La guerre en Ukraine vient perturber la reprise économique prometteuse de la région. L’activité économique a connu un regain inattendu l’année dernière, ce qui a fait passer les prévisions de croissance de 3,7 % à 4,5 %. Cependant, la guerre change de façon tragique le cours des événements et va faire ralentir la croissance à 3,8 % en 2022.
Le représentant résident du Fonds monétaire international (FMI) au Gabon a présenté mercredi, au cours d’une conférence organisée en collaboration avec le ministère du Budget et des Comptes publics, le rapport du FMI sur les Perspectives économiques régionales en Afrique subsaharienne. De l’avis d’Agou Gomez Gbedia, « les pays d’Afrique subsaharienne subissent un nouveau choc » avec la guerre russo-ukrainienne et n’ont que « peu de marge de manœuvre » pour faire face à cette nouvelle crise qui vient se superposer à une pandémie persistante, tandis que l’évolution des coûts d’emprunt et de la demande mondiale est soumise à une incertitude croissante. Cette situation complique considérablement la tâche des pouvoirs publics qui font face à une augmentation des besoins, une aggravation des risques et un rétrécissement de leur champ d’action.
« Avec la guerre en Ukraine, la sous-région, malheureusement, n’a pas été épargnée. Cela a créé trois principaux problèmes. Le premier est relatif à la hausse des prix du pétrole, le deuxième à la hausse des prix des denrées alimentaires, et en fin, le troisième tient à la complexification les conditions de financement de nos États », précise-t-il.
Qu’en est-il de la croissance et de l’inflation ?
Dans ce contexte, le représentant résident du FMI au Gabon propose deux axes d’action. Celui du court terme, « qui devra consister à trouver un équilibre entre la croissance économique et la maîtrise de l’inflation ». Le deuxième quant à lui, devra consister à « veiller à ne pas aggraver la situation d’endettement des États membres de notre région » et le troisième sera de « gérer les pressions sur les taux de change ». Pour le moyen terme, « nous encourageons nos États membres à faire la transition énergétique. Ensuite, nous les encourageons à diversifier leur économie pour renforcer leur résilience vis-à-vis des chocs. Et enfin, nous les encourageons à s’assurer que la croissance peut continuer à être maintenue dans la région en redynamisant le secteur privé qui est l’instrument censé prendre en charge la diversification de nos économies. »
La croissance devrait être plus faible que prévu et l’inflation plus élevée. La sous-région de la Communauté économique des États de l’Afrique centrale (Cemac) est également concernée, mais ne connaîtra pas forcément le pire.
Agou Gomez Gbedia évoque pour commencer une « baisse significative » de la croissance projetée en Afrique. En effet, cette dernière vient d’être réévaluée par le FMI et passe de 4,5 % à 3,8 %. De plus, « l’inflation dans la région devrait rester élevée en 2022, à 12,2 %, puis redescendre progressivement à 9,6 % en 2023 ». Le Gabon s’en sort « mieux » avec une projection de 2,7 % en 2022 et 3,4 % en 2023 contre 0,9 % en 2021.
« Pour la Cemac, nous nous attendons à ce que cette région ait un taux de croissance légèrement révisé à la baisse à cause de la situation que nous connaissons, mais en principe, comparativement aux deux dernières années, la région devrait mieux se porter », rassure-t-il.
Le FMI redoute surtout les conséquences pour les groupes les plus vulnérables. Ce seront eux qui subiront le plus violemment les « tensions inflationnistes ». Par ailleurs, les inquiétudes se développent quant à l’insécurité alimentaire et la hausse du taux de pauvreté, après des périodes d’amélioration. Ces problématiques pourraient aussi conduire à une augmentation des tensions sociales, en creusant les inégalités.
Face à ces inquiétudes, que suggère l’institution ?
Selon elle, les marges de manœuvre sont très limitées à court terme. La priorité concerne l’aide à apporter aux groupes vulnérables face aux hausses de prix, et les équilibres à maintenir.
Il s’agit ainsi selon le FMI de « contenir l’inflation sans mettre en péril la reprise économique », d’aider les populations sans accentuer les dettes. Il évoque pour cela des outils financiers comme des subventions ciblées, le fait de relever les taux pour les banques centrales ou de gérer l’ajustement des taux de change.
À plus long terme, le FMI reconnaît que l’aide internationale reste indispensable. Par ailleurs, le rapport propose à l’avenir de se concentrer sur la diversification de l’économie, l’adaptation face au changement climatique, ou l’intégration régionale, notamment à travers les zones de libre-échange continentales. Il suggère aussi d’autres pistes de réformes à l’échelle nationale ou régionale, orientées vers le libéralisme : une plus grande « efficience » des dépenses publiques, une promotion du secteur privé, l’accélération de la digitalisation, etc.
Source : Plusinfos
le 5 juillet 2022
Plusinfos
Economie, FMI, Croissance économique
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