NOUVEAUX CONTRATS REFONTE DU CODE DES HYDROCARBURES : LE GABON REACTIVE SON INDUSTRIE PETROLIERE
Le Gabon traverse une phase charnière de redéploiement énergétique. Récemment, le ministère du Pétrole et du Gaz a signé plusieurs accords significatifs avec des acteurs internationaux et nationaux. Un nouveau contrat d’exploitation et de partage de production (CEPP) a été conclu avec la Gabon Oil Company (GOC) sur les blocs Konzi-Ayol, relançant ainsi deux gisements historiques.
Parallèlement, un protocole d’accord a été paraphé avec British Petroleum (BP) pour l’exploration en offshore profond, ainsi qu’un accord stratégique avec ExxonMobil pour valoriser le bassin sédimentaire en eaux profondes. De plus, deux CEPP ont été signés avec Pelgrim Exploration concernant les blocs Ndjila et Mpari, illustrant l’intérêt grandissant pour le potentiel sous-exploré du Gabon.
Ces accords traduisent un véritable engagement à repositionner le secteur des hydrocarbures au cœur du développement économique, soutenu par une diplomatie énergétique proactive. Ils signalent une politique structurée visant à redynamiser le bassin sédimentaire. Le Gabon produit actuellement environ 180 000 barils par jour (bpj), avec des ambitions affichées d’atteindre 220 000 bpj à moyen terme, comme indiqué lors de l’Africa Energy Week 2025. Les réserves prouvées sont estimées à plus de 2 mds de barils tandis qu’un important gisement gazier reste sous-valorisé.
La signature de contrats avec des partenaires reconnus comme BP et Exxon Mobil symbolise le retour d’acteurs majeurs dans un environnement précédemment perçu comme incertain. La présence de la GOC dans les CEPP démontre une volonté de garantir un partage équitable des bénéfices et de favoriser le transfert des compétences. Un accent est également mis sur l’augmentation de la part locale dans les services liés à l’exploration et à la production, qui représente actuellement moins de 20 % du contenu national. Ces partenariats visent à relancer l’activité, à moderniser le tissu industriel et à renforcer les compétences de la jeunesse gabonaise.
Un cadre réglementaire en mutation
L’une des annonces phares de l’Africa Energy Week 2025 (AEW), organisée au Cap du 29 septembre au 3 octobre dernier, concerne la réforme du code des hydrocarbures. Adopté en 2019, ce texte sera désormais scindé en deux : un Code pétrolier d’un côté, et un Code gazier de l’autre. Objectif : adapter le cadre législatif à la double réalité du marché et mieux encadrer la fiscalité, les investissements et la transparence contractuelle. Cette évolution accompagne la montée en puissance de la production du gaz naturel liquéfié (GNL) dans la stratégie nationale. Le projet de terminal FLNG de Cap Lopez, développé par Perenco et la GOC, prévoit une capacité de 700 000 tonnes de GNL et 25 000 tonnes de GPL par an. Il constituera, selon le ministre Nguema Nguema, « un pivot de la souveraineté énergétique et du développement durable ». Saluée par les investisseurs lors de l’AEW, cette réforme devrait également renforcer la stabilité juridique des contrats et faciliter la bancabilité des projets dans un contexte mondial de transition énergétique.
À travers cette série d’accords, le Gabon se montre à nouveau ouvert aux investissements, mais sur la base de règles plus équilibrées. Le pays parie sur une relance ordonnée où chaque signature s’intègre à une même vision de croissance, de transparence et de valorisation locale. La réussite de cette dynamique dépendra de la concrétisation de la réforme du code et de sa capacité à transformer les promesses contractuelles en retombées tangibles pour l’économie et les populations. Dans un contexte de transition mondiale, le Gabon assume ainsi son choix : faire du pétrole et du gaz non plus un héritage à gérer, mais un patrimoine à transformer.

