RÉVOLUTION NUMÉRIQUE ET LUTTE CONTRE LE PIRATAGE
Canal+ est présent en Afrique depuis plus de 30 ans. Le groupe compte aujourd’hui plus de 8 millions d’abonnés et a généré plus de 18 000 emplois sur le continent. Canal+ propose des offres accessibles et évolutives, intégrant de plus en plus de chaînes africaines et des contenus exclusifs pour répondre aux attentes des abonnés. Le groupe édite 17 chaînes premium pour l’Afrique : 12 chaînes de divertissement adaptées aux zones Afrique centrale et Afrique de l’Ouest et 5 chaînes sportives. À travers ses bouquets, Canal+ propose 150 chaînes africaines dont Gabon 1ère, Gabon 24, Gabon Culture, TV+ Afrique, Télé Africa et Jésus 24 TV ainsi que plus de 50 radios, dès 6 000 FCFA pour l’offre d’entrée de gamme. Malgré ce succès et sa contribution majeure aux économies locales, Canal+ doit faire face à un défi persistant : le piratage. Pour mieux comprendre ce phénomène, nous avons rencontré le directeur général de CANAL+ Gabon, Monsieur Edoh Signon.
Canal+ Gabon est un acteur historique de l’audiovisuel dans le pays. Comment analysez-vous aujourd’hui l’évolution du marché gabonais, notamment face à la montée des plateformes de streaming internationales ?
Le marché gabonais connaît aujourd’hui une évolution rapide, marquée par une accélération de la couverture internet dans le pays, tant sur le mobile que sur la partie fibre optique, ce qui évidemment bouleverse les habitudes de consommation des populations et des jeunes en particulier. Ces derniers veulent plus de flexibilité, de mobilité, de contenus personnalisés et en exclusivité. Face à cette évolution, nous nous appuyons sur l’innovation pour nous adapter aux nouveaux modes de consommation. Par exemple, l’application Canal+ et le décodeur connecté mis à la disposition de nos abonnés ces dernières années leur permet d’accéder à plus de 55 000 programmes en replay (à la demande) et leur donnent le pouvoir de choisir ce qu’ils veulent vraiment regarder partout où ils sont et à tout moment.
Au cours de notre dernière interview, l’accent portait sur les problèmes de piratage. Où en êtes-vous aujourd’hui ?
Ce phénomène reste malheureusement notre défi majeur. Nos contenus font toujours l’objet de piratage, nous plaçant face à une concurrence déloyale. Depuis notre dernière interview, nous avons renforcé nos actions sur plusieurs fronts. D’abord sur le plan technologique, nous avons développé un outil capable de détecter et de bloquer automatiquement nos contenus piratés par internet. Malheureusement contrairement à d’autres pays africains (Mali, Côte d’Ivoire, Rwanda, île Maurice, etc.), où cette solution fonctionne, au Gabon, ce process n’est malheureusement pas implémenté, car les fournisseurs d’accès à internet ne sont pas totalement prêts à le mettre en œuvre. Et cela malgré des décisions de justice allant dans le sens du respect de nos droits.
Ensuite, sur le plan institutionnel, nous travaillons étroitement avec les autorités gabonaises pour lutter contre les réseaux de diffusion illégale. Ces diffusions illicites non contrôlées ni cryptées échappent au contrôle des autorités nationales et exposent la population à des contenus inadaptés (chaînes adultes en clair diffusées en journée, propagande politique, etc.). Sans oublier que cela fait perdre énormément de recettes fiscales à l’État gabonais. Pour l’heure, nous attendons toujours des résolutions fermes et concrètes des autorités pour condamner les opérateurs pirates identifiés et les revendeurs de ces solutions illicites.
Enfin, sur le plan pédagogique, nous menons des campagnes de sensibilisation pour rappeler aux consommateurs que le piratage fragilise l’industrie locale et prive les créateurs, acteurs, producteurs gabonais de revenus liés à leur activité et plus largement tout l’écosystème culturel et cinématographique.
Quels leviers Canal+ Gabon met-il en œuvre pour maintenir sa croissance dans un contexte économique marqué par une pression sur le pouvoir d’achat des ménages ?
Le contexte économique actuel nous pousse à innover et à adapter nos offres en permanence. Nous travaillons sur une accessibilité tarifaire plus attrayante en proposant des formules d’abonnement conçues pour répondre à différents niveaux de revenus. Ces offres s’échelonnent de 6 000 à 26 000 F CFA. Depuis juillet dernier par exemple, nous avons fait passer le prix de la formule premium de 41 000 F CFA à 26 000 FCFA tout en y intégrant l’offre Netflix et les chaînes anglaises DSTV. Nous renforçons également la valeur ajoutée de nos contenus en proposant à la fois des productions locales qui parlent aux Gabonais et des programmes internationaux de qualité. Nous investissons aussi dans le digital, notamment via l’application Canal+ qui permet aux abonnés de profiter de leurs contenus sur mobile et tablette, offrant ainsi plus de liberté et de mobilité. Enfin, nous développons des partenariats stratégiques avec des opérateurs télécoms et des distributeurs locaux dans le but de faciliter l’accès à nos services via le paiement mobile et un réseau physique disponible pour nos abonnés.
Canal+ a beaucoup investi dans la digitalisation de ses services (application Canal+, décodeurs connectés, etc.). Quels sont les prochains axes d’investissement pour renforcer l’expérience client ?
La digitalisation est au cœur de notre stratégie et nous avons déjà franchi des étapes importantes avec l’app Canal+ et le décodeur connecté. Les prochains axes d’investissement visent à renforcer davantage l’expérience client. D’abord, nous allons poursuivre le développement de l’expérience personnalisée : recommandations de contenus basées sur les préférences des abonnés, des interfaces encore plus intuitives et adaptées aux usages. Un autre axe fort est celui de l’enrichissement des contenus africains : nous continuerons à investir dans les productions africaines et à mettre en avant les talents du continent, dont ceux du Gabon, afin de proposer une offre qui puisse refléter la diversité culturelle de nos abonnés.
La production de contenus africains est devenue un axe fort du groupe Canal+. Quelle est la place du Gabon dans cette stratégie et comment soutenez-vous les créateurs locaux ?
Le Gabon occupe une place importante dans la stratégie de Canal+ en ce qui concerne la production de contenus sur le continent africain. La valorisation des talents est effectivement essentielle et cela passe principalement par des investissements dans la coproduction et la diffusion de contenus gabonais. Nous veillons également à la mise en avant des talents gabonais tels que Jean-Claude Mpaka, Serge Abessolo, Samantha Biffot, Nelly Obono, Patrick Charffery, Omar Defunzu, Manitou, etc., dans nos émissions. À ce jour, plusieurs séries et émissions gabonaises que nous avons accompagnées ont ravi nos téléspectateurs gabonais et africains dans une plus large mesure. Mami Wata, Eki, Chérie, c’est moi le chef, Une famille en or, Kongossa télécom, Le bachelor, Secret story, pour ne citer que ceux-là, sont des programmes produits par des Gabonais qui font la fierté de tout le pays. Nous accompagnons également les professionnels du secteur par des programmes de formation et de renforcement des capacités afin de structurer durablement l’industrie audiovisuelle locale. Enfin, nous travaillons en partenariat avec les institutions culturelles et les festivals gabonais pour encourager l’émergence de nouveaux talents.
Canal+ mène plusieurs actions à vocation sociale au Gabon. Quelle place occupe la responsabilité sociétale dans votre stratégie globale ?
La RSE occupe une place centrale dans la stratégie globale de Canal+. Au Gabon, comme ailleurs en Afrique, nous sommes convaincus que notre rôle ne se limite pas à la diffusion de contenus audiovisuels. La politique RSE de Canal+ se concentre sur trois piliers principaux : l’environnement, la responsabilité sociale et la diversité. Le groupe s’engage à réduire son impact environnemental grâce à l’écoconception de ses appareils, l’optimisation énergétique de ses infrastructures et le soutien à l’écoproduction dans l’audiovisuel.
Sur le plan social, nous avons lancé le programme Orphée qui est une initiative solidaire portée par la Fondation Canal+ dont l’objectif principal est de favoriser l’accès à l’éducation et au divertissement pour les enfants vulnérables, notamment ceux vivant dans des orphelinats ou des écoles spécialisées. Au Gabon, plus de 150 enfants ont déjà bénéficié de ce programme et nous n’allons pas nous arrêter là.
Nous avons également développé le label de formation Canal+ University qui a pour objectif de développer les compétences des professionnels et des jeunes talents africains dans les domaines du journalisme, de la réalisation, du montage, de la production, etc. Au Gabon, plus de 300 personnes ont été formées dans le domaine de l’audiovisuel, cela dans le but de favoriser l’émergence de talents devant et derrière la caméra.
Enfin, nous accompagnons plus d’une quinzaine d’initiatives portées par des ONG et associations dans les domaines de la formation, du cinéma, du social, de la protection de l’environnement et du sport.
Dans quelle mesure la digitalisation a-t-elle transformé vos opérations internes et la relation client ? Comment l’entreprise Canal+ Gabon s’adapte-t-elle à l’évolution rapide des usages numériques ?
La digitalisation a profondément transformé nos opérations internes et notre relation avec les abonnés. Sur le plan interne, elle nous a permis de gagner en efficacité. Aujourd’hui, la coordination des équipes, les paiements et autres autorisations ainsi que le suivi des performances peuvent se faire à distance, sans besoin d’être forcément en présentiel dans nos locaux.
Du côté de la relation client, la digitalisation a ouvert de nouvelles perspectives. Grâce à l’app Canal+, les abonnés peuvent désormais réactiver leurs images directement sur la plateforme sans se déplacer dans l’un de nos points de vente comme c’était le cas il y a peu de temps. Un service en ligne est également disponible pour répondre à leurs préoccupations. Les abonnés peuvent désormais gérer seuls leur compte, accéder à leurs contenus préférés, bénéficier de recommandations adaptées à leurs goûts et se réabonner directement depuis leur smartphone ou leur tablette. Comme je l’ai évoqué supra, pour nous adapter à l’évolution rapide des usages numériques, nous misons sur deux axes : l’innovation technologique, avec des solutions toujours plus connectées et la flexibilité d’accès, et le développement de partenariats avec les opérateurs télécoms pour faciliter les modes de paiement et l’accès aux services.
Quelles sont vos priorités stratégiques à moyen terme ? Envisagez-vous de nouveaux services ou partenariats pour consolider votre position sur le marché gabonais et sous-régional ?
Je sortirai le joker pour cette question (rires). Toutefois, je tiens à rassurer nos abonnés : nous sommes et serons toujours à leur écoute. Nous prendrons toujours leurs besoins réels en considération. Cela passera notamment par l’enrichissement continu de nos offres selon leurs attentes. Pour dire vrai sur notre stratégie, cette année par exemple, nous avons intégré Netflix et baissé le coût d’abonnement sur notre formule premium. Demain, nous poursuivrons certainement avec d’autres majors du secteur. Sur ce point, je vais paraphraser notre président groupe, M. Maxime Saada, qui compare notre stratégie d’agrégation au judo : « plutôt que d’affronter frontalement des acteurs plus puissants, nous utilisons leur force pour créer de la valeur pour nos abonnés ».
Nous allons donc continuer à apporter à nos abonnés le meilleur du divertissement audiovisuel en nous positionnant comme un « super-agrégateur » intégrant des contenus tiers (Netflix, etc.) en plus de nos propres productions gabonaises, africaines, mondiales, pour leur offrir une expérience complète.
2025 va bientôt tirer sa révérence, que réserve Canal+ à ses abonnés ?
En cette fin d’année, Canal+ souhaite remercier ses abonnés pour leur fidélité en leur proposant une programmation exceptionnelle et des offres promotionnelles spéciales. Le gros événement à suivre sur nos chaînes cette fin d’année reste bien sûr la CAN qui sera diffusée en exclusivité sur les chaînes Canal+Sport, accessible dès la formule d’entrée de gamme. Cette année encore, la chaîne Canal+ CAN offrira une couverture complète de la compétition en suivant les joueurs sur le terrain et dans les coulisses, avec des reportages exclusifs et des séquences inédites.

