Les Échos de l'Éco accompagne ce dossier hautement stratégique dédié aux infrastructures, et reprend un extrait de cette interview accordée à plusieurs médias par le secrétaire général du conseil du Plan d’accélération de la transformation (PAT). Cet extrait nous apporte des éléments de réponses relatifs à la stratégie poursuivie par les autorités gabonaises à travers le PAT. L’objectif de ce dernier consiste à renouer au plus vite avec la croissance et, à plus long terme, à bâtir une économie plus dynamique, diversifiée et résiliente.
Les Échos de l'Éco : Monsieur le Secrétaire général, pourquoi avoir mis en place le Plan d’accélération de la transformation ?
Le Plan d’accélération de la transformation est la réponse stratégique que les plus hautes autorités publiques ont décidé d’apporter à une problématique essentielle. Celle-ci est exacerbée par la crise sanitaire brutale engendrée par la pandémie de covid-19 qui n’a épargné aucun pays du monde depuis le début de l’année dernière. Lors du séminaire gouvernemental du 18 janvier 2021, 34 projets et réformes prioritaires ont été étudiés pour permettre de créer les conditions d’un rebond économique d’ici 2023 tout en réunissant les préalables nécessaires au développement de la nouvelle trajectoire de développement pour la prochaine décennie.
Quels sont les réformes et les projets prioritaires retenus pour que le Gabon sorte de la crise d’ici 2023 et pour que sa trajectoire économique soit ascendante ?
De manière synthétique, je dirais que pour atteindre cet objectif global tridimensionnel poursuivi par le PAT, nous nous devons d’accélérer de nouveaux moteurs de croissance et de repenser notre modèle social pour préparer l’après pétrole. Trois objectifs stratégiques doivent être atteints.
Le premier consiste à actualiser les catalyseurs de développement. Il s’agit de remettre à niveau et d’améliorer notre réseau de transport multimodal en développant des routes de qualité, un chemin de fer et des ports sûrs et performants. Il est aussi indispensable de renforcer notre production en énergie et en eau afin qu’elle réponde aux besoins des ménages et des industries, de rendre plus attrayant notre environnement des affaires pour attirer davantage d’investisseurs, de moderniser l’organisation et le fonctionnement des services publics en accélérant la numérisation, mais aussi et avant tout, en améliorant leur gouvernance.
Le deuxième objectif stratégique vise à préparer les secteurs productifs de demain en gérant le déclin progressif du pétrole et en accompagnant la montée en puissance de nouveaux secteurs qui feront la prospérité de notre pays. L’accent sera mis sur le soutien au développement de plusieurs filières industrielles, notamment dans le manganèse, le fer et l’or ou le bâtiment et les travaux publics, et sur le développement de l’agriculture et de la pêche dans l’objectif de renforcer notre souveraineté alimentaire.
Enfin, le troisième objectif stratégique est celui de la création des conditions d’un nouveau pacte social fondé sur une contribution accrue du secteur privé à la réduction de l’exclusion sociale par une plus grande création d’emplois. La performance du système sanitaire doit être améliorée, de même que notre système social de redistribution grâce à la réforme de la gouvernance des caisses – Caisse nationale d’assurance maladie et de garantie sociale (CNAMGS) et Caisse nationale de sécurité sociale (CNSS) –, et à celle de l’Office pharmaceutique national, dans l’optique, notamment, de rendre le médicament disponible et accessible à moindre coût.
Quels sont les résultats attendus au terme de la mise en œuvre de ces projets ?
Comme je l’ai dit, l’objectif immédiat, à court terme, est de garantir un retour vers la croissance positive à fin 2023. À plus long terme, il s’agit de renforcer cette croissance pour engager le pays dans une nouvelle trajectoire de développement économique. Il faut créer les conditions d’une plus grande capacité de résilience de l’économie du pays face aux chocs extérieurs. Ces capacités de résilience proviendront de l’élargissement des secteurs qui produiront la richesse du pays demain, notamment le secteur hors pétrole.
En quoi le dispositif du PAT garantit-il une bonne exécution ?
Les projets et réformes prioritaires ont été confiés à des task-forces dans chaque secteur prioritaire. Une task-force est une force opérationnelle mise en place aux côtés d’un ministre, dont la mission est de préparer, suivre et rendre compte de l’exécution d’un projet, mais aussi de mener des missions d’appui et d’expertise lorsque cela s’avère nécessaire. L’originalité de ce dispositif est d’avoir institué au sein de chaque task-force des groupes de travail associant toutes les parties prenantes intervenant dans la réalisation du projet. La recherche de la participation de tous les acteurs et, si nécessaire, le consensus, interviennent très tôt dans le processus de préparation du projet. Les dossiers arrivent sur la table de décideurs déjà libérés d’éventuels blocages.
Comment le PAT est-il financé ?
Le PAT sera financé par trois sources : les ressources propres de l’État, les financements extérieurs et les partenariats public-privé (PPP). Fortement contrainte par le remboursement de la dette et les effets de la crise sanitaire qui a contribué à réduire nos recettes, la situation budgétaire de notre pays nous invite à plus de créativité dans la mobilisation des ressources susceptibles de financer notre développement. L’aspect positif de cette situation, c’est qu’aujourd’hui les deux tiers du financement du PAT sur la période 2021-2023, issus des financements extérieurs, sont disponibles et sécurisés.
Peut-on avoir une idée des principales avancées ?
Je ne pourrai pas passer en détail chacune des task-forces, car le travail qui s’y fait est colossal. Nous communiquerons dès que possible sur les premiers résultats, secteur par secteur. D’ores et déjà, au titre des avancées, il est intéressant de relever quant au pivot économique dans le secteur forestier qu’une dizaine de concessions forestières évoluant en marge de la loi ont été identifiées. Des sommes importantes dues à l’État du fait de situations fiscales illicites ont été évaluées. Les audits se poursuivent et de nombreuses exonérations seront suspendues par le Gouvernement. Dans le secteur pétrolier, l’engagement du président de la République de promouvoir la transparence dans la mobilisation des ressources des industries est en cours de mise en œuvre puisque le processus d’adhésion est bien engagé avec la création du groupe d’intérêt ITIE (Initiative pour la transparence des industries extractives). Dans le secteur immobilier, des chantiers de construction de logement arrêtés depuis 2015 ont été relancés. Concernant le pivot social, il faut saluer la mise en service du Centre multisectoriel de formation professionnelle de N’Kok, en attendant ceux de Mvengué et Tchengué en 2022. La réforme de l’Office national de l’emploi (ONE) est en cours d’achèvement et devrait permettre à l’État d’améliorer ses interventions dans le processus de création d’emplois pour nos jeunes compatriotes. L’adoption d’un nouveau code du travail est un signe de la prise en compte de cette problématique sociétale de premier plan par le Gouvernement.
Quant au secteur de la santé, l’Office pharmaceutique national (OPN) a été transformé en société d’État, ce qui devrait contribuer à améliorer ses performances de gestion pour rendre le médicament disponible et accessible à moindre coût. Dans le même sens, en vue de renforcer la prévention et les soins de santé primaire pour améliorer l’état de santé de la population, outre la confirmation de la qualité de la coopération entre Cuba et le Gabon qui s’est traduite par la mise à disposition par ce pays ami du Gabon de 162 professionnels de santé dans notre pays, 25 chantiers de réhabilitation et d’extension d’infrastructures de santé sont en cours d’exécution. Dans le secteur de l’éducation, le programme d’augmentation des capacités d’accueil des établissements d’accueil se poursuit. Des missions de contrôle sont sur le terrain à la demande du Premier ministre pour valider les premières étapes d’exécution des projets de réhabilitation et d’extension des structures existantes, mais aussi de construction de salles de classe. Dans le domaine des infrastructures, les discussions sur le lancement des travaux des chantiers routiers prioritaires et énergétiques s’intensifient. Dans le domaine de l’eau et de l’énergie, vous avez suivi l’inauguration par le président de la République de la nouvelle usine d’eau potable CIM Gabon, le 21 avril dernier.
le 14 septembre 2021
La Rédaction
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