DU NOUVEAU A LA FEDERATION GABONAISE DES SOCIETES D’ASSURANCES
La Fegasa réaffirme ses ambitions d’élargir son éventail de produits tout en intensifiant la sensibilisation auprès des populations sur l’importance de l’assurance. Une collaboration accrue avec le gouvernement est également envisagée afin d’améliorer le taux de pénétration assurantiel dans le pays. Lors de l’assemblée générale du 27 novembre 2024, M. Stephen Moussirou a été élu président de la Fédération gabonaise des sociétés d’assurance ou Fegasa, l’occasion pour les Échos de l’Éco de lui poser des questions de fond.
Monsieur Stephen Moussirou, en votre qualité de président fraîchement élu de la Fédération gabonaise des sociétés d’assurances (Fegasa), nous vous serions reconnaissants de nous résumer ses principales missions.
La Fédération gabonaise des sociétés d’assurances (Fegasa) est le regroupement des compagnies d’assurances locales. Elle sert d’interlocuteur auprès des autorités publiques et privées. Notre mission principale est d’étudier les préoccupations du marché de l’assurance, d’élaborer des plans d’action pour une politique professionnelle efficace et de publier les résultats du marché pour le public.
Quels sont les principaux rôles et responsabilités du comité directeur actuel de la Fegasa ? Comment est-il constitué ?
Le bureau directeur de la Fegasa est constitué de 4 membres : un président, Stephen Moussirou, DG d’Assinco ; un vice-président IARD, Marielle Baye, DG d’Axa ; un vice-président Vie, Félix Issembe, DG Ogar Vie ; un trésorier, Annabelle Bongo, DG Sunu IARD. Le comité directeur étudie l’ensemble des préoccupations du marché et élabore un plan d’action en vue d’une bonne politique professionnelle. Il organise et publie également les résultats du marché au profit du public. La représentation à la Fegasa se fait par le rassemblement de ses membres : 6 compagnies IARD : Assinco, Axa, Nsia, Ogar, Sanlam, Sunu ; 3 compagnies Vie : Nsia, Ogar, Sunu ; 1 réassureur avec SCG Ré ; 1 microassurance avec Samba Assur.
Chaque compagnie d’assurances exerçant sur le territoire national doit être membre de l’institution.
La Fegasa est composée de 3 organes : l’assemblée générale, le comité directeur et le secrétariat général. Le comité directeur est composé de 4 membres, dont le président, deux vice-présidents, et un trésorier ainsi que de membres supplémentaires assistés d’un secrétaire général.
Le secrétariat général est l’outil administratif permanent de notre institution, représenté par M. Patrick Mabicka. Il est l’interlocuteur de nos partenaires. L’ensemble de ces organes s’appuient sur 9 commissions techniques : commission nationale d’arbitrage ; la commission automobile ; la commission des assurances dommages des biens et de responsabilités (IARD) ; la commission des assurances de personnes ; la commission santé ; la commission de réassurances ; la commission nationale de tarification des grands risques industriels ; la commission développement durable ; la commission du genre. Ensemble, ces organes travaillent à l’élaboration et à la mise en œuvre des politiques de la fédération, à la gestion des relations avec les autorités publiques et privées, et à la coordination des activités des compagnies d’assurances. Notre objectif est de garantir un marché de l’assurance efficace et fiable.
Quelles sont les innovations récentes de la Fegasa dans le secteur des assurances ?
Nous avons introduit plusieurs innovations clés dans un passé récent. À titre d’exemple, le constat amiable des accidents de circulation automobile avec dégâts matériels uniquement, lancé en 2019. Ce document a été pensé pour accélérer l’instruction des sinistres, mais surtout répondre aux nombreuses récriminations des assurés qui peinaient à recevoir le procès-verbal délivré habituellement par les forces de sécurité après un accident de circulation automobile. Ce document technique est très important dans l’instruction et le règlement d’un sinistre automobile, c’est-à-dire pour la détermination des responsabilités et donc la réduction à terme du délai de l’indemnisation aux assurés. Le constat amiable est remis à l’assuré par son assureur lors de la souscription d’une police d’assurance automobile.
Sur instruction des autorités administratives et politiques chargées des assurances et en leur présence, les compagnies d’assurances ont signé en date du 15 mars 2023 une convention d’indemnisation directe des sinistres automobiles (CID) exigible depuis le 1er juillet 2023. La CID est une réponse aux lourdeurs administratives constatées par les assurés concernant les indemnisations des sinistres automobiles. Cette convention simplifie et accélère le règlement des sinistres automobiles et offre une procédure diligente dans le cas où le coût du sinistre serait égal ou inférieur au plafond conventionné de 2 millions de F CFA. Avec cet accord, les compagnies d’assurances s’engagent à régler les sinistres de leurs assurés puis à exercer le recours auprès de l’assureur du tiers responsable de l’accident. Enfin, nous travaillons actuellement sur le Pool TPV, un regroupement d’assureurs destiné à mutualiser les risques dans le secteur des transports publics de voyageurs.
Qu’est-ce qu’un Pool TPV, quel est son objectif ?
Le Pool transports publics de voyageurs ou Pool TPV a pour objectif de faire jouer la solidarité entre ses membres tout en développant le secteur des TPV par l’assainissement des statistiques de cette catégorie d’assurance. Cette organisation permet de gérer le risque automobile selon le mécanisme de la coassurance, c’est-à-dire : répartir entre ses membres les risques d’assurance automobile de transport public de voyageurs mentionnés à l’article 411-1 du code Cima, y compris les véhicules de transport de touristes. Le caractère obligatoire d’adhérer au Pool TPV s’impose à toutes les sociétés pratiquant la branche automobile sur le marché, sauf en cas de retrait d’agrément de cette branche. Le Pool TPV fonctionne donc selon un mode de souscription centralisée, avec des attestations spéciales « Pool TPV ». Le Pool TPV a été créé par la rencontre des volontés des pouvoirs publics et de la profession afin d’assainir le marché de le promouvoir en vue de sa meilleure intégration dans le tissu économique national. Il a également pour objet l’amélioration de la couverture des passagers des TPV ainsi que des victimes des accidents de la route : réduction de la non-assurance et des délais d’indemnisation.
Qu’en est-il de la situation conjoncturelle du marché des assurances ?
D’après le secrétariat général de notre fédération, au 31 12 2023, le chiffre d’affaires global du marché de l’assurance est de 135,963 mds de F CFA contre 115,723 mds de F CFA en 2022, soit une augmentation de 17,49 %. À 33,591 mds de F CFA contre 29,066 mds en 2022, le marché des assurances vie est en augmentation de 15,57 %.
Le marché des assurances dommages a connu une hausse significative de 18,13 %, à 102,372 mds de F CFA en 2023 contre 86,658 mds en 2022, porté par la branche maladie qui passe de 24,297 mds de F CFA en 2022 à 32,607 mds en 2023, soit une hausse de 34,20 %. La branche transports aériens et maritimes passe de 0,225 md de F CFA en 2022 à 1,528 md en 2023, soit une progression de 579,04 %. L’assurance automobile enregistre une croissance de 14,75 %, à 21,998 mds de F CFA au 31 12 2023 contre 19,171 mds en 2022, à période égale. La responsabilité civile générale augmente de 15, 48 %, passant de 5, 653 mds à 6,528 mds de F CFA.
En assurance vie, le chiffre d’affaires est de 33,591 mds de F CFA, en augmentation de 15, 57 % par rapport à 2022. Dans ce chiffre d’affaires global, il faut distinguer la part générée par le secteur des intermédiaires d’assurances, qui est de 63,31 %, soit 86,081 mds de F CFA dont 70,668 mds pour la branche dommages et 15,414 mds XAF pour la branche vie. Les bureaux directs des compagnies d’assurances, quant à eux, ont généré 36,69 % du chiffre d’affaires global, soit 49,882 mds de F CFA. Il faut distinguer 18,178 mds de F CFA pour la vie et 31,704 mds pour les assurances dommages.
Qu’en est-il du règlement des sinistres et des autres prestations ?
Le cumul des prestations payées au 31 12 2023 par l’ensemble de nos compagnies d’assurances est de l’ordre de 46,503 mds de F CFA, en diminution de 11,93 % par rapport à 2022. De ce cumul, il faut distinguer des prestations et frais accessoires payés relatifs aux assurances dommages pour un montant total de 29,730 mds de F CFA et des prestations échues d’assurances vie d’un montant de 16,773 mds de F CFA.
Quels sont les principaux défis auxquels fait face le secteur des assurances au Gabon aujourd’hui ?
L’un des principaux défis est le faible taux de pénétration du marché de l’assurance qui était de seulement 1,4 % en 2014. Il est estimé à ce jour à moins de 2 % sur nos marchés Fanaf. Au Gabon, nous devons travailler à la sensibilisation et à l’éducation des consommateurs sur l’importance de l’assurance. Cette démarche aide à faire comprendre l’intérêt de souscrire à des polices d’assurance.
Comment la Fegasa aborde-t-elle la question de l’éducation et de la formation des professionnels de l’assurance au Gabon ?
La formation et l’éducation des professionnels de l’assurance sont des priorités pour la Fegasa. Nous organisons régulièrement des ateliers, des séminaires et des programmes de formation continue pour améliorer les compétences et les connaissances de nos collaborateurs du secteur. Nous collaborons également avec des institutions académiques et des organismes internationaux pour offrir des formations de qualité et promouvoir les meilleures pratiques dans l’industrie de l’assurance.
Parmi les structures de formations locales, nous avons le Centre professionnel de formation à l’assurance (CPFA). Nous participons à son financement. Ce centre est une unité pédagogique décentralisée de l’Institut international des assurances (IIA) basé à Yaoundé, au Cameroun. Les premiers responsables de cet établissement ne ménagent pas leurs efforts pour que les apprenants de ce centre reçoivent une formation appropriée qui leur permettra d’être proactifs dans l’accomplissement de leur tâche au sein des entreprises.
Par ailleurs, nous sommes satisfaits de la disponibilité de modules de formation en assurances dans plusieurs grandes écoles locales. Ce sont là des avancées majeures que nous ne manquerons pas de soutenir à l’avenir.
Comment la Fegasa encourage-t-elle l’innovation et l’adoption de nouvelles technologies dans le secteur des assurances ?
Nous encourageons activement l’innovation et l’adoption de nouvelles technologies pour améliorer l’efficacité et la qualité de nos services d’assurance. Cela inclut l’utilisation de plateformes numériques pour la gestion des sinistres, la souscription en ligne et l’automatisation des processus administratifs. En adoptant ces technologies du numérique, nous visons à offrir une expérience client plus fluide et à rendre les services d’assurance plus accessibles et plus pratiques pour tous.
Quel rôle joue la Fegasa dans la protection des consommateurs d’assurance au Gabon ?
La protection des consommateurs est au cœur de nos préoccupations. Nous veillons à ce que les compagnies d’assurances respectent les normes et les réglementations en vigueur pour offrir des services transparents et équitables. Nous recevons et traitons également les plaintes des assurés et nous travaillons à améliorer les délais de règlement des sinistres et à simplifier les procédures pour garantir une meilleure satisfaction des souscripteurs, assurés, victimes et bénéficiaires de contrats.
Selon vous, quelles sont les perspectives pour le secteur des assurances au Gabon ?
Les perspectives pour le secteur des assurances sont prometteuses. Nous envisageons une croissance continue du marché grâce aux actions de sensibilisation à l’endroit de nos populations que nous comptons dérouler avec l’accompagnement de la Direction nationale des assurances (DNA) tout au long de l’exercice 2025, en améliorant toujours nos services offerts aux assurés grâce aux nouvelles technologies innovantes.
Nos chiffres à fin septembre 2024 indiquent que les primes émises par les assurances ont atteint un total de 111,91 mds de F CFA, enregistrant une croissance globale de 8,40 % par rapport aux 103,24 mds de F CFA de l’année précédente. Ce total se répartit entre l’assurance vie, qui représente 22,63 % du marché avec 25,33 mds de F CFA, et l’assurance dommages, dominant avec 77,37 % et 86,58 mds de F CFA. L’assurance vie affiche une progression constante à deux chiffres de 22,52 %, soit une augmentation de 4,66 mds de F CFA, tandis que l’assurance dommages connaît une croissance plus modérée de 4,87 %, correspondant à 4,02 mds de F CFA.
Enfin, concernant les rapports avec nos partenaires, nous prévoyons également une collaboration renforcée avec les partenaires publics et privés. Plus précisément, pour les assurances dommages aux biens et responsabilités des risques de l’État en encourageant la gestion sous la forme de coassurance à l’ensemble des compagnies IARD du marché (y compris le patrimoine, le parc automobile, la flotte aérienne et maritime). Des réflexions sont en cours sur l’opportunité de mettre en place des assurances obligatoires, telles que la responsabilité civile scolaire, l’assurance facultés à l’export, la responsabilité civile des activités et des infrastructures sportives, l’assurance complémentaire santé et la multirisque habitation (MRH), ou encore la retraite complémentaire par capitalisation RCR (régime complémentaire retraite), l’assurance prévoyance décès pour les entreprises du secteur privé, etc.
Un nécessaire assainissement des portefeuilles des compagnies ainsi que des réseaux de distribution devrait permettre de générer une croissance du marché. Ceux-ci devraient permettre aux assureurs de notre fédération de renforcer leurs capacités à jouer leurs rôles : fonctions d’épargne, de prévention, de protection sociale, réparation de préjudice, investisseur institutionnel, etc.
De nouveaux membres ont rejoint la Fegasa, notamment Samba Assurances qui est une microassurance. Est-ce à dire qu’il existe de petites et de grandes assurances ?
Le code des assurances Cima prévoit plusieurs formes de compagnies, bénéficiant d’agréments différents leur permettant de pratiquer des branches bien définies sur la base du capital social minimum adéquat. L’arrivée de ce nouvel opérateur contribuera à la diversité de l’offre d’assurance ainsi qu’à l’amélioration du taux de pénétration.
Quels sont les facteurs qui influencent le coût des assurances ? Existe-t-il des barèmes imposés ?
La nature du risque, les capitaux assurés, la sinistralité d’une branche sont autant d’éléments qui influencent le coût des assurances. Il existe un tarif automobile minimum pour les garanties obligatoires de responsabilité civile.
Une part du portefeuille des assureurs est-elle investie dans les obligations et autres emprunts obligataires de l’État ?
Les fonds collectés par les sociétés d’assurance leur permettent d’investir dans les emprunts obligataires (EOG) et autres obligations du Trésor assimilables (OTA). Dans l’attente de reverser ces sommes aux assurés sous forme d’indemnisation, les sociétés placent ces fonds sur les marchés financiers en achetant des titres. Néanmoins, une gestion actif-passif rigoureuse est requise pour permettre aux compagnies de rester liquides afin de faire face aux charges techniques que sont les commissions des intermédiaires, les indemnisations des sinistres et la réassurance.