Tout s’est rapidement accéléré avec l’implantation en Côte d’Ivoire et en Guinée Conakry cette même année, puis en 2013 au Cameroun et au Burkina Faso, en 2014 au Gabon et au Congo Brazzaville, et enfin en 2016 au Ghana, au Mali et en Mauritanie. Les cimenteries du groupe Cimaf ont été réalisées selon les dernières technologies disponibles permettant de respecter les standards nationaux et internationaux les plus exigeants aussi bien en matière de process et d’économie d’énergie que de protection de l’environnement. Aujourd’hui, quelle position le groupe occupe-t-il au Gabon ?
Les Échos de l’Éco : Monsieur Ayouné, au Gabon, votre groupe a investi 9 mds de F CFA dans une chaîne de production d’une capacité de 350 000 tonnes qui a été inaugurée par Madame Rose Christiane Ossouka Raponda, Premier ministre. Elle est opérationnelle depuis septembre 2020. Tourne-t-elle à plein régime ?
Nos installations tournent à un régime saisonnier et ne sont plus à saturation pendant les quatre mois de juillet à octobre. En effet, pour répondre à l’importante demande de ciment en cette haute saison, nous avons investi plus de 10 mds de F CFA dans des installations structurelles. À présent, notre capacité de production est de 14 % au-dessus du pic de la demande pendant la haute saison et de 81% au-dessus de la demande des huit autres mois de l’année.
L’ensemble de vos équipements vous permet de produire 850 000 tonnes de ciment par an. Quels sont les besoins annuels de ciment au Gabon ?
Nous avons constaté que la demande annuelle de ciment de ces cinq dernières années est inférieure à 600 000 tonnes, soit plus exactement 564 000 tonnes sur les années 2019 et 2020. La Cimaf dispose aujourd’hui d’une capacité de 850 000 tonnes par an, on est donc à 30 % au-dessus de la demande locale.
Cette nouvelle entité répond aux attentes du gouvernement qui consistent à industrialiser le Gabon. Quel a été l’apport de ce nouvel investissement sur le plan économique et combien d’emplois sont générés actuellement par la Cimaf ?
Construite aux standards internationaux et prenant en compte les aspects écologiques, cette nouvelle entité de production a été érigée sur quinze mois de travaux (jour et nuit). Ce sont 320 charpentes métalliques montées, 100 tonnes d’équipements modulaires installés, 2000 m3 de béton coulé, 2,5 MW de puissance électrique additive au 3 MW de la première ligne, qui génèrent des consommations mensuelles d’environ 150 millions de F CFA. Sur le plan des ressources humaines, une quinzaine de sous-traitants locaux et internationaux y ont participé, une centaine d’emplois ont été occasionnés pendant la phase de construction et une vingtaine dans la phase d’exploitation. À ce jour, la Cimaf emploie 650 collaborateurs dont 96 % sont gabonais. Avec cette nouvelle ligne de production, nous avons renforcé l’activité d’exploitation de la carrière CimGabon de Ntoum, ce qui permet de consommer dorénavant 100 % du calcaire local dans notre process de production de ciment.
Vous impliquez vous dans la formation de votre personnel ?
Il existe un adage qui dit : « Si vous voulez un an de prospérité, cultivez les fruits ; si vous voulez 10 ans de prospérité, cultivez les arbres ; et si vous voulez cent ans de prospérité, cultivez les hommes ». La Cimaf s’inscrit pleinement dans le dernier pan et l’homme est au centre de tout. La santé de notre personnel tout comme son développement sont au cœur de nos priorités. Un plan de formation est conçu et appliqué chaque année avec des formateurs locaux et internationaux sur tous les secteurs opérationnels de notre activité.
Professionnellement, la Cimaf a-t-elle été impactée par la pandémie de Covid-19 ou, au contraire, cette dernière vous a-t-elle été favorable ?
Il faut reconnaître que la pandémie de Covid-19 a impacté bon nombre d’opérateurs de la place et dans le monde. La morosité observée dans le secteur du BTP du fait de l’absence de grands chantiers de construction fait en sorte que nos installations tournent au ralenti. Depuis 2021, la situation est encore plus critique. Ce mois d’avril par exemple, nous n’avons tourné qu’à 40 % de notre capacité. Nous gardons tout de même l’espoir d’une éventuelle relance des activités durant la grande saison. À cela s’ajoutent bien sûr les surcoûts de fonctionnement inhérents aux aménagements organisationnels mis en place pour lutter contre la Covid-19.
Les questions récurrentes relatives à la fixation du prix du ciment sont-elles entérinées ?
La pertinence de cette question n’a d’égal que l’éclaircissement qu’elle nécessite. Permettez-moi d’effacer certaines zones d’ombre. La problématique des prix actuels n’est pas le fait d’un prétendu monopole, comme d’aucuns pourraient le penser. Ces questions se posaient déjà en 2017 avec la présence du ciment importé, et les prix sont restés les mêmes. Ce qu’il faut retenir, c’est que nos prix réels usine, appliqués aux distributeurs et aux revendeurs, sont à 72 650 FCFA/T (TTC + remise) et à 69 190 FCFA/T (HT + remise). Le prix du sac au consommateur varie de 3 632 F CFA à 3 460 FCFA. Notons que nous avons enregistré des augmentations successives des coûts de transport par tonne du fait des inflations mondiales du prix du carburant (POG 15 %, FCV 22 %, Oyem 47 % et Mouila 60 %). À cela s’ajoutent une augmentation de 3 % par tonne des coûts portuaires et de 6 % du prix de l’électricité entre 2018 et 2019 (kwh/T). Malgré cela, la Cimaf n’a jamais répercuté ces surcoûts sur ses prix usine et plates-formes commerciales provinciales. D’ailleurs, le prix du ciment sorti usine homologué par la direction générale de la Concurrence et de la Consommation en 2021 est inférieur à celui de 2018. Tout cela montre clairement que la Cimaf subventionne le coût de transport du ciment dans certaines localités du pays. Vous pouvez ainsi observer que sur l’ensemble du territoire, le prix moyen TTC de la Cimaf est de 74 844 F CFA/T soit 3 742 F CFA/ sac alors que le prix moyen du marché est 93 438 F CFA/T soit 4 672 F CFA/sac. Il y a donc une différence d’environ 18 594 F CFA/T, soit 930 F CFA/sac entre le prix pratiqué par la Cimaf et le prix grand public.
Vous nourrissez un projet d’investissement de 65 mds de F CFA pour construire une usine spécialisée dans la production de clinker à Ntoum. Qu’en est-il à ce jour ?
La réalisation de ce projet est conditionnée à un partage des investissements qui engagera l’État gabonais et nous-mêmes. Il est important de souligner que la Cimaf a investi 61 mds de F CFA entre 2014 et 2020. Cette convention est en cours d’élaboration et sera bientôt finalisée. Les retombées sociales et économiques attendues sont multiples. En effet, à la clé, c’est une meilleure valorisation de la matière première locale grâce à une transformation amenée à 90 % contre 17 % actuellement, davantage de recettes fiscales minières, une limitation de sortie de devises pour l’achat du clinker actuel à l’import, un développement des activités de logistique et de transport, un développement énergétique, un développement de la zone de Méba ainsi que des localités environnantes et des populations, un transfert de technologie, etc. Ce sont aussi 500 emplois à prévoir.
Comment s’inscrit la Cimaf en termes de RSE ?
La responsabilité sociétale de notre entreprise est fortement actée et entre dans nos missions multiformes d’entreprise citoyenne et partenaire de l’État. Notre stratégie RSE 2021 est très pertinente et s’articule autour de quatre axes majeurs que sont : la place de l’homme au cœur de tout via le suivi et la considération de nos employés ; la bonne gouvernance via la promotion de bonnes pratiques et le respect de la réglementation en vigueur sur tous les pans ; la responsabilité sociétale via l’accompagnement des PME ainsi que de nombreuses actions sociales de partage au profit des populations et enfin, le développement durable via l’application d’une politique environnementale saine qui répond aux exigences internationales et prend en compte l’héritage pour les générations futures. J’aimerais avoir l’opportunité de développer prochainement avec vous et plus en détails le chapelet de nos actions RSE pour le compte de l’année 2021.
le 27 mai 2021
Propos recueillis par : L'équipe du ECE
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