WOODBOIS, UN FORESTIER AVEC LEQUEL IL FAUT COMPTER
Woodbois Limited exerce dans le domaine de la sylviculture et du commerce du bois depuis 2017. Les activités de la société sont axées sur la production, la transformation, la fabrication et la fourniture de bois et de produits connexes dans toute l’Afrique et dans le monde entier dans un mécanisme durable. La société gère plus de 156 000 hectares de concessions forestières naturelles. Elle opère à travers trois divisions : la production et la fourniture de produits durables en bois dur d’Afrique, le commerce du bois et des produits dérivés, et une division de reboisement et de crédit carbone est en développement. Une division de séquestration et d’échange de carbone visera à générer des crédits de carbone volontaires pour les entreprises partenaires grâce à la mise en œuvre de projets de reboisement à grande échelle. La division commerciale s’approvisionne en bois durable auprès d’une clientèle mondiale. Woodbois produit et transforme une large palette d’essences de bois au Gabon qu’elle exporte vers plus de 25 pays sous forme de bois de plaquage. M. Guido Theuns, président-directeur-général de la société Woodbois Gabon et CEO & président du conseil à Woodbois International, a accepté de répondre à nos questions.
EE : Monsieur Theuns, la société Woodbois est active depuis vingt ans au Gabon. Vous avez fait preuve d’une grande discrétion jusqu’à présent. Quelles sont les raisons de votre intervention ?
Je suis au Gabon pour consolider et surtout restructurer cette société Woodbois Gabon qui opère depuis 2004. Lorsque j’ai rejoint la direction de cette entreprise en décembre 2023, j’ai souhaité tout d’abord m’immerger dans le passé pour mieux en comprendre son histoire. Ce fut révélateur. Lors de ma première visite au Gabon (26 janvier 2024), j’ai subi des chocs successifs concernant le traitement réservé aux employés. Les conditions de travail déplorables accompagnées de contrats (ou pas) qui ne répondaient en rien aux textes en vigueur, un gardien de nos concessions qui se tenait à l’abri des pluies grâce à quelques bouts de bois qui soutenaient un morceau de plastique alors que la direction locale bénéficiait d’un confort appréciable. Évidemment, nous avons immédiatement fait construire un abri en bois, sécurisé et confortable, branché à l’électricité, équipé d’un lit et d’un bureau.
Sans tarder, j’ai mis une nouvelle équipe en place. Nous avons rapidement dessiné une stratégie saine et sommes allés à la rencontre des autorités du Gabon pour les informer de nos intentions de développer nos activités au Gabon. Nous avons été très chaleureusement reçus par des personnes de haut rang qui nous ont réservé une écoute attentive. Monsieur Joseph Owondault Berre, vice-président de la République et son conseiller spécial le colonel Célestin Awombi qui s’est immédiatement entouré d’un cabinet juridique local afin d’assurer que notre démarche s’inscrit dans le droit gabonais et respecte les lois du pays. Monsieur Raymond Ndong Sima, Premier ministre de la Transition – Monsieur Jean-Pierre Oyiba, haut représentant personnel du président de la Transition – le colonel Maurice Ntossui Allogo, ministre des Eaux et Forêts, de la Préservation de l’environnement, chargé du climat et du conflit homme-faune – le général Flavien Nzengui Nzoundou, ministre des Travaux publics – Monsieur Pascal Ogowe Siffon, ministre du Tourisme et de l’Artisanat – Madame Paulette Mengue, gouverneur de la Ngounie – Madame Paulette Mengue – Monsieur Alphonse Ndémé, préfet du département de la Douane Onoye, Dr Hortense Nguema Okome, Head of African Union Liaison office to ECCAS – Monsieur Hugues Serge Mouidy, DG Eaux et forêts, Monsieur Nziengui Judicaël, directeur provincial de la Ngounié Eaux et Forêts – le professeur Adrien Mougougou, ministre de la Santé et des Affaires sociales – Monsieur Adrien Moukabi, directeur régional de la santé à Mouila – Monsieur Adrien Nguema Mba – ministre du Travail et de la Lutte contre le chômage, et d’autres responsables des parties prenantes.
Nos échanges ont été fructueux, ce qui nous conforte et nous encourage à être particulièrement réactifs. D’ores et déjà, nous avons restructuré intégralement la direction générale, embauché des personnels qualifiés et motivés, notamment dans le domaine des RH qui a la charge d’établir des contrats de travail pour tous nos collaborateurs sur le terrain, leur allouer un salaire décent et équitable avec la perspective, pour chacun d’entre eux, de dessiner un plan de carrière au sein de notre entreprise.
Concernant la restructuration du capital financier de l’entreprise, Woodbois International a réalisé récemment la conversion d’obligations convertibles en actions à un prix supérieur au cours actuel de l’action, ce qui a ajouté 2 millions de livres sterling à nos ressources en espèces. Cela nous permet de poursuivre l’amélioration des volumes et de la qualité de production ainsi que d’investir dans nos ressources humaines tout en continuant à rationaliser nos coûts et à faire progresser le plan d’affaires crucial sur les crédits carbone.
Voilà dans un premier temps les actions menées. Elles sont déjà productives et prometteuses. Nous sommes convaincus que Woodbois sera bientôt une entreprise modèle dont les employés seront fiers de travailler pour son développement.
Nos investissements au Gabon ne s’arrêtent pas là. Nous étudions la manière dont nous nous impliquerons dans le secteur de l’enseignement, de la formation, de la santé et aussi dans le secteur du tourisme. Cet aspect de nos investissements sera plus avancé dans quelques mois et vous pourrez développer le sujet plus amplement dans le futur avec notre directrice Gabon, Madame Ami Anselle.
Comment se compose la société Woodbois International ?
Woodbois est active au Gabon, en Afrique du sud, au Danemark, au Royaume-Uni et à Maurice. Pour privilégier le développement de nos actions au Gabon et aussi pour des raisons géopolitiques, nous sommes sur le point de cesser nos activités au Mozambique. Nous restons focus et concentrés sur la progression de nos capacités de production au Gabon. De nouvelles lignes de production seront bientôt opérationnelles et celles existantes remises en état. Nous sommes activement à la recherche de nouvelles installations.
En pourcentage, que représentent les produits générés au Gabon pour Woodbois International ?
Woodbois Gabon représente environ 50 % du chiffre d’affaires de nos activités.
Quelles sont vos marges de progression souhaitées ?
Pour nos actionnaires à la Bourse de Londres (AIM), la valeur actionnariale est très importante et bien sûr, tout le monde souhaite voir des chiffres de croissance à deux chiffres. Mais d’abord, nous devons parvenir à remettre notre entreprise sur pied, avec des employés motivés et correctement formés. Nous investissons dans de nouvelles machines, car la mauvaise maintenance et les mauvais investissements dans nos installations de production par le passé nous empêchent maintenant d’atteindre les niveaux de production souhaités.
Une fois cela correctement réalisé, nous pourrons augmenter notre production en instaurant un deuxième shift de travail dans la journée ce qui, par voie de conséquence créera davantage d’emplois.
Aujourd’hui nous travaillons avec 350 employés, mais nous aurons alors besoin d’une centaine de plus. C’est la raison pour laquelle nous allons investir dans la formation afin de prendre en alternance des apprentis que nous formerons en interne.
Quelles sont les essences les plus recherchées par vos clients ?
Notre propre production se compose principalement d’okoumé, une espèce de bois exceptionnelle, considérée comme l’une des meilleures pour la fabrication de contreplaqué. C’est aussi un bois résineux avec des qualités résistant à l’eau, ce qui en fait un matériau très prisé pour la construction de canoës, de kayaks et de bateaux.
Dans nos concessions, nous ne disposons pas de certaines essences de bois pourtant très demandées par nos clients. Dans ce cas, nous nous appuyons sur des exploitants qui travaillent au Ghana, au Cameroun et au Congo. Ainsi, nous sommes en mesure de vendre de l’iroko, du niangon, du sapelli, du padouk et de l’azobé.
Les grumes doivent faire l’objet de transformation pour être exportées. Qui sont les sous-traitants avec lesquels vous collaborez ?
À Mouila, nous possédons deux usines : une scierie et une unité de production de déroulage pour fournir du plaquage. Nous exportons uniquement du bois débité ayant subi une première transformation. Nous avons l’intention, à moyen terme, de rejoindre le niveau de la troisième transformation. Ce sera une réelle valeur ajoutée pour le Gabon.
Quels sont les principaux pays auxquels vous revendez cette matière première et sous quelle forme ?
Parmi les 25 pays vers lesquels nous exportons nos produits, les principaux sont : la Libye, le Pakistan, la République dominicaine, l’Italie, le Bangladesh, la Turquie, l’Irak, le Maroc, les États-Unis et les Émirats arabes unis.
Vous nous présentez Ami Anselle, nommée directrice générale de Woodbois Gabon. Impossible de passer à côté de la question suivante : quelle est votre approche concernant le genre ?
Un CEO devrait adopter une approche positive de la question du genre dans son entreprise en favorisant l’égalité des chances et en créant un environnement inclusif où les talents, les compétences et les contributions sont valorisés, indépendamment du genre. Il devrait encourager la diversité et l’inclusion à tous les niveaux de l’organisation, reconnaissant que la diversité de perspectives enrichit les décisions et stimule l’innovation. En favorisant un équilibre entre les sexes et en offrant des opportunités de croissance et de développement professionnel équitables, le CEO peut contribuer à bâtir une culture d’entreprise dynamique et résiliente où chaque individu se sent respecté, valorisé et soutenu dans sa réussite. Woodbois Gabon adopte cette politique, pour preuve, notre usine de placage emploi 85% de femmes.