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Économie ZONE DE NKOK, PÔLE INDUSTRIEL DE L’AFRIQUE CENTRALE

Comment les pays africains peuvent-ils accélérer la transformation structurelle de leurs économies dans un contexte de chaînes de valeurs mondiales et de transition technologique rapide tout en répondant au défi d’intégration de la jeunesse qui représente la moitié de la démographie africaine ? Quelles sont les institutions et organisations à mettre en place ? Il s’agit de sortir de la rente, de transformer sur place les immenses richesses, notamment du Gabon, afin de répondre au défi de la jeunesse et de l’emploi. L’intérêt n’est pas de faire simplement du commerce, mais de se développer à travers une économie productive soutenue par la technologie moderne et l’innovation locale. À ces fins, la ZES de Nkok a été construite en 2010 et un partenariat public-privé, sous forme de joint-venture, fut signé en 2012 entre l’État gabonais et le groupe Arise chargé d’aménager la zone. Quant à l’autorité administrative de la ZERP, elle représente l’État au sein de la zone. Elle accompagne les investisseurs dans leurs démarches administratives par l’intermédiaire du guichet unique. Ce bâtiment regroupe 23 services administratifs dédiés aux obligations des entreprises implantées à Nkok, notamment la douane, les impôts, le commerce, l’industrie, l’immigration, le cadastre, etc. 

Au moment où Madame Nkene nous transmet les réponses aux questions que nous avons posées, nous apprenons que le Gabon veut créer une association des zones économiques spéciales d’Afrique. Les 2 et 3 février, Libreville a abrité le premier Forum des organes de gestion administrative des zones économiques d’Afrique (Fogazea) organisé sur le thèmede la«Cohésion et association des organes de gestion administrative des zones économiques d’Afrique, au service de la performance économique du continent ». Conférences, partages d’expériences, séances de travail, team building et autres visites de sites furent organisés par l’autorité administrative de la zone économique spéciale de Nkok. Ces rencontres devraient aboutir à la signature d’un protocole d’accord de création d’une association des organes de gestion administrative des zones économiques spéciales africaines. Les différentes thématiques discutées dans les panels ont porté sur « le rôle et le fonctionnement des organes de gestion administrative dans le développement des zones économiques » et « les enjeux et défis pour la cohésion et l’association des organes de gestion administrative ». Cette rencontre des zones économiques spéciales d’Afrique intervient dans un contexte où la zone économique à régime privilégié de Nkok (ZERP) change de statut pour devenir une zone d’investissement spéciale (ZIS), conformément à une décision du Gouvernement au cours du conseil des ministres du 20 janvier dernier. Cette évolution permet à la Zone d’accueillir « tous types d’entreprises pour la réalisation des activités industrielles, commerciales, agricoles, technologiques, touristiques, de recherche, d’éducation ainsi que de services, et dans laquelle les investisseurs détenteurs d’un des agréments prévus par la loi bénéficient ou non d’un régime privilégié. Le but est d’améliorer les performances de cette zone ». 

BIOGRAPHIE MADAME ANNE NKENE BIYO’O

Anne Nkene Biyo’o est née le 20 janvier 1973 à Libreville, au Gabon. Administrateur économique et financier de formation, de la 19e promotion de l’Institut d’économie et de finance, elle est depuis juillet 2020 la première femme à occuper le poste d’administrateur général de l’autorité administrative de la ZES de Nkok.  

Avant sa nomination, Anne Nkene Biyo’o a occupé pendant plus de six ans les fonctions d’administrateur général adjoint de l’autorité administrative de la zone économique spéciale de Nkok.  

Auparavant, elle a occupé le service de l’administration publique gabonaise successivement les postes suivants : conseiller chargé des projets industriels et des partenariats public-privé au ministère de l’Industrie et des Mines (2012– 2013) ; conseiller chargé du suivi des projets au ministère de l’Énergie et des Ressources hydrauliques (2010–2012) ; chargé d’études au cabinet du ministre de l’Économie, des Finances, du Budget et de la Privatisation (2004–2009).  

Forte de son expérience de près de 10 ans, Anne Nkene Biyo’o met ses compétences au service de la gestion et la coordination des activités des 23 administrations publiques du guichet unique chargé à titre exclusif de l’accomplissement de l’ensemble des formalités administratives relatives à l’implantation et à l’exploitation des investissements dans la ZES de Nkok. 

EE : Madame Nkene, les chiffres relevés parlent d’eux-mêmes : la zone économique spéciale de Nkok, c’est la création de 16 000 emplois directs et indirects, 265 millions de dollars en produits exportés annuellement, 820 000 m3 de bois transformés en 2020 et 1,7 md de dollars générés en investissements étrangers directs. 94 entreprises sont implantées dans la zone. La zone est édifiée sur une superficie totale de 1  126 hectares, aménageable en 2 phases. Que reste-t-il comme surface constructible à ce jour ? 

700 hectares sont à disposition et de nombreux opérateurs sont en cours de négociation. 

EE : Quels sont les opérateurs susceptibles de venir s’y installer ? Dans quels secteurs d’activités ? 

La ZES de Nkok poursuit son développement et se donne notamment pour objectifs d’attirer plus d’investisseurs dans le secteur hors bois afin d’être en phase avec la politique nationale de diversification de l’économie et de remonter la chaîne de valeur des autres secteurs d’activités (pharmacologie, BTP, chimie, agroalimentaire, recyclage, etc.). Nous comptons miser sur l’agroalimentaire et l’industrie du recyclage qui ont un potentiel de croissance important pour ces prochaines années, même si leur contribution aux exportations totales reste faible pour le moment. Les entreprises de la ZES étant majoritairement dans la production du bois, les déchets issus de leurs transformations sont utilisés par d’autres industries pour la production d’électricité et la fabrication de meubles. Il paraît donc nécessaire d’attirer davantage d’investisseurs dans le domaine du recyclage et de la valorisation des déchets. De plus, cette démarche crée non seulement de la valeur ajoutée, mais obéit également au principe écologique en participant à la préservation de notre écosystème. 

EE : Un centre de formation professionnel composé de 32 bâtiments accueille des enseignants et des apprenants. Quelle est la structure de cet office ? Qui enseigne quoi et à qui, quels sont les profils ? 

L’une des missions de la ZES de Nkok est le transfert des compétences au profit des nationaux. Pour répondre à la demande de formation de la jeunesse gabonaise, l’État a consenti à investir dans la construction de trois centres de formation à caractère international et multisectoriel au sein de la zone économique spéciale de Nkok : un centre axé sur les métiers de l’industrie est déjà opérationnel depuis deux ans ; un centre consacré aux métiers du bois et des BTP et un autre aux métiers des nouvelles technologie de l’information et de la communication sont tous deux en cours de finalisation. 

EE Vos rôles sont multiples. Il s’agit pour vous de collecter les données économiques des opérateurs, de veiller à l’efficacité des traitements des requêtes, d’inciter les investisseurs à venir s’installer à Nkok, sans compter l’organisation de réceptions commerciales et/ou diplomatiques. Peut-être ai-je oublié d’évoquer d’autres missions qui vous sont assignées ? Comment vous organisez vous pour que l’ensemble de ces réalisations soient efficientes ? Quel est l’effectif de vos services ? 

Dans son fonctionnement, la ZES de Nkok est dotée d’une autorité administrative composée d’un guichet unique composé de 23 administrations publiques et de départements d’appui. Les 23 administrations publiques sont au service des investisseurs, avec pour mission de les accopagner et d’effectuer toutes les formalités et démarches administratives nécessaires à l’installation et au maintien de ces opérateurs économiques dans la ZES de Nkok.  

Les services d’appui qui m’accompagnent dans la gestion quotidienne de la ZES de Nkok ont des missions bien spécifiques afin de répondre aux besoins des opérateurs économiques. Actuellement, l’autorité administrative emploie environ 170 employés quotidiennement au service des opérateurs de la ZES de Nkok. 

EE : Nkok est une ville dans la ville. En effet, un lotissement composé de maisons individuelles est construit. Comment est gérée cette partie de la zone ? Nkok est un peu excentré. Des services de première nécessité (banque, pharmacie, épicerie, restaurants, etc.) sont-ils installés dans la zone ? 

La ZES de Nkok est une zone intégrée avec une sous-zone commerciale, une sous-zone résidentielle et son cœur, un parc industriel multisectoriel. À terme, la zone commerciale abritera des commerces et des services afin de faciliter la vie des travailleurs dans la ZES de Nkok. En ce qui concerne la zone résidentielle, elle est dotée de plus d’une centaine de villas au profit non seulement des travailleurs de ladite zone, mais également de tout individu qui souhaite acquérir un logement au sein de la ZES de Nkok. Cette partie de la zone bénéficie de sa propre entrée et d’un fonctionnement autonome géré par les services de GSEZ. Actuellement, la ZES de Nkok est dotée de 3 banques commerciales, d’un restaurant, d’une caserne de sapeurs-pompiers et d’une station-service. 

EE Madame Nkene, en 2020, la GSEZ est classée meilleure zone industrielle du monde dans la filière bois par le très crédible FDi Intelligence Financial Times. Cette croissance de la filière bois s’accompagne de pratiques durables visant à minimiser l’impact sur l’environnement. Quel est à ce jour le potentiel de développement dans cette filière ? 

La zone économique spéciale de Nkok a été classée en 2022 par FDI Intelligence comme meilleure zone franche pour les pratiques environnementales en Afrique. En effet, la ZES de Nkok s’inscrit aujourd’hui dans un principe d’utilisation de meilleures pratiques durables, notamment avec les initiatives d’économie circulaire en cours, mais également la certification FSC des entreprises, la traçabilité des grumes par le biais d’un organe indépendant et le développement de l’industrie du recyclage afin de garantir une meilleure utilisation des déchets de bois, plastiques et ferreux. Nous avons un grand potentiel de développement avec notamment l’usine de panneaux de particules et l’usine Huaxing Environnement qui transforment les déchets de bois en panneaux de particules et en charbon actif et non actif. Nous avons également l’usine Jia Ming Plastic Manufacturing qui collecte et recycle les bouteilles en plastique afin d’en faire des sangles en plastique nécessaire à l’emballage et l’exportation des colis. Ces initiatives, en plus de créer des processus industriels durables, créent également de nouvelles économies en développant les opportunités d’emploi. 

EE : Concernant la Zlecaf en faveur du développement de la chaîne de valeur, les produits prévus pour le commerce dans le cadre de cette initiative sont multiples. Qu’attendez-vous de la mise en place de cette zone de libre-échange ? 

Nous sommes convaincus que la Zlecaf constitue un levier important du développement de notre continent au service d’une croissance moins dépendante de l’extérieur. La mise en œuvre effective de ce vaste marché continental permettra de contribuer aux efforts de transformation structurelle de nos économies et de soutenir le développement des échanges intra-africains qui demeurent encore faibles. Donc, la mise sur le marché Zlecaf des produits des ZES peut accélérer la diversification économique et l’industrialisation de l’Afrique.

le 16 février 2023

Anne-Marie Jobin

Industrie, La ZES de Nkok, Investissements


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