En exploitant son énorme potentiel solaire, le continent pourrait produire de l’hydrogène vert à faible coût et à grande échelle pour répondre à la demande locale et devenir un acteur majeur sur le marché mondial des énergies décarbonées.
Selon un rapport publié le 21 décembre dernier par la Banque européenne d’investissement (BEI), l’Alliance solaire internationale et l’Union africaine, l’Afrique a la capacité de produire 50 millions de tonnes d’hydrogène vert chaque année d’ici 2035, et ce à un coût compétitif par rapport au pétrole grâce à l’exploitation de son potentiel solaire inégalé.
Le rapport souligne que cette quantité considérable d’hydrogène décarboné peut être produite dans trois hubs africains : le nord-ouest de l’Afrique (Maroc et Mauritanie), l’Égypte et l’Afrique australe (Namibie et Afrique du Sud).
L’installation de 1 230 gigawatts de capacité solaire dans ces trois hubs devrait permettre de produire de l’hydrogène vert à un coût économiquement viable estimé à moins de 2 euros par kilogramme (1 euro = 1,08dollar). Dans le détail, le prix de l’hydrogène propre produit en Afrique devrait varier de 1,55 à 1,90 euro par kilogramme aux points de livraison, soit un niveau équivalent à un baril de pétrole Brent situé dans une fourchette de prix allant de 79 à 96 euros. Le rapport révèle également que la production à grande échelle de l’hydrogène vert en Afrique, qui nécessitera des investissements globaux de 1 000 mds de dollars, pourrait à la fois satisfaire une grande partie de la demande locale et positionner l’Afrique en tant qu’exportateur majeur de cette énergie propre.
Décarboner les industries lourdes sur le continent
Un niveau de production de 50 millions de tonnes d’hydrogène vert par an fournirait en effet 7 exajoules d’énergie aux marchés africains, soit plus d’un tiers de la consommation totale du continent (19,9 exajoules en 2021), tout en permettant aux pays producteurs d’écouler 25 millions de tonnes sur les marchés mondiaux de l’énergie. Ce volume exporté représente 15 % du gaz actuellement utilisé dans l’Union européenne.
Des investissements massifs dans l’hydrogène vert devraient aussi permettre de décarboner les industries lourdes sur le continent (engrais, acier, exploitation minière, etc.), évitant ainsi le rejet de 500millions de tonnes de dioxyde de carbone par an.
Le rapport souligne par ailleurs que le développement d’une industrie florissante de l’hydrogène vert en Afrique pourrait avoir d’importantes retombées économiques. Outre la création massive d’emplois permanents de qualité tout au long de la chaîne de valeur, le secteur est en mesure d’accroître le PIB des cinq pays producteurs sélectionnés (Mauritanie, Maroc, Égypte, Afrique du Sud et Namibie) d’environ 40 mds d’euros par an.
Grâce aux stations de dessalement d’eau de mer, la filière hydrogène contribuerait par ailleurs à la production de 3 500 millions de m3 d’eau douce chaque année dans des zones régulièrement touchées par le stress hydrique.
Le rapport fait cependant remarquer que trois facteurs doivent être réunis pour permettre la production de 50millions de tonnes d’hydrogène vert par an en Afrique d’ici 2035 : l’élaboration de programmes nationaux de planification, de réglementation et d’incitation en vue de mobiliser les investissements du secteur privé ; le lancement de projets pilotes pour démontrer le succès de la production, du stockage, de la distribution et de l’utilisation de l’hydrogène vert ; enfin, le recours à des partenariats fondés sur le marché pour favoriser la demande et la consommation d’hydrogène vert à grande échelle au plan national et international et pour renforcer la coopération en vue de concevoir, de financer, de construire et d’exploiter les infrastructures nécessaire.
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