LE FMI SOULIGNE LES PROBLEMES ET SALUE LES AVANCEES DE LA TRANSITION
À l’issue de ses consultations avec le Gabon au titre de l’article IV, le FMI a livré son rapport. Bien que l’inflation ait diminué et que la croissance soit attendue à 3 %, il subsiste des déséquilibres fiscaux, avec une dette publique élevée et des déficits non pétroliers. Les perspectives à long terme sont affectées par la dépendance au pétrole et un manque de diversification économique. Le FMI a souligné l’urgence de la consolidation budgétaire, de l’amélioration de la gouvernance et de la transparence ainsi que de la diversification économique pour assurer une croissance durable et réduire la pauvreté.
Une reprise postpandémie prometteuse, mais fragile
La reprise économique du Gabon après la pandémie a bien résisté aux chocs récents. Bien que l’économie ait connu un ralentissement en 2023 en raison de perturbations logistiques, d’incertitudes politiques et des prix élevés du carburant, elle est sur le point de reprendre sa croissance potentielle d’environ 3 % cette année, alors que les chocs s’estompent. L’inflation est revenue en dessous du plafond régional de 3 % fixé par la BEAC et devrait rester dans la cible en l’absence de nouveaux chocs.
La robustesse des prix du pétrole ces dernières années a également soutenu la position extérieure du pays. Cependant, les déséquilibres fiscaux se sont considérablement creusés. De grands déficits non pétroliers en 2022-23 ont conduit à une accumulation rapide des arriérés, porté la dette publique à environ 70,5 % du PIB, au-dessus du plafond de la Cemac, et freiné l’accumulation de réserves.
Perspectives et défis
À l’avenir, le Gabon devra faire face à des vents contraires significatifs. La perspective d’une diminution progressive de la richesse pétrolière pèse sur les perspectives de croissance à long terme et sur la position extérieure, compte tenu d’une diversification encore modérée de l’économie. La croissance devrait ainsi ralentir à environ 2,7 % à long terme, ce qui est insuffisant pour relancer une stagnation de plusieurs décennies des revenus par habitant.
Les excédents du compte courant devraient progressivement diminuer. Si les déséquilibres fiscaux ne sont pas corrigés, ils poseront des risques de liquidité à court terme et de durabilité à long terme, pouvant déstabiliser les perspectives macroéconomiques. Le sort économique du Gabon dépendra donc de la capacité des autorités à résoudre ces risques, à corriger la position budgétaire et à progresser dans les réformes de transparence et de diversification.
Évaluation du conseil d’administration
Les directeurs exécutifs ont salué le rebond de la croissance et la baisse de l’inflation au Gabon après plusieurs chocs domestiques. Cependant, ils ont noté que la politique budgétaire actuellement expansive et les faiblesses structurelles et de gouvernance de longue date, amplifiées par des risques externes, posent des défis significatifs à l’économie. Ils ont souligné que les perspectives économiques du Gabon dépendront de la capacité des autorités à adopter un modèle de gouvernance plus transparent et inclusif, tout en corrigeant les déséquilibres fiscaux et en diversifiant l’économie pour stimuler la croissance et réduire les niveaux élevés de pauvreté.
Les directeurs ont insisté sur l’urgence d’une consolidation budgétaire décisive pour assurer la durabilité fiscale tout en préservant la capacité de répondre aux besoins sociaux et de développement. Ils ont encouragé une amélioration de l’efficacité des dépenses et une augmentation de l’espace budgétaire grâce à des mesures de recettes. Une position budgétaire durable à moyen terme nécessitera l’adoption d’un cadre budgétaire solide pour guider les politiques vers la durabilité.
Renforcement de la gouvernance et de la transparence
Les directeurs ont souligné l’importance d’améliorer la gouvernance et la transparence des comptes fiscaux. Ils ont salué l’engagement des autorités en ce sens et ont noté que le rapport transparent des comptes fiscaux récents est un pas important. Ils ont appelé à des efforts supplémentaires, y compris pour initier une comptabilité et un rapport complets des comptes fiscaux du secteur public, des actifs et des passifs, pour divulguer les contrats miniers, et pour mieux évaluer la contribution potentielle des revenus du secteur minier.
Les directeurs ont convenu que la diversification économique est essentielle pour améliorer durablement les conditions de vie au Gabon. Ils ont noté que des initiatives transversales visant à renforcer la gouvernance, à améliorer l’environnement des affaires et à assurer la fiabilité des infrastructures énergétiques et de transport seraient une approche rentable pour soutenir la croissance du secteur privé. Le renforcement de la solidité du secteur financier, y compris en réduisant les risques liés au lien banques-souverains, en remboursant les arriérés gouvernementaux et en comblant les lacunes restantes dans le cadre de la lutte contre le blanchiment d’argent et le financement du terrorisme (AML/CFT), devrait également être prioritaire.
Amélioration des statistiques économiques
Les directeurs ont souligné la nécessité d’améliorer la rapidité, la couverture et la précision des statistiques économiques pour promouvoir la transparence et servir de base solide à la prise de décision.
Les directeurs ont encouragé les autorités à poursuivre leur engagement avec le FMI, y compris par le biais du développement des capacités, pour soutenir leurs efforts de réforme. La prochaine consultation au titre de l’article IV avec le Gabon est prévue sur un cycle standard de 12 mois.