BILAN SOCIO-ÉCONOMIQUE DU CTRI : PLUS D’ESPOIRS QUE DE DÉCEPTIONS

L’arrivée au pouvoir du Comité de la transition pour la restauration des institutions (CTRI) a suscité l’espoir dans le cœur des Gabonais. Les hautes autorités ont pris l’engagement d’apporter des changements profonds sur les plans institutionnel, économique et social.

Nous vous proposons ici de lire le bilan socio-
économique des actions du CTRI issu des informations diffusées. 

L’un des moments forts de cette première année de transition est le Dialogue national inclusif (DNI) du 2 au 30 avril 2024. Rassemblant 680 participants, ce dialogue a été marqué par une triple rupture : la diversité des participants, une préparation participative nourrie de plus de 40000 contributions citoyennes et un objectif audacieux de dépasser les consensus de façade pour adopter des choix novateurs. Les recommandations du DNI s’articulent autour de quatre axes majeurs : une gouvernance exemplaire, un développement aligné sur les besoins de la population, l’optimisation des ressources et un contrôle strict de l’action publique.

Pour raviver la flamme patriotique des Gabonais, la montée quotidienne du drapeau dans toutes les institutions du pays a été instituée, un geste symbolique fort qui réaffirme l’attachement aux valeurs républicaines. Parallèlement, de nombreuses réformes sont en cours, en conformité avec la feuille de route de la transition et le Plan national de développement de la transition (PNDT). Parmi ces réformes, l’élaboration d’une nouvelle constitution, issue des recommandations du DNI, est en cours. Celle-ci sera soumise à une assemblée constituante avant d’être adoptée par référendum, marquant ainsi une étape cruciale dans le processus de transition.

Au niveau international, le président de la Transition a activement cherché à s’inspirer des modèles de réussite, comme en témoignent, notamment, les échanges avec l’Ouganda. Ces discussions ont permis d’explorer les mécanismes qui ont conduit ce pays à l’autosuffisance alimentaire et à la transformation socio-économique, avec un accent sur la création de richesses et la lutte contre la pauvreté.

Cette journée mémorable du 30 août, déclarée fériée, est l’occasion de dresser un bilan des différentes mesures prises par les autorités. On peut citer, entre autres, la relance économique, l’amélioration des initiatives sociales et le lancement de plusieurs travaux dans le domaine des infrastructures. 

Ce bilan s’appuie essentiellement sur 3 points : les réformes et mesures prises dans le service public, les initiatives socio-économiques et les perspectives sur les deux prochaines années.

Réformes et mesures prises dans le service public

Ces réformes et mesures concernent : la revalorisation des indemnités des auxiliaires de commandement; l’octroi de 1  000 postes budgétaires et 200 autres au personnel du ministère de la Santé; la création de 1  000 postes budgétaires pour les enseignants; l’octroi de 500 postes budgétaires aux médias publics; la revalorisation de la subvention de la presse de 200 à 500 millions; la création de 200 postes budgétaires au sein du ministère de l’Agriculture, de l’Élevage et de la Pêche; l’ouverture de 300 postes budgétaires dans le secteur de l’habitat et de l’urbanisme pour le développement national; un nouveau système de rémunération des agents publics qui a entraîné le paiement de leur pension à 26   313 retraités pour un montant de 1,5 md de F CFA.

On dénombre 29   513 bénéficiaires gabonais d’une régularisation de leur situation en 11 mois. Si ces réformes ont permis de régulariser les situations des agents publics et d’améliorer le cadre de fonctionnement, les points les plus essentiels sont axés sur le cadre socio-économique. Dans ce domaine, on enregistre plus de 20 actions réalisées.

Initiatives socio-économiques

Sur le plan économique, les grandes réformes s’articulent autour des infrastructures, des projets d’investissement dans les secteurs clés et des mesures en faveur de l’initiative privée.

Infrastructures

On note à ce jour en termes d’infrastructures : le lancement des travaux de 
Libreville 2, une ville ultra- moderne située en périphérie de Libreville, plus précisément à Andem (à une cinquantaine de kilomètres); la construction et la réhabilitation en cours de 600 kilomètres de routes sur l’ensemble du territoire – routes en béton, routes bitumées, routes non revêtues; la construction dune cité administrative pour doter ladministration publique dinfrastructures susceptibles daméliorer son fonctionnement et de réduire les charges locatives des baux administratifs de lÉtat estimés à 40   mds de F CFA par an   ;
le lancement de la construction de 300 forages d’eau dont plusieurs ont déjà été réalisés et d’autres sont en cours de réalisation   ; la réhabilitation de la station d’eau de Ntoum et la modernisation de la station d’eau d’Owendo.

Réformes

Les réformes entreprises visent à mettre en place : la réservation des marchés publics inférieurs ou égaux à 150millions FCFA aux PME gabonaises; l’élargissement de l’âge limite d’importation de véhicules de 5 à 8 ans et la fixation de l’âge limite d’importation des motocyclettes à 12 mois ; enfin, la subvention des produits de matériaux de construction essentiels en vue de réduire les coûts d’acquisition des biens immobiliers.

Dans le cadre de la gestion et de la finance, le Gabon a connu des améliorations à travers : la task force de la dette intérieure qui a permis à l’État de mobiliser 100 mds de FCFA; la restauration des journées comptables afin d’améliorer la planification financière et la budgétisation de l’État  ; la mise à disposition d’un chèque de 7  mds de F  CFA par province pour la réalisation des projets rapides   ; le remboursement de la dette publique à hauteur de 884 mds de F  CFA en 8 mois. À ce sujet, rappelons que le pays fait face à un niveau d’endettement élevé qui étrangle l’économie. 

Dans le domaine économique, la présidence de transition s’est illustrée par une série d’actions visant à renforcer l’économie nationale. Parmi celles-ci, la dernière en date est l’audit rigoureux de la Société d’énergie et d’eau du Gabon (SEEG), pour corriger les dysfonctionnements et rétablir la transparence. Le rachat par l’État gabonais des actifs de Sucaf Gabon, suivi d’un partenariat avec l’investisseur turc MFB Group, témoigne de la volonté de renforcer la souveraineté économique et de pérenniser les activités stratégiques du pays. Notons également le rachat de 35  % des parts de Ceca-Gadis et le rachat historique des actifs d’Assala Energy –  deuxième producteur de pétrole au niveau national.

En matière de transports, le pays s’est doté d’une compagnie aérienne nationale baptisée Fly Gabon Holding. Rappelons que le Gabon vient de passer 18 ans sans compagnie aérienne nationale après la fermeture d’Air Gabon en 2006. 

Concernant le secteur du transport urbain et suburbain, environ 10  000 taxis sont en circulation dans l’ensemble du pays, mais une campagne est lancée. L’État offre une précieuse dotation de 417 véhicules qui seront attribués suivant des critères bien précis. 

En ce qui concerne les accords avec les partenaires étrangers, le gouvernement a réussi à mobiliser plus de 739 mds de FCFA lors du forum économique France-
Gabon, des fonds qui seront dédiés aux projets d’investissement dans les secteurs des transports, des infrastructures et de l’industrie.

Sur le plan éducatif, on observe  : la gratuité des frais d’inscription scolaire pour 2023-2024 en faveur de plus de 200  000 élèves; le rétablissement des bourses au secondaire   ; la réhabilitation de l’école primaire de Lalala, la rénovation et l’extension du lycée national Léon Mba et du lycée Paul Indjendjet Gondjout ainsi que du lycée de lExcellence   ; la réfection et la modernisation de l’université Omar Bongo, de l’université des sciences techniques de Masuku et de l’université des sciences de la santé  ; le lancement des travaux de l’université de Mouila.

En 11 mois, certaines mesures prises dans les secteurs éducation et santé consernent des points clés du développement. 

Sur le plan sanitaire, citons : la rénovation complète des pavillons et l’acquisition de nouveaux équipements médicaux dans plusieurs structures hospitalières   ; le lancement des travaux d’un hôpital moderne situé dans la périphérie de Libreville ainsi que les caravanes médicales militaires à travers les 9 provinces. Les différents projets initiés sur le plan socio-économique vont connaître une amélioration significative à travers le plan national de développement pour la transition (PNDT).

Sur le plan social, la lutte contre l’insalubrité a été une priorité, avec la remise de 6000 bacs à ordures et de camions-bennes aux grandes villes du pays, matérialisant l’engagement du CTRI à améliorer les conditions de vie des Gabonais. Cette action s’inscrit dans une stratégie globale de restauration de la dignité des citoyens et des institutions.

Perspectives socio-économiques à travers le PNDT

Le Plan national de développement pour la transition (PNDT) s’inscrit sur la période de 2024-2026. L’État compte investir 3000 mds de F CFA pour la réalisation de 288 projets allant de la construction de ponts dans tout le Gabon à la réhabilitation de bâtiments administratifs. Ce plan s’articule en 5 piliers destinés à favoriser l’inclusion économique et sociale.

Le premier d’entre eux repose sur le développement des infrastructures stratégiques à travers l’adoption d’un programme de modernisation des routes nationales, l’intensification de la stratégie de diversification économique grâce au développement de l’industrie du bois, l’organisation de l’artisanat minier ainsi qu’une exploitation du fer de Baniaka et du gisement de Belinga.

L’industrialisation de la filière thonière constitue le second pilier. Le troisième pilier a pour objectif principal de favoriser l’accès universel à une éducation inclusive et de qualité dans des conditions de sécurité pour tous.

Le quatrième pilier entend renforcer la durabilité environnementale ainsi que la résilience aux changements climatiques tandis que le cinquième pilier est axé sur la réforme des institutions.

Ce plan national de développement apparaît comme un référentiel de développement sur lequel sera basée la trajectoire que le pays compte emprunter pour les trois prochaines années.

En somme, en 11 mois, les autorités de transition ont pu réaliser plus de 30 projets clés au profit de plus de 300   000 Gabonais, à la fois dans le secteur public, au niveau macro et microéconomique, dans le domaine de l’éducation et de la santé et en matière de développement des infrastructures. Si ces initiatives sont à féliciter, il n’en demeure pas moins vrai que certaines problématiques majeures sont toujours d’actualité, parmi lesquelles la question sur le chômage des jeunes dont le taux atteint 40%. L’octroi des postes budgétaires dans les secteurs éducation, santé, agriculture et habitat a permis à 19   500 Gabonais d’avoir accès à un emploi, ce qui est non négligeable, mais ne répond pas de façon proportionnelle à la problématique sur le chômage.

De plus, comme autre point marquant, nous évoquons la question sur la formation, au niveau structurel et fonctionnel, qui n’offre pas un cadre favorable aux apprenants, sans oublier l’inadéquation formation-emploi, ou encore la défaillance d’infrastructures.

Dans le but de remédier à ces faits, les autorités de transition s’engagent davantage à résoudre la question sur le chômage des jeunes au Gabon, tout d’abord par un accroissement des investissements dans le secteur de l’éducation : formation technique et professionnelle, et enseignement général.

Ensuite, améliorer le climat des affaires en vue de favoriser les investissements directs étrangers, réduire les taux de crédits aux entreprises dans l’optique d’accroître les ressources humaines, et surtout favoriser l’entrepreneuriat local en facilitant l’accès au crédit à ces entrepreneurs.

Pour ce qui est des infrastructures, les autorités doivent accélérer la réhabilitation et la construction des routes sur l’ensemble du territoire afin de faciliter la circulation des personnes et des biens. Cette transformation aura pour leviers: le développement de la production agricole locale, la dotation des zones rurales en accès à l’énergie et à l’eau potable, le renforcement et la modernisation des établissements scolaires et de santé dans ces zones.

En un an de gouvernance, le bilan du CTRI paraît satisfaisant sur le plan socio-économique, en analysant les mesures quantitatives et qualitatives illustrées dans cet article.

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