Les relations politiques entre l'Égypte et le Gabon ont commencé par la visite du défunt président El hadj Omar Bongo Ondimba en Égypte en 1975, suivie de l’établissement des relations diplomatiques entre les deux pays. L’ambassade d’Égypte est ouverte à Libreville depuis 1975.

Biographie de Monsieur Seif Kandell ambassadeur d’Égypte au Gabon

Il est titulaire d’un baccalauréat en économie et en sciences politiques de l’université du Caire et d’une maîtrise en droit économique international de l’université de Warwick au Royaume-Uni. Diplomate de carrière depuis plus de 25 ans, il a été vice-ministre adjoint des Affaires étrangères pour les agences spécialisées des Nations unies, puis affecté pendant cinq ans à la mission égyptienne auprès des Nations unies à New York où il a assumé le poste de coordinateur politique de l’Égypte au Conseil de sécurité des Nations unies. Monsieur S. Kandell a également servi dans les ambassades égyptiennes à Washington et à Mexico en qualité de conseiller de cabinet du ministre des Affaires étrangères. En novembre 2020, il a été nommé ambassadeur d’Égypte au Gabon et a présenté ses lettres des créances au président Ali Bongo en décembre 2020. Dès son arrivée, il a présenté sa vision de l’avenir des relations bilatérales entre l’Égypte et le Gabon au président de la République. Les deux pays pourraient transformer les relations chaleureuses actuelles en relations bien équilibrées, à multiples facettes et mutuellement bénéfiques de nature à englober un large éventail de secteurs, notamment des projets d’infrastructures tels que le pavage des routes, le logement, l’électricité et la production d’eau, le tourisme, la santé et la formation des jeunes. À ses yeux, le Gabon pourrait constituer un partenaire parfait où les entreprises égyptiennes seraient à même de reproduire leurs expériences réussies dans d’autres pays d’Afrique centrale et de fournir des efforts entrant dans le cadre du PAT gabonais.

Les Échos de l’Éco ont proposé à Monsieur Seif Kandeel, ambassadeur de l’Égypte au Gabon, de s’exprimer dans les colonnes de cette rubrique réservée à la coopération bilatérale.

Après m’être entretenu avec mon ministre de tutelle lors d’un séjour dans mon pays, j’ai le plaisir de vous informer de nos échanges particulièrement constructifs.

L’Égypte accorde une grande importance à la formation ainsi qu’à l’éducation et au renforcement des capacités des fonctionnaires et des jeunes. Par conséquent, la formation constitue un axe majeur de la coopération bilatérale entre l’Égypte et le Gabon. L’Agence égyptienne de partenariat pour le développement (AEPD) organise chaque année des stages et formations, tant en présentiel qu’à distance, pour les cadres gabonais et les représentants du Gouvernement, surtout les jeunes. Les stages couvrent plusieurs domaines relatifs au développement durable ainsi qu'à la sécurité et à l’administration. Il y a aussi des opportunités d’étudier dans les universités publiques en Égypte dans le cadre de l’initiative adoptée par le ministère de l’Enseignement supérieur « Study in Égypte » et l’Université de l’Azhar. À ce titre, des dizaines d’enseignants ont été affectés au Gabon dans domaines aussi variés que les sciences et les mathématiques, la langue arabe, les sciences de l’éducation ou encore la santé.

Concernant le commerce, le taux d’exportation de l’Égypte vers le Gabon est passé de 8,9 millions de dollars en 2020 à 19,3 en 2021. L’Égypte envisage d’organiser de nouvelles expositions de produits égyptiens au Gabon après celle organisée en 2018 à Libreville. L’Égypte et le Gabon ont tous deux signé et ratifié l’accord sur la zone de libre-échange continentale africaine. L’accord vise à établir une grande zone de libre-échange sur le continent, la Zlecaf, qui sera la deuxième après l’Organisation mondiale du commerce et devrait comprendre 43 États abritant 1,3 md d’habitants. Nous pensons que la suppression des barrières tarifaires et non tarifaires entre les pays africains devrait stimuler le commerce interafricain, y compris le commerce bilatéral entre l’Égypte et le Gabon.

Concernant l’hôpital égyptogabonais de Beau séjour inauguré en 2009, il est considéré comme le fruit de la coopération entre les deux pays dans le domaine de la santé médicale. Il est aujourd’hui un des centres de traitement de différentes maladies à Libreville et reçoit chaque année plus que 40 000 patients. Le 3 juin 2022, l’Égypte a procédé à un don d’équipements médicaux pour assister les départements de l’hôpital et fournir les services nécessaires aux patients. Nous discutons actuellement de la possibilité d’établir une pharmacie au sein de l’hôpital qui pourrait desservir tout le quartier et fournir les médicaments nécessaires. Cela pourrait également être l’occasion d’introduire des médicaments égyptiens sur le marché gabonais, car ils sont connus pour leur sécurité, leur efficacité et leurs prix avantageux.

Dans le domaine diplomatique, le ministre des Affaires étrangères égyptien, Monsieur Sameh Shoukry, a effectué une visite à la fin du mois d’août dernier à Libreville. En tant que président désigné de la 27e Conférence des parties de la convention-cadre des Nations unies sur les changements climatiques (COP 27), il a participé à la Semaine africaine du climat arbitrée par le Gabon. Au cours de sa visite, sur le plan bilatéral, le ministre a eu l’honneur de rencontrer le président Ali Bongo Ondimba ainsi que son homologue, le ministre Michael Moussa Adamo ainsi que Monsieur Lee White, ministre de l’Environnement.

Ces rencontres, qui précèdent la visite tant attendue du président Ali Bongo Ondimba en Égypte fixée en novembre afin de participer au sommet des chefs d’États et de gouvernements lors de la COP 27, ont renforcé les relations bilatérales. Il est évident que ces relations bilatérales sont bien équilibrées et l’on peut constater un avancement significatif depuis les visites présidentielles de 2017.

Cependant, au regard du potentiel de développement des relations des deux pays, nous explorons ensemble de nouveaux horizons. Par exemple dans l’agriculture, nous estimons que les deux pays se complètent : l’Égypte avec sa longue histoire de savoir-faire agricole et le Gabon avec ses terres fertiles et ses énormes ressources hydrauliques peuvent imaginer matérialiser conjointement un projet de « Ferme commune ». Dans un autre secteur, celui des infrastructures, l’Égypte a construit 7 000 km de routes au cours des 8 dernières années. Les compagnies égyptiennes publiques et privées ont la volonté de travailler avec le gouvernement gabonais afin d’établir de nouvelles infrastructures au Gabon. D’autres projets sont également en attente, comme celui qui vise à établir une usine de bois au sein de la zone économique industrielle de Nkok. Toutes les potentialités susmentionnées s’étendent aussi au partenariat public-privé, ou PPP. Les compagnies du secteur privé égyptiennes sont prêtes à explorer les opportunités d’investir au Gabon dans des secteurs prometteurs tels que l’énergie, la production de l’eau et le tourisme.

Nous suivons de près la politique étrangère gabonaise, notamment les déclarations et positions du Gabon durant son mandat actuel au sein du Conseil de sécurité des Nations unies. Nos consultations avec nos frères et sœurs gabonais sur les questions de sécurité n’ont jamais cessé, surtout en ce qui concerne les affaires africaines au sein de l’agenda du Conseil de sécurité et du Conseil de paix et sécurité de l’Union africaine. Nous visons à poursuivre notre coopération sur le plan régional, dans l’optique de la préparation du Gabon pour la présidence de la CEEAC l’an prochain. Nous nous engageons à renforcer nos liens avec la CEEAC réformée, en travaillant avec sa Commission au renforcement de ses capacités dans les domaines de la prévention des conflits et du maintien de la paix. En effet, le Centre international du Caire pour la résolution des conflits, le maintien et la consolidation de la paix en Afrique (CCCPA) organisera le mois prochain avec le comité des Sages de la CEEAC un atelier sur la prévention des conflits.

Actuellement, l’Égypte prépare activement la COP 27 qui se tiendra à Sharm El Sheikh du 6 au 18 novembre 2022. En tant que prochaine présidente de la COP 27 (qu’elle abritera jusqu’à la COP 28 de 2023), l’Égypte prévoit la mise en œuvre des engagements climatiques et des promesses prises afin de prévenir les incidences dévastatrices des changements climatiques et de protéger les êtres vivants et la vie humaine sur cette planète. Le ministre des Affaires étrangères égyptien a déclaré cette semaine à New York : « Lors de la COP 27, nous espérons parvenir à des résultats qui permettent d’accélérer la mise en œuvre de toutes les mesures […] en tenant compte des principes d’égalité, de responsabilité commune et partagée […] à un moment qui a vu simultanément le déclenchement de crises liées à alimentation, à l’énergie et aux chaînes d’approvisionnement, ainsi que des risques et divers défis géopolitiques et économiques ».