POINT D’ACTUALITE ECONOMIQUE DU GABON : CROISSANCE ET BUDGET 2024 

  • Des prévisions de croissance en baisse

Dans le contexte politique gabonais actuel et devant l’affaiblissement de la croissance économique mondiale, le FMI a revu ses prévisions de croissance pour le Gabon dans son dernier rapport sur les perspectives économiques régionales publié en octobre 2023. L’Institution y anticipe une croissance du PIB du Gabon de 2,8  % à la fin de cette année, en léger recul par rapport à son estimation de 3 % d’avril 2023 (Perspectives économiques régionales, FMI, avril 2023). Pour 2024, le FMI prévoit une croissance du PIB de 2,6  % (contre 3,1  % initialement prévus). Le taux d’inflation est quant à lui en augmentation, estimé à +3,8  % pour l’année 2023 (3,4  % selon l’estimation initiale du Fonds en avril 2023) et à +2,5  % pour 2024.

  •  Un projet de loi de finances 2024 optimiste

Adopté en Conseil des ministres le 6 décembre dernier, le projet de budget 2024 est équilibré en recettes et en dépenses, à 4  162 mds de F  CFA. En hausse significative de 15 % par rapport au projet de loi de finances 2023 (+559 mdsde F  CFA), il répond au cadrage suivant : une production pétrolière de 80,3 millions de barils, sensiblement identique à l’hypothèse utilisée pour le cadrage 2023, pour un prix du baril de pétrole gabonais à 72 dollars, en baisse de 4  % par rapport à la loi de finances 2023 ; une production de manganèse de 10 millions de tonnes, en diminution de 7,5  % par rapport aux prévisions 2023, pour un prix de vente du manganèse à 176,5 dollars la tonne, en augmentation de 9,6  % ; une production de bois débité attendue de 1,35 million de m3, en baisse de 20,3 % ; un taux de change du dollar américain à 593,6 F  CFA, en baisse de 0,1 %.

L’augmentation substantielle (+ 200 mds de F  CFA) du budget d’investissement (ainsi porté à près de 500 mds de F  CFA) est orientée vers les départements des travaux publics, de l’énergie, de l’éducation nationale, de l’habitat et de l’urbanisme. Quant aux charges de financement et de trésorerie (1  487  mds de F  CFA), elles sont prévues avec une augmentation de +8  %, dont 56  % consacrés à l’amortissement de la dette extérieure, marquant la volonté de respecter les engagements internationaux du Gabon.

Selon le ministre des Comptes publics, Charles M’ba, et son homologue de l’Économie et des Participations    Mays Mouissi, ce projet présenté devant l’Assemblée nationale poursuit les objectifs suivants : soutien au développement de l’activité économique par la relance de projets d’investissement à l’arrêt   ; consolidation des acquis sociaux, avec l’octroi d’aides sociales   ; augmentation du recrutement d’agents publics et régularisation des situations administratives   ; optimisation des recettes grâce à l’élargissement de l’assiette fiscale et au développement de l’informatisation   ; renforcement des contrôles des contreparties liées aux dépenses fiscales.

  •   Des défis importants à relever

Avec la reprise progressive du financement des bailleurs (la Banque mondiale vient de reprendre sa coopération), le Gabon peut espérer limiter les effets économiques indésirables imposés à l’international après à la prise de pouvoir par les militaires qui affichent par ailleurs une reprise en main se voulant plus transparente de la gestion et de la gouvernance du pays.

Le projet de budget 2024 peut sembler optimiste à bien des égards. S’il est adopté comme tel par le Parlement, il représentera le plus gros budget de l’histoire du Gabon. L’optimisation des recettes fiscales, notamment par l’élargissement de l’assiette et une gestion informatisée, ainsi que les prévisions de hausse en valeur de la richesse créée par l’exploitation du manganèse sont autant de défis à relever pour l’année à venir afin de répondre aux objectifs budgétaires et de croissance dans ce contexte de transition.

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