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Actualité LE TOURISME EN AFRIQUE UNE VOLONTÉ, UNE NÉCESSITÉ, UNE ÉVIDENCE

Les acteurs des rencontres africaines du tourisme durable 

« L’Afrique possède un potentiel touristique indéniable, tout comme l’est le potentiel du tourisme de jouer un rôle moteur dans le développement inclusif de l’ensemble du continent ». Si ces mots du secrétaire général de l’Office mondial du tourisme (OMT), Zurab Pololikashvili, prononcés lors des travaux de la 63e réunion de la Commission régionale pour l’Afrique (CAF) de cette organisation, brossent le portrait d’un secteur porteur d’espoir, ils invitent cependant le continent à se mobiliser pour profiter pleinement de ce potentiel. 

Afin d’y parvenir, les pays et acteurs du tourisme doivent impérativement s’approprier les grands axes du programme d’action de l’OMT pour l’Afrique, feuille de route destinée à guider le secteur sur la voie d’une croissance durable d’ici 2030. Or, poser ces axes sur des rails nécessite de répondre au besoin de renforcement de l’infrastructure touristique, d’améliorer la connectivité aérienne, de faciliter la délivrance des visas, de garantir la sûreté et la sécurité des touristes, d’investir dans la formation professionnelle, dans la mise en valeur du capital humain, dans l’objectif d’améliorer l’image de l’Afrique dans le monde. Relever ce défi, comme l’exprime Zurab Pololikashvili, « c’est positivement transformer l’existence de millions de personnes et aider à protéger et à préserver toute la richesse du patrimoine culturel et naturel de l’Afrique. » 

Deux mois après le One Forest Summit, les acteurs des Rencontres africaines du tourisme durable (RATD) se sont réunis pour la 1re fois au Gabon, à Libreville. D’une durée de trois jours, ce forum était organisé par le Réseau africain des professionnels du tourisme (RAPT). Des jalons pour le développement de l’écotourisme en Afrique et au Gabon en particulier ont été posés, plusieurs pistes intéressantes se sont profilées. Cette action a permis de poser le tourisme durable comme un levier sur lequel le continent pourrait désormais s’appuyer pour se développer davantage. La richesse du continent ne doit pas être limitée à ses ressources minières, ses sols, son capital solaire ou encore, par voie détournée, à ses rites et origines ancestrales. Les perspectives de développement du tourisme sont prometteuses. Le segment du tourisme durable permet à l’Afrique de se démarquer, il apparaît à ce jour comme la meilleure option de réussite pour le continent parce que sa flore exceptionnelle, ses paysages légendaires et son patrimoine culturel varié sont encore largement inexploités. Ce terrain fertile et vierge est propice à recevoir des projets solides et fiables. Avec l’engagement des différents pays dans la lutte contre le changement climatique qui repose sur des politiques spécifiques d’adaptation, le continent pourrait très bien tirer profit de ce positionnement, dans la mesure où la trajectoire d’un développement touristique durable renforce l’action de la lutte contre la dégradation des écosystèmes naturels. 

C’est d’ailleurs le lien qu’établissent trois des objectifs de développement durable (ODD) adoptés en septembre 2015 par les Nations unies. Il s’agit en particulier de l’ODD 8, « Promouvoir une croissance économique soutenue, partagée et durable, le plein emploi productif et un travail décent pour tous », de l’ODD12, « Établir des modes de consommation et de production durables », et de l’ODD 14, « Conserver et exploiter de manière durable les océans, les mers et les ressources marines aux fins du développement durable ». 

À Libreville, la première édition des Rencontres africaines du tourisme durable (RATD) n’a fait que suivre ce sillon avec l’engagement plus ambitieux d’éduquer la population quant à la notion de tourisme durable et de présenter aux acteurs du tourisme les opportunités offertes par le secteur. L’objectif de cette mobilisation était de promouvoir le concept de tourisme durable, de dresser le tableau des opportunités et de faire le lien avec la préservation de l’environnement qui est un véritable enjeu de développement. 

Cette mobilisation est d’autant plus raisonnable que d’ici 2026, la taille du marché mondial des segments comme l’écotourisme devrait atteindre 299,3 mds de dollars, avec un taux de croissance annuel de 12,7%, selon « The Business Research Company, Ecotourism Global Market Report 2022 ». 

Madame Jocelyne Halajko, présidente du comité d'organisation des RADTs. 

Atteindre ces objectifs ambitieux devrait permettre au continent d’explorer de nouveaux débouchés pour la croissance de son économie dans un contexte de pressions multiples. En effet, le tourisme durable apporte une solution à plusieurs maux qui accablent l’Afrique. Au nombre de ces maux, la question du chômage qui concerne des millions des jeunes au niveau continental. La réussite de cette noble ambition du RAPT de réunir les acteurs du tourisme autour des enjeux et défis communs devrait, d’après Jocelyne Halajko, présidente du RAPT Gabon, amener le secteur à contribuer véritablement au renforcement de la fierté et de l’identité des communautés rurales en mettant en valeur leur patrimoine culturel et naturel. À l’occasion de la poursuite des échanges des Rencontres africaines du tourisme durable (RATD), le président du Réseau africain des professionnels du tourisme (RAPT) et l’administrateur de Tourisme sans frontières (TSF) ont signé une convention de partenariat. Cette convention vise, entre autres, l’accompagnement technique et de conseil de l’ONG TSF au RAPT. Cette signature concrétise l’une des premières retombées des RATD que le Gabon a accueillies à l'hôtel Nomad. 

Le Qatar est un petit pays par la taille, ne comptant ni richesses ancestrales ni peintures rupestres, uniquement une grande ville moderne alimentée par le pétrole. Mais il dispose d’un désert qu’il maîtrise, qu’il a équipé de matériels ludiques pour partir en safari ou à dos de dromadaires. Grâce à ces équipements, le Qatar a accueilli 582000 touristes en 2020, ce qui place le pays au 121e rang mondial. En 2020, le Qatar a ainsi généré environ 12,54 mds d’euros dans le seul secteur du tourisme. Cela correspond à 8,3 % de son produit intérieur brut. 

Comme bon nombre de pays limitrophes, le Gabon a donc encore beaucoup de potentiel de progression vers un tourisme identitaire et durable. Une véritable prise de conscience a eu lieu, assortie d’une véritable stratégie pour développer le tourisme en respectant les plans nationaux de développement. Le Maroc est aujourd’hui la première destination touristique en Afrique. Ce pays a adopté une politique touristique attrayante qui s’inscrit dans une stratégie globale de développement, avec une vision cohérente. Cependant, il est utile de se référer à quelques chiffres en revenant 20 ans en arrière. Deux millions de touristes ont foulé le sol du Maroc en l’an 2000. En 2019, 20ans après, treize millions sont venus y séjourner, ce qui représente presque 10 % du PIB. 

Abordons un sujet primordial pour la réussite de cette ambition : l’importance de la coopération interafricaine en matière de tourisme qui implique d’utiliser ce que l’on pourrait appeler la « copromotion ». Quand un touriste japonais vient en France, il visite la France, l’Angleterre, l’Allemagne, etc. Il a un circuit européen. Dans le même esprit, il est nécessaire de créer des circuits africains qui permettent justement d’attirer des touristes venus de loin et de générer, grâce à ces circuits, une dynamique qui apporte au tourisme une réelle valeur ajoutée. 

C’est le moment d’investir dans le secteur du tourisme durable, car la croissance y est très forte, avec une marge de progression énorme appelée à croître encore, sans oublier que le tourisme est un ensemble d’écosystèmes et que l’on ne peut négliger aucun élément de cette chaîne de valeur. 

le 12 juin 2023

Anne-Marie Jobin

Tourisme, Afrique, Ecosystèmes


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