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Actualité PREUVE QU’IL FAUT CROIRE EN SES RÊVES !

Dr Charlie Morelle Angué Minto’o, c’est une femme de 37 ans, maman de 2 enfants (Perla, 17 ans et Ange-Matthieu, 8 ans). Elle est issue d’une fratrie de 8 enfants, dont 7 filles pour un seul garçon. Nous l’avons rencontrée lors de la soirée des alumni alors qu’elle répondait aux questions de jeunes gens qui terminent les études qu’ils poursuivent en France. Le parcours de Charlie mérite d’être cité en exemple. 

Charlie est née et a grandi à 12 km de Bitam, à Adzap Effack précisément. Elle a commencé sa scolarité dans l’école publique de ce petit village, en classe de CP, et y est restée jusqu’au CE2. Ensuite, elle a rejoint le foyer de sa tante et de son oncle à Libreville, qui l’ont fait entrer à l’école publique « Venez voir » qu’elle a fréquentée jusqu’au CM2. Sa tante ayant été affectée à Lambaréné, elle est entrée au lycée Charles Mefane, mais au cours de sa 4e, son père, agriculteur, tombe malade. Elle retourne à Bitam au lycée Simon Oyone Aba’a. Son père décède alors qu’elle termine sa 3e. Malgré cela, elle obtient son BEPC, puis retourne à Libreville où elle entre au lycée de Jean Baptiste Obiang Ethoughé et décroche son bac D. Elle sait déjà que les sciences la passionnent et est bien décidée à concrétiser ses rêves. 

Quatre ans plus tard, en 2008, avec sa licence en géosciences et environnements obtenue à l’Université des sciences et techniques de Masuku (USTM), elle s’inscrit à l’université de Perpignan et Poitiers via Campus France. Ses résultats lui ouvrent les portes des deux universités. À 22 ans, elle intègre l’université de Perpignan Via Domitia, y obtenir sa maîtrise et un master 2, puis enchaîne avec 3 années de thèse en océanologie, consacrées à L’enrgistrement sédimentaire des changements climatiques et environnementaux. À 27 ans, en 2014, elle obtient son doctorat avec mention très honorable. Charlie passera 10ans à Perpignan. En 2017, l’Académie des sciences lui attribue la bourse Louis Gentil-Jacques Bourcart. Elle reçoit donc une somme de 30 000 euros (20 millions de F CFA) en récompense des résultats de ses travaux de recherche. Cette reconnaissance, cette distinction est rare et donnera lieu à une grande cérémonie de remise de prix à Paris. C’est l’occasion pour Charlie de remercier Monsieur Serge Berné et Madame Maria Angela Bassetti qui l’ont repérée dès son master 1. Ils ont été ses mentors et l’ont encadrée tout au long de sa thèse et de ses stages de recherche. 

Au cours des 3 années suivantes, elle occupe successivement un poste d’Ater (attachée temporaire d’enseignement et de recherche) qui lui permet d’instruire de jeunes universitaires, puis un postdoctorat pour travailler sur les données océanographiques de la mer du Japon. Charlie aurait pu rester en France, mais elle choisit d’envoyer son dossier à l’École normale supérieure de Libreville, au sein de laquelle elle assure aujourd’hui des cours aux futurs professeurs de SVT (sciences de la vie et de la terre) gabonais. Cependant, faute de certains équipements nécessaires à la réalisation d’analyses approfondies, elle fait régulièrement des allers-retours entre Libreville et Perpignan où elle dispose de tout le nécessaire pour fournir des résultats sérieux à ses recherches. 

Au cours de cet entretien avec Charlie, j’ai noté l’attention qu’elle porte à l’ensemble de ses sœurs. Elle m’a fièrement informée que toutes ont réussi, et pour me convaincre, elle m’a fait part du poste occupé actuellement par chacune d’elles : l’une est psychologue, une autre est commandant aux ministères des Eaux et forêts, une autre conseillère pédagogique, une autre professeure d’espagnol, une autre professeure d’économie au lycée tandis que la dernière est infirmière. Quant à Charles, le seul garçon, il est ingénieur en génie civil et continue d’étudier à Barcelone, en Espagne, où il a récemment décroché un master 2 en management de construction. Quant à sa fille Perla étudie et travaille pour devenir neurochirurgienne. 

Selon Charlie, l’épilogue de ce récit pourrait se résumer à quelques essentiels qui guident une vie :  

  • Tout cela a été possible parce que de la 6e au doctorat, j’ai bénéficié de la bourse du Gouvernement. Elle n’était pas difficile à obtenir, la moyenne suffisait pour qu’elle vous soit accordée. Malheureusement aujourd’hui, ce système n’est plus en vigueur.
  • Tout cela a été possible parce que notre famille est soudée et qu’ainsi les forces et les volontés sont décuplées.
  • Aujourd’hui j’accompagne l’Unesco et visite certains lycées de la place pour encourager les jeunes filles à s’intéresser aux matières scientifiques. Quand je vois leurs yeux qui pétillent, j’insiste et leur dis que tout est possible, qu’il faut juste travailler et travailler encore et que… l’intelligence artificielle ne pourra rien pour elles ! Transmettre, encourager sont des actions essentielles.

le 27 juin 2023

Anne-Marie Jobin

Actualité, Alumni


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