Les perspectives économiques du Gabon restent favorables à moyen terme grâce aux bons résultats attendus dans le secteur pétrolier, indique la dernière édition de la note de conjoncture du Gabon publiée par la Banque mondiale. Toutefois, le rapport analyse les coûts des subventions aux combustibles fossiles qui représentent une charge budgétaire de plus en plus lourde pour le pays. Les auteurs mettent en évidence les bonnes pratiques et les mesures d’accompagnement possibles pour une réforme des prix des carburants qui soit socialement acceptable et réduise au minimum l’impact sur la population.
3,1 % : taux de croissance
En 2022, l’économie gabonaise a bénéficié des cours élevés du pétrole, avec un taux de croissance atteignant 3,1 %. Les cours élevés du pétrole, combinés à une bonne performance des exportations de matières premières, notamment le pétrole, le bois et le manganèse, ont soutenu les recettes de l’État, contribuant à l’excédent budgétaire le plus fort que le Gabon ait connu depuis les chocs pétroliers de 2014. Le solde budgétaire du Gabon est ainsi passé d’un déficit à un excédent estimé à 3,0 % du PIB en 2022.
100,6 mds de F CFA : coût des subventions aux carburants
Cependant, une grande partie de l’excédent budgétaire a été absorbée par la hausse des dépenses en subventions aux carburants qui ont augmenté de 138 % entre 2021 et 2022. Les recettes publiques ont augmenté grâce à une augmentation des recettes pétrolières et aux actions menées par le Gouvernement pour soutenir le recouvrement des impôts et rationaliser les exonérations. Dans le même temps, des efforts d’assainissement budgétaire ont permis de maîtriser les dépenses publiques. Néanmoins, une part croissante de la marge budgétaire constituée est absorbée par le coût élevé des subventions aux carburants qui a fortement augmenté consécutivement à la hausse des cours internationaux. En 2022, ce coût a été estimé à 100,6mds de F CFA, soit 0,7 % du PIB, représentant un risque non négligeable pour la viabilité budgétaire du Gabon.
4,3 % : taux d’inflation 2022 contre 1,1 % en 2021
Combinés à l’impact de l’invasion russe en Ukraine, les effets prolongés de la pandémie de covid-19 sur les chaînes d’approvisionnement mondiales ont fait grimper les cours mondiaux des denrées alimentaires et de l’énergie. Cette hausse significative a affecté les groupes de population les plus vulnérables. Le taux d’inflation au Gabon est estimé à 4,3 % en 2022, contre 1,1 % en 2021.
Le coût des subventions sur les carburants équivaut à deux tiers des dépenses publiques allouées à la santé
Malgré la libéralisation des prix des carburants pour les industriels à partir du mois de juin 2022, le coût des subventions aux carburants a continué d’augmenter, représentant 2/3 des dépenses publiques allouées à la santé et plus de la moitié des dépenses allouées à l’éducation en 2022. Alors que la création d’une économie viable dans l’ère post-pétrolière nécessite des investissements significatifs à la fois dans les infrastructures et dans le capital humain, les dépenses en subventions représentent un coût d’opportunité budgétaire et social croissant pour le pays.
96 % des subventions à l’essence et au gasoil consommées par les 50 % les plus riches
Selon les estimations de la Banque mondiale, 96% des subventions à l’essence et au gasoil sont consommées par les 50 % les plus riches de la population gabonaise. Les subventions aux carburants profitent en réalité davantage aux couches les plus aisées de la population, ce qui souligne la nécessité d’envisager la mise en place de politiques alternatives plus efficaces et mieux ciblées pour soutenir les plus vulnérables.
Dans l’hypothèse d’une suppression totale des subventions aux carburants (à l’exception des subventions au pétrole lampant), le niveau global des prix à la consommation augmenterait de façon ponctuelle d’environ 3,4 %. Les secteurs les plus affectés par la réforme seraient ceux de l’industrie du bois, de la pêche, des services d’électricité et des transports.
L’expérience des pays qui ont réussi à mettre en œuvre une réforme durable des subventions aux carburants montre qu’il n’existe pas une seule voie ou un ensemble unique et standardisé d’actions à mettre en œuvre pour réussir ce type de réforme. Au contraire, la proposition de réforme doit faire l’objet d’un débat public pour être comprise par le grand public et bien refléter les préoccupations des différents groupes économiques et les particularités de chaque pays.
Pour permettre à la réforme des subventions aux carburants de réussir, il est également essentiel d’adopter des mesures ciblées afin d’atténuer son impact sur les groupes les plus vulnérables et les secteurs clés pour l’économie, en renforçant les filets sociaux, en améliorant la transparence de la gestion des finances publiques, en augmentant les dépenses sociales, en soutenant les secteurs stratégiquement affectés tels que celui des transports, et en augmentant les investissements publics structurels productifs.
Plusieurs options peuvent être envisagées pour rendre la réforme des subventions aux carburants socialement acceptable et minimiser l’impact sur les populations. Une première option, parmi d’autres, consisterait à donner la priorité aux réformes des prix des carburants qui profitent aux plus riches et qui représentent le coût le plus élevé pour l’État, par exemple en excluant temporairement de la réforme des subventions les carburants stratégiques d’un point de vue socioéconomique (le pétrole lampant dans le cas du Gabon). Une seconde option serait d’adopter un mécanisme temporaire de lissage des prix qui offre un équilibre entre volatilité excessive des prix et risques budgétaires. Enfin, une troisième possibilité consisterait à échelonner la réforme pour permettre aux ménages et aux opérateurs économiques de s’adapter et de déployer des mesures d’atténuation.
La réduction des subventions permettrait de libérer des ressources qui pourraient être utilisées afin de faire face aux défis de développement humain, sachant qu’au Gabon chaque enfant né aujourd’hui ne sera productif qu’à hauteur de 46 % de son potentiel. Investir dans la population d’un pays – dans sa santé, ses compétences et sa résistance aux chocs – est essentiel pour favoriser une croissance plus inclusive.
La « Note de conjoncture économique du Gabon » est une publication annuelle de la Banque mondiale qui présente d’une part un aperçu de l’évolution de la situation macroéconomique du Gabon et d’autre part une étude détaillée portant sur un thème spécifique. La dernière édition de cette note est disponible sur le lien suivant : https://documents1.worldbank.org/en/publication/
le 10 juillet 2023
Banque mondiale
Conjoncture économique, Rapport, Carburant
Internet en Afrique
27 novembre 2023
L’Airbus A350 arrive en force à Libreville
20 novembre 2023
Interview de Loïc Kapitho, cofondateur et directeur général de Pozi
8 novembre 2023