DIX ANS D’INVESTISSEMENTS PUBLICS UN TOURNANT HISTORIQUE EN 2026

Depuis 2016, le Gabon façonne progressivement sa trajectoire en matière d’investissements publics, avec des étapes qui reflètent les priorités économiques et les choix de développement du pays. Cette année-là, le budget d’investissement atteignait 562,7 mds de F CFA, un niveau qui permettait de consolider les infrastructures et de soutenir les secteurs productifs. Les années suivantes ont montré une baisse progressive, le budget tombant à 392 mds en 2017, puis à 353 mds en 2018. Il s’est maintenu autour de 380 mds en 2019 et 2020, avant d’atteindre 297,6 mds en 2023. Ces variations reflètent des années où la maîtrise des dépenses de fonctionnement a été prioritaire, ce qui a limité la capacité à engager de grands projets structurants. À partir de 2024, la tendance s’inverse nettement. Les crédits d’investissement progressent rapidement, atteignant 497,8 mds, puis 592 mds en 2025. Le gouvernement annonce un budget exceptionnel de plus de 3 300 mds pour 2026, un niveau inédit dans l’histoire du pays.

Cette augmentation marque un point de bascule dans la stratégie économique du Gabon et place l’investissement public au cœur de la transformation du pays. Elle reflète la volonté de créer un environnement propice à la croissance, capable de soutenir l’industrialisation, de développer les filières locales et de renforcer l’attractivité du pays pour les investisseurs nationaux et internationaux. Le Plan national de croissance et de développement (PNCD) 2026-2030 identifie des secteurs prioritaires. L’agroalimentaire est appelé à évoluer vers la transformation locale pour réduire les importations et répondre à la demande intérieure et régionale. L’objectif est de créer des chaînes de production capables d’approvisionner le marché national tout en exportant des produits à valeur ajoutée. Les minerais, tels que le fer de Belinga, le manganèse et le phosphate, sont désormais orientés vers des filières locales, afin de générer davantage de valeur avant l’exportation. Le bois reste un secteur stratégique, avec la transformation vers le sciage, le contreplaqué et la fabrication de meubles finis. L’ensemble de ces filières permet de renforcer la production nationale et de diversifier les sources de croissance.

Les projets en cours montrent concrètement cette évolution. Le chemin de fer Boué–Belinga–Mayumba constitue l’un des projets majeurs de cette phase. Cette infrastructure reliera les gisements miniers de l’est du pays à un port en eau profonde, permettant ainsi d’exporter des produits transformés et de soutenir le développement industriel le long du corridor. Elle s’inscrit dans une stratégie globale visant à rendre les filières locales compétitives et à attirer des investissements internationaux. Le développement du port de Mayumba, conçu pour accueillir les flux commerciaux liés aux projets miniers et industriels, est estimé à 500 mds de F CFA. Les centrales hydroélectriques Kinguélé Aval et Ngoulmendjim, représentant environ 450 mds de F CFA, et le parc solaire d’Ayémé, à hauteur de 120 mds, sécurisent l’électricité nécessaire pour les industries minières, agroalimentaires et manufacturières. La modernisation de la Baie des Rois à Libreville et le programme Padig mobilisent 200 mds pour renforcer les infrastructures urbaines et offrir un cadre favorable à l’investissement privé.

L’énergie et les infrastructures sont donc au cœur de cette stratégie. Les nouvelles lignes électriques et les projets de production d’énergie renouvelable garantissent une alimentation fiable pour les industries et les zones industrielles. Les routes et axes ferroviaires facilitent le transport des matières premières et des produits transformés, tandis que les ports permettent un accès rapide aux marchés régionaux et internationaux. La combinaison de ces projets crée un environnement intégré qui relie production, transformation et exportation tout en renforçant la compétitivité des filières locales.

Le budget record annoncé pour 2026, à plus de 7 233 mds de F CFA, reflète, lui aussi, une évolution continue. Après plusieurs années de stagnation, le Gabon entre dans une phase d’accélération majeure. Le montant exceptionnel des investissements prévus pour 2026 représente un ordre de grandeur supérieur à ce qui avait été engagé dans la décennie précédente et marque une nouvelle étape dans la planification économique. Les ressources mobilisées permettent de combiner investissements dans les infrastructures, transformation industrielle, énergie et développement urbain, générant un effet de levier pour l’ensemble de l’économie. Cette montée en puissance des investissements publics est également conçue pour attirer des capitaux étrangers et renforcer la coopération internationale. Les projets structurants, les infrastructures énergétiques et logistiques, et la modernisation des zones industrielles rendent le pays plus visible et crédible auprès des partenaires internationaux. La Banque africaine de développement estime que le Gabon doit mobiliser environ 1,18 md de dollars par an pour répondre à ses besoins en infrastructures et atteindre le niveau des pays en développement les plus performants. Les budgets publics massifs et les projets de diversification créent un cadre favorable pour compléter ces financements par des investissements étrangers.

Le suivi rigoureux et la planification budgétaire renforcent également la confiance des investisseurs. La budgétisation en base zéro et la discipline dans l’exécution des projets assurent que les ressources allouées sont utilisées de manière efficace et orientées vers les secteurs à fort impact. Cela permet d’intégrer l’investissement public dans une stratégie globale de transformation économique favorisant la création d’emplois qualifiés, le développement de nouvelles filières industrielles et l’amélioration des infrastructures logistiques et énergétiques. Les perspectives pour le Gabon sont désormais orientées vers une croissance soutenue et diversifiée. La combinaison d’investissements publics record et de projets structurants dans les secteurs clés ouvre des possibilités inédites pour la production locale, la transformation industrielle et l’exportation de produits à forte valeur ajoutée. Les infrastructures modernisées, l’énergie sécurisée et les projets urbains améliorent les conditions pour les entreprises et les populations. Cette dynamique permet d’envisager une période de croissance inclusive où les filières locales peuvent se développer et générer des effets positifs durables pour l’économie nationale.

L’évolution depuis 2016, est donc remarquable. à compter de 2026 le Gabon entrera dans une phase où l’investissement public devient un moteur de transformation. Les crédits alloués aux infrastructures, à l’énergie, à l’agroalimentaire, aux mines et au bois permettront de consolider les filières, d’augmenter la production locale et de renforcer la compétitivité du pays. Cette période de montée en puissance des investissements publics ouvre une fenêtre inédite pour le développement économique, offrant une base solide pour la diversification, l’industrialisation et l’essor des filières locales sur les dix prochaines années. Le Gabon montre ainsi que l’investissement public peut jouer un rôle déterminant dans la transformation économique en créant les conditions pour attirer des partenaires internationaux et développer des secteurs clés de manière intégrée.

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