TOURISME : UN MARCHÉ EXPONENTIEL

Depuis le 7 décembre 2023, la mission menée par Monsieur Pascal Ogowe Siffon, ministre du Tourisme et de l’Artisanat, et ses équipes a révélé le réel potentiel du tourisme sur l’axe sud-ouest du pays, notamment dans les villes principales du Gabon (Libreville, Lambaréné, Fougamou, Mouila, Ndendé, Tchibanga, Mayumba et Gamba). À ce jour, le Gabon ne profite pas pleinement des retombées financières de cette activité. Le développement de ce secteur reste embryonnaire et son apport à l’économie nationale est encore marginal, ne représentant que 3 à 4 % du PIB. Les hautes autorités ont prévu de réserver un budget à la hauteur du développement de son secteur touristique. Ce financement entre dans le cadre du Plan national de développement pour la Transition (PNDT). La priorité sera faite au tourisme durable, avec pour objectif de développer une offre touristique nationale. Mais concrètement, quelles sont les actions mises en place pour y parvenir ? Nous sommes allés poser la question à Monsieur le Ministre qui a accepté de nous recevoir.

Monsieur Pascal Ogowe Siffon, vous avez créé la première caravane touristique du Gabon qui a mobilisé 1 156 caravaniers et 2   592 visiteurs entre le 15 juillet et le 30 août 2024. Quels étaient les objectifs de cette caravane ?

La caravane touristique a été une première initiative phare dans notre stratégie de développement du tourisme domestique. L’objectif principal était tout d’abord de sensibiliser les Gabonais à la beauté et à la richesse de nos sites, et de leur procurer l’envie de pratiquer le tourisme dans leur propre pays. Trop souvent, les citoyens ne connaissent pas ou sous-estiment les trésors touristiques qu’ils ont à portée de main. En organisant cette caravane, nous voulions non seulement encourager les Gabonais à devenir les premiers ambassadeurs du tourisme national, mais aussi leur faire découvrir des sites souvent ignorés. L’objectif premier était de générer une dynamique positive qui favorise la demande touristique interne et, par conséquent, les investissements dans le secteur.

La caravane a permis de créer des expériences immersives dans des régions comme l’Ogooué-Maritime (Gamba), le Moyen-Ogooué, la Ngounié, et la Nyanga, et le Haut-Ogooué, des lieux aux atouts divers. Elle a aussi contribué à valoriser l’aspect communautaire du tourisme, avec une forte implication des populations locales dans l’accueil des caravaniers. Cette initiative est donc une première étape cruciale qui servira de modèle pour d’autres campagnes et événements à venir.

Combien de sites sont répertoriés et quels sont leurs points d’intérêts respectifs ?

À ce jour, nous avons identifié et répertorié 36 sites touristiques à travers le pays. Ils couvrent une large gamme de points d’intérêt, ce qui nous permet de diversifier notre offre. Par exemple, la région de l’Ogooué-Maritime, avec ses vastes rivières et forêts tropicales, est particulièrement propice au tourisme de pêche et aux activités nautiques. La région de Loango, célèbre pour sa faune sauvage, est idéale pour le safari et les observations de la biodiversité. Le parc national de la Lopé, inscrit au patrimoine mondial de l’Unesco, est un lieu de prédilection pour les amoureux de la nature, avec ses paysages exceptionnels et ses vastes étendues de savanes et de forêts primaires. 

D’autres sites mettent en valeur l’histoire et la culture du Gabon. Nous avons par exemple les forts coloniaux de Libreville et de Port-Gentil, qui témoignent de l’histoire de notre pays, ainsi que des villages traditionnels dans les montagnes et les plateaux du Haut-Ogooué. Ces sites sont chargés d’histoire et d’authenticité, et présentent un fort intérêt pour les amateurs de tourisme culturel. Notre objectif est d’assurer une répartition équitable des flux touristiques afin que chaque région bénéficie de l’attention qu’elle mérite.

La diversité culturelle gabonaise n’est plus à prouver, mais reste à la faire connaître. Quels sont les efforts faits pour valoriser le patrimoine culturel, les traditions locales et les sites historiques afin d’attirer les amateurs de ce genre de tourisme ?

Le Gabon possède une richesse culturelle fascinante. Il est essentiel que cette dimension soit au cœur de notre stratégie touristique. Notre priorité est de la promouvoir. Elle constitue un moyen de valoriser notre patrimoine immatériel tout en offrant aux visiteurs une expérience authentique et immersive. Nous avons plusieurs actions en cours pour encourager la découverte de nos racines. Nous soutenons la préservation des sites historiques et monumentaux tels que les forts coloniaux et les anciens comptoirs commerciaux. Par ailleurs, nous intégrons des éléments culturels dans nos circuits touristiques, en organisant des visites de villages traditionnels et des ateliers d’artisanat local ainsi qu’en promouvant des événements tels que les festivals de musique et de danse traditionnelle, les élections de miss tourisme, les participations aux concours de cuisine pour nos valeureux cuisiniers.

Le gouvernement met aussi l’accent sur la valorisation des langues locales, en encourageant la formation de guides touristiques locaux (pisteurs) parlant les langues vernaculaires afin que les visiteurs puissent véritablement comprendre les coutumes et traditions locales. Par exemple à Doussala, dans le parc de Moukalaba Doudou, où les guides ont été recrutés parmi les jeunes du village et accompagnent les touristes pour le pistage des gorilles. Ou encore à Fougamou, où le guide est encouragé à parler en langue locale pour partager l’histoire de Ntsamba Magotsi. Enfin, nous avons lancé des initiatives visant à enregistrer et préserver nos chants, danses et pratiques ancestrales, en collaboration avec des associations locales et des experts en patrimoine culturel immatériel. Ces actions visent à faire du Gabon une destination de choix pour les amateurs de culture authentique.

Le Gabon est un leader en matière de préservation de l’environnement en Afrique. Comment conciliez-vous le développement du tourisme avec la protection des écosystèmes locaux ? Avez-vous des projets d’écotourisme à grande échelle ?

Le Gabon est effectivement reconnu pour son engagement en matière de conservation de la biodiversité. Avec près de 11 % de notre territoire couvert par des parcs nationaux, nous avons une responsabilité particulière en matière de préservation des écosystèmes. Le tourisme durable est donc une priorité absolue pour nous et nous avons conçu des programmes que nous devrons mettre en place, en collaboration avec des institutions comme l’ANPN, des projets spécifiques pour allier développement touristique et protection de notre patrimoine naturel. Le gouvernement soutient activement l’écotourisme, notamment à travers la gestion de nos parcs nationaux et la mise en place de circuits écologiques. L’objectif est de permettre aux visiteurs de découvrir la biodiversité unique du Gabon tout en contribuant à sa préservation. Par exemple, dans des parcs comme la Lopé, Minkébé ou Ivindo, les visiteurs peuvent participer à des circuits guidés qui respectent des principes stricts de durabilité. 

Des activités comme le trekking dans la forêt équatoriale ou l’observation des gorilles et des éléphants sont réalisées dans le respect de l’environnement, avec des limites d’affluence pour éviter la surfréquentation de certaines zones. Nous planifions des séances de travail sur des projets d’impact environnemental positif tels que la compensation carbone et l’introduction de pratiques écologiques dans l’hôtellerie et le transport touristique.

Des programmes de certification « éco-tourisme » seront très prochainement mis en place pour encourager les opérateurs à adopter des pratiques durables. Le but consiste à ce que le tourisme contribue à la protection de la nature et devienne un outil de financement pour la conservation des espaces naturels.

Le Gabon dispose d’un potentiel important pour le développement de formes de tourisme de niche telles que le tourisme d’aventure, de la santé ou du luxe. Avez-vous des projets pour attirer ces segments spécifiques ?

Le Gabon est effectivement une destination idéale pour le tourisme de niche et nous avons des projets ambitieux pour développer ces segments. Le tourisme d’aventure, par exemple, est un domaine en pleine expansion. Avec nos vastes forêts tropicales, nos rivières impétueuses et nos montagnes et savanes, nous sommes en mesure de proposer des expériences uniques pour les amateurs de nature et d’aventure. Des activités comme le trekking, le kayak ou même des expéditions en 4×4 dans nos réserves et parcs naturels sont déjà proposées, mais nous comptons étendre ces offres et les adapter aux besoins des touristes recherchant des sensations fortes. En ce qui concerne le tourisme de santé et de bien-être, nous avons identifié des opportunités dans les thalassothérapies ainsi que dans les soins balnéaires grâce à nos plages et nos sites naturels propices à la détente. Nous avons également des projets pour développer des centres de bien-être et de santé de haut standing, avec des infrastructures modernes dédiées à la relaxation et aux soins du corps.

La notion de luxe est relative. Le luxe au Gabon sera de profiter des espaces et sites naturels préservés et éloignés des foules de touristes. Le touriste pourra profiter de ces endroits avec des infrastructures modernes et un service de qualité satisfaisant des besoins de personnes habituées à une vie urbaine saturée de bruit. Quant au tourisme de luxe, il fait partie de nos ambitions à moyen terme. Nous sommes en train de développer des projets de complexes hôteliers haut de gamme, notamment sur nos côtes et dans les zones naturelles protégées. Ces infrastructures offriront des services exclusifs alliant confort et respect de l’environnement pour attirer une clientèle internationale exigeante en quête d’authenticité et de luxe discret. Nous pensons aussi à des expériences uniques comme des safaris privés ou des croisières sur le fleuve Ogooué pour diversifier encore davantage notre offre.

Certains pays comme le Sénégal ou Sao Tomé ont décidé d’abroger leurs visas, ce qui a entraîné une hausse significative du nombre de touristes. Cette approche est-elle envisageable pour le Gabon ?

La question de la suppression des visas est effectivement une problématique que nous suivons de très près. Plusieurs pays, en particulier en Afrique de l’Est, ont opté pour une politique de visa gratuit ou simplifié, avec des résultats très positifs sur leur fréquentation touristique. Le Rwanda, par exemple, a ouvert la voie en supprimant ses visas pour plusieurs nationalités, ce qui a entraîné une forte augmentation du nombre de visiteurs, notamment dans le cadre de son programme de développement du tourisme. À ce sujet, nous nous rapprochons du Rwanda pour mieux comprendre les implications de cette politique et tirer des enseignements de leur expérience. Pour nous, cette mesure est envisageable, mais elle nécessite une réflexion approfondie. Nous devons nous assurer qu’elle s’inscrit dans un cadre sécurisé, tant sur le plan de la gestion des flux migratoires que sur celui de la régulation de la sécurité nationale. Le Gabon est un pays en pleine croissance et un afflux massif de touristes nécessite une organisation minutieuse. C’est pourquoi nous travaillons actuellement à l’évaluation des impacts d’une telle décision. Le Rwanda est pour nous un modèle inspirant en matière de politique touristique. Non seulement il a vu un accroissement de son tourisme, mais cette politique a également contribué à améliorer son image internationale et à dynamiser son économie. Cette initiative a nécessité la mise en place d’infrastructures adaptées et une politique de facilitation des procédures administratives, ce qui nous semble crucial pour garantir le succès de cette démarche.

Nous analysons également les retombées économiques et sociales de cette mesure, notamment dans les secteurs du tourisme, de l’hôtellerie, de la restauration et des transports. Si la suppression des visas se fait de manière progressive, en commençant par certains pays ou certaines catégories de touristes, nous pourrons constater les résultats de façon mesurée et ajuster nos politiques en fonction des retours d’expérience. En conclusion, bien que la suppression des visas soit une mesure très prometteuse pour stimuler le tourisme, elle devra s’accompagner d’une série de réformes et de partenariats pour que l’ouverture du pays se fasse de manière ordonnée et bénéfique à long terme. La collaboration avec le Rwanda dans ce processus est une première étape essentielle et nous espérons que, sur la base de leur expérience, nous pourrons mettre en place une politique de visas qui soit à la fois favorable à l’industrie touristique et compatible avec nos priorités sécuritaires.

Comment expliquez-vous que les Gabonais ne soient pas encore particulièrement intéressés par la visite de leur propre pays ? Quels efforts envisagez-vous pour les motiver à devenir des touristes chez eux ?

C’est une réalité que nous devons affronter : les Gabonais n’ont pas toujours conscience de la richesse touristique de leur propre pays. Plusieurs facteurs expliquent ce manque d’intérêt, notamment une carence en infrastructures (pas uniquement touristiques), des offres limitées et une certaine méconnaissance des sites intéressants. Le tourisme interne n’a pas été suffisamment encouragé jusqu’à récemment et cela a créé une dynamique où les Gabonais préfèrent souvent partir à l’étranger plutôt que de découvrir leur propre pays.

Cependant, avec des initiatives comme la caravane touristique, nous commençons à inverser cette tendance. L’objectif est de sensibiliser la population à l’importance de l’industrie touristique et à ses bénéfices pour l’économie nationale. Par ailleurs, nous mettons en place des campagnes de promotion et des réductions spéciales pour encourager les Gabonais à voyager à l’intérieur du pays. L’implication des jeunes est essentielle et nous organisons des concours, des événements culturels et des festivals pour susciter un véritable engouement. Enfin, nous voulons redéfinir l’expérience touristique en rendant les sites plus accessibles et en développant des infrastructures adaptées aux besoins des locaux.

Pour attirer les touristes, il est nécessaire de s’appuyer sur des infrastructures routières, maritimes et aériennes solides, ce qui n’est pas véritablement le cas à ce jour. Il est indéniable que de nombreux chantiers sont en cours de réalisation, mais quels sont les projets en la matière et à quelle échéance ? Quel est le rôle des partenariats public-privé dans le développement des infrastructures et des services touristiques ? Y a-t-il des initiatives privées notables ou des projets de collaboration avec des investisseurs étrangers ?

La modernisation des infrastructures est un levier essentiel pour soutenir la croissance du tourisme. Nous avons déjà engagé des projets importants pour améliorer la connectivité du Gabon, notamment en matière de transports aériens, routiers et maritimes. Le développement de nouvelles routes, la réhabilitation des infrastructures existantes et la modernisation de l’aéroport international Léon-Mba de Libreville sont des priorités. Nous travaillons aussi sur des partenariats avec des entreprises privées pour renforcer la connectivité intérieure, en particulier dans les régions éloignées et les parcs nationaux. La création de circuits touristiques adaptés aux exigences des voyageurs modernes est également un enjeu majeur.

Comment comptez-vous promouvoir l’image du Gabon à l’international pour le positionner comme une destination touristique incontournable ?

Nous adoptons et mettons en place une stratégie de communication internationale ambitieuse. Nous participons activement à des salons et événements touristiques internationaux et avons développé une forte présence en ligne, notamment sur les réseaux sociaux et via des campagnes digitales ciblées. L’objectif est de positionner le Gabon comme une destination authentique, durable et inédite en Afrique centrale.

Nous mettons aussi l’accent sur la coopération avec les agences de voyages et les tour-opérateurs internationaux pour promouvoir nos offres auprès de leur clientèle. Enfin, des actions de relations publiques sont menées pour faire connaître notre destination à travers les médias internationaux.

Selon vous, sur le plan budgétaire, quelle est l’enveloppe nécessaire pour qu’en 2029, le tourisme représente une part non négligeable du PIB ?

Nous avons estimé qu’un budget progressif avoisinant 120 mds de F CFA sur 5 ans serait nécessaire pour développer les infrastructures, renforcer la formation professionnelle et promouvoir le Gabon comme destination phare. Cet investissement permettra de structurer un secteur capable de contribuer à hauteur de 6 % au PIB d’ici 2029, devant permettre de générer des emplois et des revenus durables pour les communautés locales. Il faut noter que le développement du tourisme en tant que secteur stratégique repose avant tout sur une approche structurée et cohérente plutôt que sur des chiffres isolés. L’essentiel est de concentrer nos efforts sur des priorités clés : la modernisation des infrastructures, la formation des acteurs locaux, la diversification de notre offre touristique et une stratégie de promotion internationale ambitieuse. Bien articulés, ces éléments permettront au tourisme de jouer un rôle moteur dans l’économie nationale d’ici 2029. Nous travaillons à mobiliser des ressources à la fois publiques et privées ainsi qu’à renforcer les partenariats avec des institutions internationales. L’objectif est de maximiser l’impact des investissements et de créer ainsi des opportunités d’emplois durables et valorisant les richesses de notre pays au bénéfice des communautés locales.

Le gouvernement envisage la venue de 600    000 touristes par an à l’horizon 2030. Quelle est votre stratégie pour équilibrer l’offre et la demande ?

Pour atteindre un équilibre entre l’offre et la demande touristique, notre priorité est de construire une base solide en termes de capacités d’accueil, de services et de diversité d’expériences. Il s’agit d’un processus progressif qui repose sur une planification rigoureuse et une implication active des acteurs publics et privés. Nous mettons en place des actions visant à valoriser les atouts uniques du Gabon, comme ses parcs nationaux, sa culture riche et son artisanat, et nous veillons à ce que ces ressources soient préservées pour les générations futures. Cela implique également de renforcer la qualité des infrastructures, d’accompagner les professionnels du secteur par des formations et de promouvoir la destination Gabon à l’international auprès des marchés clés. Ainsi, notre stratégie ne se limite pas à l’atteinte d’un nombre spécifique de visiteurs, mais vise à garantir que chaque touriste qui découvre le Gabon contribue positivement à l’économie locale et en retire une expérience mémorable.

Le ministère du Tourisme a-t-il déjà signé des partenariats avec des institutions extérieures ?

Oui, notre ministère a déjà noué des partenariats avec des institutions extérieures. Lors du salon Solidarissimo en novembre 2023, j’ai eu l’honneur de signer une convention-cadre de partenariat avec Monsieur Marc Dumoulin, président de Tourisme sans frontières (TSF). Ce partenariat a pour objectif d’accompagner le développement du tourisme sur le territoire gabonais, avec un accent particulier sur un tourisme communautaire, durable, et de réaliser des renforcements de capacités opérationnelles. Il s’agit d’impliquer à la fois les professionnels du secteur et les communautés locales afin de promouvoir une approche inclusive qui valorise les atouts naturels et culturels de notre pays, ce qui devrait garantir des retombées économiques directes pour nos populations. Cette coopération a débuté avec la structuration de l’organisation touristique au niveau de Lambaréné, du Komo-Océan, en installant des offices régionaux de tourisme.

Nous savons que le Gabon coopère avec des guides, des écoguides particulièrement brillants dans l’exercice de leurs fonctions. Mais travaillez-vous à la création d’un office de tourisme et avant, à une école de formation de l’hôtellerie ? Agents d’entretien, restaurateurs, serveurs, agents d’accueil, chauffeurs… ces métiers sont indispensables au développement du tourisme ?

Absolument. Grâce au partenariat noué avec l’ONG française Tourisme sans frontières, le projet de création d’un Office national du tourisme est déjà effectif dans plusieurs villes provinciales, notamment Lambaréné, Fougamou, Mouila, et Libreville. Nous envisageons également son extension dans d’autres localités, comme le Komo-Océan, ainsi qu’à Libreville, où un bureau pourrait être établi au sein de l’hôtel de ville.

Parallèlement, nous travaillons à l’ouverture d’une École nationale de l’hôtellerie qui sera implantée au Cap-Esterias, au nord de Libreville, ainsi qu’au sein de l’université de Mouila, en cours de construction. Je tiens également à saluer le dynamisme des guides touristiques, organisés en association, qui ont récemment mis en place des cartes professionnelles pour mieux structurer leur activité et renforcer leur visibilité.

L’Afrique centrale, riche en biodiversité, abrite certains des écosystèmes de la planète les plus vastes et les plus précieux. Dans cette région, les parcs nationaux jouent un rôle essentiel, non seulement pour la conservation de la nature, mais aussi pour la promotion d’un tourisme durable. L’écotourisme, en tant que moteur économique, permet de générer des revenus tout en préservant les ressources naturelles de manière responsable. Comment les parcs nationaux et l’écotourisme en Afrique centrale, notamment au Gabon et au Cameroun, contribuent-ils à un modèle de développement respectueux de l’environnement tout en soutenant les économies locales ?

L’écotourisme est une forme de tourisme responsable. IL vise à faire découvrir la nature tout en réduisant les impacts négatifs du tourisme sur l’environnement. En Afrique centrale, cette approche est essentielle pour mettre en valeur des écosystèmes uniques tout en générant des revenus pour les populations locales. Contrairement au tourisme de masse, l’écotourisme attire un public soucieux de la préservation de l’environnement et intéressé à participer à des activités favorisant la conservation des écosystèmes. Les parcs nationaux occupent une place centrale dans cette dynamique. Ils permettent de canaliser l’activité touristique vers des zones protégées tout en contrôlant l’impact sur les habitats naturels. Au Gabon, par exemple, le réseau de 13 parcs nationaux, couvrant près de 11 % du territoire, est un pilier de la stratégie de conservation et de développement touristique.

Le parc national de Loango, surnommé « le dernier Eden », en est un exemple emblématique. Ses plages bordées de forêts sont le refuge d’espèces comme les éléphants et les gorilles. L’objectif est de protéger ces habitats tout en attirant des écotouristes prêts à payer pour des expériences exclusives telles que l’observation de la faune. Les parcs nationaux de la région doivent néanmoins relever un double défi : assurer la conservation de la biodiversité tout en générant des revenus pour soutenir les populations locales. Au Cameroun, le parc national de Lobéké, qui fait partie du complexe trinational de la Sangha inscrit au patrimoine mondial de l’Unesco, illustre bien cette intégration entre conservation et développement communautaire. Géré en partenariat avec les communautés locales et des organisations internationales, il permet un partage équitable des bénéfices générés par l’écotourisme.

La gestion des flux touristiques dans des zones fragiles est un enjeu majeur. Bien que l’écotourisme soit moins invasif, un afflux non contrôlé de visiteurs peut nuire à des écosystèmes sensibles. Des politiques strictes de gestion des parcs sont donc nécessaires pour limiter l’impact humain. 

Ainsi, des quotas de visiteurs, des sentiers balisés et des formations spécifiques pour les guides sont mis en place afin que l’expérience touristique ne compromette pas la préservation des habitats naturels.

L’écotourisme  présente un potentiel économique considérable pour les pays d’Afrique centrale. En plus de favoriser la préservation de l’environnement, il crée des emplois dans des zones souvent isolées et génère des revenus pour les communautés locales. Le Gabon mise sur ses parcs nationaux pour développer son secteur touristique, encore à ses débuts, mais prometteur. Le parc national de la Lopé, classé au patrimoine mondial de l’Unesco, accueille chaque année de plus en plus de visiteurs attirés par ses richesses naturelles et archéologiques. En 2022, malgré les restrictions liées à la pandémie de covid-19, le Gabon a enregistré une augmentation de 12 % des visites dans ses parcs nationaux, témoignant de l’attractivité de ces destinations.

Pour que l’écotourisme profite pleinement aux populations locales, il est essentiel que les revenus générés soient réinvestis dans la préservation des parcs et le développement des infrastructures. Au Cameroun, les revenus tirés de l’écotourisme ont permis la construction d’écoles et de centres de santé dans des villages éloignés, impliquant ainsi directement les populations dans la gestion des parcs et renforçant leur engagement envers la protection de l’environnement.

L’un des grands défis pour la gestion des parcs nationaux en Afrique centrale est la lutte contre le braconnage et l’exploitation illégale des ressources naturelles. Dans des pays où la pauvreté est élevée, les parcs sont souvent menacés par des activités de braconnage qui mettent en péril des espèces emblématiques comme les éléphants, les gorilles et les pangolins. Le Gabon, grâce à une législation stricte et à la création de l’Agence nationale des parcs nationaux (ANPN), a réussi à réduire le braconnage dans certaines de ses réserves. Toutefois, les parcs situés dans des zones reculées continuent de subir l’exploitation illégale. 

Améliorer les infrastructures touristiques est également un défi. Les gouvernements doivent investir davantage dans les routes, les moyens de transport et les hébergements écologiques afin de rendre l’expérience plus accessible tout en restant respectueuse de l’environnement. Des exemples comme celui du parc national de Minkébé, au Gabon, montrent que des partenariats avec des organisations internationales telles que le WWF peuvent permettre de mettre en place des programmes de surveillance de la faune et de développer des infrastructures touristiques écologiques. Ces initiatives montrent que le développement durable peut aller de pair avec la préservation de l’environnement, à condition que les bénéfices économiques soient redistribués de manière équitable.

L’écotourisme offre une opportunité unique aux pays d’Afrique centrale de concilier développement économique et préservation de l’environnement. Les parcs nationaux, piliers de cette approche, permettent de canaliser les flux touristiques tout en protégeant les écosystèmes les plus fragiles. Le Gabon et le Cameroun se sont engagés dans cette voie avec des résultats prometteurs. Dans un contexte où le tourisme durable est de plus en plus recherché, l’Afrique centrale a toutes les cartes en main pour devenir une destination prisée par les voyageurs soucieux de l’environnement.

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