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Interview LE GROUPE BGFIBank FÊTE SON CINQUANTENAIRE

L’histoire du Groupe BGFIBank mérite d’être narrée pour encore mieux la définir. La BGFIBank fut créée en 1971 au Gabon en tant que filiale de la Banque de Paris et des Pays-Bas, sous la dénomination de Banque de Paris et des Pays-Bas Gabon. À l’heure où le boom économique lié à l’exploitation du pétrole est à son apogée, plusieurs agences ouvrent dans les principaux centres urbains, avant que l’établissement ne prenne la dénomination de Banque Paribas Gabon. En 1996, la Banque de Paribas se désengage du Gabon. Avec l’entrée au capital des investisseurs privés nationaux, la banque prend alors la dénomination de Banque gabonaise et française internationale (BGFI). Les années 2000 sont marquées par son internationalisation : Congo, Guinée équatoriale, France, Madagascar, Bénin, Cameroun, République démocratique du Congo, Côte d’Ivoire, Sénégal et Sao Tomé-et-Principe. Cette stratégie de développement à l’international a amené la banque à prendre la dénomination de BGFIBank, simple et prononçable en français, anglais, espagnol et portugais. En 2010, le Groupe se restructure : les activités bancaires ont été extraites de la holding, anciennement nommée BGFIBank SA, et transférées à BGFIBank Gabon créée la même année. 2021 marque le cinquantième anniversaire de ce Groupe qui a su se diversifier et s’investir dans différents métiers : la banque avec les filiales BGFIBank, les services financiers spécialisés et assurances avec BGFICapital, BGFIBourse et Finatra, les assurances avec Assinco, la microfinance avec Loxia, BGFI Service chargé de l’infogérance du Groupe, et enfin la formation avec l’école supérieure de la banque BBS (BGFI Business School). Le Groupe BGFIBank, c’est aussi une forte implication en matière de RSE dans l’ensemble de ses pays d’implantation avec la Fondation BGFIBank.

Né le 4 décembre 1956 à Franceville (Gabon), Monsieur Henri-Claude Oyima, est diplômé de l’American university de Washington DC où il a obtenu un bachelor en sciences des administrations et un master en banque. Cet homme aux multiples casquettes officie aujourd’hui aux plus hauts postes de plusieurs institutions. Nommé directeur général en juin 1985, puis administrateur et directeur général en 1996, président directeur général depuis 2012, il tient les rênes de la première banque de la zone Cemac. Il assume la présidence de la BVMAC depuis juillet 2019. La rédaction des Échos de l’Éco se réjouit de partager davantage d’informations avec vous grâce à la confiance témoignée par le Groupe BGFIBank

ÉCHOS DE L’ÉCO : Président, selon vous qui êtes la mémoire du Groupe BGFIBank, quelles sont les dates les plus marquantes de son histoire ? Est-ce le bilan de 1989 qui vous a contraint à vous séparer d’une partie de votre effectif pour adopter une conduite drastique dans l’objectif de redresser la barre, la dévaluation du franc CFA en 1994 ou autres ?

Vous avez, à juste titre, évoqué ces dates dans votre préambule. C’est en 1996 que nous avons franchi un des premiers caps importants de notre histoire. Cette date marque notre indépendance lorsque la banque Paribas se désengage du Gabon. Des investisseurs privés et étatiques nationaux entrent dans le capital, nous changeons de dénomination et adoptons le sigle BGFI que nous décidons de garder malgré sa signification (Banque gabonaise et française internationale) qui n’est plus d’actualité puisque la France n’a plus, aujourd’hui, d’intérêts capitalistiques directs. L’année 2000 fut cruciale. Le Groupe BGFIBank ouvre sa première succursale hors des frontières gabonaises, à Brazzaville, en République du Congo. Elle reprend les locaux et une large part de la clientèle de la French Intercontinental Bank (Fiba), sans pour autant reprendre cette dernière. C’est le début de l’ouverture à l’internationalisation. Cette étape est personnifiée par la dynamique commerciale insufflée, en attachant une importance particulière à la gestion informatique qui a été sensiblement renforcée. Elle marquera aussi de son empreinte le développement des ressources humaines par l’engagement progressif et la formation de cadres gabonais. 2010 signe l’heure d’une restructuration et d’une identification différente qui distingue les entités. La maison mère BGFIBank SA devient BGFI Holding Corporation. Les activités bancaires du Gabon sont détachées et transférées à BGFIBank Gabon qui reste détenue à hauteur de 100 % par BGFI Holding Corporation

2021, le Groupe BGFIBank est représenté dans 10 pays panafricains et en Europe. Sauf si cette question est trop indiscrète, quels sont les faits qui ont, à titre personnel, particulièrement marqué votre carrière ?

C’est évidemment la date de ma nomination. J’ai seulement 28 ans lorsqu’on me nomme directeur général adjoint puis directeur de la banque Paribas. Bientôt 37 années que je me voue avec une passion non dissimulée à l’évolution de ce Groupe panafricain devenu multi-métiers et multi-pays en cinquante années d’existence.

Malgré la traversée de nombreuses crises dues à différentes raisons, BGFIBank est toujours restée leader. Comment l’expliquez-vous ?

Le Groupe travaille selon des plans stratégiques quinquennaux approuvés par les conseils d’administration. Dans cette dynamique, nous intégrons différents défis majeurs : juridiques, réglementaires, économiques et humains. En fait, la maîtrise des risques, la protection de l’environnement, l’éthique et la déontologie sont au cœur de nos fondamentaux qui structurent nos plans stratégiques. Notre stratégie de développement est donc fondée sur la conformité organisée au sein d’une direction qui veille au respect des lois, des règlements et des principes déontologiques spécifiques aux activités bancaires et aux services d’investissements exercés par le Group.

BGFIBank-Gabon

Monsieur Oyima, dans l’un de vos éditoriaux, vous avez déclaré au sujet de la pandémie de Covid-19 que « l’Afrique ne doit pas rester sur des questionnements et des réflexions ». Pour ma part, j’ai l’intime conviction que cette crise pourrait être à l’origine d’innovations et de solutions parmi les plus originales. Quelles clés proposez-vous ?

Je pense que les grandes crises mondiales préfigurent toujours un monde nouveau au sein duquel l’Afrique se doit de faire sa place en tant que continent moteur et leader, à juste titre. Je souhaite ardemment que nous cessions de penser que les solutions viennent d’ailleurs. Notre prospérité ne tient qu’à nous. Nous avons su, en toute indépendance, sans Groupe de référence, nous réinventer, nous réadapter et nous réorganiser. Nous gérons cette pandémie avec responsabilité et nous appliquons nos propres méthodes pour répondre à nos propres besoins en commençant à bâtir des modèles conformes aux aspirations de nos peuples.

Concernant les taux d’intérêts appliqués en Afrique centrale, qui sont un réel frein à l’investissement notamment pour les PME, comment expliquez-vous le caractère stagnant de ces taux jugés trop élevés ?

Je considère que le développement d’une affaire ne peut être bloqué par un taux d’intérêt. Les taux d’intérêt ne représentent donc pas un frein à partir du moment où la maîtrise du projet est assurée. Autrement dit, la réussite d’un projet ne dépend pas des taux d’intérêt mais plutôt de sa bonne structuration. Un projet doit être structuré en considérant les taux applicables. Tout projet doit être étudié et consolidé en réservant des marges suffisantes qui garantiront sa viabilité. Je rappelle souvent qu’une banque est une entreprise et que son objectif prioritaire est la rentabilité. Les banques que nous sommes ne sont pas sans fonds et nos ressources ne sont pas inépuisables. Comme toute entreprise, nous devons équilibrer nos comptes d’exploitation. Notre vrai métier est de vendre du crédit, nous achetons de l’argent et nous vendons du crédit au meilleur taux. Notre intérêt est l’intérêt du client.

En février 2020, la BGFI de la RDC est certifiée AML 30000. Cette distinction couronne cette entité qui répond aux normes internationales conçues pour lutter contre le blanchiment des capitaux et le financement du terrorisme. Quelles sont les exigences requises pour être gratifié de ce sésame ?

Je soulignais précédemment que la BGFI est en perpétuelle recherche de l’excellence, celle de nos services, de nos collaborateurs et de nos process. C’est notre idéal. Depuis 2002, le Groupe est entré dans un processus de matérialisation pour obtenir ce qualificatif par la certification ISO 9001. Cette norme correspond aux process, au respect des contraintes auxquelles il faut répondre pour être qualifié d’excellent. BGFI Gabon a été la première filiale à être certifiée en 2005. Depuis, toutes les autres le sont et certaines ont la gratification de la certification version 2015 (le Congo-Brazzaville, le Cameroun, le Bénin, la Côte d’Ivoire et le Gabon). À présent, nous œuvrons pour obtenir la certification correspondant à la conformité, appelée AML 30000*. Cette certification vient saluer l’engagement du Groupe BGFIBank en matière de lutte contre le blanchiment d’argent et le financement du terrorisme, et rassurer nos clients, correspondants et partenaires internationaux. Nous avons pris la décision d’entamer ce processus avec notre filiale RDC, car l’économie y est « dollarisée » et donc à forte dimension internationale, notamment en lien naturel avec les États-Unis. Ce label de référence nous permet d’envoyer un message fort et d’engager une certification à l’échelle de l’ensemble des filiales du Groupe BGFIBank. C’est notamment dans cette optique que BGFIBank Côte d’Ivoire a obtenu le renouvellement de la certification qualité et le maintien de la notation financière A+ISO 9001-2015. Cette dernière confirme la capacité de notre organisation à fournir des produits et services conformes aux exigences de nos clients ainsi qu’aux exigences légales et réglementaires applicables. *Mise en place en 2017, la norme AML 30000 est l’une des certifications financières internationales les plus rigoureuses ainsi que la première à être spécifiquement adaptée à la lutte contre le blanchiment d’argent et le financement du terrorisme.

Concernant l’avenir, vous lancez un plan stratégique 2021 > 2025. Quels sont les fondamentaux de ces prospectives ?

Ce plan stratégique quinquennal nous l’avons baptisé « Dynamique 2025 ». Il est le successeur logique du précédent appelé « Excellence 2020 » lui-même ayant succédé à « Cap 2015 » et « Ambition 2010 ». Ces plans stratégiques ont pour objectif de mettre en musique tous les dispositifs dans une logique de développement du Groupe. « Dynamique 2025 » aura pour vocation le renforcement de la croissance et de la performance du Groupe BGFIBank. Pour permettre le développement harmonisé, la garantie d’une bonne comptabilité, la maîtrise des risques et donc la pérennité du Groupe, le projet d’entreprise est structuré autour de 5 piliers. Le premier pilier stratégique concerne la gouvernance du Groupe. Cette gouvernance, nous souhaitons la renforcer, l’adapter aux circonstances du moment (par ex. Covid-19) afin de disposer des meilleurs mécanismes qui nous permettront d’asseoir notre développement. Le deuxième pilier, c’est le capital humain, un capital humain qui puisse correspondre aux enjeux de notre époque. C’est la raison pour laquelle, en 2008, nous avons créé BBS, une école supérieure de la banque. Dans cet établissement, les apprenants suivent une formation dans les domaines particuliers de la banque, de la finance et du management des entreprises. Cette école est reconnue d’utilité publique par les autorités gabonaises. Le troisième pilier implique la gestion et la garantie de nos ressources. Nous devons continuellement rassurer nos clients sur la bonne gestion de leurs dépôts. Il s’agit de développer le portefeuille de la clientèle entreprises par le placement de produits et la collecte des dépôts. S’ensuivent les propositions de crédit conformément aux objectifs annuels, à la stratégie de la banque et au respect des procédures en vigueur. La maîtrise des risques incarne ce quatrième pilier. Le risque fait partie de l’ensemble de nos activités à travers la multitude des métiers du Groupe BGFIBank, mais nous avons la responsabilité d’en assurer la maîtrise. Ces quatre piliers permettent ainsi la matérialisation du cinquième pilier qu’est le développement du Groupe. Par développement du Groupe, nous entendons développement pays, développement métiers et développement produits afin d’assurer le renforcement des économies locales dans lesquelles nous évoluons à travers le continent africain.

Monsieur Oyima, votre vision générale de vos projets d’avenir nous fait penser que, selon vous, la Covid-19 et ses conséquences sont derrière nous et ne nous impactent pas plus que cela.

Depuis l’annonce de cette pandémie, nous avons créé deux comités. L’un est chargé de la sauvegarde des actifs et l’autre travaille à la gestion des opportunités. L’histoire prouve qu’après chaque crise le meilleur est à venir. Nous gérons une crise comme une opportunité et nos résultats 2020, supérieurs aux estimations et à ceux de 2019, prouvent le bien-fondé de cette politique d’entreprise. Pour le Groupe BGFIBank, cette période valorise avant tout l’implication et le dévouement des collaborateurs et de l’ensemble de nos parties prenantes. Dans le sillage de notre recherche perpétuelle d’excellence, nous avons su répondre présents face aux enjeux et défis d’un contexte social, économique et réglementaire des plus exigeants. La qualité des chiffres de notre avis financier 2020 a été rendue possible par notre mobilisation au service d’un projet commun, soutenu par les valeurs du Groupe que sont le travail, l’intégrité, la transparence, la responsabilité et surtout, l’esprit d’équipe. C’est en ce sens que notre projet d’entreprise « Excellence 2020 », porté par ses 4 axes fondamentaux, – excellence commerciale, excellence humaine, excellence organisationnelle et excellence prévisionnelle –, nous a permis d’atteindre les objectifs de performance que nous nous étions fixés pour hisser notre Groupe dans le peloton de tête des Groupes bancaires et financiers leaders du continent africain. Comme je l’expliquais, le contexte pandémique continental et international lié à la Covid-19 ne doit pas être un frein pour l’année à venir, comme il ne l’a pas été pour l’année passée. Malgré son lot de difficultés, continuons de voir cette période comme une occasion supplémentaire de nous réinventer.

En 1985, la BGFI comptait 80 employés. 35 ans après, combien de collaborateurs composent l’effectif de la BGFI Holding ?

Nous comptons près de 2 300 collaborateurs répartis en 20 sociétés à travers 11 pays, qui contribuent activement à l’avenir du Groupe BGFIBank.

le 6 mai 2021

Propos recueillis par : L'équipe

BGFIBank, Banque, Economie, Cinquantenaire BGFIBank


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