L’AFRIQUE FACE A SES ENJEUX INDUSTRIELS : LE GABON EXPOSE SES ATOUTS

Les 12 et 13 mai 2025, à l’occasion de la 12e édition de l’Africa CEO Forum, Abidjan a été le point de rencontre incontournable de plus de 2800 leaders d’entreprises, investisseurs et décideurs publics venus de 90 pays. Placé sous le thème central «Un nouveau pacte État-secteur privé peut-il offrir à l’Afrique une main gagnante? », cet événement a mis en lumière les défis énergétiques majeurs auxquels le continent fait face, tout en soulignant l’importance d’une synergie accrue entre les gouvernements et les entreprises pour impulser un développement durable et inclusif.

À une époque où près de 600 millions d’Africains n’ont toujours pas accès à une électricité fiable, l’importance de l’innovation et de la technologie est plus prononcée que jamais dans la quête d’une industrialisation viable. Les discussions ont pris une tournure résolue, envisageant des pistes sérieuses comme le nucléaire, après le plaidoyer de Loyiso Tyabashe, PDG de la South African Nuclear Energy Corporation, pour une coopération harmonieuse entre le nucléaire et les énergies renouvelables.

Parallèlement à ces débats énergétiques, la question de l’intelligence artificielle s’est aussi imposée comme un enjeu crucial. Les réflexions autour d’une régulation sur mesure pour le continent ont pris de l’ampleur, avec des contributions significatives de figures telles que Franck Kié et Catherine Muraga qui ont mis l’accent sur la nécessité d’une inclusion linguistique et culturelle dans le développement de solutions IA africaines.

Au cœur de ces échanges, le Gabon s’est présenté comme une vitrine d’opportunités pour les investisseurs. Représenté par une délégation menée par le ministre de l’Économie numérique, Mark-Alexandre Doumba, le pays a brillamment démontré sa volonté d’amorcer une dynamique axée sur la diversification économique et l’innovation numérique. À travers la session «Invest in Gabon», le Gabon a montré son engagement pour un dialogue transparent et constructif avec le secteur privé, ciblant tout particulièrement des investissements dans les infrastructures nécessaires à la transformation économique du pays.

Cette implication active du Gabon lors de l’Africa CEO Forum était bien plus qu’une simple participation : c’était un appel à l’action, une invitation à convertir les paroles d’engagement en actes concrets. Dans un cadre juridique défini, le Gabon aspire à devenir une destination de choix pour les investissements étrangers, avec des priorités budgétaires révisées vers des dépenses productives. En effet, le Gabon veut démontrer que grâce à une approche rénovée mêlant transparence, performance et impact, il peut se positionner comme un acteur clé dans la transformation industrielle de l’Afrique.

Ainsi, l’Africa CEO Forum 2025 n’a pas seulement été un événement de réseautage. Pour le Gabon, c’était l’opportunité de faire valoir un potentiel considérable pour des partenariats durables. C’est dans ce contexte qu’il entend prouver que son chemin vers l’industrie durable et innovante est non seulement possible, mais également viable et attractif.

Alors que l’intelligence artificielle transforme les économies d’échelle mondiale, le continent africain s’efforce de tracer sa propre voie en matière de régulation et de réglementation. Franck Kié, fondateur du Cyber Africa Forum, a salué les avancées réalisées : « Plusieurs pays, dont le Bénin et le Rwanda, ont adopté des stratégies nationales d’IA. L’Union africaine a également lancé une initiative continentale en 2024 ». Catherine Muraga, directrice du Microsoft Africa Development Center, a pour sa part insisté sur l’inclusivité : « Nous développons des outils en kiswahili, amharique, yoruba… pour n’exclure personne. L’Afrique compte près de 2000 langues. » Elle a également insisté sur le fait qu’une utilisation responsable de l’IA nécessite d’intégrer, dès le départ, des considérations relatives à la sécurité et à la confidentialité.

Un autre aspect crucial de la transformation du continent concerne les infrastructures. Celles-ci jouent un rôle déterminant dans la croissance industrielle de l’Afrique. Lors du forum, les discussions se sont axées sur la nécessité d’améliorer la logistique, d’assurer un meilleur accès à l’énergie et de renforcer la connectivité afin de transformer efficacement les chaînes de valeur. Mohammed Diop, directeur général adjoint d’AGL pour l’Afrique, a mis en lumière certains défis: «En Afrique, entre 30 et 40% des produits sont perdus dès la ferme. Nous sommes en train de développer des projets au Sénégal et dans d’autres pays pour mettre en place des entrepôts spécialisés à proximité des exploitations dans le but de réduire ces pertes agricoles. »

Des initiatives provenant du secteur privé, telles que l’investissement annuel de 600 millions d’euros d’AGL en Afrique, illustrent à la fois les besoins liés à l’amélioration des infrastructures et l’engagement à cet égard. Néanmoins, le problème de l’énergie demeure un obstacle majeur. Pour remédier à cette situation, Schneider Electric a récemment conclu des accords stratégiques avec 3MD Energy et SmartEnergy, visant à développer des solutions locales pour l’électrification industrielle combinant production locale et numérisation. Ces collaborations ont pour objectif de sécuriser l’accès à l’énergie tout en générant des emplois, en ligne avec les ambitions de la zone de libre-échange continentale africaine (Zlecaf) pour favoriser le commerce intra-africain. Dans l’optique d’une industrialisation durable, il est impératif que les États simplifient leurs régulations, attirent les financements et connectent les zones enclavées, garantissant ainsi que l’Afrique puisse pleinement exploiter ses ressources.

Présent à ce rendez-vous, le Gabon s’est présenté sous forme de vitrine d’opportunités et n’a pas manqué d’exposer sa nouvelle vision économique axée sur la diversification, l’innovation numérique et un partenariat renouvelé avec le secteur privé. À travers la session « Invest in Gabon », la délégation gabonaise a démontré que le pays amorce une dynamique résolument tournée vers la croissance inclusive, soutenue par un environnement d’affaires sain.

Le pays s’est offert une vitrine de choix au cœur de l’Africa CEO Forum 2025, rendez-vous incontournable des acteurs économiques du continent. Engagé dans un processus de transition économique et politique majeur, le pays entend séduire les investisseurs par une approche résolument pragmatique, portée par un discours de vérité, de transparence et de relance. À la tête d’une délégation stratégique, le ministre de l’Économie numérique a clairement planté le décor : « Nous sommes là pour présenter la nouvelle vision économique, financière, notre stratégie numérique, et surtout, un New Deal de partenariat public-privé entre l’État gabonais et les secteurs privés ».

La délégation gabonaise qui s’est rendue à Abidjan reflète une composition alignée avec les ambitions de relance du pays et les objectifs du continent. Elle comprenait notamment le directeur général de Gabon Power Company, une entreprise spécialisée dans la production d’énergie et particulièrement engagée dans des solutions durables. Y participait également le directeur général d’Okoumé Capital, le fonds de capital-risque national dédié au financement et à l’accompagnement des petites et moyennes entreprises gabonaises. Un autre acteur clé de cette mission économique était le directeur général de Prométal, une société industrielle récemment établie dans le pays, qui prévoit d’investir 30 mds de FCFA pour démarrer ses activités de production de fer à béton, illustrant ainsi le dynamisme du secteur secondaire. L’Agence nationale de la promotion des investissements (ANPI-Gabon), dirigée par Ghislain Moandza, joue également un rôle déterminant en tant que facilitateur pour les investisseurs étrangers. La présence de tous ces acteurs souligne avec force l’ambition du Gabon en matière de transformation économique.

Bien que la structure de l’économie gabonaise demeure centrée sur des industries, notamment extractives, c’est véritablement le discours, l’approche et la posture du pays qui ont évolué. « C’est la façon dont nous souhaitons répondre à l’intérêt croissant des investisseurs envers le Gabon », déclare Mark-Alexandre Doumba. Aujourd’hui, grâce à un cadre juridique stabilisé, le Gabon se positionne comme une destination fiable et structurante pour attirer les investissements directs étrangers (IDE). Cela se manifeste par la récente officialisation de la signature d’un contrat énergétique significatif avec un consortium dirigé par Meridiam, portant sur le développement d’une centrale solaire hybride de 50 MW à Koula-Moutou.

Le forum a donc permis au Gabon d’exposer sa volonté de mettre en place une politique d’investissement mieux articulée en adoptant une nouvelle approche de la gouvernance économique, fondée sur la performance et l’impact. Le ministre Marck Doumba a insisté sur la mise en place d’un cadre incitatif renforcé : guichet unique pour les investisseurs, allègements fiscaux ciblés, mécanismes de garantie publique et accompagnement renforcé via des structures comme l’ANPI ou Okoumé Capital. Cette dynamique s’inscrit aussi dans un contexte de révision des priorités budgétaires nationales, où l’investissement productif remplace progressivement les dépenses improductives.

En participant à la session « Invest in Gabon », les autorités gabonaises ont fait le pari de l’efficacité et de l’attractivité. L’enjeu était de convertir les intentions en investissements concrets, en rassurant les partenaires sur la viabilité des projets.

En marge du forum, plusieurs chefs d’entreprise ont ainsi exprimé leur intérêt pour le marché gabonais, preuve que les échanges ont été fructueux. Des groupes comme Schneider Electric, Eranove ou AfricInvest ont salué les efforts récents du pays. La présence du Gabon à l’Africa CEO Forum 2025 n’était pas anecdotique et n’est pas passée inaperçue. C’est un signal fort adressé à la communauté économique africaine et internationale. Le pays veut désormais passer de la parole aux actes et faire du Gabon un hub attractif au cœur d’une Afrique en pleine mutation.

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