LE SECTEUR INDUSTRIEL AU GABON : ENTRE AMBITIONS DE TRANSFORMATION ET DÉFIS STRUCTURELS

Le Gabon place l’industrialisation au cœur de sa stratégie de diversification économique, avec l’objectif de maximiser la valeur ajoutée locale et de créer des emplois pérennes. Fortement marqué par la prédominance des industries extractives, le secteur industriel gabonais contribue aujourd’hui environ à hauteur de 6 à 7 % du PIB.

Vers une diversification progressive du secteur industriel

L’industrie pétrolière représente 80% des exportations, 45 % du PIB et près de 60% des recettes fiscales du pays. Toutefois, face à l’épuisement progressif des réserves, les plus hautes autorités mènent une politique active en faveur de la diversification. Les unités de transformation du bois installées historiquement au Gabon ont été complétées par celles installées dans la zone économique spéciale de Nkok, située à 27 km de Libreville. Objectif : développer la transformation locale des matières premières et offrir un cadre attrayant de dynamisation de l’industrialisation. Plus de 140 entreprises sont installées au sein de la zone, la grande majorité dans le secteur du bois. Les autres industriels présents sur la zone travaillent dans les secteurs de la construction et des matériaux, de l’agro-industrie, de la métallurgie légère, du recyclage et de l’industrie pharmaceutique.

L’industrie minière est très largement dominée par la production et la transformation de manganèse. L’extraction et la transformation locale de minerai de fer sont venues diversifier le sous-secteur industriel depuis 2023 et leurs perspectives sont très prometteuses, avec la récente signature de la convention minière entre l’État gabonais et le groupe Genmin pour l’exploitation de la mine de fer de Baniaka.

Des investissements notables ont par ailleurs été réalisés dans la filière de l’huile de palme ainsi que dans l’agroalimentaire, avec la présence historique de différents acteurs internationaux.

Les freins persistants

Bien que des efforts politiques significatifs soient en cours, le secteur se doit de saisir des opportunités pour son développement. Les défis logistiques, comme l’amélioration des infrastructures de transport et d’énergie en dehors des zones industrielles majeures, ainsi que l’accès au financement pour les PME industrielles, offrent des axes de progrès à explorer. Par ailleurs, renforcer la formation professionnelle dans les domaines de la production durable et de l’industrie manufacturière, c’est aussi la possibilité de stimuler le développement rapide d’une industrie performante et compétitive.

Opportunités et perspectives

Le Gabon se positionne avec succès comme un hub de production de bois certifié à haute valeur ajoutée, avec des perspectives d’exportation renforcées vers l’Europe et l’Asie. Parallèlement, le développement des filières agroalimentaires locales (huile de palme, cacao-café, caoutchouc) s’avère prometteur face à une urbanisation rapide. Le sous-sol gabonais, riche en minerais comme le manganèse ou le fer ainsi qu’en ressources encore sous-exploitées telles que les terres rares, le niobium et le cuivre (sans l’oublier l’or), présente un fort potentiel de croissance.

Afin de stimuler l’innovation et de moderniser ses infrastructures, le gouvernement gabonais a lancé, début 2025, un réseau de centres d’appui à la technologie et à l’innovation (CATI) en collaboration avec l’Organisation mondiale de la propriété intellectuelle. Dans le même temps, le groupe camerounais Prometal a signé un accord avec l’État pour installer une unité industrielle dans la zone de Nkok, spécialisée dans la production d’alliages de ferromanganèse, avec un investissement de 30 mds de F CFA et la création de 1000 emplois. En parallèle, un accord stratégique avec le géant turc Ostim, signé en octobre 2024, vise à renforcer le secteur industriel gabonais en s’appuyant sur l’expertise de 6500 entreprises, notamment à travers des projets d’infrastructures modernes, de transfert de savoir-faire et de formation professionnelle, soutenant ainsi la diversification économique et industrielle du pays. 

Ces différentes initiatives attestent des perspectives encourageantes pour le secteur industriel.

Source : Aline Quenet

2AD Consulting

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