LE SECTEUR FORET-BOIS AU GABON : UNE RICHESSE DURABLE ET DES OPPORTUNITES ECONOMIQUES PROMETTEUSES

Avec une couverture forestière exceptionnelle couvrant environ 88 % de son territoire, le Gabon s’est imposé comme un acteur clé dans le secteur forêt-bois en Afrique. Après le pétrole et les mines, la filière représente un pilier essentiel de l’économie nationale tout en jouant un rôle crucial dans la préservation de l’environnement à l’échelle mondiale. Dans un contexte de diversification économique, le pays met en œuvre des politiques ambitieuses pour une gestion durable et une transformation locale accrue, offrant ainsi des opportunités uniques aux investisseurs étrangers et locaux.

Un secteur clé pour l’économie gabonaise

Les secteurs forestier et de l’industrie du bois contribuent à hauteur d’environ 6 à 7% au PIB gabonais (mais environ 60% du PIB hors pétrole) et constituent la deuxième source de recettes d’exportation après les hydrocarbures. Ils sont par ailleurs le premier employeur du pays, avec environ   16000   emplois directs et indirects, et constituent un véritable levier pour la création de nouvelles opportunités dans les zones rurales, souvent les plus affectées par le chômage.

En 2023, l’activité forestière, dont l’exploitation de l’okoumé constitue environ 60%, a enregistré des résultats en baisse (-11,8%) du fait de difficultés logistiques (évacuation de la production des sites vers les usines) et de l’augmentation des prix des carburants industriels. 

Pour les mêmes motifs et pour la seconde année consécutive, les industries de transformation du bois ont enregistré des résultats négatifs en 2023 pour la production de bois débités (- 7%). Cette tendance baissière globale s’est poursuivie au premier semestre 2024. Le fléchissement de la demande asiatique, notamment chinoise, a affecté les exportations à la baisse (- 4,3%).

Une politique sectorielle axée sur le développement durable et la transformation locale

Le Gabon s’impose comme un modèle de gestion forestière durable en Afrique, avec une politique centrée sur la préservation des ressources, la valorisation locale et la lutte contre le changement climatique. Le pays ambitionne de certifier 100% de ses concessions forestières selon les normes FSC ou PAFC. Selon l’étude «Impact du secteur bois sur l’économie du Gabon entre 2018 et 2022» réalisée par Ernst &Young et Mays Mouissi Consulting, fin 2022, plus de 2,5 millions d’hectares bénéficiaient déjà de cette certification soutenue par des mécanismes de surveillance renforcée pour assurer la traçabilité et lutter contre l’exploitation illégale.

Depuis l’interdiction en 2010 de l’exportation de grumes, le Gabon mise sur la transformation locale du bois pour augmenter sa valeur ajoutée. Cette stratégie a favorisé le développement d’industries locales spécialisées dans le sciage, le contreplaqué ou encore la fabrication de meubles, en complément des industriels historiquement implantés au Gabon. 

En 2023, le gouvernement a adopté des mesures fiscales pour encourager les usines spécialisées dans la transformation avancée du bois (deuxième et troisième transformation) et travaillé sur le nouveau code forestier. Le système national de traçabilité du bois du Gabon (Sntbg), qui modernise le suivi de l’exploitation et du transport grâce à une plateforme numérique obligatoire pour tous les opérateurs, a été lancé en octobre 2024.

Enfin, le Gabon s’affirme comme un leader mondial dans la lutte contre le changement climatique grâce à ses forêts qui agissent comme des puits de carbone. En alignant ses politiques sur l’accord de Paris et en collaborant avec des partenaires internationaux pour des financements climatiques, le pays conserve son «bilan carbone positif» tout en ouvrant la voie à des opportunités économiques durables. 

Lors de la COP  29 à Bakou en novembre 2024, le Gabon a ainsi réaffirmé son leadership climatique en Afrique et renforcé ses ambitions environnementales, notamment pour maintenir ses forêts comme puits de carbone tout en stimulant son développement économique. Il s’est également déclaré en faveur de l’augmentation des financements climatiques destinés à appuyer les efforts des pays en développement et du renforcement des réformes visant à accroître la transparence et l’efficacité du marché des crédits carbone afin d’éviter les dérives de «greenwashing» et de maximiser leur impact réel sur la réduction des émissions mondiales. Le Gabon a également mis en avant ses efforts pour réduire ses émissions de gaz à effet de serre de 50% d’ici 2025 et maintenir son statut de pays à bilan carbone positif, tout en poursuivant une gestion durable de ses forêts.

Le soutien de partenaires internationaux pour le développement de la filière

Le pays bénéficie de partenariats internationaux dans le domaine des financements climatiques, en particulier par le biais du mécanisme Redd+ (pour Réduction des émissions dues à la déforestation et à la dégradation des forêts dans les pays en développement, initiative internationale coordonnée par l’ONU) et les fonds carbone. En 2019, la signature d’un accord historique avec la Norvège, dans le cadre de l’Initiative pour les forêts d’Afrique centrale (Cafi), d’un montant de 150 millions de dollars, récompense le Gabon pour la réduction de la déforestation et la gestion durable de ses forêts.

Le 3 décembre dernier, un programme d’assistance technique de l’Union européenne d’une durée de 9 mois a été lancé, poursuivant l’objectif de renforcer le secteur forestier en promouvant une économie durable et inclusive autour des axes suivants : révision du Code forestier, mise en œuvre du règlement européen sur la déforestation et préparation d’un programme de 9 millions d’euros pour les chaînes de valeur forestières dès 2025. 

Enjeux et défis

Malgré ses atouts, la filière forêt-bois fait face à plusieurs difficultés. L’une des principales tient à la lutte contre l’exploitation forestière illégale et à l’amélioration de la transparence dans la chaîne d’approvisionnement. La formation des ressources humaines est également un enjeu d’importance visant à répondre à la demande croissante en main-d’œuvre qualifiée.

Le transport des grumes depuis l’intérieur du Gabon jusqu’aux sites industriels constitue un défi majeur en raison de l’insuffisance et de la qualité des infrastructures routières qui engendrent des coûts logistiques élevés avec un impact considérable sur la rentabilité des entreprises.

Des efforts sont en cours (amélioration des infrastructures routières, rénovation et projets de développement du réseau ferroviaire), mais des progrès supplémentaires sont nécessaires pour soutenir la transformation locale et améliorer la compétitivité du secteur bois.

Par ailleurs, l’Union européenne explore actuellement des mesures pour encadrer davantage les importations de bois tropical, notamment l’okoumé, au titre de la durabilité et de la lutte contre la déforestation. Ces discussions s’inscrivent dans le cadre du règlement européen sur la déforestation (EUDR) et des préparatifs de la 20e Conférence Cites (Convention sur le commerce international des espèces de faune et de flore sauvages menacées d’extinction) qui devrait se tenir fin 2025 afin de promouvoir un commerce légal et traçable. Cette initiative, bien qu’essentielle pour la durabilité, impose au Gabon de relever des défis supplémentaires tels que l’amélioration des systèmes de traçabilité et la conformité aux normes internationales, tout en maintenant la compétitivité de son secteur forestier.

Des opportunités pour les investisseurs

Le secteur forêt-bois gabonais regorge d’opportunités à explorer. Avec le développement progressif de l’industrialisation locale, les besoins en technologie et en innovation sont importants. La filière recherche activement des équipements modernes pour améliorer la productivité et la qualité des produits transformés. De plus, l’utilisation de la technologie satellite pour la cartographie des forêts et la gestion durable des ressources ouvre un marché encore peu exploité. La zone économique spéciale (ZES) de Nkok, hub attractif pour les investisseurs, offre des incitations fiscales, une infrastructure adaptée et des services intégrés pour faciliter la production et l’exportation de produits transformés.

En termes de commerce international, le bois tropical certifié du Gabon est très prisé sur les marchés européens, asiatiques et nord-américains, offrant des perspectives lucratives aux entreprises du secteur. Le Conseil des ministres du 31 août dernier a d’ailleurs adopté un projet de décret permettant la reprise de l’exploitation du kevazingo qui était à l’arrêt depuis 2018, en instaurant un cadre réglementaire plus strict pour la gestion de cette essence forestière précieuse et menacée.

Le secteur forêt-bois gabonais offre des perspectives prometteuses dans un contexte international marqué par les enjeux climatiques. Entre préservation, gestion responsable et transformation locale, c’est le moment idéal pour s’engager dans ce secteur porteur et contribuer au développement d’une économie plus diversifiée et durable 

2AD Consulting

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