Qu’est-ce qu’un coup d’État ? Il s’agit d’un renversement du pouvoir par une personne investie d’une autorité. On le distingue d’une révolution en ce que celle-ci est populaire. Donc oui, par définition, nous avons vécu un coup d’État au Gabon le 30 août 2023. Cette précision est peut-être indispensable pour aider à clore le débat sur les mots. Quel que soit le terme employé, adopté ou adapté, cette méthode à pour volonté d’anéantir et de remplacer le régime politique en place. Si les coups d’États pullulent dans l’histoire sur tous les continents, c’est qu’ils font appel à un ressort particulier : le pouvoir y est tellement concentré que la tentation est grande de le remplacer, quelle que soit l’idéologie invoquée. Exploiter cette conquête du pouvoir est toujours une autre affaire. Il s’agit de procéder à des changements significatifs dans l’exercice dudit pouvoir, changements d’autant plus grands que l’assise est traditionnellement large. Idéalement, une telle opération nécessite une préparation minutieuse parce que l’acte en lui-même est très limité dans le temps, parce que son exécution a pour but d’enrayer immédiatement toute tentative de riposte. Ses instigateurs décident du lieu et du moment de l’action pour bénéficier de l’effet de surprise et tenter de couper court à toute confusion.
C’est exactement ce que nous avons vécu le 30 août 2023 au Gabon et cette date restera historique au point que certains souhaiteraient qu’elle remplace la date de la fête de l’Indépendance du 17 août. C’est donc à l’occasion des élections présidentielles, législatives et municipales que les cinq (5) corps (bérets noirs – garde républicaine – bérets rouges et verts – gendarmerie et police – se sont unis pour prendre le pouvoir, dans le calme et la sérénité. Dans les minutes qui suivaient, la liesse exprimée par la population témoignait de son adhésion à ce renversement. Quelques heures après, nous retrouvions les liaisons internet, les radios et les chaînes de télévision extérieures tandis que les commerces préparaient leur réouverture. Il n’en fallait pas davantage pour avoir le sentiment de basculer dans un monde différent. Le « portrait » de ce coup d’État n’est effectivement en rien comparable à ceux observés récemment au Mali, au Burkina ou au Niger, par son déroulement et ses objectifs.
Depuis cet évènement national, Brice Clotaire Oligui Nguema, nommé et entouré par ses pairs président du Comité de la Transition de la Restauration des Institutions, a prêté serment devant les juges de la nouvelle Cour constitutionnelle.
Il n’a pas attendu ce grand moment de l’histoire du Gabon pour s’exprimer clairement sur la situation et a immédiatement pris le temps d’échanger avec chaque représentant des forces vives nationales. Les acteurs économiques ont été reçus le 31 aout, soit dès le premier jour, puis, les jours suivants, l’ensemble de la presse, les représentants des différentes confessions religieuses. Il a également souhaité s’entretenir avec les institutions nationales et internationales, les ONG, les directeurs généraux et les responsables des administrations. Chacune de ces réunions a été organisée dans la même salle sise dans l’enceinte du palais présidentiel, sans aucune effusion ostentatoire.
Sans attendre, il a reçu également, entre autres, le représentant de la Communauté économique des États de l’Afrique centrale. À l’issue de cette rencontre, Faustin Archange Touadéra, « facilitateur » dépêché à Libreville, a acté le principe de l’élaboration conjointe d’une «feuille de route pour un retour rapide à l’ordre constitutionnel».
À l’heure où ces quelques lignes sont rédigées, exactement 10 jours après cet événement, le Premier ministre de ce nouveau gouvernement a été désigné et son gouvernement constitué (voir liste ci-dessous). Si nous ne sommes pas encore en mesure de vous informer de la durée de cette transition ni de vous indiquer la date des prochaines élections démocratiques, ces dernières constituent l’objectif annoncé du mandat du général Brice Clotaire Oligui Nguema. N’oublions pas que l’Homme ne fait pas avancer le temps, mais que le temps fait avancer l’Homme.
Par décret du Président de la Transition, Chef de l’état, et sur proposition de Monsieur le Premier Ministre, Chef du Gouvernement de la Transition, le Gouvernement de la Transition est composé ainsi qu’il suit :
Premier Ministre, chef du Gouvernement de la Transition :
Monsieur Raymond NDONG SIMA
MINISTRES :
Ministre de la Réforme des institutions :
Madame Murielle MINKOUE ép. MINTSA
Ministre des Affaires étrangères, chargé de l’intégration sous-régionale et des Gabonais de l’étranger :
Monsieur Régis ONANGA NDIAYE
Ministre de la Justice, garde des Sceaux, porte-parole du gouvernement :
Monsieur Paul-Marie GONDJOUT
Ministre de la Santé et des Affaires sociales :
Professeur Adrien MONGOUNGOU
Ministre de l’éducation nationale, chargée de la formation civique :
Madame Camélia NTOUTOUME LECLERCQ
Ministre de l’Enseignement supérieur, de la Recherche scientifique et de l’Innovation technologique
Professeur Hervé NDOUM ESSINGONE
Ministre du Travail et de la Lutte contre le chômage :
Madame Solange NGUIAKIE
Ministre de la Fonction publique et du Renforcement des capacités :
Monsieur Raphaël NGAZOUZE
Ministre des Travaux publics :
Monsieur Flavien NZIENGUI NZOUNDOU
Ministre de l’Habitat, de l’Urbanisme et du Cadastre :
Monsieur Ludovic MEGNE
Ministre de la Culture, de la Jeunesse, des sports et des Arts :
Monsieur André Jacques AUGAND
Ministre des Eaux et Forêts, chargé de la préservation de l’environnement, du climat et du conflit homme-faune :
Colonel Maurice TOCUI
Ministre du Pétrole :
Monsieur Marcel ABEKE
Ministre des Mines :
Monsieur Hervé Patrick OPIANGAH
Ministre de l’Agriculture, de l’élevage et de la Pêche :
Monsieur Jonathan IGNOUMBA
Ministre des Transports, de la Marine marchande et de la Mer :
Capitaine de Vaisseau Loïc MOUDOUMA DINGA
Ministre de l’énergie et des Ressources hydrauliques :
Monsieur Jeannot KALIMA
Ministre du Commerce, des PME/PMI, chargé des activités rémunératrices de revenus :
Madame Patricia DJIPANO
Ministre du Tourisme et de l’Artisanat :
Monsieur Pascal NGOWET SIFFON
Ministre des Nouvelles technologies de l’information et la communication, porte-parole du CTRI :
Madame Laurence MENGUE MEZOGHO ép. NDONG
Ministre des Comptes publics :
Monsieur Charles MBA
Ministre de l’économie et des Participations :
Monsieur Mays MUISSI
MINISTRES DELEGUÉS
Ministre délégué à la Présidence, chargé de la défense nationale :
Général de Brigade Brigitte ONKANOWA
Ministre délégué à la Présidence, chargé de l’intérieur et de la sécurité :
Monsieur Herman IMMONGAULT
Ministre délégué auprès du ministre de la Santé et des Affaires sociales :
Madame Françoise MAKAYA Veuve MVOU
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