est un maillon essentiel dans la stratégie d’industrialisation du pays, en permettant de réduire les coûts de transport, d’accélérer les délais de livraison et d’améliorer la compétitivité globale du tissu industriel.

Le second accord, d’un montant de 234,6 millions de dollars, a été signé pour financer la construction de trois centrales électriques à Libreville, Port-Gentil et Lambaréné. Ces infrastructures énergétiques entreront en service entre 2025 et 2027 et permettront d’ajouter 300 mégawatts à la capacité installée du pays. Un apport significatif à l’heure où le Gabon est confronté à une crise énergétique persistante. 

Ces investissements énergétiques s’intègrent dans le plan stratégique d’investissements dans l’énergie et l’eau, déployé sur la période 2025-2027, dont les besoins globaux sont estimés à plus de 3000 mds de F  CFA (5,36 mds de dollars). Ce plan vise non seulement à résorber les déficits actuels, mais aussi à poser les bases d’un approvisionnement durable pour soutenir la relance industrielle et l’amélioration des services publics. L’architecture de ces financements témoigne d’une approche intégrée, pensée sur le long terme. 

Outre les financements ciblés sur les infrastructures et l’énergie, l’État gabonais a obtenu un prêt concessionnel de 200 millions de dollars destiné à accompagner les réformes macroéconomiques en cours et à renforcer les capacités de financement de l’État. Ce volet, souvent ignoré du grand public, est pourtant fondamental pour préserver les équilibres budgétaires tout en stimulant les investissements dans les secteurs productifs.

L’ensemble de ces accords s’inscrit donc dans un mémorandum d’entente global de 3 mds de dollars signé avec Afreximbank pour soutenir cinq secteurs prioritaires : les infrastructures, l’énergie, la santé, l’agriculture et les industries de transformation. Notons que ce partenariat stratégique marque l’entrée du Gabon dans une nouvelle phase de diplomatie économique proactive, dans laquelle les projets structurants sont pensés comme des leviers de souveraineté, d’attractivité et de diversification économique.

Au-delà des montants en jeu, ce sont les impacts attendus qui soulignent l’importance de ce partenariat. En soutenant la transformation du manganèse sur le sol gabonais, le pays pourra enclencher une dynamique de montée en gamme industrielle. En résolvant une partie des tensions énergétiques, il donnera un souffle nouveau à l’investissement privé. Et en modernisant ses infrastructures, il accélérera l’intégration territoriale et facilitera l’émergence de pôles de compétitivité régionaux. Cette initiative pourrait bien constituer une référence dans le repositionnement stratégique du Gabon sur l’échiquier économique continental.

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