En janvier 2021, l’exécutif avait évalué le budget nécessaire à la mise en œuvre du Plan d’accélération de la transformation à 3 000 mds de FCFA. Début mars 2022, des matinées ont été organisées par le Gouvernement pour dresser le bilan à mi-parcours. La répartition de ces sommes est évaluée par secteur et articulée selon trois pivots principaux : l’économie, le social et transverse. Grâce à la contribution de Monsieur Yves Sylvain Moussavou, Les Échos de l’Éco dressent ici une synthèse des résultats déjà acquis et précisent les objectifs à atteindre.
Échos de l’Éco : Monsieur le Secrétaire exécutif, le Plan d’accélération de la transformation a été initié en 2021. Quel est le bilan de la première année de sa mise en œuvre ?
Secrétaire exécutif : Le Plan d’accélération de la transformation (PAT) est un ensemble de réformes et de projets retenus à partir du Plan stratégique Gabon émergent (PSGE) pour relancer l’activité économique et sociale dans un contexte marqué par la crise sanitaire mondiale de la covid-19 qui a eu des effets négatifs dans tous les secteurs de l’économie, et même de la vie. Le PAT est une recontextualisation du PSGE. Son ambition est de donner « un coup de pouce » décisif à certaines réformes et projets ayant présenté un potentiel de transformation pour asseoir les fondements du nouveau modèle de développement du pays et sortir de la dépendance du pétrole. Je ne vous apprends rien en vous disant que le pétrole pèse encore pour 33 % dans la formation du PIB du pays et contribue à hauteur de 35% aux recettes fiscales collectées dans le cadre du budget de l’État. À chaque baisse significative des cours du baril du pétrole, de nombreux secteurs de l’économie en subissent l’impact, des projets de développement sont ralentis, voire suspendus, du fait de la réduction des capacités de financement de l’État. De plus, ce modèle de développement s’appuyant sur le pétrole n’a pas eu d’effet d’entraînement significatif sur d’autres secteurs et sur l’emploi. 60 % des produits alimentaires sont importés. Le marché de l’emploi est dominé par l’emploi public qui représente 56 % du marché global. En outre, ce modèle n’a pas favorisé la réduction des inégalités sociales : malgré un volontarisme affiché ces dernières années, les politiques publiques de redistribution n’ont pas réussi à faire baisser le taux de pauvreté qui reste supérieur à 30 % depuis 2005.
Deux constats importants ont été faits ces dernières années. Premièrement, l’économie gabonaise devient de plus en plus résiliente du fait du dynamisme du secteur hors pétrole, porté par les mines et surtout le bois, dopé par la décision historique, en 2010, d'interdire l’exportation des grumes pour favoriser une transformation locale de la ressource. Lors de la crise pétrolière de 2015, l’effondrement des recettes publiques aurait été plus massif si le secteur hors pétrole n’avait pas réduit le choc. En effet, alors que les recettes pétrolières avaient chuté de 68 %, celles du secteur hors pétrole n’avaient baissé que de 21 %, constituant tout de même 70 % des recettes publiques collectées, soit un peu plus 1 001 mds de FCFA sur les 1 424 mds collectés en 2016. Ce secteur a été très dynamique, puisque la croissance moyenne annuelle du PIB entre 2015 et 2019 se situe entre 10 et 15 %. C’est donc notamment pour amplifier, renforcer ce mouvement, et réduire le poids des hydrocarbures dans la création de la richesse nationale à l’horizon 2025 que le PAT a été mis en place. L’économiste français Jacques Attali nous le rappelle : « L’histoire de l’humanité s’écrit et se réécrit comme un livre. Elle est faite de mémoire et d’intuition ».
L’objectif global du PAT est de capitaliser ces enseignements pour aller un peu plus vite dans l’action de réforme et de mise en place de projets structurants pour créer les conditions d’un pays moins vulnérable à la volatilité de sa ressource première qu’est le pétrole. Il s’agit également, à travers cette politique, de repenser le modèle de redistribution en apportant des réponses plus volontaristes aux facteurs de vulnérabilité et d’exclusion sociale : il faut créer et former en fonction des besoins des entreprises et de l’économie, promouvoir l’égalité homme/femme, privilégier la prévention et les soins de santé primaire, mieux prendre en charge la santé de la mère et de l’enfant, généraliser l’accès à l’eau potable, à l’électricité et à un logement décent, et assainir le mode de fonctionnement des organismes de protection sociale de l’État. C’est là toute la philosophie de développement du pays depuis 2009.
Qu’a fait le Gouvernement en ce sens depuis que le PAT a été mis en place en janvier 2021 ?
Des réformes importantes ont été conduites sur le plan économique. Dans le secteur pétrolier, qui demeure encore le poumon de notre économie, le décret sur le contenu local devrait améliorer le potentiel de ruissellement de ce secteur. En effet, il s’agit clairement, à travers ce texte, de favoriser ceux de nos compatriotes qui ont une expertise dans ce domaine, qui y ont investi ou souhaitent investir, et de les traiter de manière préférentielle dans le cadre des marchés de sous-traitance. Le dispositif invite les entreprises du secteur pétrolier à s’impliquer davantage dans l’amélioration des conditions de vie des communautés locales. Dans le secteur minier, l’engagement de la Compagnie minière de l’Ogooué (Comilog) dans la réalisation de certaines infrastructures de base dans le cadre de la responsabilité sociétale d’entreprise (RSE) est un exemple qu’il convient de saluer, de soutenir, d’affiner et d’amplifier.
En octobre 2021, le Gabon est redevenu membre de l’Initiative pour la transparence des industries extractives (ITIE). En adhérant aux principes et à la norme ITIE, le Gouvernement s’est engagé à œuvrer en faveur de la transparence des opérations dans le secteur pétrolier, et, incidemment, à contribuer à accroître les revenus fiscaux dans ce secteur. D’ailleurs, comme vous le savez, la PID/PIH est comptabilisée depuis 2021 au titre des ressources internes dans la loi de finances.
Plusieurs actions ont été conduites dans le secteur gazier, à partir duquel le Gouvernement souhaite diversifier la filière pétrole. Un audit des réserves et des ressources de gaz pour tous les champs du Gabon a été́ effectué avec l’appui du cabinet de conseil pétrolier Gaffney Clyne. Les réserves recouvrables fixées ont été́ estimées à 133 mds de m3 de gaz naturel. Exploité de manière marginale il y a quelques années, ou simplement détruit par torchage, le gaz naturel doit être valorisé et monétisé. Cette ressource permet aujourd’hui d’alimenter des centrales thermiques de production d’électricité́ à Libreville et Port-Gentil. L’ambition est donc d’aller plus loin dans son exploitation.
Pour cela, le gaspillage de la ressource doit être proscrit. Dès 2010, le torchage du gaz associé a été interdit. Cet engagement a été réaffirmé en 2021 par la signature d’un accord avec la Banque mondiale dans le cadre du programme « Partenariat mondial pour la réduction du torchage du gaz ». Cette convention aidera notre pays à disposer d’un appui technique et financier dans le cadre de cette stratégie de réduction du torchage du gaz, par la récupération de la matière première auprès des producteurs de pétrole pour une utilisation dans la nouvelle filière. L’objectif est de parvenir à une réduction de 50 % des activités de torchage d’ici 2025. Notre pays est dépendant de l’extérieur en gaz butane. En 2021, l’action du Gouvernement s’est inscrite dans le sens du soutien aux investissements visant à améliorer les capacités de production et de stockage de ce produit de grande consommation. Les discussions sur la construction d’une nouvelle sphère de stockage de 4 000 m3 à la SGEPP sont très avancées puisque les études sont en phase de finalisation ainsi que le développement du modèle de financement du projet.
Dans le secteur bois, afin de garantir aux industries la permanence de la ressource et sa conformité par rapport aux règles et exigences environnementales, un travail d’assainissement est mené dans l’amont forestier. Les 599 permis forestiers recensés sont actuellement passés au peigne fin par les équipes de la task-force Amont forestier. Attendus dans les prochains jours, les résultats contribueront à renforcer la légalité dans ce secteur, en retirant les permis à ceux qui sont dans l’illégalité pour les réattribuer à ceux qui s’inscrivent dans le respect des normes. La revue de la situation fiscale des entreprises forestières est également menée ainsi que celle de l’état des dépenses fiscales dans le secteur. Plus de 11 mds de FCFA de dette due à l’État au titre de la taxe de superficie ont été identifiés pour l’année 2021, tout comme la dette de l’État envers les entreprises au titre du remboursement des crédits de TVA, pour un peu plus de 3 mds FCFA.
Un système de traçabilité du bois a été mis en place de manière à contrôler, certifier et garantir l’origine et la conformité du bois circulant sur le marché national et sur les marchés internationaux à l’export. Ce système fera l’objet d’une généralisation en 2022.
Centre International Multisectoriel de Mvengué achevé et en attente d'inauguration
Concernant la transformation du bois, l’ambition de développer 300 000 hectares de plantation d’espèces de bois à croissance rapide pour augmenter et diversifier la production du bois et rendre l’industrie compétitive prend forme puisque, à Souba, près de Franceville, dans le Haut-Ogooué, j’ai pu visiter en janvier 2022 la première pépinière d’eucalyptus destinée à alimenter les premières plantations. En 2021, après celle de Nkok, le Gouvernement a également lancé une deuxième zone industrielle spécialisée (ZIS) pour la transformation du bois à Lambaréné. Avec celle de Franceville dont le lancement est prévu en 2022, celle d’Ikolo, près de Lambaréné, devrait concentrer son activité sur la 1re et 2e transformation alors que la zone de Nkok, désormais historique, devrait s’orienter davantage sur la 3e transformation pour la fabrication des produits de grande valeur, notamment les contreplaqués, les panneaux de particules, les meubles, etc.
Dans le domaine agricole, le Gouvernement a créé un cadre juridique favorisant la mise en place des zones agricoles à forte productivité (ZAP) dont la mission est de promouvoir la culture de spéculations vivrières, notamment la banane, le manioc, le maïs, le riz et le soja, et même l’élevage et l’aviculture à grande échelle. Le contexte actuel d’inflation et de pénurie anticipée de l’approvisionnement en blé consécutive à la guerre entre l’Ukraine et la Russie, et les sanctions qui en ont découlé, rendent vraiment impérative la mise en œuvre de notre stratégie. Il s'agit de mettre en place les conditions de la sécurité et de l’autosuffisance alimentaire, dans le sillage du dernier accord de pêche signé avec l’Union européenne. Ceci afin de capter de nos eaux la valeur générée par la transformation du thon pêché au large de nos côtes (il s’agit de 32 000 tonnes tout de même). Le Gouvernement compte relancer l’usine d’Owendo, progressivement, d’ici à la fin de l’année. Cette usine est dimensionnée pour traiter 60 tonnes par jour de production de thon en vue de la mise en boîte. Le modèle économique de ce projet est en cours de finalisation.
Et sur le plan social ? Infrastructurel ?
L’action du Gouvernement a été très dynamique en 2021 dans ces domaines. Entre le 16 décembre 2021 et le 3 février 2022, j’ai sillonné le pays de manière continue pour faire le point de la mise en œuvre des projets entrant dans le cadre de la mise en application du Plan d’accélération de la transformation (PAT). Accompagnés d’une équipe d’experts issus des ministères de l’Énergie, de l’Éducation, de la Formation professionnelle, des Infrastructures et de la Santé, nous avons pu apprécier le niveau d’avancement concret des projets tout en relevant les difficultés qui se posent dans leur dimensionnement et dans leur gestion, notamment hors de Libreville. Ce sont au total 190 projets, répartis dans les secteurs de l’éducation, de la santé, de l’eau, de l’électricité et des infrastructures, que nous avons pu évaluer, mesurer, et que nous continuons à suivre.
Dans le secteur de l’éducation, nous avons pu constater que l’objectif d’augmentation des capacités d’accueil par la construction, l’extension de salles de classe et la réhabilitation des établissements est en cours de réalisation. 62 projets ont été visités dans le cadre de cette mission. 42 d’entre eux ont un niveau d’avancement physique supérieur à 75 %. D’ailleurs, dix d’entre eux ont fait l’objet d’une réception provisoire, notamment ceux réalisés dans le cadre du Programme d’infrastructures du secteur de l’éducation (Pise) avec le concours de l’Agence française de développement (AFD). Mais bien évidemment, l’action de suivi doit se poursuivre, voire s’intensifier, pour maintenir les entreprises sous pression afin qu’elles respectent les délais et que les projets soient livrés avant la fin de l’année 2022. À cela, il convient d’ajouter les travaux en cours pour la révision et l’adaptation des contenus pédagogiques afin d’adapter les filières de formation aux besoins de l’économie du pays et des entreprises.
Dans le secteur de la santé, l’opérationnalisation des départements sanitaires de base ainsi que l’éradication des déserts médicaux sont en cours, afin d’assurer aux populations un accès aux soins de santé primaires de qualité. Un programme de 33 projets est en cours de réalisation dans tout le pays. Nous avons pu, là aussi, visiter, vérifier chacun des projets, et constater que 11 d’entre eux sont quasiment terminés.
Vue du Centre de Santé de Mokeko dans la Lopé, réhabilité à 90%
D’ailleurs, la finalisation de la réforme sur la gestion et la distribution de médicaments peut être considérée comme emblématique dans ce domaine. En changeant le statut juridique de l’Office pharmaceutique national (OPN) qui est devenu une société de capitaux détenus à 100 % par le Fonds gabonais d’investissement stratégique (FGIS), le Gouvernement a favorisé la mobilisation de 3,5 mds de F CFA pour la réfection des infrastructures de stockage, la mise en place d’un nouveau modèle de gestion du médicament et l’achat des premières quantités de médicaments. Un partenariat stratégique a été signé avec un opérateur de référence.
Dans le secteur des routes, nous avons apprécié l’état du réseau routier national. Nous avons parcouru 7 187 kilomètres de route. L’humilité nous invite à reconnaître que malgré les efforts fournis ces dernières années, le défi de la route demeure grand. L’opérationnalisation prochaine du Fonds autonome national d’entretien routier (Faner) devrait améliorer les conditions de circulation dans le pays. Nous avons déjà pu noter à Libreville et à l’intérieur du pays l’exécution de 37 projets routiers, à l’instar de la Transgabonaise dont le tronçon PK24–PK105 devrait être livré en juillet 2022, la voie de la rocade nord qui contournera et desservira l'aéroport de Libreville fait l'objet d'études et d'indemnisations des personnes impactées par ce projet. La mise en service de cette voie est prévue fin 2023. Les études ont également été lancées pour la rocade sud dite « Owendo Bypass ».
Dans le secteur eau et électricité, à Ntoum, l’usine Cim-Gabon, capable de traiter 36 000 m3 par jour, a été inaugurée en avril 2021. Le réaménagement de la convention de concession de la Société d’eau et d’énergie du Gabon (SEEG) a été effectué et signé. Les conséquences en ont été quasi-immédiates et vous avez pu en découvrir dans les médias les premières retombées positives, avec la signature de cet accord de financement entre l’entreprise et le groupe BGFIBank.
D’autres projets ont été livrés dans le cadre de la densification des réseaux électriques dans les zones rurales, de la mise en place de centrales hybrides solaires photovoltaïques et thermiques dans plusieurs provinces ou d’interconnexion des réseaux, notamment dans le Haut-Ogooué. J’ai eu le privilège d’en visiter certains qui sont en cours de réalisation à Mabanda ou à Moulengui-Binza, dans la province de la Nyanga. À ce sujet, nous avons pu passer en revue, dans ce secteur, 19 projets dont les niveaux d’avancement sont particulièrement importants et garantissent une livraison avant la fin de l’année 2022. Les travaux d’aménagement du site devant accueillir le projet de construction du barrage hydroélectrique de Kinguélé aval ont été lancés.
La base vie de l’entreprise chargée de la construction de l’ouvrage est construite. Deux autres projets d’envergure ont également été lancés avec le concours des partenaires techniques et financiers que sont la Banque africaine de développement (BAD) et la Banque mondiale : Piepal et Pasbmir. Le premier a pour objectif d’assurer une meilleure qualité de la desserte en eau potable dans le Grand Libreville, c’est-à-dire dans les communes de Libreville, Owendo, Akanda et Ntoum, à travers la réduction du taux de perte de distribution d’eau potable qui est actuellement estimé à environ 50 %, ainsi que le renforcement de capacité des différents acteurs. L’autre vise à élargir l’accès aux services d’eau et d’électricité à des zones rurales ciblées. Tous deux sont en cours de mise en œuvre.
Zone industrielle Spéciale d'Ikolo près de Lambaréné a lancé ses activités en 2021
En matière de formation professionnelle, sur les 12 jets visités, la moitié est achevée ou quasiment achevée (75 % de niveau d’avancement physique). D’autres seront également livrés en 2022. Il faut ici relever la qualité des infrastructures des centres de formation professionnelle de Nkok, de Mvengué et de Tchengué. Au-delà de la performance attendue dans la formation des jeunes, le défi résidera également dans la mise en place d’un modèle de gestion de ces structures afin d’en pérenniser la qualité de l’infrastructure et des équipements.
Pourquoi doter le PAT d’un cadre de suivi et d’évaluation spécifique ?
Le Conseil national du plan d’accélération de la transformation (CNPAT) a été créé pour répondre aux défis majeurs d’exécution du Plan d’accélération. Il fallait rompre avec l’existant pour relever le défi du pilotage et de la gouvernance du plan, veiller à l’alignement stratégique et au financement des différents projets. Il s’agit également d’être une plateforme de mobilisation et de focalisation, et l’organe appelé à suivre l’exécution de chaque projet.
Premier point positif, le PAT s’est imposé comme le référentiel, le cadre de programmation des politiques publiques en République gabonaise pour la période 2021–2023.
Autre point positif : depuis la mise en place de ce dispositif, les task-forces, créées pour assister les ministres dans la réalisation des projets du PAT, se sont imposées dans le paysage administratif de notre pays. C’est aussi la particularité de la gestion publique inspirée des méthodes et innovations du « new public management ». Au Gabon comme ailleurs avant nous, une action publique orientée vers la recherche des résultats favorise la mise en place de dispositifs managériaux innovants et disruptifs. Ici, plus que jamais, la rationalité managériale doit prendre parfois le pas sur la rationalité juridique en privilégiant l’efficacité des actions, en donnant la primauté aux buts, en se montrant innovante et flexible devant les évolutions plutôt que de prioriser la stabilité des structures formelles d’organisation. La finalité, c’est le résultat, la performance. C’est elle qui construit la légitimité et qui la consolide.
Ainsi, les ministres-chefs de file organisent-ils la conduite de leurs projets PAT autour de ces instruments dont la mission est, notamment, de susciter l’adhésion des parties prenantes issues des différentes administrations et même du secteur privé lors de la préparation et de la mise en œuvre du projet, pour lutter, contre ce que j’appelle les « patriotismes de ministère », ce fonctionnement en silos très marqué dans notre administration. C’est le résultat qui guide l’action.
Ensuite, il a fallu relever le défi de la décision accélérée en mettant en place des dispositifs exceptionnels pour décider vite à l’instar du Comité d’orientation stratégique (COS). La réforme de l’OPN qui a été rapidement menée en est une illustration. Aujourd’hui, les grands défis sont ceux de la sécurisation des financements des projets pour relever le défi de leur exécution dans les délais et celui d’une plus grande implication du secteur privé en plus des partenaires au développement. Le rôle du secteur privé est central dans la réalisation du projet stratégique de transformation. Ce n’est d’ailleurs pas un hasard si le Programme des Nations unies pour le développement (PNUD) qui nous soutient dans le cadre du renforcement des instruments de coordination, a engagé avec nous une réflexion allant dans ce sens.
Quels sont les catalyseurs de croissance ?
Fort des résultats déjà obtenus au cours de la période 2010–2019, le PAT a retenu cinq (5) filières et douze (12) projets de diversification qui répondent au besoin d’assurer, dans chacune d’elle, une remontée dans la chaîne de valeur. Il s’agit plus simplement de passer du pétrole à la pétrochimie, des mines à la métallurgie, de l’agriculture-pêche à l’agro-industrie et de la forêt au bois transformé. Je vous ai un peu indiqué en début d’interview le potentiel de ces secteurs pour notre économie. La stratégie nationale d’industrialisation adoptée par le Gouvernement en 2013, stratégie sectorielle découlant du PSGE, avait tracé les grandes lignes de la philosophie du nouveau modèle de développement de l’économie gabonaise. C’est ce modèle que le Gouvernement déploie dans le cadre du PAT.
Mais bien évidemment, l’objectif d’industrialisation ne peut être atteint si certains fondamentaux ne sont pas réunis. Pour cette raison, treize (13) projets assurant la qualité des fondations du mouvement de transformation sont arrêtés. Il s’agit de la mise à niveau ou du développement des capacités de production en eau, en énergie, en infrastructures routières et ferroviaires ; de l’amélioration des capacités logistiques pour accompagner les volumes du mouvement de transformation avec le développement portuaire. L’ensemble doit être porté par une administration visionnaire, des services publics au fonctionnement modernisé et digitalisé, disposant de marges de manœuvre suffisantes pour développer l’investissement public, un cadre des affaires simplifié et attractif pour attirer l’investissement privé et garantir, au total, la performance des deux pistons du moteur de la croissance que sont justement l’investissement public et l’investissement privé.
L’enveloppe initiale concernait 20 projets prioritaires, notamment dans les secteurs de l’eau, de l’énergie, du numérique, de l’immobilier, les structures routières, l’éducation, la digitalisation, etc. Au terme de la première année d’exécution du PAT, y a-t-il eu une réorganisation du portefeuille des projets ?
Il n’y a pas eu de réorganisation du portefeuille. Les projets que vous citez se situent au cœur des priorités de l’action gouvernementale. Certains ont connu du retard à cause des préalables importants qu’il faut réunir avant leur lancement. De manière globale, le Gouvernement exécute le PAT conformément aux engagements qu’il a pris devant le président de la République le 18 janvier 2021.
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