UNE DEMARCHE DE REFONDATION NATIONALE

Tenu à Akanda du 2 au 30 avril 2024, le dialogue national inclusif (DNI) du Gabon constitue une étape décisive dans l’histoire du pays. Initié au lendemain du « coup de liberté » du 30 août 2023 et mené par le général de brigade Brice Clotaire Oligui Nguema, président de la Transition, président de la République, chef de l’État et le Comité pour la restauration des institutions (CTRI), ce dialogue vise à refonder la nation gabonaise.

Contrairement aux rencontres passées, souvent organisées consécutivement à des crises électorales, ce dialogue s’est voulu inclusif et participatif, réunissant pour la première fois plus de 680 participants issus de toutes les composantes de la société gabonaise.

Les dialogues précédents, notamment les Accords de Paris (1994), les Accords d’Arambo (2006) et les concertations politiques de 2013 et 2017, avaient pour but de stabiliser temporairement la situation politique et sociale. Cependant, ils se sont souvent limités aux seuls acteurs politiques et n’ont freiné ni la fragilisation continue des institutions ni la dégradation économique et sociale du pays. La Constitution elle-même a subi de nombreuses modifications intempestives et la mauvaise gouvernance économique a plongé les populations dans une précarité sans précédent. Les politiques de développement ont été entravées par des faiblesses et des insuffisances de mise en œuvre, menant l’État et son administration à un point de non-reconnaissance par ses citoyens.

Une consultation populaire sans précédent

Le DNI s’est déroulé en trois phases distinctes. La phase préparatoire, entre le 2 novembre et le 30 décembre 2023, a été marquée par une vaste consultation populaire. Le gouvernement et le ministère de la Réforme des institutions ont lancé un appel à contributions à travers tout le territoire national pour recueillir les perceptions et aspirations des Gabonais sur des questions sociales, politiques et économiques. Près de 40 000 contributions ont été reçues, notamment grâce à une plateforme numérique dédiée et à des interventions dans les établissements scolaires et les villages des neuf provinces du pays.

La phase des travaux : un engagement collectif

La phase des travaux, du 3 au 25 avril 2024, a débuté par une cérémonie d’ouverture solennelle au Palais des sports de Libreville.

Monseigneur Jean-Patrick Iba Ba, président du Bureau du dialogue national inclusif, le professeur Faustin Archange Touadéra, président de la 

République centrafricaine et facilitateur désigné par la Conférence des chefs d’État de la CEEAC, et le général de Brigade Brice Clotaire Oligui Nguema ont prononcé des allocutions marquantes, soulignant l’importance historique de ce dialogue et appelant à une participation active et constructive.

Cérémonie d’ouverture: des allocutions marquantes

Les travaux se sont poursuivis au sein de 3 commissions principales et de 12 sous-commissions, couvrant 42 thématiques clés allant de la gouvernance politique à la réforme des institutions en passant par le développement durable, la jeunesse et l’éducation. Nourris et respectueux, les échanges ont permis de forger des propositions concrètes et partagées. La validation des rapports des sous-commissions par les plénières des commissions a marqué l’aboutissement de cette phase cruciale.

Commissions et sous-commissions : un travail de fond – Les plénières restreintes, tenues du 23 au 25 avril 2024, ont permis de valider les rapports élaborés par chaque sous-commission, garantissant la qualité et la pertinence des travaux. La clôture de cette consultation nationale fut couronnée de succès le 30 avril 2024, comme prévu. 

Propositions-clés : un nouveau cap pour le Gabon 

Les propositions issues du DNI sont riches et diversifiées. Sur le plan économique, l’accent a été mis sur la promotion de l’entrepreneuriat gabonais, l’amélioration de l’accès aux financements, la formation et la priorité à la main-d’œuvre locale, ainsi que sur la création d’industries locales ou la régulation des quotas de pachydermes. Le secteur public a vu des propositions telles que la création d’un Office gabonais des recettes et la dépolitisation de l’administration financière. En matière de transports et d’infrastructures, des projets de construction de ports et de réhabilitation des voies de navigation intérieure ont été suggérés.

Sur le plan social, les propositions ont inclus l’intégration de modules sur des sujets clés dans les programmes scolaires, la construction et la réhabilitation des établissements scolaires, et la mise en place de mécanismes de cogestion dans les entreprises parapubliques. La commission politique a proposé des réformes pour dépolitiser l’administration publique, simplifier les procédures administratives et assurer une répartition équitable des richesses. Le choix d’un régime présidentiel avec une séparation stricte des pouvoirs et la rationalisation des partis politiques ont été plébiscités.

Un héritage pour l’avenir

Le dialogue national inclusif s’est achevé sur une note d’espoir et d’engagement, laissant un héritage précieux pour l’avenir du Gabon. Même si tous les sujets n’ont pas été épuisés, la mise en place par le président de la Transition des organes et surveillance et de suivi de la mise en œuvre de ces conclusions permettra de renforcer ce travail, voire de l’ajuster. Au moins, ce processus de concertation nationale a démontré la capacité des Gabonais à se rassembler et à dialoguer constructivement pour l’intérêt supérieur de la Nation. Les propositions issues de ce dialogue serviront de fondation pour la construction d’un Gabon nouveau, résolument tourné vers un avenir prospère et inclusif.

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