SECTEUR DES TRANSPORTS AU GABON : UNE ANNÉE 2024 GLOBALEMENT CONTRASTÉE, MAIS OUVRANT UNE NOUVELLE DYNAMIQUE D’OPPORTUNITÉS

Tenant un rôle particulièrement stratégique dans le développement économique du Gabon, le secteur des transports doit relever d’importants défis pour fluidifier la circulation des biens et des personnes dans un pays aux ressources extractives abondantes et au fort taux d’urbanisation. Le secteur emploie environ 7 000 personnes et son chiffre d’affaires global a atteint 430 mds de F CFA en 2023.

Une dynamique sectorielle contrastée en 2024 

Selon la note de conjoncture sectorielle du 3e trimestre 2024 publiée par la Direction générale de léconomie et de la politique fiscale, l’activité globale du secteur s’est contractée de 2% au cours des 9 premiers mois de l’année, principalement en raison des perturbations rencontrées par le transport ferroviaire en lien avec les travaux de réhabilitation de la voie ferrée.

Transport ferroviaire : un maillon essentiel, mais vulnérable

Le glissement de terrain important survenu fin 2022, entraînant l’interruption du trafic pendant quelques semaines, avait provoqué le fléchissement en 2023 du volume global des marchandises acheminées par rails, à 9,86 millions de tonnes (-9,3%). Par ailleurs, la suspension des trains voyageurs avait engendré une baisse du transport de passagers de plus de 60%. 

Le transport ferroviaire, assuré par la Société d’exploitation du Transgabonais (Setrag), filiale du minier Eramet, joue un rôle crucial dans le transport du manganèse et des ressources forestières, mais également dans l’approvisionnement de plusieurs provinces du pays en denrées alimentaires et équipements. En 2024, en complément des financements déjà disponibles au sein du PRN (projet de remise à niveau), un soutien complémentaire de 20 mds de FCFA a été octroyé par l’Union européenne et 115 mds de F CFA par l’Agence française de développement (AFD).

Transport maritime : des infrastructures stratégiques en développement

Le port d’Owendo, hub maritime du pays, est composé d’un terminal pétrolier   ; d’un terminal à conteneurs géré par OCT, filiale d’Africa Global Logistics   ; d’un port commercial sous contrat de concession avec Gabon Port Management (GPM), filiale du groupe Portek   ; d’un terminal minéralier sous concession de la Comilog   ; du terminal pétrolier d’OMP (Owendo Mineral Port : Meridiam / Arise Ports & Logistics); et enfin du port de vrac sec et logistique NOIP (New Owendo International Port : Arise Ports & Logistics / Stoa Energy / État gabonais via Caisse des dépôts et consignations). 

En 2023, le volume global de marchandises manipulées dans les différents ports du Gabon s’est contracté de 7,1%, à 11,4 millions de tonnes, conséquence de la baisse des volumes de manganèse et de bois débités exportés. Au Port d’Owendo, un recul de 16,2% des mouvements des bateaux par rapport à 2022 a été observé (803 mouvements de bateaux en 2023).

Concernant le transport côtier et fluvial, la CNNII, société publique de navigation intérieure, a été concédée au groupe Ebomaf en septembre 2024 pour une durée de vingt ans.

Transport aérien : dans une dynamique de croissance

La diversification des offres domestiques, avec notamment le lancement de la compagnie Fly Gabon, a largement contribué à l’augmentation de l’activité du secteur aérien sur les neuf premiers mois de l’année 2024 (+10,4%).

De plus, l’acquisition d’équipements de sûreté, la réhabilitation effective des aéroports d’Oyem, Makokou et Tchibanga ou encore l’acquisition d’aéronefs ont marqué le dynamisme du secteur en 2024.

Transport terrestre : des améliorations nécessaires

Le transport urbain et interurbain repose sur un maillage de taxis privés, de bus privés et publics, et de transporteurs spécialisés privés. La Sogatra, principal opérateur public, rencontre des difficultés structurelles tandis que Trans’Urb se développe avec l’acquisition de nouveaux bus. Le projet étatique Taxi Gab+ a permis la mise en circulation de plus de 400 nouveaux taxis, conduits par de jeunes Gabonais. L’opérateur Gozem, service numérique de VTC installé au Gabon depuis 2021, est en situation de quasi-monopole.

La mobilité urbaine reste à repenser, notamment dans la capitale Libreville, où les nombreux embouteillages sont un frein à l’efficacité économique.

Les projets structurants en cours de développement et les opportunités sectorielles

Le Gabon est à un tournant de son développement en matière de transports et de logistique, le secteur conditionnant en partie la diversification de son économie. La politique menée par le gouvernement est déclinée à travers cinq piliers : une modernisation réglementaire; la création de richesses et d’emplois; la dématérialisation des modes de paiement; le respect des engagements internationaux; et l’effectivité de la sûreté et de la sécurité.

De plus, pour pallier les difficultés en lien avec les infrastructures, plusieurs projets sont en cours de développement (présentés dans notre newsletter du mois d’octobre 2024), dont : la modernisation et le développement du secteur ferroviaire, avec notamment le récent lancement du projet de corridor intégré Bélinga-Mayumba (972 km de voie ferrée, port en eau profonde, barrage hydroélectrique et câble à fibre optique) qui permettra à terme de relier les régions minières du nord à la zone d’évacuation du sud; la construction de gares maritimes dans les principales villes portuaires, en débutant par celle de Libreville sur le site du Port-Môle   ; le renforcement du port d’Owendo, avec des investissements dans des infrastructures plus modernes pour fluidifier les échanges commerciaux   ; le développement de nouvelles infrastructures routières, avec des travaux de réhabilitation sur plusieurs axes stratégiques.

Les opportunités de ce secteur dynamique sont nombreuses, des grands investissements structurants aux dispositifs innovants facilitant la mobilité. Les solutions technologiques de gestion du trafic ou de plateformes de transport intelligent, l’expansion de services logistiques, notamment frigorifiques pour l’acheminement des marchandises vers l’intérieur du pays, etc., seraient particulièrement pertinentes.

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