L’AGP, AGENCE GABONAISE DE PRESSE, FÊTE SES 65 ANS
Monsieur l’Administrateur-Directeur général, que représente pour vous cette étape des 65 ans de l’AGP et quels en sont, selon vous, les principaux acquis ?
Les 65 ans de l’AGP ne sont pas seulement une célébration symbolique, ils constituent un jalon historique, un devoir de mémoire et une promesse d’avenir. Cette longévité atteste de la résilience d’une institution qui a su accompagner tous les tournants majeurs de l’histoire gabonaise. De la proclamation de l’indépendance à la transition politique de 2023, l’AGP a été témoin, mais aussi actrice, de notre récit national.
Parmi les acquis majeurs : la numérisation de plus de 100 000 dépêches d’archives, la couverture effective des 9 provinces du pays avec 8 représentations provinciales actives, et la montée en compétence de plus de 60 journalistes formés dans de grandes écoles. L’AGP reste un pilier de la souveraineté médiatique gabonaise.
L’AGP a longtemps été perçue comme un canal d’information institutionnel. Comment avez-vous travaillé à moderniser son image et à renforcer sa crédibilité journalistique ?
Nous avons initié quelques réformes tout en instaurant une culture de la transparence dans la rédaction. L’AGP ne se contente pas de relayer des communiqués : elle enquête, vérifie, contextualise.
Nous avons lancé le fact checking qui impose une triple vérification des sources pour chaque publication majeure. Nous avons mis en place cette cellule et veillons à l’intégrité des contenus. Nous développons aussi des formats modernes : capsules vidéo, podcasts et séries thématiques. Cette démarche a permis à l’AGP de devenir une agence multimédia qui fait du texte, de l’image et du son.
Dans un environnement médiatique bouleversé par le numérique, les réseaux sociaux et l’instantanéité, comment l’AGP se réinvente-t-elle pour rester une source fiable et compétitive ?
Le numérique ne doit pas être subi, il doit être maîtrisé. Nous avons un mécanisme d’alerte, AGP-Flash, qui donne l’information de première main. Il s’agit d’alertes d’actualité en temps réel qui peuvent constituer une base documentaire pour les chercheurs. L’AGP va bientôt intégrer l’intelligence artificielle dans son flux de traitement de l’information, tout en conservant une validation humaine à chaque étape. Chaque jour, plus de 18 000 utilisateurs uniques se connectent à notre plateforme, preuve de notre attractivité renouvelée. Dans un monde saturé d’informations, notre ambition, que dis-je, notre mission est de produire du sens, pas du bruit.
Quel rôle l’AGP joue-t-elle aujourd’hui dans l’intégration régionale de l’information, notamment au sein de la Cemac et en Afrique centrale ?
L’AGP a pour ambition de s’imposer progressivement comme un carrefour de l’information en Afrique centrale. Nous avons signé des accords de coopération éditoriale avec les agences du Cameroun (Cameroun Tribune), du Congo (ACI), et de la Guinée équatoriale, permettant une diffusion croisée des dépêches de chaque pays. Un travail colossal, une réflexion profonde, se font à l’AGP. L’AGP participe aussi activement au projet d’un Observatoire sous-régional de la lutte contre la désinformation, initié par la CEEAC, dont nous allons assurer le secrétariat technique provisoire. Notre ambition est claire : être une agence de référence pour l’Afrique qui parle d’elle-même, avec ses propres mots, ses propres priorités, tout en nous soumettant à une exigence de responsabilité.
Enfin, quel est votre message à l’endroit des jeunes journalistes gabonais ? Comment l’AGP entend-elle contribuer à la professionnalisation et à l’éthique du journalisme dans les années à venir ?
Le journalisme n’est pas un métier d’opinion, mais un métier de rigueur. Mon message aux jeunes, c’est : informez pour élever, pas pour manipuler. Dans un monde fragmenté, vous êtes des bâtisseurs de vérité et de cohésion.
L’AGP, pour sa part, s’engage résolument dans la transmission des savoir-faire. Nous avons un projet en cours, celui de créer le prix Vincent de Paul Mengue Ba N’Na de la rigueur journalistique, ouvert aux jeunes reporters de moins de 30 ans. Nous allons aussi signer un protocole avec l’université Omar Bongo pour l’accueil de 10 stagiaires chaque année.
Par cette dynamique, nous voulons que l’AGP soit non seulement un organe de presse, mais aussi une école de référence en journalisme public et d’investigation. Notre avenir dépendra de votre éthique, de votre curiosité et de votre capacité à défendre les faits.

