INITIATIVE ENTREPRENEURIALE FÉMININE AU GABON
La présence de la femme dans le domaine entrepreneurial, le développement et la modernisation de la société gabonaise s’affirme et bénéficie à la fois de l’appui des gouvernants et des partenaires au développement. Cependant, de nombreuses entreprises féminines rencontrent des difficultés, principalement dans trois domaines : la levée des ressources lors de leur création et/ou de leur expansion, avec pour conséquence que la majorité de ces entreprises sont de petites tailles, peinent à grandir ou disparaissent rapidement ; la formation de leurs responsables dans la gestion, la tenue des comptes et l’organisation interne de leur structure ; la connaissance approfondie de leur secteur d’activités et l’amélioration de la qualité des produits.
De nombreux experts considèrent que la femme africaine prend progressivement une place très visible à l’échelle du continent dans les activités politiques, économiques et administratives du secteur public, mais aussi dans le privé. En effet, dans la zone francophone en particulier, de plus en plus de femmes créent, gèrent et développent des entreprises dans la production, les services, et surtout l’agriculture et l’artisanat. Cette tendance se manifeste encore timidement au Gabon, mais avec une constance entretenue par des femmes qui se rassemblent sous forme d’associations, de coopératives ou de groupements d’intérêts économiques pour parfaire leur esprit entrepreneurial. Ainsi est né le « Chapitre AWEP-Gabon », association composée d’une cinquantaine de femmes qui réfléchissent et agissent afin de se former et d’améliorer la qualité de leurs produits dans l’objectif d’accéder au marché extérieur dans des conditions conformes aux normes et standards du commerce international. Les femmes AWEP sont actives dans diverses activités et produits. La particularité du Chapitre AWEP-Gabon est que ses membres croient et œuvrent à la réussite du partenariat économique entre les États-Unis et le Gabon. D’autres plateformes, officielles ou non, existent et contribuent à la promotion et à l’encouragement des activités ou des projets d’affaires portés par les femmes, quel que soit leur statut : PME, TPE, artisanat, ou tous types d’activités génératrices de revenus. Autant d’obstacles qui bloquent l’initiative privée féminine, freinent ou retardent la contribution de ces entreprises à la croissance, à la création d’emplois et à l’émergence d’une véritable classe de femmes d’affaires au Gabon. Malgré ces difficultés, conscientes de leur nécessaire intégration dans la vie économique nationale, ces femmes œuvrent méthodiquement pour atteindre leurs objectifs.
LES SECTEURS DE PRÉDILECTION DES FEMMES
Les femmes sont majoritairement présentes dans les activités assimilées au secteur artisanal. Nombreuses sont les artisanes ou propriétaires d’entreprises artisanales au sens de la loi n°027/2018 portant orientation de la politique de l’artisanat qui dispose que : l’artisan est toute personne physique active dans la production, la transformation, la réparation, la restauration d’objets, la prestation de services dont les activités présentent des aspects essentiellement manuels et légèrement mécanisés n’occasionnant pas une production industrielle ; l’entreprise artisanale est toute personne morale qui exerce à titre principal ou secondaire une activité dans la production, la transformation, la réparation, la restauration d’objets, la prestation de services dont les activités présentent des aspects essentiellement manuels et légèrement mécanisés n’occasionnant pas une production industrielle ; le nombre de salariés d’une entreprise artisanale est limité à dix. Ces définitions officielles de l’artisan et de l’entreprise artisanale sont les domaines où l’initiative féminine s’exprime abondamment et efficacement. L’organisation de campagnes de promotion et de commercialisation à travers foires et expositions donne aux femmes l’opportunité de valoriser et de faire connaître leurs produits « faits mains » et souvent de qualité : linge de maison, habillement, produits alimentaires et cosmétiques, bijoux, objets d’art, etc. Par l’importance de leur chiffre d’affaires, certaines entreprises féminines sortent d’ailleurs de la dimension artisanale. Il est communément admis qu’en matière de gestion, les femmes semblent plus rigoureuses que les hommes. Vraie ou fausse, cette idée très répandue dans les milieux financiers fait espérer que les femmes africaines seront capables de participer valablement à la croissance économique du continent. Certes, il existe des nuances et des disparités dans le degré et la volonté d’innovation de leurs responsables. Mais si les éléments d’encouragement des femmes entrepreneures ne manquent pas, l’organisation, la formalisation de leurs affaires, leur solidarité dans l’action et leur synergie de compétence et de performance doivent être davantage valorisées, améliorées et développées. Dans ce processus d’intégration féminine dans le milieu des affaires, les jeunes femmes s’affirment et occupent une place admirable.
LE PROFIL DE LA FEMME CHEFFE D’ENTREPRISE
Diplômées ou non, les femmes entrepreneures se mobilisent entièrement pour la gestion des affaires. Elles doutent rarement de leur réussite et mettent tout en œuvre pour y parvenir. Par sa détermination et sa discipline, la femme cheffe d’entreprise forme corps avec son activité, une caractéristique ancrée dans son comportement au quotidien qui traduit la prise de conscience de son rôle dans la société. De nombreuses femmes trouvent désormais leur épanouissement et leur émancipation dans l’entrepreneuriat, deviennent indépendantes financièrement et entreprennent des voyages d’affaires pour échanger leurs expériences, promouvoir et développer leurs activités. Ces secteurs d’activités leur ont permis de se constituer en réseaux et/ou en associations fiables et de devenir non plus seulement gérantes, mais aussi propriétaires d’unités de production. Il serait intéressant que chaque pays AGOA initie une étude débouchant sur l’évaluation et la quantification de la contribution réelle des femmes à la création des richesses nationales : nombre d’entreprises, de salariés, valeur des investissements, masse salariale, consommation et contribution fiscale, prévisions d’évolution, etc. Quoique mondialisée, la croissance est d’abord à bâtir au niveau de l’économie domestique et s’agrège par la suite à l’économie mondiale.