DE PARIS A BELÉM, DIX COP, UN DEMI-SIÈCLE D’ESPOIRS, DE BLOCAGES ET PEUT-ÊTRE ENFIN D’ACTION

La COP30 pourrait effectivement traduire des engagements en actions concrètes. Rappelons l’histotique des cop qui ont permis d’aboutir à ces engagements.

La COP21 à Paris en 2015 a marqué un tournant historique en posant les bases de l’action climatique mondiale. L’accord de Paris fixait l’objectif de limiter le réchauffement à moins de 2 °C et des mécanismes de suivi ainsi que des promesses de financements pour les pays en développement.

L’année suivante à Marrakech, la COP22 a transformé ces promesses en feuille de route concrète. Surnommée « COP de l’action », elle a permis de définir les étapes pour la mise en œuvre de l’accord de Paris et a créé le Fonds pour l’adaptation, jetant les bases d’un soutien financier ciblé.

Ce pas pragmatique a trouvé un écho à la COP23 de Bonn en 2017, qui a centré les discussions sur les pertes et dommages, amorçant ainsi l’inclusion sociale et la justice climatique. À la COP24 à Katowice en 2018, les règles de transparence et de suivi ont été finalisées.

Cependant, la COP25 à Madrid en 2019 a été difficile, avec des négociations complexes sur le financement, illustrant la fragilité du consensus mondial. L’espoir a été ravivé à la COP26 à Glasgow en 2021, où le Glasgow Climate Pact a renforcé la pression pour réduire le charbon et actualiser les CDN.

Ce souffle d’action s’est poursuivi à la COP27 à Charm el-Cheikh en 2022, avec l’adoption d’un fonds pour pertes et dommages et un accent sur la transition juste. La COP28 à Dubaï en 2023 a marqué un tournant symbolique avec la mention explicite de la sortie des énergies fossiles.

La COP29 à Bakou a fixé un objectif de 300 milliards de dollars par an d’ici 2035 pour financer les pays en développement face au changement climatique. Cet objectif a été considéré comme décevant par certains pays. L’espoir pour atteindre un financement de 1,3 trillion de dollars par an d’ici 2035 est maintenant placé dans la feuille de route « Bakou-Belém », qui fut le pilier des discussions lors de la COP30 à Belém, au Brésil.

 

COP30 : l’analyse

La COP30 à Belém en 2025 a concrétisé des promesses accumulées : le « Paquet Belém » a renforcé l’adaptation et lancé des initiatives concrètes tout en mettant en place des mécanismes de transition juste. Malgré des limites sur la fossilisation, cette COP illustre une évolution vers l’action.

La cop 30 a duré du 6 au 21 novembre, soit deux semaines de négociations, plus 27 heures de dépassement. Elle a proposé 55 décisions : 20 par la COP30, 27 par la CMA7 et 8 par la CMP20. La présidence a regroupé les 15 décisions les plus stratégiques dans le cadre du paquet politique de Belém qui s’érige en véritable colonne vertébrale de cette COP et dont la clé, baptisée le «  mutirão mondial   » vise à mobiliser l’ensemble de la communauté internationale. Malgré des oppositions, des décisions importantes ont été adoptées sur le bilan mondial, le programme de travail sur la transition juste et l’alignement des financements.

Le Baku-Belém Roadmap, lancé par le Brésil, vise à mobiliser 1,3 trillion de dollars US par an d’ici 2035 pour le climat, se concentrant sur le financement concessionnel, le rééquilibrage de la dette et le renforcement des capacités. Les besoins climatiques globaux sont estimés à 3,2 trillions de dollars US par an d’ici 2035, autour de l’énergie propre, l’adaptation et la transition juste.

Belém a également donné une place centrale à l’équité et à l’inclusion sociale, reconnaissant le rôle des peuples autochtones et des communautés locales. Des mécanismes de mise en œuvre, tels que l’accélérateur mondial et la mission Belém vers 1,5 °C, ont été concrétisés, traduisant le passage d’un cadre diplomatique à une action plus opérationnelle.

Les négociations ont renforcé la transparence, avec un suivi rigoureux des flux financiers. Belém marque un tournant stratégique dans le multilatéralisme climatique et ce malgré quelques critiques. Pour la première fois, une COP a su associer financement massif, inclusion sociale et volonté de gouvernance transparente. Le défi reste de transformer ces engagements ambitieux en actions concrètes, de mobiliser les fonds et de garantir que les communautés vulnérables en bénéficient.

Malgré l’opposition initiale de l’Union européenne, des pays en développement, des pays les moins avancés (PMA) et des petits États insulaires, le texte a été adopté à l’issue de négociations acharnées. Parmi les autres décisions clés figurent notamment le bilan mondial, le programme de travail sur la transition juste, l’objectif mondial d’adaptation, le fonds d’adaptation, les mécanismes de financement et l’alignement des flux financiers mondiaux avec une trajectoire bas-carbone. La COP30 a également adopté des décisions sur les plans nationaux d’adaptation (NAP), la mise en œuvre de l’article 6 du marché carbone et le mécanisme de développement propre (CDM). 

à l’horizon 2035, le plan de la COP  30 repose sur cinq axes : reconstitution du financement concessionnel, rééquilibrage de la dette, réorientation de la finance privée vers des investissements transformateurs, renforcement des capacités nationales et réforme des institutions financières le tout réparti entre énergie propre, adaptation, nature et transition juste. 

Au-delà des annonces chiffrées, on notera surtout que Belém a donné une place centrale à l’équité et à l’inclusion sociale. La transition juste soutiendra les communautés et travailleurs affectés par la transformation énergétique, tandis que la première reconnaissance explicite du rôle des peuples autochtones, des communautés locales et des femmes rurales et afrodescendantes marque un tournant historique. Le financement cible également la restauration des écosystèmes, la protection de la biodiversité et le développement agricole durable.

Outre l’accélérateur mondial de mise en œuvre, et la mission Belém vers 1,5 °C, la conférence a concrétisé plusieurs autres mécanismes de mise en œuvre  : l’initiative FINI visant à mobiliser 1000 mds de dollars US pour l’adaptation, le plan d’action de Belém pour la santé doté de 300 millions de dollars US et l’initiative RAIZ pour la restauration des terres agricoles dégradées et la mobilisation de capitaux privés. Ces initiatives traduisent le passage d’un cadre diplomatique à une action beaucoup plus opérationnelle et tangible.

Les négociations ont également renforcé la transparence et la reddition de comptes, avec un suivi rigoureux des flux financiers et des systèmes de reporting plus robustes pour garantir que les financements atteignent les bénéficiaires visés. Belém marque un tournant stratégique dans une démarche de multilatéralisme climatique.

Au Brésil, pour la première fois, une COP a réussi à associer finance massive, inclusion sociale, transition juste et surtout une volonté de gouvernance transparente dans un cadre concret de mise en œuvre. Le défi reste désormais de transformer l’essai. De transformer ces engagements ambitieux en actions réelles, de mobiliser les 1,3 trillion de dollars US, de mettre en œuvre les initiatives lancées et de garantir que les communautés les plus vulnérables bénéficient effectivement de cette nouvelle dynamique.

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