UN MEILLEUR CHOIX POUR UNE AFRIQUE MEILLEURE
À l’occasion de la Coupe d’Afrique des nations, Ecobank a dévoilé sa nouvelle campagne de marque : « Un meilleur choix pour une Afrique meilleure ». La discrétion n’est pas de rigueur quand l’actualité est aussi dynamique ! En sa qualité de sponsor officiel, le Groupe s’appuie sur l’esprit unificateur, stimulant et progressiste du football africain pour démontrer son engagement en faveur de la croissance durable du continent. Cette campagne très largement déployée met surtout l’accent sur son réseau numérique et sa connectivité à l’échelle panafricaine, notamment son écosystème de paiement unifié qui favorise l’accès au marché et la croissance des entreprises tout en capitalisant sur les opportunités que présente la Zlecaf (zone de libre-échange continentale africaine). Nouvelle image, nouveau message et au Gabon, nouveau directeur général depuis janvier 2023 en la personne de Monsieur Patrick Egounlety. Ces raisons sont très suffisantes pour que nous ayons demandé à le rencontrer.
M. Egounlety, êtes-vous en mesure de nous dévoiler les résultats Ecobank Gabon pour l’année 2023 ?
Nos résultats pour l’année 2023 ont été approuvés par les commissaires aux comptes. Nous attendons la validation de l’assemblée générale programmée au mois de mai. Par conséquent, je ne suis pas en mesure de communiquer l’intégralité les chiffres de 2023 tant qu’ils ne sont pas officiels. Mais nous pouvons vous assurer que la banque se porte bien et de mieux en mieux, comme l’atteste la synthèse des premiers résultats consolidés 2023 publiés dans la soirée du mardi 30 avril 2024 :
Ecobank, la banque aux 34 filiales panafricaines se dépasse et repasse la barre des 2 milliards de dollars de revenus.
La banque voit sa stratégie de diversification géographique et sectorielle porter ses fruits. Plus que jamais, le groupe basé à Lomé est la référence financière sur le continent.
De Dakar à Maputo, Ecobank consolide sa diagonale. Pour la première fois depuis 2015, le groupe bancaire panafricain affiche un revenu net supérieur à 2 mds de dollars (+11 %), selon les résultats consolidés 2023 parus dans la soirée du mardi 30 avril 2024.
Une richesse relativement bien répartie entre les régions africaines : 30 % pour la zone UEMOA, 26 % pour l’Afrique de l’Ouest anglophone, 30 % pour l’Afrique centrale et l’Afrique de l’Est et 11 % pour le Nigéria – le reste se faisant à l’international. Ce rayonnement panafricain est dans l’ADN et dans le nom même d’Ecobank Transnational Incorporated (ETI), groupe fondé en 1985 par le Togolais Gervais Koffi Djondo et le Nigérian Adeyemi Lawson. Près de 40 ans plus tard, la banque aux 33 filiales qui composent le groupe est dirigée depuis mars 2023 par le Kényan Jérémy Awori. Ce dernier met un point d’honneur à citer la nationalité de ses dirigeants exécutifs, issus de 43 pays.
La banque aux 33 filiales sait aussi diversifier ses secteurs d’activité. Les revenus tirés des intérêts (marché des prêts) et non tirés des intérêts (obligations, changes, matières premières, commissions bancaires, etc.) représentent respectivement 55 % et 45 % des revenus nets du groupe. Seul déséquilibre marquant : l’origine et la nature des prêts. L’UEMOA se taille la part du lion (44 %) et ce sont les prêts issus de la branche Corporate et banque d’investissement qui prennent le pas (73 %) sur les prêts aux particuliers et aux entrepreneurs.
Selon mes confrères de l’Agence Ecofin, les données financières de l’entreprise de la zone Afrique centrale, orientale et australe (Cesa) indiquent un bénéfice avant impôts de 220 millions de dollars, marquant une augmentation régionale record de 40 %. Sans les dépréciations monétaires, cette croissance aurait même été de 124 %. Où se situe le Gabon dans cette marge de progression ?
En 2022, Ecobank Gabon a dépassé les prévisions. Les dividendes ont été partagés selon les dispositions de la Commission bancaire de l’Afrique centrale (Cobac). Ces résultats sont largement positifs et ceux de 2023 seront meilleurs. Ecobank Gabon est complètement en phase avec cette marge de progression.
Ce marché bancaire est très concurrentiel. Qu’est-ce qui vous distingue ?
Bon nombre de paramètres nous différencient. Le premier étant d’appartenir au groupe Ecobank composé de 33 filiales implantées en Afrique subsaharienne avec deux bureaux de représentation en Afrique du Sud et en Éthiopie. Cet atout nous permet d’occuper la première place des banques panafricaines. Notre présence dans tous les pays de la zone Cemac nous donne une force évidente. Par exemple : lorsque nous avons besoin de lever des fonds, nous avons un réseau qui nous permet de lever en un temps record des financements importants avec le concours de l’ensemble des filiales de la zone Cemac.
Notre deuxième atout majeur, c’est la digitalisation. Ecobank est le pionnier dans ce secteur. L’avance acquise dans ce domaine nous a amenés à faire migrer progressivement la clientèle des points de vente physiques vers les canaux digitaux et à repositionner la banque dans un partenariat avec la microfinance et divers acteurs économiques à travers le concept de l’agency banking. Notre application Ecobank Mobile a considérablement modifié l’expérience bancaire de nos clients et a boosté notre marge de progression.
Selon vous, les opérateurs de mobile money sont-ils des concurrents ? Au regard de leurs performances et du coût de leurs opérations, considérant qu’aucune conditionnalité n’est obligatoire pour ouvrir un compte, on peut se poser des questions. Rencontrez-vous des problèmes avec les opérateurs de la téléphonie mobile ?
Nous ne sommes pas concurrents, mais partenaires !
Malgré les difficultés que ces opérateurs ont rencontrées, ils ont gagné un marché qui était susceptible de nous échapper. Aujourd’hui, nous collaborons. En qualité de banquiers, nous sommes le relais nécessaire à la réalisation de certaines opérations qui ne peuvent pas être effectuées par ce circuit.
C’est d’ailleurs cette volonté commune d’inclusion financière qui a motivé et les opérateurs de téléphonie mobile et les banques à mettre en place un système permettant des transactions financières d’un compte bancaire vers un portefeuille mobile money et vice versa. C’est aujourd’hui le cas entre Ecobank Gabon et Airtel money, et bientôt avec Moov money.
Pour ma part, je pense que c’est de ce type de synergies dont a besoin l’Afrique pour rendre les services financiers accessibles à tous.
Pour finir, il ne faut pas dire qu’il n’existe pas de conditionnalités à l’achat d’une carte SIM. Le numéro qui vous est attribué est un identifiant qui vous répertorie. Dans certains pays, cet enregistrement devient drastique et très rigoureux, ce qui est légitime pour éviter certaines dérives.
Selon les informations de votre site internet, lorsqu’un client réalise un virement depuis son téléphone, les frais s’élèvent à 0,3 %, ce qui est très vendeur. Pourtant, lorsqu’on utilise la carte Ecobank chez un commerçant qui utilise un autre terminal, les frais s’élèvent à 10 %. D’une action à une autre, l’écart est très important. Comment le justifier ?
Nous ne sommes pas le régulateur des banques. Ecobank ne fait pas exception aux règles internes de chacun des établissements bancaires.
M. Egounlety, quelles sont vos priorités ?
Notre mission première est de participer au développement économique des pays africains. Or, nous ne pouvons pas être opérationnels si nous n’avons pas un droit de regard sur les PME-PMI. C’est cela notre point stratégique chez Ecobank. Ces entreprises sont un socle. En géologie, un socle est une structure composée de roches solides. C’est ce que nous nous devons de proposer aux entrepreneurs pour se développer, notamment l’accessibilité aux financements. C’est un problème majeur pour eux parce qu’ils ont rarement les garanties, parce qu’ils ne sont pas structurés et n’ont pas de livre de bord qui leur garantisse une tenue régulière d’états financiers qui permettraient de les évaluer. N’étant pas organisés, ils sont dans l’incapacité de se projeter sur du long terme.
Ecobank s’est alors positionnée et a mis en place une stratégie évolutive. Pour pallier les problèmes des garanties, nous travaillons avec des institutions financières telles que le FSA (Fonds de solidarité africain) ou au Gabon, le Fonds de garantie sociale gabonais, et nous nous appuyons sur elles. Elles jouent un rôle de « parrain » et permettent l’éclosion de PME-PMI. Ecobank a signé pour une valeur de 200 millions de dollars de garantie avec AGF (son rôle : offrir un instrument de partage de risque aux institutions qui financent les PME-PMI opérant dans les secteurs clés pour la croissance économique de l’Afrique). Ces différentes combinaisons nous permettent à nous, banquiers, d’accueillir des business africains et donc de contribuer à leur développement.
Par ailleurs, nous avons ouvert un programme spécifiquement réservé aux femmes entrepreneurs intitulé Ellever. Nous sommes allés à leur rencontre parce qu’elles ne possédaient pas les outils pour venir vers nous. Par voie de conséquence, elles travaillaient avec leurs propres deniers, s’autofinançaient et se cantonnaient dans le secteur informel. Désormais avec le programme Ellever, les femmes entrepreneurs ont une place de choix dans notre marché cible. Notre soutien consiste à les assister en leur offrant des formations adéquates à la tenue de leur business, de la gestion des risques au marketing en passant par le contrôle interne et la comptabilité… Cette batterie de formations est renforcée par l’accès à notre entité Ecobank Académie qui propose des formations en ligne. Enfin, nous organisons des sessions d’échanges et de rencontres entre les femmes entrepreneurs pour favoriser la création de réseaux de connexion et de collaboration.
Les sociétés et institutions de microcrédit fleurissent dans Libreville. Comment l’expliquez-vous et où vous situez-vous ?
L’explication selon moi est simple. Les responsables de PME-PMI pensent que les banques sont réservées aux élites et, comme la plupart travaillent dans l’informel, ils se replient plus aisément sur les institutions de microcrédit. Mais les taux de prêts sont exorbitants et c’est normal au regard du risque qu’elles engagent. Nous ne les critiquons pas et je pense sincèrement que nous devons repenser le fonctionnement bancaire.
Pour ce faire, Ecobank vient de signer un partenariat avec le ministre du Commerce et des PME-PMI aux fins de travailler sur des niches, notamment avec les entreprises qui décrocheront les marchés d’un montant de moins de 150 millions.
Un autre volet est important : il s’agit de communiquer sur le statut de l’entreprenant réservé aux microentreprises. Ecobank est disposé à recevoir cette catégorie d’entreprenants avec des produits adaptés.
Avec ce court recul, quelle est votre analyse et quelles sont vos perspectives pour Ecobank Gabon ?
La marge de progression est énorme ! Justement en grande partie parce que l’entrepreneuriat est en plein essor au Gabon. C’est donc à nous, banques, de développer ce secteur en démocratisant l’accès aux services bancaires.
Chez Ecobank, nous avons déjà commencé en multipliant les points d’accès appelés Xpress Points où on peut réaliser les transactions bancaires traditionnelles. L’objectif est bien d’accompagner l’entrepreneur à tous les stades de sa progression, depuis le client individuel jusqu’à l’entrepreneur qui veut s’étendre dans la sous-région. Nous sommes à leur écoute et nous nous adaptons en fonction du profil. Notre charte d’accompagnement est évidemment identique dans toutes nos filiales, mais nous sommes en mesure d’étudier des particularités et d’accepter de faire des exceptions en fonction des spécificités.
Où en êtes-vous du projet de l’ouverture de deux nouvelles agences à Akanda et Moanda ? À l’heure du presque tout numérique, nous sommes en droit de nous étonner. Comment devons-nous l’interpréter ?
Nous avons des agences à Port-Gentil, Franceville et Libreville. Mais nous ne pouvons rester en marge de l’extension de certaines villes (Grand Libreville et Moanda), car les besoins sont considérables.
La digitalisation est focalisée sur les clients particuliers et permet de répondre en un temps record à tous leurs besoins à distance, notamment grâce à l’application mobile Ecobank, mais également grâce à l’assistance du centre d’appel, EcobankAssist, ouvert H24.
L’ouverture de ces deux nouvelles agences cible en priorité les entreprises qui, dans leur fonctionnement, ont besoin d’un service bancaire de proximité
Sur Moanda et Akanda, nous visons principalement à capter l’écosystème qui se développe autour du secteur minier et du géant Comilog pour apporter notre savoir-faire transfrontalier, et de l’essor du BTP dans la commune d’Akanda où notre offre de chaîne de valeur peut faire la différence.
J’ajoute un détail important : nous sommes partenaires avec La Poste, Express Union, EDG, Fréquences Services et bien d’autres acteurs enregistrés dans notre réseau de Point Xpress.
Quelle clientèle ciblez-vous ? Privé ? Public ?
Nous travaillons avec l’État, bien entendu, et sommes à ses côtés pour le soutenir dans le développement du pays. En finançant l’État, nous pouvons saisir des opportunités pour aider et accompagner les PME-PMI susceptibles d’élargir l’assiette fiscale du Gabon.
