MICROFINANCE AU GABON : 2014-2024, UNE DÉCENNIE DE CROISSANCE MAITRISÉE
Au Gabon, en dix ans, le secteur de la microfinance s’est affirmé comme un pilier central de l’inclusion financière en élargissant progressivement l’accès des populations aux services bancaires de base. Longtemps considéré comme marginal, ce segment est désormais mieux structuré, régulé, et animé par des acteurs dynamiques qui contribuent à financer l’économie réelle, notamment les petites entreprises, les commerçants, les agents publics et les populations à revenu modeste. Grâce à une progression constante des dépôts, des crédits et de la clientèle, les établissements de microfinance (EMF) ont su gagner la confiance des usagers tout en renforçant leur assise financière. Entre croissance des indicateurs et montée en puissance des leaders du secteur, la microfinance gabonaise incarne aujourd’hui une alternative crédible au financement classique et se positionne comme un levier stratégique pour l’avenir économique du pays.
En 2014, le Gabon comptait à peine 9 EMF (établissements de microfinances) agréés, essentiellement des sociétés anonymes de deuxième catégorie, concentrés à Libreville, Port-Gentil, Franceville et Oyem. Leur base clientèle s’élevait à 106 736 usagers pour un encours de dépôts de 34,5 mds de F CFA et un portefeuille de crédits de 22,9 mds de F CFA. En dix ans, ces chiffres ont explosé. Le nombre d’EMF est monté à 20 en 2020, avant de se stabiliser à 19 en 2022, avec une extension progressive du réseau à 93 agences fin 2022. Le nombre de clients a plus que doublé, atteignant non moins de 258 935 en 2022, avec un rebond significatif de 11,8 % observé en 2024. Les effectifs suivent la même courbe : de 447 employés en 2014 à près de 800 salariés en 2022 et une hausse de 24,7 % du nombre d’employés entre 2023 et 2024.
Une dynamique portée par l’intermédiation financière
Entre 2014 et 2022, les dépôts collectés ont été multipliés par 2,4, passant de 34,5 mds à 82,3 mds de F CFA. Mieux encore, sur la seule année 2024, ces dépôts ont progressé de 35,8 %, illustrant la confiance croissante des usagers dans le système. Les crédits accordés, eux, sont passés de 22,9 mds en 2014 à 78,3 mds en 2022, soit une hausse vertigineuse de 242 %, avec une croissance supplémentaire de 8,5 % en 2024.
Ce dynamisme de l’intermédiation financière s’explique en grande partie par l’implication croissante des EMF dans le financement des besoins des PME, artisans, commerçants, retraités et agents publics. À cela s’ajoute une autre tendance : ces acteurs économiques, longtemps éloignés des circuits bancaires classiques, se tournent désormais de plus en plus vers les EMF, perçus comme des partenaires de proximité, accessibles, souples et réactifs.
Le développement de l’épargne populaire, l’élargissement des cibles bancarisées et la souplesse des produits proposés ont largement contribué à renforcer la présence des EMF dans les zones urbaines et périurbaines. Cette croissance s’est accompagnée d’un renforcement des fonds propres, qui atteignent 15,73 mds de F CFA fin 2022, contre seulement 4,6 mds en 2014, grâce à un cadre réglementaire plus rigoureux instaurant un capital social minimum de 300 millions de F CFA pour les EMF de seconde catégorie.
Les résultats enregistrés à fin 2024 confirment la solidité du secteur : les leaders du marché ont poursuivi leurs campagnes commerciales, élargi leur portefeuille client et renforcé leurs fonds propres (+9 % sur un an). Le produit net financier, indicateur clé de rentabilité, s’est établi à 15,16 mds de F CFA, en légère baisse, mais reflétant une base d’activité robuste. Les efforts de digitalisation et l’adoption de nouveaux outils technologiques devraient, en outre, permettre aux EMF d’étendre encore leur rayonnement, en atteignant des segments encore non couverts et en développant des solutions de paiement mobile et de crédit digital. Par ces évolutions, la microfinance gabonaise confirme son rôle structurant dans le financement de proximité, la formalisation économique et la réduction des inégalités d’accès aux services financiers.
Loin de se substituer aux banques classiques, les établissements de microfinance se positionnent désormais comme des partenaires solides pour l’autonomisation économique et le développement local. Fondé sur la proximité, la souplesse et l’écoute des réalités du terrain, leur modèle leur permet aujourd’hui de répondre efficacement à des besoins spécifiques, souvent peu pris en charge par les circuits bancaires traditionnels. En parallèle, un nombre croissant de particuliers, de petits entrepreneurs, d’agents publics et de travailleurs indépendants choisissent activement de recourir aux EMF. Un choix qui peut s’expliquer par des délais de traitement plus courts, des conditions d’accès plus souples et une relation de confiance. En 2025, les EMF s’imposent ainsi comme un secteur d’avenir, capable de porter l’inclusion financière, de soutenir l’initiative privée et de répondre à une demande croissante de financements adaptés, réactifs et inclusifs.