DÉPLOIEMENT DE LA FIBRE OPTIQUE : ÉTAT DES LIEUX ET PERSPECTIVES D’AVENIR
Group Vivendi Africa (GVA) est arrivé sur le marché gabonais en 2017 avec une ambition très claire : démocratiser l’accès à internet et installer au Gabon un socle solide pour la transformation digitale. L’objectif était double : rendre la connectivité haut débit accessible au plus grand nombre et permettre aux entreprises et aux institutions de s’appuyer sur une technologie moderne, fiable et stable. GVA s’est implanté à Libreville, la zone la plus dense et stratégique. Puis, quelques années plus tard, l’entreprise a étendu son réseau à Port-Gentil et gère aujourd’hui des niveaux de couverture significatifs : environ 75 % à Libreville et 85 % à Port-Gentil. Dans ces deux villes, il reste encore beaucoup à faire : déployer davantage de lignes, densifier le réseau et améliorer les services. Parallèlement, GVA est en discussion avec les autorités pour étendre la fibre à d’autres villes de province telles qu’Oyem, Franceville, Moanda et d’autres localités stratégiques. C’est un projet ambitieux que l’entreprise mène avec sérieux et réalisme.
Monsieur Mbengue, êtes-vous satisfait de la croissance de Canalbox depuis son lancement, en termes d’abonnés, de couverture et de part de marché ?
Nous avons véritablement démarré de zéro, en partant de la base. La mission a consisté à bâtir un réseau intégré allant du point de départ jusqu’au dernier kilomètre, une étape particulièrement technique et onéreuse. L’ensemble du processus inclut la construction, le déploiement et la maintenance, mais également la garantie de la qualité et la commercialisation de la fibre. La sécurisation et l’entretien de cette infrastructure représentent un travail continu, exigeant, mais extrêmement gratifiant.
Depuis notre création en 2017, notre réseau n’a cessé de croître. À l’heure actuelle, nous offrons nos services à plus de 250 000 foyers et de nombreuses entreprises et institutions nous accordent leur confiance, parmi lesquelles la Banque des États de l’Afrique centrale (BEAC), la Banque de l’industrie et du commerce du Gabon (BGFI), ainsi que l’ambassade des États-Unis, pour n’en nommer que quelques-unes.
Bien que nous ne soyons pas seuls sur un marché concurrentiel, nous constatons qu’il reste prometteur. Un autre opérateur fournit également des services de fibre optique tandis que des alternatives telles que les box 4G existent. Toutefois, chaque fois que nous lançons une promotion, la demande s’avère extrêmement forte. Ce phénomène atteste de la robustesse du marché de la fibre, qui renferme encore un potentiel considérable, avec des perspectives des plus encourageantes.
Quel est votre écosystème ? Comment travaillez-vous avec le personnel local et les partenaires ?
Affirmer que nous réalisons toutes nos opérations en interne serait inexact. En réalité, nous faisons partie d’un écosystème vaste et dynamique. Nous collaborons étroitement avec les opérateurs publics pour garantir l’accès à la bande passante nécessaire. Les installations chez les clients ainsi que les raccordements et le service après-vente sont assurés par des prestataires techniques spécialisés que nous formons en continu en raison des exigences de précision et de technicité liées à la fibre optique.
Nous avons également noué des partenariats pour la distribution commerciale et travaillons avec des centres d’appels afin d’optimiser notre relation client. À ce jour, nous avons créé 200 emplois directs, mais notre impact va bien au-delà : entre 1 500 et 2 000 personnes œuvrent indirectement au sein de l’écosystème GVA. Ce développement génère un impact économique significatif qui profite à l’ensemble du secteur.
Vous mettez souvent en avant la technologie fibre. Qu’apporte-t-elle réellement aux utilisateurs par rapport aux autres technologies ?
Partout dans le monde, la fibre est reconnue comme la meilleure technologie pour internet. Même la 4G ou la 5G ne peuvent pas rivaliser en termes de stabilité, de débit, de capacité et de constance. C’est une technologie fixe qui offre une qualité constante et permet de supporter tous les usages modernes : streaming, télétravail, services administratifs, cloud, jeux en ligne, etc.
Nous sommes fiers d’avoir démocratisé cette technologie au Gabon. Cela permet à des dizaines de milliers de foyers d’accéder à internet à haute qualité et tire l’ensemble du marché vers le haut.
Nous sommes particulièrement fiers de l’avoir démocratisée au Gabon, permettant ainsi à des dizaines de milliers de foyers de bénéficier d’un accès à internet haut débit. Cette initiative contribue à élever le niveau général du marché et à favoriser une dynamique positive pour tous les acteurs du secteur.
Quels ont été les plus grands défis rencontrés lors du déploiement de la fibre au Gabon ?
Le déploiement de la fibre au Gabon a présenté plusieurs défis majeurs. Le premier a été l’accès aux poteaux. Ceux-ci, gérés par la SEEG (Société d’énergie et d’eau du Gabon), nécessitaient l’obtention d’accords avec différents acteurs tels que la SEEG, la Société de patrimoine ainsi que les ministères des Télécommunications et de l’Énergie. Aujourd’hui, nous acquittons des redevances mensuelles pour chaque poteau utilisé et en cas d’absence de poteau, nous procédons à son installation avant de le rétrocéder à la Société de patrimoine.
Le deuxième défi a concerné la bande passante. Nous avons dû engager des négociations avec Action/La Spil, la délégation de service public qui gère le backbone national, afin d’assurer la connectivité vers Port-Gentil. Enfin, le troisième défi a trait à l’écosystème local. Le déploiement de la fibre est un secteur complexe qui requiert des compétences techniques spécifiques. Il a donc été essentiel d’impliquer l’ensemble des parties prenantes : installateurs, techniciens, commerciaux, ainsi que des partenaires institutionnels. À noter que le Gabon a été le premier pays à accueillir le lancement de Canalbox. Deux autres pays ont suivi et aujourd’hui, ce service est commercialisé dans neuf pays.
À ce jour, quel est le volume d’investissement réalisé par GVA au Gabon ?
Depuis son implantation dans le pays, GVA a investi des centaines de millions d’euros au Gabon. Ces fonds ont été alloués à divers projets, notamment la construction d’un réseau, l’acquisition d’équipements techniques, l’augmentation de la bande passante et l’établissement d’un datacenter moderne. Cet espace hautement stratégique joue un rôle crucial en sécurisant les données, en garantissant la continuité des services et en optimisant le traitement du trafic pour les entreprises et les particuliers. Chaque connexion et chaque client bénéficient de ces infrastructures. Il est essentiel que chaque nouveau client soit actif, car l’investissement nécessaire pour poser la fibre, installer les équipements et déployer les techniciens doit être compensé par une utilisation soutenue. Ces investissements visent à structurer de manière durable l’écosystème numérique du Gabon.
Quels sont vos projets concernant l’expansion dans d’autres provinces du Gabon ?
En ce qui concerne l’expansion dans d’autres provinces du Gabon, GVA envisage d’étendre la fibre au-delà des villes de Libreville et Port-Gentil. Toutefois, plusieurs contraintes économiques se posent, notamment la densité de population, la géographie et le coût de la bande passante dans certaines régions. En effet, l’installation de la fibre requiert une densité minimale d’abonnés pour être rentable. C’est pourquoi l’entreprise a d’abord ciblé les zones urbaines les plus densément peuplées. La même approche sera appliquée pour le développement dans l’intérieur du pays, où des discussions et des études sont en cours afin de planifier une expansion progressive.
Comment parvenez-vous à concilier prix accessibles et coûts élevés du réseau ?
C’est un équilibre permanent. La fibre coûte cher : équipements, poteaux, maintenance, bande passante, équipes, etc. Notre stratégie est d’optimiser les coûts, de mutualiser certaines infrastructures et de jouer sur la volumétrie des abonnés : plus il y a de clients actifs, plus nous pouvons proposer des tarifs attractifs tout en maintenant un service de qualité. C’est un modèle viable qui fonctionne si l’adoption continue de progresser, ce que nous constatons au Gabon.

