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Interview OLA ENERGY GAGNE DES PARTS DE MARCHÉ

En février 2020, l’une des principales sociétés de distribution et de commercialisation de produits pétroliers en Afrique, OLA Energy Holding, a officiellement rebaptisé sa filiale Libya Oil Gabon (OiLibya) en « OLA Energy Gabon ». À travers cette nouvelle identité visuelle, avec pour slogan « prenons la route ensemble », les managers de la multinationale précisaient être en accord avec les nouveaux changements qui s’opéraient en Afrique. La volonté affirmée de ce groupe panafricain était d’offrir un meilleur service à sa clientèle en modernisant ses stations, en renforçant sa présence, en améliorant sa position sur le marché, en maintenant un investissement continu et régulier et en entretenant ses acquis. Ce virage a coûté plusieurs milliards de FCFA au groupe OLA Energy Holding. Aussi, afin de renforcer son image en tant qu’acteur moderne du secteur de l’énergie en Afrique, le groupe a progressivement changé l’apparence des 1200 stations-service de son réseau de distribution implantées dans 17 pays du continent avec un nouveau logo qui est une représentation stylisée de l’Afrique, continent qui façonne l’identité du groupe. La couleur bleue symbolise l’excellence et la qualité quant à l’orange, elle rappelle l’énergie et la vitalité, le tout traversé du Nord en Sud par une ligne blanche qui représente les routes sur lesquelles les clients sont servis au quotidien. Le fond blanc enfin souligne à nouveau la qualité et la clarté. Au Gabon, OLA Energy compte 27 stations-services réparties sur l’ensemble du territoire, dans lesquelles le personnel est facilement identifiable grâce à des uniformes aux couleurs du logo. Au travers son réseau de stations-services, OLA Energy Gabon distribue du carburant, des lubrifiants et du Gaz domestique. Elle a aussi doté certaines de ses stations d’une boutique appelée Marhaba. OLA Energy Gabon possède et gère deux dépôts de carburant situés à Port-Gentil et Ndjolé, un dépôt gaz et un dépôt lubrifiant à Owendo ainsi qu’un autre dépôt lubrifiant à Port-Gentil. À l’heure où le marché du pétrole connait des difficultés, nous sommes allés à la rencontre de Monsieur Mohamed Ali Amira, directeur Général de OLA Energy Gabon qui a bien voulu répondre à nos questions. Avec une expérience de presque deux ans à ce poste, dont une grande période marquée par une actualité liée à la crise sanitaire sans commune mesure et inscrite dans l’histoire du groupe, cet acteur économique de poids au Gabon nous rend compte des progrès opérés et observés.

Portrait de Mohamed Ali Amira

Âgé de 48 ans, marié et père de 3 enfants, Monsieur Mohamed Ali Amira est tunisien. Après son baccalauréat obtenu au sein du célèbre lycée pilote Bourguiba, il est parti au Maroc intégrer les classes préparatoires scientifiques dites « Math Sup/Math Spé ». Il a ensuite réussi avec brio le concours d’accès aux grandes écoles d’ingénieurs pour accéder à la prestigieuse École Mohammadia d’Ingénieurs où il a décroché le diplôme d’ingénieur en automatique et informatique industrielle en 1997. De retour dans son pays natal, il a immédiatement débuté sa carrière en rejoignant la société Mobil Oil Tunisie où il a occupé les postes d’ingénieur commercial, de coordinateur de la planification, puis de consultant sénior en affaires. Après la fusion avec Esso, et au sein de la nouvelle société ExxonMobil, il a pris en charge le service client jusqu’au rachat de la société par le groupe OiLibya en 2008. Dès lors, il fut chargé de la fonction audit interne et crédit puis nommé directeur commercial, avant d’être nommé responsable ventes industrielles et ensuite responsable lubrifiants au sein du groupe Ola Energy Holding. En août 2019, M. Amira a été nommé directeur général d’Ola Energy Gabon.

Échos de l’Éco : Monsieur Amira, à quelques mois près, vous êtes arrivé en pleine pandémie. Comment se porte Ola Energy Gabon ? Avez-vous gagné des parts de marché ?

Effectivement, j’ai intégré Ola Energy Gabon juste quelques mois avant que la covid-19 déferle et impacte toute l’économie mondiale. Personne ne pouvait prévoir un tel séisme, tant sur le plan sanitaire qu’économique. Le Gabon a subi de plein fouet les conséquences de sa dépendance à son écosystème et par voie de conséquence, nous aussi. Nous avons enregistré une chute drastique d’environ 50 % du chiffre d’affaires et même davantage sur le kérosène puisque les avions étaient cloués au sol. Or, nous fournissons un peu plus de 40 % des besoins de l’aviation. Au niveau de la distribution des autres produits pétroliers dans nos stations, l’impact fut aussi très important à cause du confinement. Cette crise n’a pas touché uniquement le volume, puisqu’en avril, le baril brut avait atteint la barre des 20 $! En ce qui nous concerne, par ricochet, nous avons subi la moins-value sur le stock, et ce sur toute l’année 2020. Ceci n’a pas d’incidence sur le prix à la pompe qui est bloqué, mais pour nous, distributeur de produits pétroliers, la valorisation des stocks étant corrélée aux estimations fixées à l’international, nous avons été touchés de plein fouet. Les répercussions de ce manque à gagner retardent de quelques mois les investissements destinés au développement de nos programmes. En revanche, cette situation ne nous a pas empêchés de gagner quelques parts de marché sur le segment gaz qui bénéficie d’une demande croissante de la part de la population gabonaise. Ce changement significatif des utilisateurs potentiels du gaz fait que nous portons une attention particulière à ce marché. En effet, une croissance de 5 % ne laisse pas indifférent. C’est ainsi qu’en 2019, nous gérions seulement 2 % du marché et qu’aujourd’hui nous en maîtrisons 7 %. Bien conscients que l’industrie pétrolière est en métamorphose totale, nous nous inscrivons dans cette vision et préparons cette mutation vers des énergies de plus en plus propres. Par ce biais, nous accompagnons Monsieur le président Ali Bongo Ondimba dont la volonté tend à modifier les modes de consommation en énergies par l’utilisation de LNG (gaz naturel liquéfié) pour réduire la consommation de carburant productrice de CO2 nocif à l’environnement. Il s’agit pour les exploitants et producteurs pétroliers de récupérer le gaz torché pour le transformer en gaz naturel liquéfié. Sans dévoiler notre stratégie, en notre qualité de distributeur, je peux déjà vous dire que nous travaillons ardemment sur ce sujet avec l’ensemble de nos équipes.

Quelles ont été les incidences causées par la covid-19 sur le plan financier et humain ?

Ola Energy a fait preuve de résilience en ne cédant pas à la facilité. Nous avons maintenu le niveau des embauches, nous ne sommes pas passés par des licenciements ni économiques, ni conjoncturels ni structurels et n’avons pas eu recours au chômage partiel. Mais nous avons mis en place une restructuration interne et redéfini les postes de nos collaborateurs, leur ouvrant ainsi d’autres horizons de développement. Ola Energy croit en l’avenir de son industrie et en son développement. Nous sommes convaincus de rétablir la balance économique dans les meilleurs délais.

Avant cette maudite crise, vous nous informiez être à la recherche de sites pour ouvrir de nouvelles stations. Qu’en est-il ?

Depuis mon arrivée au Gabon, trois stations-services ont été inaugurées, dont deux à Port-Gentil et une à Ntoum. À la rentrée, nous ouvrirons une station aux Charbonnages, dans le 1er arrondissement de Libreville. C’est à ce rythme que nous étendrons notre réseau sur l’ensemble du territoire. Dans le même temps, nous travaillons à la rénovation de nos stations en les habillant de notre nouveau logo, comme celle du PK7 qui a été intégralement reconstruite et modernisée.

Les accords qui vous lient à KFC sont-ils à la hauteur de vos attentes ? Ce service a-t-il attiré significativement une nouvelle clientèle ?

Les signatures des deux partenariats entre Ola Energy et Resto group, qui réunit KFC et Pizza Hut, ont été concrétisées au Gabon. Ainsi, fin 2019, la station-service Ola Energy Nomba a été la première à ouvrir un KFC. Comme toutes les autres activités commerciales, ce service a subi les effets négatifs du coronavirus. Cependant, nous avons rapidement activé un plan B et mis en place un service de livraison à domicile qui a eu pour conséquence de modérer la mauvaise influence économique. Ce partenariat est solide, fructueux, il répond à notre volonté de diversifier nos services pour satisfaire l’attente de notre clientèle. À ce jour, deux de nos stations sises à Libreville sont couplées avec ce service annexe. Progressivement, cette valeur ajoutée s’étendra sur bon nombre de nos stations.

Ola Energy n’est pas seulement un distributeur. Vous êtes aussi, au Gabon, entrepositaire d’une importante partie des stocks.

En effet, au même titre que la Société gabonaise d’entreposage de produits pétroliers (SGEPP) sise à Libreville, nous détenons effectivement le dépôt primaire de Port-Gentil et de Ndjolé. Le dépôt de Port-Gentil avoisine 35 % des besoins de produits blancs gabonais, ce qui correspond à environ 3 00000m3 /an. Ce dépôt dessert également ceux de Lambaréné et Ndjolé, ce dernier étant notre propriété.

Quels sont les moyens de paiement possibles dans les stations Ola Energy ?

Je vous remercie de me poser cette question. Depuis 2020, malgré la crise, nous avons mis en place un nouveau système de carte permettant des fonctionnalités à la réponse immédiate. En effet, dès que le paiement passe dans le TPE (terminal de paiement électronique), il est enregistré dans nos serveurs. Nos clients ont un accès sécurisé sur le site. C’est un contrôle infaillible qui les rassure et leur permet de gérer au mieux leur flotte automobile, où qu’ils soient, à l’instant T. Ces cartes peuvent aussi être personnalisées en étant étroitement liées à des puces. Simplement collées sur le parebrise, ces puces identifient précisément la consommation du véhicule considéré. Ainsi, plus de fraude ni de tricherie. Une autre innovation dans ce domaine : nous avons remplacé les bons matérialisés en papier par des bons digitaux. Il s’agit d’une carte jetable prépayée dans laquelle est intégrée une puce qui passe aussi par le TPE. Les pompistes de Ola Energy sont équipés d’un badge codé personnalisé. Il permet d’identifier chaque transaction réalisée par chacun de nos collaborateurs. Pour compléter cette panoplie, nous travaillons à un système de fidélisation que nous additionnerons à l’ensemble de nos services déjà opérationnels. Pour clore le sujet, nous pouvons annoncer la signature d’accords avec les opérateurs téléphoniques afin que nos clients puissent s’acquitter de leurs achats avec le système mobile money. Cette fonction sera activée dans les mois à venir. La digitalisation est omniprésente dans nos démarches et nos études. La preuve : dans le même ordre d’idées, nous finalisons l’automatisation du contrôle à distance des stocks, les entrées et les sorties de nos produits blancs dans nos stations-service.

Avec combien de collaborateurs travaillez-vous ? Quelle est la répartition des genres ?

Nous comptons une centaine de collaborateurs dont une quinzaine de stagiaires, que nous formons tout au long d’une année dans nos différentes structures. En considérant l’ensemble des stations, les sociétés de transport et les sociétés de services annexes, Ola Energy fournit environ 1000 emplois directs et indirects. Au siège, nous travaillons avec 1/3 de femmes pour 2/3 d’hommes.

Quelle est votre politique en termes de formation ?

Nous avons initié deux types de formations : la formation en développement personnel et la formation fonctionnelle. Par ailleurs, à la suite des nombreuses restrictions de déplacement, le groupe a initié des formations en ligne organisées par un cabinet international. Ainsi, certaines formations sont gérées par le groupe, d’autres restent locales. Nous sommes une entreprise citoyenne reconnue à cet effet. Nos métiers couvrent une gamme de services et dans chacun d’eux, une large part est relative à la sécurité au regard de la dangerosité des produits que nous manipulons. Ne serait-ce que sur ce pan, nous nous devons d’entretenir les acquis en dispensant des formations continues et spécifiques selon leur spécialité.

Quel est le « business model » que vous appliquez dans vos stations ?

Il s’agit de gérance libre. Nous sommes propriétaires fonciers de certains terrains sur lesquels sont édifiées des stations. Dans ce cas, nous louons les stations concernées pour y développer une gérance libre. Cela implique des critères de respect d’une charte composée d’obligations mutuelles, similaires à une franchise.

Votre secteur d’activité est réputé pour impacter négativement nos eaux et même la planète. Quels sont vos investissements et vos actions en faveur du développement durable ?

Oui, notre investissement à cet égard est primordial et nos engagements et orientations vers les énergies propres ne sont pas des moindres. Dans ce contexte nous promouvons notre nouveau carburant O’ptimium dans lequel nous avons, à nos frais, ajouté un additif aux multiples vertus. La détergence d’un moteur le rend moins énergivore et aide à une durée de vie supérieure. Par ailleurs et avant la fin de cette année, trois de nos stations pilotes fonctionneront à l’énergie solaire. L’électrification solaire de toutes nos stations-service sera effective d’ici fin 2023 aux fins d’une autonomisation de chacune d’elles. Dans un autre registre, j’encourage nos clients à déposer leurs bouteilles et autres bidons plastiques dans les récupérateurs que nous mettons à disposition dans chacune de nos stations. Bien entendu, la récupération et le traitement de nos huiles usagées sont confiés à des professionnels pour qu’aucun de ces produits ne soit retrouvé dans la nature.

 

le 13 juillet 2021

Propos recueillis par : L'équipe du ECE

Ola Energy,


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