8 MARS : JOUR DES DROITS DES FEMMES « ON NE MENDIE PAS UN JUSTE DROIT, ON SE BAT POUR LUI » 

Les droits de la femme comprennent le droit de vivre libre de toute violence et discrimination, le droit au meilleur état de santé physique et mentale susceptible d’être atteint, le droit à l’éducation, le droit à la propriétéle droit de voter et le droit à un salaire égal. Or, au niveau mondial, il reste tant à faire dans ce domaine! À l’occasion de la journée dédiée aux droits des femmes, ces dames ont été invitées par SE Monsieur Fabrice Mauriès, ambassadeur de France, à partager un petit déjeuner à la résidence de France. Après une présentation générale de chacune, les débats se sont engagés et les ressentis se sont exprimés. Il s’avère que si les droits sont relativement respectés (avec considération de la modération des mots), les inégalités, les appréciations et les approches dues au genre sont encore décriées. Les Échos de l’Éco ne peuvent pas rester insensibles à ce phénomène. À cet égard, nous avons posé trois questions identiques à trois femmes entrepreneures présentes à ce petit déjeuner. Voici leurs réponses. *Wilhelm Reich

Donnez-nous un seul exemple de discrimination dont vous avez été victime dans le cadre professionnel.

Christine Soro – Dans l’univers du digital et du leadership, les femmes sont encore trop souvent sous-estimées. Lorsque j’ai lancé DigiWomen School, certains partenaires et investisseurs potentiels doutaient de ma capacité à porter un tel projet en tant que femme. On me demandait si je serais capable de gérer une structure de formation d’envergure ou si je ne finirais pas par me consacrer exclusivement à ma vie familiale. Pourtant, aujourd’hui, grâce à notre programme, plus de 5000 personnes ont été formées, dont 60 % de femmes, et plusieurs bénéficiaires ont obtenu des emplois ou créé leur propre entreprise.

Dora Mbeng – J’ai plusieurs exemples à partager, mais je vais vous raconter une situation qui m’a fait sourire. Dans le cadre de notre agence, il arrive que nous formions un groupement d’agences et d’experts pour répondre à un appel d’offres. Lors d’une de ces collaborations, nous étions six dirigeants d’entreprises et j’étais la seule femme présente. Il était intéressant de constater que, d’un commun accord tacite, mes collègues ont décidé de me désigner comme rapporteur de séance. Cela m’a fait réfléchir, car auparavant j’avais l’impression que ma présence était perçue, en partie, à travers le prisme de mon identité féminine. Bien que chaque membre de l’équipe ait finalement pris la responsabilité de rédiger le compte rendu pour son entourage, cette expérience a mis en lumière les dynamiques de genre au sein des réunions. Je souligne simplement qu’être la seule femme dans un groupe d’hommes m’a parfois placée dans des rôles que je n’avais pas sollicités.

Delphine Mengue Oui, j’ai été victime de plusieurs discriminations en tant que jeune femme. À mes débuts sur mon lieu de travail, jusqu’en 2020, je suis restée sans prime et sans assurance maladie. Nous étions 6 jeunes femmes dans la même situation. Nous avons milité pour que notre situation puisse changer et aujourd’hui, en 2025, la situation s’est largement améliorée.

Si vous étiez en mesure de proposer une loi, quelle serait-elle?

Je proposerais une loi favorisant l’inclusion numérique des femmes. Trop peu de femmes accèdent aux compétences digitales alors que c’est un levier essentiel d’autonomisation économique. Cette loi imposerait aux entreprises d’intégrer un quota de femmes dans leurs formations technologiques et encouragerait des incitations fiscales pour celles qui recrutent des femmes dans les métiers du numérique. Un fonds national pour la formation digitale des femmes pourrait aussi voir le jour, financé par des partenariats public-privé.

Répondre à votre interview est déjà une belle opportunité de planter des graines, permettre d’initier des réflexions là où il semblait ne pas y avoir débat! Une loi me vient à l’esprit, la loi R.A.P.E, une loi visant à promouvoir et soutenir l’entrepreneuriat féminin, avec quatre objectifs principaux : renforcement des capacités des femmes entrepreneures par le développement de programmes de formation et de mentorat pour les femmes   ; accès au financement et mentorat bancaire, par la création de fonds et de crédits pour les entreprises féminines, avec un suivi et un mentorat pour faciliter l’accès aux capitaux   ; promotion de l’entrepreneuriat féminin par le lancement de campagnes de sensibilisation et de prix pour valoriser les réussites féminines et établir des réseaux d’entrepreneures  ; politiques favorables à la famille, par la promotion de politiques d’équilibre travail-vie personnelle, comme des congés parentaux flexibles et des services de garde d’enfants. La loi R.A.P.E viserait à réduire les obstacles rencontrés par les femmes entrepreneures ; enfin, quick win, proposer une loi pour obliger les entités à avoir des sites internet bien renseignés, facilitant l’accès à l’information pour tous.

Ma proposition de loi vise à protéger les droits des femmes autochtones en République gabonaise, car elles n’ont pas une véritable connaissance de leurs droits. Je souhaite qu’une loi spéciale garantisse leurs droits, en particulier pour le peuple pygmée du Gabon.

Sur une échelle de 1 à 10, selon vous, les droits de la femme au Gabon sont-ils respectés?

Je mettrais 5/10. Des avancées législatives existent, mais dans la réalité, l’accès aux opportunités économiques, à l’éducation digitale et à l’entrepreneuriat féminin reste limité. Avec mon engagement à travers DigiWomen School, DigiWomen Awards et l’ONG Femmes belles à l’intérieur et à l’extérieur, nous œuvrons pour combler ces écarts en formant, accompagnant et donnant de la visibilité aux femmes gabonaises qui souhaitent s’émanciper et réussir. Il reste du chemin à parcourir, mais ensemble, nous faisons bouger les lignes.

 Le respect des droits de la femme au Gabon est variable selon les sujets, se situant entre 4 et 7 sur une échelle de 1 à 10. J’espère qu’il y aura une nette évolution dans les années à venir.

 Sur une échelle de 1 à 10, je donne une note de 7 et je dis oui, les droits des femmes sont respectés au Gabon. Cependant, l’État doit faire en sorte que les textes puissent se faire appliquer dans leur entièreté.

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