La Banque des États d’Afrique centrale relève ses taux directeurs de 50 points de base, prévoyant une inflation encore soutenue ces prochains mois, bien supérieure à ses objectifs de moyen terme, mais éloignée des 10 %.
L ’inflation reste un sujet de préoccupation majeure en Afrique centrale. La persistance des tensions sur les prix a poussé la BEAC (Banque des États d’Afrique centrale) à relever sensiblement (+50 points de base) son taux directeur. Toutefois, l’institution se refuse à tout alarmisme. De son côté, le FMI (Fonds monétaire international) fait également part de ses préoccupations concernant la hausse des prix, mais prend acte de la volonté des autorités monétaires d’y faire face. Il est vrai que la situation n’est pas particulière à la région.
Le 27 mars 2023, le Comité de politique monétaire (CPM) de la BEAC a tenu sa première réunion de l’année à Yaoundé (Cameroun), sous la présidence du gouverneur Abbas Mahamat Tolli. Difficile pour les banquiers centraux de ne pas tenir compte des perspectives de l’économie mondiale publiées en janvier 2023 par le FMI. Le Fonds table sur une croissance économique de 2,9 % en 2023, avant une remontée à 3,1 % en 2024, un niveau inférieur aux croissances enregistrées avant la crise sanitaire.
A priori, les tensions inflationnistes s’atténueraient progressivement tout au long de l’année 2023 dans la plupart des économies, sous l’effet conjugué du resserrement des politiques monétaires et du fléchissement des prix de l’énergie et des produits alimentaires. D’ailleurs, en Afrique centrale, le CPM note une poursuite de la reprise des activités économiques en dépit d’un contexte de hausse quasi continue du niveau général des prix. Ainsi, les prévisions des services de la BEAC, un peu plus prudents que ceux du FMI, retiennent une croissance économique de 2,7 % en 2023, après 2,9 % en 2022, « portée principalement par le dynamisme du secteur non pétrolier ».
Le banquier central prévoit une augmentation de l’inflation en moyenne annuelle à 6,4 % en 2023, avec notamment une forte contribution de la fonction « produits alimentaires et boissons non alcoolisées » de 18 %, contre 5,6 % en 2022. Sur le plan des grands équilibres comptables, la BEAC prévoit un repli de l’excédent du solde budgétaire comptable à 1,9 % du PIB, puis à 0,9 % en 2023.
Une inflation sous les 10 %
Dans un contexte de croissance de la masse monétaire d’environ 10 % par an, le taux de couverture extérieure de la monnaie atteindrait 77,0 % fin 2023 contre 73,1 % en décembre 2022, soit des réserves de change couvrant 4,9 mois d’importations de biens et services en 2023, contre 3,9 en 2022. Autant d’indicateurs plutôt favorables, donc. Il est vrai qu’au premier trimestre, les transactions monétaires sont plutôt en hausse, favorisant une certaine détente des taux de marché à court terme, note le CPM.
Lequel prévoit néanmoins « une dynamique haussière persistante de l’inflation », laquelle, à 6,4 %, serait donc largement au-dessus de la norme communautaire de 3,0 % à moyen terme. Conformément à sa mission et à l’objectif final de stabilité interne de la monnaie, le CPM a décidé de relever le taux d’intérêt des appels d’offres de 4,50 % à 5 %, tout en maintenant les coefficients des réserves obligatoires à court et moyen termes.
Voilà donc la troisième fois que la BEAC relève ses taux. Avec un succès tout relatif. Interrogé sur la pertinence de cette politique, le gouverneur Abbas Mahamat Tolli répond : « Regardez autour de nous ! Beaucoup affichent des taux d’inflation à deux chiffres », rapporte le magazine Investir au Cameroun.
De son côté, le directeur général adjoint du FMI, Kenji Okamura, au cours d’une visite à Yaoundé à la mi-mars, a également souligné la persistance de l’inflation en zone Cemac.
« Le contexte mondial actuel est rempli d’incertitudes. L’Afrique centrale, fortement dépendante des exportations de pétrole, a certes tiré profit de la hausse des prix mondiaux du pétrole, mais fait face à une flambée de l’inflation domestique en raison de facteurs externes. »
Selon l’émissaire du FMI, le principal défi de la région sera de « maîtriser l’inflation et de préserver la stabilité budgétaire et externe, sans mettre en danger la reprise naissante ». Voilà qui exige, à ses yeux, « d’élaborer une stratégie visant à maintenir la stabilité macroéconomique tout en protégeant les populations les plus vulnérables et en renforçant la sécurité alimentaire ».
Cette année, les pays de la Cemac producteurs de pétrole bénéficieront de recettes pétrolières exceptionnelles. Charge à eux de constituer des réserves de change, sachant que « la politique monétaire doit agir de manière proactive pour maîtriser l’inflation ».
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