Créée par le décret n° 0227/PR/MIMT du 23 juin 2014, l’Agence gabonaise de normalisation (AGANOR) est un établissement public à caractère administratif placé sous la tutelle du ministère chargé du Commerce, des Petites et Moyennes Entreprises, et de l’Industrie. Elle est dotée d’une personnalité juridique et jouit d’une autonomie de gestion administrative et financière. Elle est chargée de mettre en œuvre la politique du gouvernement en matière d’infrastructure qualité, à savoir la normalisation, l’évaluation de la conformité, la métrologie et la promotion de la qualité. Tout ceci en liaison avec les administrations et les organismes concernés. Dans le domaine de la normalisation, elle élabore les normes, réalise des études d’opportunités, programme, homologue, édite et diffuse les normes gabonaises. Dans celui de l’évaluation de la conformité, elle certifie, gère la marque nationale de conformité et les labels et assure la surveillance des marchés. Pour ce qui concerne la promotion de la qualité, elle forme, sensibilise et accompagne les entreprises gabonaises à la démarche qualité. Enfin, en matière de métrologie, elle vérifie les instruments de mesure, de pesage et d’étalonnage.
Né le 6 septembre 1974 à Akiéni dans la province du Haut-Ogooué, Monsieur Abdu Razzaq Guy Kambogo, actuel directeur général de l’Aganor, a derrière lui un long et honorable parcours au sein de l’administration gabonaise. Il a occupé les hautes fonctions d’ambassadeur extraordinaire et plénipotentiaire, haut représentant de la République gabonaise près le Royaume du Maroc puis celle de ministre des Affaires étrangères de la Coopération internationale, de l’Intégration régionale, de la Francophonie, et des Gabonais de l’étranger. En matière de distinctions honorifiques, il a été fait chevalier de l’ordre du Mérite gabonais en août 2010 avant de recevoir le grand cordon du Wissam alaouite par S.M. le roi Mohammed VI.
Échos de l’Éco : Aujourd’hui, nous entendons parler du Programme Gabonais d'Évaluation de la Conformité (PROGEC). En quoi consiste ce programme et quels sont les objectifs poursuivis ?
Le Programme Gabonais d'Évaluation de la Conformité n’est pas propre à notre pays, il est d’entrée important de le rappeler. Au Maroc nous parlons du Programme de vérification de conformité (PVOC), au Cameroun du Programme d’Évaluation de la Conformité Avant Embarquement (PECAE). Pour ce qui est du PROGEC, le programme vérifie que les produits réglementés au Gabon, en provenance des différents pays exportateurs respectent les exigences de qualité et de sécurité des normes internationales afin que ces produits ne puissent pas présenter de danger pour le consommateur gabonais. Le PROGEC poursuit quatre objectifs principaux. D’abord la protection et la sécurité des consommateurs contre les produits ne respectant pas les normes internationales ou nationales. Ce premier point est l’une de nos priorités. Ensuite, la protection de l’environnement contre les produits dangereux et polluants, notamment au regard des phénomènes qui participent à l’augmentation de la concentration de gaz à effet de serre dans l’atmosphère. Puis, la protection des opérateurs économiques nationaux contre la concurrence déloyale. Enfin, la facilitation de l’accès aux marchés internationaux des produits locaux, qui est notre défi de l’heure.
Dans le cadre du PROGEC, vous avez délivré 39 928 certificats de conformité et stoppé 1492 produits non conformes. Sur quelles normes et quelles procédures vous appuyez-vous pour étudier ces produits ?
Les normes de base sont celles certifiées à l’international portant notamment le référentiel ISO qui intègre tous les processus de certification des produits utilisés sur le marché. Le Gabon utilise aussi son propre référentiel au travers des normes gabonaise en abrégé (NGA). L’ensemble des produits importés doit répondre aux normes requises. Ces contrôles s’effectuent avant l’embarquement et concernent notamment : les matériaux électriques, électroniques, l’électroménager, les jouets et les matériaux de construction, etc. C'est le cas du ciment particulièrement délicat parce que composé de différents agents chimiques. Tous sont catégorisés et entrent dans l’un des 34 HS codes douaniers de la nomenclature internationale. À l’AGANOR, nous sommes mandatés pour inspecter certains produits qui nécessitent d’être testés en laboratoire. Dans ce cas, nous prélevons et envoyons l’échantillon dans un laboratoire agréé qui nous permet de délivrer, ou non, un certificat de conformité. Les produits stoppés, au nombre de 1492 comme vous l’avez rappelé, sont bien entendu des copies qui présentent un danger à l’utilisation ou à la consommation. Lorsqu’il s’agit d’un produit alimentaire, l’AGASA (Agence gabonaise de sécurité alimentaire) prend le relai.
Vous considérez que le développement est tributaire de l’infrastructure qualité, système contribuant à atteindre les objectifs fixés en matière de politiques publiques, notamment dans des secteurs stratégiques tels que le développement industriel, la compétitivité sur les marchés internationaux, l’utilisation rationnelle des ressources naturelles et humaines, la sécurité sanitaire des aliments, la santé, l’environnement, etc. Quelles méthodes employez-vous pour définir les lois appropriées à chaque secteur ? Pouvez-vous nous citer quelques exemples ?
Permettez-moi de développer le plus précisément possible les multiples activités et les responsabilités qu’assume l’AGANOR. Nos quatre missions principales sont qualifiées de piliers de l’infrastructure qualité. Il s’agit de la normalisation, l’évaluation de la conformité, la métrologie et la promotion de la qualité. Concernant la normalisation, il s’agit pour l’AGANOR de doter le Gabon d’une couverture normative suffisante susceptible de couvrir l’ensemble des secteurs, qu’ils soient privés ou publics. L'Organisation Africaine de Normalisation (ORAN) a réalisé une étude en 2017 et en 2020. Cette étude est significative. Elle révèle que les pays africains les plus dynamiques sont ceux qui détiennent une infrastructure qualité. Le Gabon est classé à la 33e place. La corrélation étant établie, nous en déduisons que l’infrastructure qualité ne peut être dissociée de la performance économique. En conséquence, il faut que les produits mis sur le marché soient de qualité pour être exportables et la qualité suppose que ces produits répondent aux normes en étant certifiés. L’AGANOR est membre de l’ISO : Organisation Internationale de Normalisation. En tant que membre, nous participons à l’élaboration des normes internationales. Elles sont suivies par l’ensemble des partenaires de l’ISO lorsqu’elles sont adoptées à l’international. Celles-ci sont utilisées en l’état, mais peuvent être travaillées pour être adaptées au niveau local. Il existe différents organismes normatifs spécifiques à chaque pays (AFNOR-France, BNQ-Canada, ANOR-Cameroun…), sur lesquels nous pouvons nous appuyer pour référencer certains produits ou processus. La coopération avec ces multiples institutions qui nous accompagnent est particulièrement fructueuse. La métrologie, quant à elle, est essentielle et indispensable pour fiabiliser les échanges au moyen des instruments de mesures. À cet égard, tout détenteur d’un instrument de mesure, qu’il s’agisse d’engins de pesage, de bascules, de balances, de cuves, de barges… se doit de solliciter l’AGANOR pour que nos agents valident la conformité des matériaux acquis et utilisés. Il s’agit de la vérification primitive qui consiste à vérifier la norme adoptée, à étalonner l’appareil et à le tracer. La métrologie est présente partout, y compris dans les milieux médicaux avec les éprouvettes, les thermomètres, les pèse-personnes, les règles etc. Tous ces appareils doivent faire l’objet d’un suivi permanent et nos agents sont chargés de vérifier la justesse de ces instruments durant toute leur durée d'utilisation. Leurs visites peuvent être inopinées ou programmées. Quant à l’évaluation de la conformité, elle vise à performer le résultat de la production et des services, donc à garantir la qualité des produits et des ouvrages. C'est l'occasion de préciser par ailleurs que la certification de la conformité repose sur la norme. Dès que la norme est adoptée, elle doit être certifiée par un organisme agréé. La chaîne de valeur doit être respectée depuis sa création jusqu’à l’audit. Concernant la promotion de la qualité, l’AGANOR gère une structure locale tenue par des agents à la disposition des opérateurs économiques qui souhaitent obtenir le label ISO 9001 (management). En effet, l’AGANOR accompagne les entreprises pour qu’elles s’approprient les référentiels et répondent aux exigences imposées par l’auditeur susceptible de décerner la certification.
Selon vous, quelle est l’activité sectorielle la plus complexe à encadrer et pourquoi ?
Bien que la norme concerne l’ensemble des secteurs, le domaine des activités libérales est le plus difficile à encadrer, parce qu’il s’agit là de la gestion et de la normalisation d’actes commis par des hommes. La considération des problématiques à régler n’est pas fondée sur les mêmes mesures.
Revenons un instant sur le PROGEC, les acteurs de la Confédération Patronale Gabonaise (CPG) déplorent que certains contrôles et analyses reposent sur des mandataires internationaux. Ils souhaitent que l’Aganor s’équipe de laboratoires pour remplir ces différentes missions. Qu’en est-il ?
Il est utile de rappeler que dans le cadre de la mise en œuvre du Programme gabonais d’évaluation de la conformité, l’AGANOR travaille avec quatre mandataires, en l’occurrence Bureau Veritas, SGS, Cotecna et Intertek. La question de l’urgence des laboratoires a été longuement discutée. Elle n’est pas uniquement du ressort de l’AGANOR, c’est une responsabilité partagée et fondée qui a trouvé écho auprès des mandataires. Les laboratoires sont indispensables pour étudier, disséquer et analyser tous les produits nécessitant une expertise de l’AGANOR. Nous considérons que les investissements inhérents à ces laboratoires doivent être partagés et pourquoi pas dans la création d’un partenariat public-privé pour encadrer un financement collaboratif.
Quels sont les défis auxquels fait face notre pays dans le cadre de la mise en œuvre de la Zlecaf ?
L’entrée en vigueur de la Zlecaf pose principalement quatre défis à notre pays : ceux de la mise à niveau, de l’accompagnement, de la protection et du développement. Pour ce qui est de la mise à niveau, l’ORAN a harmonisé 1308 normes. Étant membre de la Zlecaf, il nous faudra adopter toutes les normes des produits prioritaires. Nous avons le devoir d’accompagner les entreprises gabonaises à la compétitivité au travers d’un plan d’appui à la démarche qualité et à la certification des produits gabonais destinés au marché local et à l’exportation. Nous nous devons aussi de protéger les consommateurs et les entreprises locales par la certification des produits. En matière de développement, notre mission est de renforcer l’infrastructure qualité du Gabon par des laboratoires.
Quelles perspectives pour 2021 ?
Nous avons plusieurs chantiers en cours. Celui des laboratoires figure au rang des chantiers prioritaires. En 2020, nous avons ouvert deux délégations régionales. Celle du Haut Ogooué – Ogooué Lolo et celle de l’Ogooué maritime que nous allons inaugurer très bientôt. Nous allons juger de l’opportunité d’ouvrir de nouvelles délégations en commençant par le Woleu-Ntem. L’urbanisation croissante de Libreville ne devrait pas nous faire oublier les populations vivant dans les provinces. Pour ce qui est de la normalisation, nous avons actuellement cinq comités techniques qui déboucheront sur l’adoption de plusieurs normes dans des secteurs variés. Nous avons l’ambition de lancer huit comités techniques supplémentaires pour une plus grande couverture normative. Par ailleurs, la conformité aux normes doit être vérifiée ; d'où l'ouverture de la surveillance du marché cette année. En outre, nous sommes actuellement sur le projet de digitalisation de nos services en commençant par la direction de l’Évaluation de la conformité. Cela nous permettra de dématérialiser les informations et les contenus pour offrir de meilleurs services ainsi que de répondre à l’ensemble des défis précédemment évoqués avec l’entrée en vigueur de la Zlecaf.
le 28 mai 2021
Propos recueillis par: L'équipe du ECE
AGANOR, Zlecaf, Economie
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