VIVO ENERGY : LA RECONQUÊTE PROGRESSIVE
Le groupe Vivo Energy, diversifié géographiquement à travers l’Afrique, a la réputation d’assurer sa croissance. Les équipes locales sont animées par un esprit d’entreprise bien ancré et sont renforcées par la structure du Groupe qui dispose de la souplesse nécessaire pour s’adapter aux besoins locaux tout en garantissant le respect des normes de gouvernance les plus strictes. À l’échelle continentale, ce sont plus de 3 900 stations, 15 millions de clients au quotidien sur les 28 marchés africains et plus de 10 milliards de litres de carburant vendus en 2023. Fort de cette énergie et de cette politique de groupe, Vivo Energy Gabon, anciennement Pizo Shell depuis 1971, puis Engen à partir de 2008, commercialise les produits pétroliers.
Outre son siège social situé à Libreville, l’entreprise dispose d’un dépôt de stockage de gaz et de lubrifiant à Owendo et d’une agence commerciale dans la ville de Port-Gentil. Elle possède également un vaste réseau de stations-service sur le territoire national. Ses activités de distribution de produits, notamment les carburants, le gaz butane et les lubrifiants, répondent aux besoins de tous les secteurs. Au 31 décembre 2023, cela représente 78 millions de litres vendus dans les 24 stations-service Engen du territoire. Dix mois après notre première interview, les problèmes rencontrés sont-ils réglés, ou en passe de l’être ?
M. Jeoffroy Abouiboro Kara, vous avez pris vos fonctions dès le 30 août 2023 et nous vous avions interviewé (voir n° 30) pour mieux vous connaître. Les perspectives paraissaient favorables malgré une perte de marché de 10 % observée entre 2019 et 2022. Où en êtes-vous aujourd’hui ? Comment se porte Vivo Energy au Gabon ?
Effectivement, il est important de faire une mise à jour, d’autant qu’il s’agit de vous informer que Vivo Energy (Engen) a amorcé sa phase de retour à la croissance, finalisé la restructuration de ses capitaux au 31 décembre 2023 et revu sa structure financière et organisationnelle. Fin mai 2024, nous observons une progression de 20 % des volumes écoulés comparativement à 2023 à la même période et de 16 % par rapport à notre plan 2024, tous produits confondus, ainsi qu’une augmentation du chiffre d’affaires évidemment. Pour l’année en cours, nous ambitionnons la croissance de réseau de stations-service dont une est en cours de construction au sud de Libreville. D’autres verront le jour avant la fin de l’année en fonction des contraintes techniques. Nous avons également entamé « un programme de relooking » de certaines de nos stations-service qui s’étalera tout au long de l’année.
Lors de cette même interview, vous nous informiez du problème de la péréquation, de la stabilisation des crédits de TVA octroyés pour compenser une dette. Qu’en est-il ?
En effet, et face à cette situation, nous nous étions retirés des marchés exonérés de TVA qui nous contraignaient à la payer à l’achat sans pouvoir répercuter à la vente. Il s’agissait donc d’importantes immobilisations de trésorerie capitalisée sous forme de crédit de TVA. Nous sortions alors de nos normes de gestion interne. Cette stratégie, dont l’objectif était de réduire nos risques financiers, nous a permis de préserver les emplois et certains investissements avant la phase de restructuration finalisée fin 2023. Cette problématique n’est pas uniquement celle de Vivo Energy Gabon, mais concerne tous les distributeurs de produits pétroliers communément appelés « marketeurs ».
Depuis le début de l’année 2024, tous les marketeurs travaillent avec l’État pour voir comment gérer à la fois l’impact des secteurs exonérés de TVA et l’augmentation de la stabilisation qui affectent également nos trésoreries et freinent nos investissements directs sur le territoire gabonais.
Quelles sont les perspectives de croissance ? Où vous situez-vous sur le marché gabonais ?
Nous sommes en train de reprendre des parts de marché. À comparer avec l’an dernier, depuis fin 2023, nous avons gagné 2 % de parts de marché sur un marché qui croît à 0,17 %, ce qui signifie que nous avons entamé la reprise des parts de marché cédées librement entre 2020 et 2023. Nous les avions cédées pour des raisons d’alignement stratégique. C’est une reconquête logique, prudente et progressive. Notre 4e place après Total, Petro Gabon et Ola Energy marque notre volonté et confirme nos atouts pour revenir sur « le peloton de tête » en tant que « challenger ».
La bouteille de gaz de 6 kg, dite « petite bouteille », est enfin arrivée à Libreville ! Elle était très attendue. Rencontre-t-elle le succès escompté ?
Effectivement, nous avons introduit ce nouveau format de bouteille de gaz au Gabon et dans notre portefeuille de produit depuis le 17 mai 2024. Dans un premier temps, les ventes se font à travers notre réseau de stations-service de Libreville et Port-Gentil. Ce nouvel emballage correspond à quasiment la moitié de la bouteille connue de tous les Gabonais. Elle s’adresse aux petits commerçants et en premier lieu aux foyers modestes qui n’utilisent que la moitié de la bouteille de 12,5 kg chaque mois. C’est une économie non négligeable. Le prix du gaz est fixé par l’État à 396 F CFA le kilo. Le premier achat de cette petite bouteille est de 13 375 FCFA (soit 11 000 F CFA pour la première acquisition de la bouteille vide et 2 375 F CFA pour la recharge). Les premières semaines de vente sont encourageantes et répondent aux attentes des consommateurs. Le poids, le prix, l’encombrement, tout parle en faveur de ce produit.
Quelles sont vos actions RSE, notamment en termes de formation ?
Une des actions prédominantes de notre programme RSE est ce défi lancé aux jeunes Gabonaises et Gabonais. Aux fins de recrutements, et depuis 2022, nous organisons chaque année une opération baptisée « Jeunes Talents ». Elle s’adresse aux nouveaux diplômés des écoles de commerce et d’ingénieurs du Gabon et d’ailleurs. Chaque année, une quinzaine de candidats sont sélectionnés puis retenus parmi plusieurs centaines de demandes. Ce premier emploi leur donne l’opportunité de développer leurs compétences au sein de l’entreprise dans laquelle ils exercent de réelles responsabilités, tout en étant accompagnés. Ils sont embauchés avec un contrat d’une année, avec bulletin de salaire et assurance, et bénéficient de tout ce qu’englobe ce statut. Ils ont la possibilité de partir quand ils le souhaitent. Certains se voient offrir un poste définitif à Vivo Energy Gabon. À ce jour, plus de 15 % de nos effectifs sont constitués des jeunes issus de ce programme lancé il y a deux ans dans le respect de la parité femmes et hommes.
Par ailleurs, nous travaillons en partenariat avec certaines grandes écoles, notamment d’ingénieurs et de commerce comme l’université de Masuku, l’école de commerce BGFI Business School et l’INGS de Libreville. Nous sommes également très présents dans certains établissements scolaires et proposons des stages non rémunérés qui permettent aux jeunes de découvrir le monde de l’entreprise. Nous entretenons un partenariat solide avec le PNPE (Pôle national de promotion de l’emploi), ce qui facilite les rapprochements pour répondre aux besoins des deux parties concernées. Enfin, nous sommes très actifs dans le domaine de l’environnement et dans le secteur de la sécurité routière, en collaboration avec le ministère des Transports